[Index] Articles divers à partager sur autre chose que l'autisme !

Pour les gens qui ont simplement envie de discuter sans souhaiter faire passer d'information particulière.
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Benoit
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Re: Articles divers à partager sur... autre chose que l'auti

Message par Benoit »

Si on est dans l'analogie "mon chef est un forcené", je préfère écourter la phase de négociation et passer directement à celle d'après. Celle avec les SWAT.
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話したい誰かがいるってしあわせだ

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Tugdual
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Re: Articles divers à partager sur... autre chose que l'auti

Message par Tugdual »

TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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Re: Articles divers à partager sur... autre chose que l'auti

Message par Tugdual »

Pour se défouler à Rennes :
DefouleToi-Rennes.jpg
Source : Une attraction à tout casser ouvre en Bretagne ...
Spoiler : Extrait : 
« L’attraction » proposée à Noyal-Châtillon-sur-Seiche vous offre
la possibilité – monnayant une cinquantaine d’euros l’entrée – de
dégommer à coup de de club de golf ou de masse, de la vaisselle,
des vieux frigos ou du matériel de bureau invendables.
Les participants sont invités à inscrire sur les objets qu’ils vont
exploser les différentes sources de stress qu’ils éprouvent dans
leur vie. Une manière de « lutter contre le stress et les frustrations
du quotidien ».
Vous n’avez pas les permissions nécessaires pour voir les fichiers joints à ce message.
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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Re: Articles divers à partager sur... autre chose que l'auti

Message par Tugdual »

À propos de harcèlement sur le net :
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Benoit
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Re: Articles divers à partager sur... autre chose que l'auti

Message par Benoit »

Il y a eu deux gros sites du Dark Net fermes cette semaine mais je ne veux pas tenter le diable de savoir c'est un sujet hors charte.

Du coup, la derniere lubie de Marlene:
http://www.lemonde.fr/societe/article/2 ... _3224.html
:crazy:

Bientot, des licences de 'vdm' pour les autistes ?
Spoiler :  : 
Ou des doctorats de coaching pour les parents d'autistes ?
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Re: Articles divers à partager sur... autre chose que l'auti

Message par Tugdual »

TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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hazufel
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Re: Articles divers à partager sur... autre chose que l'auti

Message par hazufel »

Une étude de l'inserm, le chômage tue davantage que les accidents de la route
Conséquences fatales du chômage

Quand on parle de dépression, de stigmatisation, de souhait de conformation à un moule qui ne devrait pas être l'unique but de tous et chacun. Au risque d'en mourir, à petit feu, ou pas.
TSA
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freeshost
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Re: Articles divers à partager sur... autre chose que l'auti

Message par freeshost »

Un peu de grain à moudre sur les biais de publication :

«Publish or perish», quand la science met les chercheurs sous pression
Les journaux scientifiques et leur système de publications influencent lourdement la recherche. Les chercheurs sont incités à produire, pas à avoir raison. Premier volet de notre série consacrée aux cinq plaies de la recherche.

Peter Higgs, le physicien père du fameux boson qui porte son nom, ne pourrait plus faire ses recherches aujourd’hui. Car il ne trouvait pas assez vite et ne publiait pas assez, a-t-il lui-même raconté après avoir obtenu son prix Nobel en 2013. L’université d’Edimbourg était à deux doigt de se passer de ses services lorsqu’il a été nominé une première fois en 1980, ce qui lui a finalement assuré d’être toléré jusqu’à son prix...

Publier? Si la science progresse grâce à la recherche, elle dépend depuis le XVIIe siècle des journaux scientifiques pour être diffusée. C'est dans Nature, Science, Cell, The Lancet qu'avancées et découvertes sont annoncées, commentées, reprises et complétées. Et c'est donc en publiant qu'un chercheur pourra faire la preuve de ses qualités à sa communauté.

Publiez ou périssez

Mais la machine s'est emballée. Tout se passe comme si les universités et les organes de financement avaient délégué aux revues scientifiques le soin de faire le tri entre les projets, les idées, les chercheurs. L’arrivée dans les labos des principes du management et de la mode des métriques a fait le reste. Les articles scientifiques sont devenus Le critère qui fait que l‘on croit en vous et qu’on vous donne des fonds, un poste, une promotion. Ou pas. Une exténuante course à la publication s’est engagée, dans le monde entier. Plus de 2,5 millions d'articles sont écrits tous les ans. «Le hamster dans sa roue», souffle une biologiste.

De nombreux étudiants chercheurs ou chercheurs confirmés ont répondu par de longs messages à notre appel à témoignages. Signe de leur inquiétude, la plupart nous ont demandé de ne pas citer leur nom. Il ne fait pas bon critiquer un système dans lequel on rêve d'entrer. «On ne fait plus de la recherche pour comprendre le monde, on en fait pour publier».

Finir sa thèse grâce à l'assurance chômage

Il convient de publier dès le Master, pour augmenter ses chances de faire un doctorat. «Mon directeur de thèse en parle ouvertement:"C’est un bon moyen de savoir si un étudiant sera productif en thèse"», explique cette doctorante en biologie. La pression augmente en doctorat. «Sans article, pas de doctorat. Car plus une université a de publications, plus elle monte dans le ranking de Shangai» selon cet autre doctorant. Les thèses sont donc devenues des listes de publications. La course continue ensuite. Les post-docs, aux contrats précaires, sont aussi obsédés par leurs articles à écrire, si possible dans des revues cotées, pour continuer d’avoir des subventions, trouver un salaire, un emploi. «Un de mes ex collègues s'en est sorti grâce à une fondation privée, un autre a terminé l'écriture de sa thèse et de ses publications en étant à l'assurance chômage» dénonce ce doctorant. Enfin, même nommés, les universitaires restent soumis à la pression de la publication pour être confirmés (tenure track aux Etats-Unis), pour montrer à leurs employeurs qu’ils peuvent rapporter de l’argent, ou tout simplement pour mener leurs projets. «On augmente la charge d'enseignement des professeurs qui publient trop peu, ou on leur ajoute des tâches administratives» raconte ce mathématicien américain.

Impact factor, mon amour

Il y a publier et publier, et toutes les disciplines ne sont pas également concernées. Posters, notes de lecture, proceedings de conférences: la recherche emprunte de multiples canaux. Plus de 25 000 journaux scientifiques existent aujourd'hui, fondés sur la sélection par les pairs (peer review), dont 12 000 dotés d’un «facteur d’impact» et hiérarchisés dans le classement de Thomson Reuters qui fait foi. Cet impact se fonde sur le nombre moyen de citations d’un article de la revue durant les deux années précédentes. Il est actuellement de 47 pour le Lancet, de 40 pour Nature et de 37 pour Science, et peut être inférieur à 1 pour les petites revues hyper-spécialisées. Toute la difficulté pour un chercheur sera de viser le «bon» niveau de revue pour son article, en évaluant les risques de rejet et les gains possibles en termes de reconnaissance. Car bien sûr, une grosse revue «rapporte» plus qu’une petite.

La bibliométrie a pris le pouvoir, cette habitude confortable d’identifier les chercheurs à des chiffres, comme l'omniprésent et controversé h index, qui prend en compte leur nombre d’articles et de citations de ces articles. Un index qui désavantage les auteurs de peu d'articles, même très importants. Celui de Peter Higgs, toujours lui, est ainsi de 11, tandis qu'à l'Académie américaine des sciences, les scores sont souvent supérieurs à 40.

Les dégâts de ce «publish or perish» sont d'abord humains, on l'a deviné. Publier est un énorme travail. L’écriture prend des mois d’ajustements, de lutte avec l’ensemble des auteurs, et même intéressée, une revue demande presque toujours des précisions, de nouvelles expériences, et donc de nouveaux mois de travail et de stress. Entretemps des bourses ont échu, d’autres équipes ont avancé. Les chercheuses hésitent à avoir des enfants. «Le supérieur d'une collègue soutient qu’elle doit profiter de son congé maternité pour travailler sur ses prochains articles» écrit une Genevoise. Seuls entre 10 et 15% des papiers soumis sont publiés dans les grandes revues. Entre épuisement et renoncements, le gâchis humain est là.

Une recherche qui se dégrade

Mais les dégâts sont aussi scientifiques. Car cette folle course à la publication entraîne quantités d’articles de moindre qualité, que de moins en moins de chercheurs ont le temps de lire. On saucissonne des résultats pour obtenir trois articles là où un seul aurait suffi. On exagère l’importance d’une étude pour créer un «effet waouh» qui séduira. On cite des pontes pour s’attirer de la bienveillance. On s’autocite à outrance pour «monter» dans les moteurs de recherche. On privilégie des sujets à la mode. Les chercheurs sont incités à être productifs, pas à faire avancer la science... On standardise la science, les projets originaux et créatifs n'entrant souvent pas dans le cadre d'une recherche métrée à l'extrême. Surtout, on met en scène des mécanismes d'explication supposés en faisant du storytelling au détriment de la confirmation des observations principales, socle de la science – «Flemming ne pourrait plus publier aujourd’hui» s’indigne Lawrence Rajendran, fondateur de la plateforme Science matters, en Suisse, qui milite pour une science moins théâtralisée. Pas étonnant que la reproductibilité de la science soit devenue un sujet d’inquiétude majeur ces dernières années, et que les rétractations d’articles se multiplient.

Autre signe de la recherche qui se dégrade: la hausse de la fraude. On bidouille des résultats pour qu’ils aillent dans le sens souhaité, sachant que peu d’équipes voudront prendre le temps ou les moyens de vérifier des résultats déjà publiés. Ou on paye son billet pour être rajouté comme auteur dans des revues peu scrupuleuses - un cas révélé au Congrès du peer review à Chicago, la semaine dernière.

La frustration et la prise de conscience

Tous ces excès font réagir la communauté scientifique. En 2013 a été signée à San Francisco Dora, la Déclaration sur l’évaluation de la recherche, qui prône l'abandon des facteurs d'impact pour juger un chercheur. «C'est une méthode très peu scientifique, naïve et inadéquate que de prendre une revue comme mesure» abonde Matthias Egger, le président du Fonds national suisse, qui promet des changements au FNS dans les toutes prochaines années, et est bien décidé à mettre en place les procédures issues de DORA. «Juger un chercheur sur la revue qui l'a publié est un non sens, explique Jean-Pierre Bourguignon, le président du Conseil européen de la recherche, il faut se fonder sur la valeur intrinsèque d'un projet. Au Conseil on privilégie les projets «high risk, high gain».

Le changement passe aussi par la disruption numérique, avec l'arrivée de l'open access et de l'open science. Et il est accéléré par l'avidité des éditeurs scientifiques, dont les juteux bénéfices provoquent une fronde en Allemagne comme à Taiwan. Le porte-monnaie des Etats, nouveau bras armé des paillasses. C'est notre prochain épisode.

Premier auteur, dernier auteur, la grande embrouille: qui est l'auteur de l'étude que vous lisez?

Les articles sont presque toujours le fruit d'un travail d'équipe. Traditionnellement le premier auteur a généré la majorité des données et le dernier nom cité est celui du PI, le principal investigator, qui a imaginé, dirigé le travail et assuré le suivi de l’article. Entre les deux… c’est plus flou. Il y a ceux qui ont contribué en donnant matériel, locaux ou techniciens, mais aussi ceux qu’on cite pro deo pour obtenir plus tard un «renvoi d’ascenseur», et ceux qui profitent de leur position de force pour enrichir sans frais leur liste de publications et de citations – tout article vous permet de promouvoir votre h index (voir plus haut) et donc votre carrière, même si vous y figurez au milieu des auteurs.

Les sales coups abondent. L’histoire a marqué Raphaël Grolimund, bibliothécaire à l’EPFL à Lausanne, qui conseille les étudiants: c’est grâce à lui qu’une doctorante éplorée a découvert, trop tard, que jamais son directeur de thèse n’aurait dû s’inscrire à sa place en premier nom dans son article. Car en Europe «il y a des règles, ce n’est pas qu’un rapport de force».

Pour signer un article il faut avoir participé à la recherche, à la rédaction de l’article, et donné son accord au texte final. Les universités disposent de médiateurs ou de comités d’éthique pour régler les différends. Les patrons de labos cités comme auteurs dans des centaines de publications qu’ils n’ont même pas lues ne devraient plus exister. L’ordre peut être alphabétique quand il s’agit de grandes collaborations: l’article mettant en évidence les ondes gravitationnelles compte plus de 1000 auteurs. De nombreux chercheurs estiment que les critères retenus pour classer les noms des auteurs devraient systématiquement être explicités. En Chine, en Inde, la place d’un auteur dans un article est directement liée aux financements, l’article ne compte pas si vous n’êtes pas en 1ère ou 2e position. Une violence supplémentaire du publish or perish.
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)
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freeshost
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Re: Articles divers à partager sur... autre chose que l'auti

Message par freeshost »

Vos témoignages sur le «Publish or perish»: stress, précarité, petits arrangements et grosse colère
Vous avez été très nombreux à répondre à notre appel à témoigner dans le cadre de cette série d'articles. Voici quelques unes de vos réflexions sur la course à la publi. Edifiant.

AA, maître-assistante, chargée d'enseignement, Suisse romande: une jungle

C'est avec plaisir que je vous donnerais un éclairage sur le monde - quoique jungle serait un mot peut-être plus approprié - académique et ses pratiques qui, sous couvert de bonnes intentions (processus éditorial «anonyme», revue à comité de lecture «indépendant», soutien des candidatures féminines), me paraît parfois bien hypocrite et paradoxal. Ceci n'enlève rien au fait que l'université reste également dans un même temps un lieu privilégié d'espace à penser et de créativité, touché dans une moindre mesure par les enjeux de rentabilité.

BB, associate research scientist, dans une grande université de New York

Dans ce poste, qui correspond plus ou moins à «post-doc à durée (théoriquement) illimitée», on essaye surtout de se positionner pour accéder au professorat. Et pour cela, il faut publier, publier, publier (...). A noter qu'une fois professeur (assistant), il n'est pas question de se reposer, car il faut encore ensuite décrocher la «tenure», c'est-à-dire la nomination à vie (qui intervient en accédant au poste de prof associé ou prof ordinaire). A noter encore que ma «fenêtre» pour passer prof va progressivement se fermer quand j'approcherai de la quarantaine. Au-delà de 40 ans, on engage plus qu'au niveau associé ou ordinaire. Si on n'a pas atteint le niveau correspondant à prof assistant avant, on est invité à se recycler.

Ma position actuelle pour obtenir un post de prof est la suivante. J'ai 423 citations répertoriées par Google scholar, et j'ai écrit ou co-écrit environ 65 articles (10 dans des revues, 5 chapitres de livre et 50 «actes de conférence»). (...)

423 citations, c'est peu. Selon mon enquête personnelle, il en faut plus de 1'000 pour être reconnu comme solide candidat prof possible. Cela pourrait être un critère (d'après ce que j'ai collecté comme information sur les mises au concours) de rejet direct de ma candidature. Il faut savoir que si un poste de professeur est mis au concours dans une «bonne» institution (et comme toutes les institutions en Suisse sont "bonnes", cette règle s'applique en Suisse en général - je parle de la Suisse car j'aimerais m'y rétablir), ce sont des centaines de dossiers qui parviennent au comité. Celui-ci s'empresse donc de réduire ce nombre à 30-40 dossiers, et souvent (m'a-t-on dit) c'est le nombre de citations qui est retenu pour filtrer (cela évite de s'encombrer de 800 pages de CV - car les membres du comité ont eux-même à publier, donc n'ont pas le temps de disséquer chaque postulation). Sachant à ce stade, que c'est presque exclusivement le nombre de citations qui compte, on a tout intérêt à essayer de «laisser traîner son nom» sur un maximum d'articles
afin de gonfler ce chiffre (une pratique que j'ai découverte un peu tard pour ma part...)

Si une éventuelle candidature de ma part passe ce premier stade, le comité pourrait commencer à regarder où j'ai publié. Si j'ai des papiers Nature ou Science, c'est très bien (je n'en ai pas - quasi impossible de publier là lorsqu'on fait de la recherche très appliquée). Ces deux journaux sont universellement connus. Après, il faut regarder par discipline. Là encore, c'est de plus en plus la bibliométrie qui entre en jeu. Un «bon» journal est un journal qui voit ses articles se faire
citer. Pour mesurer cela, il y a «l'impact factor». «Optics Express» a un impact factor de 3.148 en 2015 (taper «optics express impact factor» dans Google pour voir - Google affichera le chiffre directement, comme il affiche la température à Genève pour «météo genève»), ce qui est pas mal. «Optical switching and networking» a un impact de 1.8, ce qui est moins bien. Publier dans des journaux avec un impact factor de moins de 1 fait un peu tache... Si j'ai assez d'articles dans de «bons» journaux ou conférences, il se peut alors qu'on commence à s'intéresser au contenu, et/ou à ma position dans les listes d'auteurs.

Faut-il publier beaucoup de moindre qualité ou peu de bonne qualité? Je suis arrivé à la conclusion qu'il faut faire un peu des deux. Un bon article (pas forcément une recherche sérieuse, mais plutôt un article qui contient plein de petites phrases faciles à citer, comme «le silicium sera très utile ces prochaines années pour fabriquer des [quelque chose» - ainsi les personnes travaillant avec le silicium ou essayant de produire [quelque chose] auront intérêt à citer l'article) permet de
récolter beaucoup de citations dans la communauté. Mais un mauvais article sert aussi, du moment qu'il cite mes travaux précédent. Je peux facilement fournir un article à une conférence de seconde zone, dont le comité ne relira probablement même pas le contenu, mais qui mettra l'article en ligne dans une base de donnée connue de Google. Ainsi, les citations de cet article seront prise en compte.

Si je cite 10 de mes précédents articles, ce «mauvais article» me donnera 10 citations. Je dit 10 car personnellement je me suis fixé une règle: mes travaux précédents ne doivent pas représenter plus de 20% de mes références. Mais j'ai vu des articles avec des taux approchant 50%. A noter que la «gonflette» de citations s'applique aussi aux journaux. Vous êtes éditeur-en-chef d'une revue et vous voulez un retour sur le temps que vous y investissez (i.e. vous voulez que votre journal devienne LE journal où il faut publier dans le domaine?) ? Suggérez donc à chacun de vos auteurs de citer les travaux précédemment publiés dans votre journal! La page Wikipedia sur «l'impact factor» (en anglais) présente une belle vision d'ensemble («Editorial policies that affect the impact factor»).

Voila pour la bibliométrie. En somme, on voit que le processus de publication est plus là pour servir les intérêts (ou plutôt garantir la survie) académique des auteurs que pour pérenniser le savoir. Bien entendu, un article très bien rédigé procurant une vision claire sur un sujet donné sera beaucoup cité (pour autant qu'il puisse émerger du «bruit» - car des milliers d'article sont «publiés» chaque jour, des
bons, des mauvais, et de nombreux bons restent dans l'anonymat le plus total - en cela le monde académique ressemble au show business. Il y a des milliers de bons guitaristes, chanteurs, etc. Mais seule une fraction se fait connaître). Mais comme écrit plus haut, il y a d'autres moyens d'obtenir des citations que de passer des mois à «peaufiner» son texte (...)

Voila ce que je peux dire aujourd'hui. Cela fait un certain bien de vider son sac. En général: copinage, féodalisme, opportunisme, abus... sont des choses courantes dans le monde académique. La seule conclusion positive est, bien souvent, similaire à celle de Churchill concernant la démocratie: «C'est le pire des systèmes, à l’exclusion de tous les autres...» Mais il y a des jours où je commence même à en douter.

CC, doctorante en biologie, Suisse romande: les pressions, les inégalités pour les femmes, et l'enseignement sacrifié

Les chercheurs qui ne publient pas n’existent pas, et cela commence dès le début de la «vie» académique. En effet, il semble désormais qu'il soit de plus en plus difficile d’obtenir un poste de doctorat sans avoir déjà publié lors de son master. Mon directeur de thèse en parle de manière tout à fait ouverte avec ses collègues professeurs : «C’est un bon moyen de savoir si un étudiant sera productif en thèse». Les portes du monde académique se ferment donc rapidement pour tous ceux qui n’auront pas eu le chance (car oui, à ce stade, cela relève plus de la chance que des qualités intrinsèques du travail ou de l'étudiant) de publier leur travail de master.

Par la suite cette pression continue. Un «thésard» se doit de publier au moins trois fois durant la réalisation de son travail de thèse. S’il veut poursuivre une carrière académique, alors il faudra publier plus. Sans ces publications, aucune chance de poursuivre dans l’académique, on nous le répète depuis le début. Toute la thèse est donc réfléchie en termes de publications. On ne fait plus de la recherche pour comprendre le monde, on en fait pour publier. Un sujet qui n’est pas assez «sexy» et qui risque de ne pas plaire aux journaux scientifiques ne «mérite» donc pas d'être abordé. La science s’appauvrit, l’esprit des scientifiques aussi. La compétition fait rage dans ce secteur, et les sommes d’argent en jeu sont considérables. Certaines revues exigent même désormais des sommes conséquentes pour que les articles soient publiés en couleur ou en «open-acces»... La science est un business. Un business qui se fait sur le dos des chercheurs. Lorsqu'ils se lancent dans «la course», le système exige des chercheurs qu'ils s'y consacrent entièrement, sans compter, parfois au détriment de leur vie privée et surtout sans aucunes garanties en retour.

La vie en dehors du monde académique devient bien souvent quasi-inexistante et les postes stables sont si rares qu’aucune pause, qu'aucun relâchement, ne sont permis. Vous arrêtez de publier durant un certain temps et c’est fini, votre «rêve académique» s’envole! Cela peut paraître quelque peu exagéré, mais ce n’est vraiment pas loin de la réalité. Plusieurs études montrent que le taux de stress et de dépressions est considérable chez les doctorants (Levecque, K., et al. (2017). Work organization and mental health problems in PhD students. Research Policy). J’imagine que cela s’applique au monde académique en général.

Une de mes collègues, qui va partir prochainement en congé maternité en fait par exemple les frais. Elle ressent une pression importante pour finir tous ses projets en cours, et son supérieur soutient qu’elle doit profiter de son congé maternité pour travailler sur ses prochains articles. Ainsi, un chercheur et plus particulièrement une chercheuse ne peut pas se permettre d’arrêter s’il espère continuer sa carrière. L’inégalité des sexes est, comme dans de nombreux autres domaines, toujours fortement ancrée dans le milieu académique comme le relèvent différentes études (Shen, H. (2013). Mind the gender gap. Nature ; Moss-Racusin, C. A et al. (2012). Science faculty’s subtle gender biases favor male students. Proceedings of the National Academy of Sciences). Il est en effet plus difficile pour une femme de publier dans les revues, et cela se répercute directement sur les possiblités de financement. Cette approche «publish or perish» qui régit le monde scientifique contribue donc à maintenir ces inégalités.

Une autre conséquence moins flagrante du «publish or perish» est l'engagement des professeurs ou autres «chargés de cours» en fonction de leur liste de publications et non de leurs capacités pédagogiques ou de gestion de projets (qui sont pourtant les buts principaux du système universitaire). Vous vous retrouvez donc avec des personnes manquant de compétences pour assurer les tâches en matière d'enseignement et qui peinent également à encadrer leurs équipes. Certains cas de chercheurs obtenant des postes de professeurs alors que les associations étudiantes dénoncent leur enseignement chaotique, ou qui ont à leur actif la démission de plusieurs doctorants et post-doctorants, illustrent bien que leur «palmarès» en matière de publication prime largement sur leurs autres qualités. Le «publish or perish» ne s'applique donc pas uniquement aux individus, aux chercheurs, mais tend à régir l'ensemble du milieu académique et de la formation universitaire, où les facteurs sociaux ont tendance à passer après la rentabilité des chercheurs.

DD, doctorant en sciences physiques, Suisse alémanique: les difficultés des grands groupes, le temps perdu

Je fais mon doctorat à l’ETH depuis 2 ans bientôt sur 3, qui peuvent devenir 4 ou 5, selon le nombre d’articles qu'on publie. On a généralement besoin de publier 3 articles (un par année) en premier auteur. Si ces conditions ne sont pas remplies, la thèse est prolongée.

Ce n’est pas parce qu’on est lent que l’on n’arrive pas à faire ces 3 publis en 3 ans, ça dépend fortement du projet et du groupe dans lequel on est. Je suis dans un grand groupe et donc beaucoup de doctorants génèrent des données que le prof et les post-docs doivent revoir. Ceci prend du temps naturellement et plus il y a de doctorants, plus la pile à revoir grandit. Dans ma situation, au bout d'une année j’avais assez pour faire une petite publi et une plus consistante. J’étais hyper motivé, j’avais travaillé et passé beaucoup de temps dans le labo pour remplir au plus vite et au mieux ce qu’il fallait.

La première petite publi n’a pas été jugée suffisante par mon prof et il m’a encouragé à faire plus pour viser un plus haut journal. Aujourd’hui, bientôt 2 ans plus tard, j’ai beaucoup avancé le projet et je prépare la publication. Toutefois, entre-temps 2 publications sont sorties et ont publié la base de mon projet que j’avais fait il y une année. Depuis j’ai ces échantillons sur mon bureau et je me dit que j’aurais pu avoir 3 publis au lieu d'une (si j’arrive à publier dans les délais ma publication actuelle).

La deuxième publication visait un plus grand journal. Elle était top, le prof était content, on avait tout, les résultats étaient validés, les figures prêtes et on s’est attelé à la tâche de l’écriture. Six mois de perfectionnement des paragraphes, de va et vient entre postdocs, moi et parfois le prof.

Le problème c'est qu'il est très occupé, il corrige souvent plusieurs papiers en parallèle et c’est difficile de se concentrer sur le papier de manière précise. Du côté des doctorants et post-docs, on lit tellement le papier qu’on n’arrive plus à le regarder de manière objective mais qu’on se concentre sur les mots. Résultats, après six mois et plus, on réalise qu’on pourrait encore tirer plus de cette publication et qu’il faudrait encore faire ça et ceci et cela, ce qui entraîne naturellement une restructuration du papier, des figures et du texte (...)

Régulièrement on fait du 7h à 22h, entre expérience la journée et lecture, rédaction et traitement de résultats le soir (...)

L’écriture de papiers est un processus frustrant et pénible. Plus les exigences du groupe sont grandes, plus les journaux visés sont haut et plus le processus est compliqué est exigeant. Ça demande beaucoup d’énergie, de motivation et ne surtout de pas baisser les bras. Croyez-moi, baisser les bras est une idée qui vous passe souvent dans la tête quand l’histoire et vos heures d’écriture sont retournées en dessus-dessous à chaque fois, que vous changez des centaines de fois les couleurs d’un graphique, la position d’une flèche, et qu'au final on décide d’enlever la figure et de la mettre dans les informations supplémentaires...

EE, doctorant en dernière année, Suisse alémanique: la précarité du statut

Durant mon entretien d'embauche, j'ai demandé si un nombre minimal de publications était requis pour obtenir un doctorat (par principe, je suis contre cette idée, qui, à mon sens, nuit à l'innovation et ainsi au fondement même de la recherche scientifique). La réponse qui m'a été donnée était que non, il n'y avait pas de nombre minimal, bien qu'il soit attendu qu'un doctorant publie certains articles durant ses 4 ans de thèse (...)

Après environ 1 an et demi, les deux professeurs pour qui je travaille nous ont informés que le nombre annuel de publications du groupe diminuait, et qu'afin d'augmenter ce nombre, à partir de ce jour tout doctorant devait avoir deux publications en premier auteur avant d'être autorisé à défendre sa thèse; ceci allant être appliqué à tous les doctorants, qu'ils aient commencé le mois précédant ou qu'ils soient supposés finir le mois suivant. L'autre annonce, intervenue simultanément, était que la durée maximum du contrat d'assistant-doctorant serait dorénavant limitée à 48 mois, sans exceptions.

La conséquence de ces décisions a été qu'un de mes anciens collègues n'a réussi à s'en sortir que grâce à une subvention d'une fondation privée, un autre collègue a terminé l'écriture de sa thèse et de ses publications en étant à l'assurance chômage alors qu'un troisième collègue n'a toujours pas défendu sa thèse alors que son contrat s'est terminé il y a un an et demi (...)

Pour ma part, j'ai continué à travailler dans le but d'atteindre l'objectif fixé par le projet qui me finançait, jusqu'à ce que mon professeur décide, contre mon avis, de complètement laisser tomber ce projet (en avril 2016, soit après 2 années et demie de doctorat!). Par conséquent, je me retrouve dans la situation où, à deux mois de la fin de mon contrat, je n'ai pas mes deux publications en premier auteur (...)

J'ai demandé s'il était possible d'envisager une extension de mon doctorat. La réponse qui m'a été donnée était «absolutely not» avec ensuite des explications comme quoi ni le SNSF ni l'université n'autorisaient la prolongation d'un doctorat au delà de 4 ans et que soir je devais trouver un financement privé, soit m'inscrire au chômage pour terminer ma thèse (les deux propositions étant illustrées par une liste d'ancien membres du groupe qui ont dû utiliser l'une de ces solutions pour finir leur thèse). Renseignements pris, mon contrat peut aisément être prolongé si la raison est justifiée. (...) Évidement, les professeurs peu scrupuleux n'ont aucun intérêt à prolonger - et donc payer - des doctorants pour qu'ils finissent un travail dans leur dernière année. En effet, à ce stade, 99% des personnes sont prêtes à tout pour obtenir leur doctorat.

FF, universitaire, sciences humaines, Paris: anonymat, copinage, peer review

Le temps des directeurs de revue à l'ancienne qui prenaient sur eux de publier un papier, parce que ça leur plaisait ou parce que recommandé par un ponte ami, sans autre forme de procès, semble terminé. On a de plus en plus du peer-reviewing qui est manifestement un moyen de se protéger pour de nouveaux directeurs de revue, fraîchement arrivés : l'ennui c'est que ça donne des pratiques très différentes. Fait sérieusement, avec deux experts d'autres pays/langues, ça ralentit ben un peu le processus de publication (disons que ça l'allonge, surtout s'il y a du retard) mais les rapports sont intéressants, avec des suggestions utiles. On corrige, on ajoute et ça passe : on arrive à quelque chose qui tient la route.

L'ennui, c'est quand ça sert de paravent pour régler des comptes: ça arrive souvent avec des «experts» du même pays, parce qu'à partir d'un certain niveau on se connaît, et l'anonymat ne tient pas longtemps, en cherchant l'auteur qui a déjà présenté son papier à un colloque par exemple. J'ai reçu comme ça une évaluation vacharde au possible, mitraillant le fond et la forme, pour un travail qui avait été jugé bon par des collègues à qui j'avais demandé leur avis (et c'était des pontes sérieux): au final je l'ai donné pour des Mélanges, et l'éditeur m'a couverte de félicitations, no comment. Je garde les pieds sur terre dans les deux cas, parce que cela fait un moment que je suis dans ce milieu.

Bon, ça c'est pour une revue. Plus ennuyeux, à mon sens, le recours à ce genre d'évaluation, de pseudo-évaluation, pour un colloque: je ne vois pas cela d'un bon œil, très honnêtement. Pourquoi ? On est «sélectionné» au départ en proposant un sujet et son résumé: bon, la sélection est plus ou moins féroce. On se déplace, on présente son papier, on échange. Ensuite, certains organisateurs imposent une nouvelle sélection en vue de la publication, souvent parce qu'ils ont invité trop de monde pour le budget prévu pour la publication, et donc on a une élimination pure et simple, le plus souvent des petits poissons au bénéfice des pontes, avec en prime une «expertise» odieuse histoire d'essayer de justifier scientifiquement l'élimination. Je ne trouve pas cela correct du tout. Pas la peine de dire que le papier en question sera publié ailleurs, en étant jugé de façon nettement plus favorable ;-), mais ce sont des procédés lamentables.

Au total, j'aurais tendance à conclure que ça marche quand on arrive à un certain niveau d'exigence internationale; en dessous le peer-reviewing sert trop souvent à torpiller des collègues et à essayer de les écœurer, pour qu'ils ne travaillent plus. Je connais un sorbonnicole ou deux qui sont des spécialistes de ce genre d'entreprise. Et ironiquement cela se retourne contre certains des torpilleurs/euses: on pourrait citer une revue qui marchait bien avec son ancien directeur, du genre à se passer joyeusement de peer-reviewing, qui maintenant bat de l'aile parce que la nouvelle directrice a commencé son mandat par des «évaluations anonymes» très désagréables. Donc on a arrêté de travailler pour cette revue, et maintenant elle en est à passer des appels à propositions pour trouver du monde, ce qu'on n'aurait jamais vu avec son prédécesseur.

Il faut beaucoup relativiser, et garder un bon sens de l'humour si possible. Et puis avec un peu d'expérience on sait à quelle porte il vaut mieux éviter de toquer, ie on sait avec qui il vaut mieux éviter d'essayer de travailler: ça évite déjà pas mal d'expériences désagréables, sachant que si le travail est fait sérieusement il sera publié, parce que le nombre de ceux qui travaillent sérieusement n'est pas si élevé.
Et vous, dans vos parcours académiques, avez-vous été confronté à des biais de publication ?
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

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Message par Tugdual »

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Message par Tugdual »

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Message par Tugdual »

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Message par freeshost »

:mrgreen:

Bon, rien d'étonnant, cela dit.

La copyright madness, ça se guérit ? :lol:
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Réservez vos prochaines vacances sur Mars :
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Message par Tugdual »

Mauvaise nouvelle :
Spoiler :  : 
Pour qui ne danse pas ...
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