Passez-vous du bon temps avec des personnes non autistes ?

[freeshost]

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Salut, la compagnie Asperger,

Vous arrive-t-il de passer du bon temps avec des personnes non autistes (de tous âges, de tous milieux) ?

Je vous pose la question parce que ça m'arrive. Mais aussi car il paraît que ce n'est pas la panacée (la joie, le nirvana, le septième ciel, etc.) pour les personnes autistes en général de s'intégrer, fût-ce provisoirement, dans un groupe de personnes non autistes.

Et vous, est-ce que ça vous arrive ?

Il s'agit de donner des exemples de moments positifs, histoire de donner l'exemple, mais aussi de dédiaboliser l'interaction sociale entre personne autiste et personne non autiste.

Quelques exemples miens :

- en fin d'école primaire, avec des filles, je m'amusais à confronter nos fronts (seul contact), à les pousser l'un contre l'autre,
- durant l'enfance, je m'amusais bien avec les autres membres du club d'échecs, l'un racontait souvent des blagues diverses, on -ait,
- durant le gymnase, ce fut peut-être ma période la moins autistique : chaque vendredi après l'école, on allait au bistrot (je faisais déjà partie des buveurs de chopes de bière ) ; on organisait chaque mois un souper de classe - je faisais partie du noyau toujours présent ! - j'en organisai même un chez moi ; je ne vous parle pas de notre voyage d'étude (bières, l'un qui vomit sur mon pull, câlin ivre, fille disparue la nuit, commentaires sur le guide touristique, et sur les odeurs poissonneuses du port de Hamburg, etc.) ; taquineries diverses sur chaque personne (moi, c'était "le sourire éternel", "l'artiste" (quand j'essayais de dessiner maladroitement des visages ), "celui qui aura toujours les mots pour vous réconforter", etc.),
- codage (phonétique avec les mains) de chansons (vinifiées) avec des personnes sourdes non autistes,
- actuellement : Super Mario Kart avec un chum quand je vais chez lui, sorties occasionnelles avec un colocataire non autiste et d'autres (plus jeunes) de tous pays (on trinque, on discute, on blague), sorties avec des personnes Asperger diverses (ça, vous connaissez),
- blagues entre modérateurices d'autres forums, (on rigole de divers trolls )
- poker Hold'em non limit aux mises modifiées (avec des personnes non autistes),
- intérêts spécifiques sur des forums spécifiques (avec des personnes a priori non autistes),
- rencontres improvisées, non planifiées*,
- concerts (du moment que j'aime la musique ),
- etc.

* La prochaine sera le 1er août 2017 à la fête nationale suisse. J'irai seul, mais nul doute que je trouverai sûrement d'autres personnes avec qui interagir avec humour et patriotisme.

Et vous ?

[bézèdach44]

Ben étant donné que je ne connais "réellement" aucune personne autiste, forcément le bon temps que je passe ce sont avec des non-autistes. Principalement les membres de mes groupes pendant les concerts (avant et après le concert c'est plus compliqué cela dit ), mon employeur (seul contact que j'ai en dehors de ma famille pendant les vacances...) et quelques amis quand on va voir des matchs de foot (mais seulement vraiment 'dans' le stade, encore une fois avant/après ce n'est pas trop mon truc, principalement car je ne bois pas d'alcool et que je ne prends aucun plaisir à l'interaction sociale pure - à savoir parler de chose sans sujet précis)

[Benoit]

Vous arrive-t-il de passer du bon temps avec des personnes non autistes (de tous âges, de tous milieux) ?

Plus qu'avec mes "pairs".

[TimeLady]

Je ne connais pas de personnes autistes, et puis j'ai l'impression un peu curieuse que le seul "bon temps" que je passe, c'est quand je suis toute seule. Ermite, vous avez dit ermite ??

[Nausicaä]

Oui ça m'arrive parfois quand je me retrouve, par hasard ou pas suivant les circonstances, à parler d'un intérêt commun avec un(e) inconnue. Et hier c'est ce qui m'est m'est arrivé (et par téléphone!! ), au sujet d'une nouvelle formation. Au départ c'était pas très bien parti, j'attendais un autre appel et je m'étais donc préparée psychologiquement uniquement pour ce dernier, alors j'étais totalement prise au dépourvu! J'avais aussi bien sûr oublié le nom de la personne qui m'avais donné son contact et je bégayais en essayant de me le remémorer (sans succès!) et je n'en menais vraiment pas large...
Mais finalement ça c'est très bien passé, car elle m'avais ensuite donné des renseignements très précis sur la formation. Bien plus que les autres personnes que j'avais contactées. Et je sentais aussi qu'on était sur la même longueur d'onde et qu'on voyait les choses de la même façon, donc ma panique que je ressentais au départ c'est peu à peu dissipée pendant le fil de la discussion et j'ai même fini par me sentir très à l'aise et même contente qu'elle m'ai donné toutes ces informations.

Avec certains membres de ma famille je peux passer de très bons moments, car je peux être totalement moi-même, dans le sens où je ne suis pas obligée d'être en vigilance constante (bonjour Maugrey Fol Oeil! ) par peur de ne pas paraître "normale". Ou aussi avec mes amis d'enfance. Mais à condition que les personnes que je viens de citer ne soient pas accompagnés elles-aussi de leur amis, sinon ce n'est plus pareil. Le problème c'est que personnes NT que je connais, même les plus sympas et introverties semblent carrément "changer de mode" lorsqu'ils/elles se retrouvent en groupe, à être capable de switcher en "mode social" comme bon leur semble. Et comme tout groupe (NT), cela inclue forcément cette notion d'appartenance, ces codes, la compétition, le bruit, etc...Les confidences deviennent potins et les conversations inintéressantes. Et c'est l'ironie, je me sens tout à coup très seule même en étant très entourée physiquement et je me ferme comme une huitre. Alors je n'ai qu'une seule envie, rentrer chez moi pour vaquer à mes occupations, car j'ai l'impression de perdre mon temps. Ou parfois j'ai aussi envie de partir plus tôt par peur de gâcher l'ambiance (en plus de la fatigue causée par le bruit et autres surcharges sensorielles), comme par exemple lors des fêtes de famille.

Donc oui je peux tout à fait passer du bon temps avec les NT mais à condition que se soit:

- avec 1-2 personnes à la fois
- dans un lieu calme de préférence
- qu'on me respecte tel que je suis (mes moments de silences, mes hypersensibilités, etc,...)
- qu'on ait un ou des intérêts en commun. Ou si non une personne ouverte d'esprit avec laquelle je peux apprendre de nouvelles choses. Ou inversement.
- des personnes entières, peu préoccupées par les apparences et pas adeptes du small talk!

[hazufel]

Le problème c'est que personnes NT que je connais, même les plus sympas et introverties semblent carrément "changer de mode" lorsqu'ils/elles se retrouvent en groupe, à être capable de switcher en "mode social" comme bon leur semble. Et comme tout groupe (NT), cela inclue forcément cette notion d'appartenance, ces codes, la compétition, le bruit, etc...Les confidences deviennent potins et les conversations inintéressantes. Et c'est l'ironie, je me sens tout à coup très seule même en étant très entourée physiquement et je me ferme comme une huitre. Alors je n'ai qu'une seule envie, rentrer chez moi pour vaquer à mes occupations, car j'ai l'impression de perdre mon temps. Ou parfois j'ai aussi envie de partir plus tôt par peur de gâcher l'ambiance (en plus de la fatigue causée par le bruit et autres surcharges sensorielles), comme par exemple lors des fêtes de famille.

Donc oui je peux tout à fait passer du bon temps avec les NT mais à condition que se soit:

- avec 1-2 personnes à la fois
- dans un lieu calme de préférence
- qu'on me respecte tel que je suis (mes moments de silences, mes hypersensibilités, etc,...)
- qu'on ait un ou des intérêts en commun. Ou si non une personne ouverte d'esprit avec laquelle je peux apprendre de nouvelles choses. Ou inversement.
- des personnes entières, peu préoccupées par les apparences et pas adeptes du small talk!

Je n'ai jamais compris ce changement de mode non plus et pour le reste, merci, j'ai l'impression que tu décris exactement ce que je ressens avec d'autres personnes / groupes. Exactement.

[axurit66]

Je ne suis réellement heureux que quand je suis tout seul. C'est malheureux à dire hein

Je ne connais pas de personne autiste (du moins ayant eu un diagnostic).
Je connais évidemment des personnes non autistes et oui, je peut passer du bon temps avec certaines d'entre elles.

Mais comme pour mes prédécesseurs, ça sera uniquement en petit comité (2 à 3 personnes au maximum dans le groupe).
Au delà, systématiquement j'aurais qu'une envie : FUIR FUIR FUIR !!!

[Georges-André]

La plupart de mes amis ne sont pas "de chez nous" (comme dirait J. Schovanec) mais s'intéressent aux mêmes choses que moi, donc je passe du bon temps avec eux.
Mais la personne avec qui je passe le plus de temps, à savoir ma femme, est très certainement aspie. Disons qu'avec elle je peux me lâcher (au niveau des blagues et jeux de mots - les gens autres que ma femme ne les comprennent souvent pas )

[TimeLady]

Je ne suis réellement heureux que quand je suis tout seul. C'est malheureux à dire hein

Pareil ! Et pour le coup je me sens moins seule !

[axurit66]

Si tu te sens moins seule, c'est que tu n'es plus seule ou que tu demeures toujours seule mais un peu moins ?

[le jean moulant]

Une seule fois, j'ai eu une bande de potes, j'avais 15 ans et eux entre 18 et 25 ans...filles et garçons...ils écoutaient du hard rock et buvaient des bières. Bien sûr avec mon esprit rebel, je ne fréquentais pas les jeunes de mon âge.

Il y avait peut-être des autistes dans le lot, je n'en sait rien, à l'époque il n'y avait aucune connaissance en ce domaine.

Je me suis mise à boire de la bière à aller dans des soirées ou l'alcool coulait à flots...

Ils avaient l'air de bien s'éclater...moi, pour être des leurs...pour écouter leur musique, je me saoulais.

Ils avaient un bar attitré à Yverdon les bains...petite anecdote cocasse...un soir, alors que je venais de boire une chope de bière (une seule suffisait largement pour me mettre la tête à l'envers), je me suis mise à vomir sous la table...tout à coup, ma grand mère a surgit devant moi...je me souviens vaguement qu'elle m'a tirée par le bras pour me ramener à la maison...elle n'en pouvait plus de colère, et moi la honte de ma vie.

Cet épisode a sonné le glas de mes amitiés...après ça le groupe m'a fermement fait savoir que ma place n'était pas parmi eux. Depuis, je n'ai plus jamais pris de cuite, ni frequenté de groupe.

Je pense que l'on peut être ami avec quelqu'un...peu importe sa couleur...son orientation...autiste ou pas. Si nous nous accordons, peu importe les différences.

[TimeLady]

Si tu te sens moins seule, c'est que tu n'es plus seule ou que tu demeures toujours seule mais un peu moins ?

Je me sens moins seule de ne plus être la seule à ne me sentir pleinement heureuse que seule.

[Ttoille]

J'ai des connaissances NT (notamment à l'écurie) avec lesquelles je peux passer un bon moment, autour d'un barbecue ou d'un apéro. Souvent, je ne dis pas grand chose mais l'ambiance est chaleureuse alors j'apprécie.
J'ai une amie proche NT avec qui je m'entends bien (et comble!) avec qui j'apprécie de faire du shopping (mais que quand le centre commercial est vide ) On ne se voit pas souvent, mais on est proche comme des soeurs et on se raconte beaucoup de choses intimes qu'on ose pas raconter à d'autres. Elle est délicate et joyeuse.
Mon copain et mon autre ami proche ne sont pas catégorisés déviants mais j'ai de plus en plus l'impression qu'ils ne sont pas non plus 100% NT (mon copain a des gros problèmes de socialisation en dehors de son cercle d'amis). En tout cas, je passe de très bons moments avec eux, mon copain est une rare personne avec qui je ne fatigue pas et mon ami m'apprécie avec toutes mes bizarreries donc je fais pas de chichis devant lui.

Autrement, mes contacts les plus réguliers avec des NT se fait au travail, en officine. Au comptoir j'ai pu rencontrer énormément de personnes différentes qui m'ont permis de vivre de belles choses et qui m'ont beaucoup touchée. Pêle-mêle : une mère qui a demandé à ses enfants de partir en vacances seuls avec le père, sans leur dire qu'elle subissait une opération à risque au cours des vacances et qui a tout fait pour redevenir "comme avant" avant le retour de ses enfants; un homme qui a économisé toute sa vie pour sa retraite, il a bossé dur en se disant qu'il en profiterait après 65 ans... Il est décédé deux mois avant sa prise de retraite et son souvenir me motive chaque jour à profiter du moment présent; cette dame qui est entrée par hasard chez nous, en détresse malgré une prise en charge médicale très efficace et qui a tellement apprécié notre accueil qu'elle a fait le détour plusieurs fois pour revenir chez nous (détour de plus d'1h); un couple de petits vieux qui se sont rencontrés chez nous et qui se fréquentent tous les jours depuis, ils sont adorables et nous offrent des chocolats très souvent; une dame qui est venue me demander 3 fois la pilule du lendemain (je ne l'ai jamais reconnue) et à la 3ème fois, alors que je lui faisais le petit discours sur les risques et la procédure, elle me répond "Oui, j'ai suivi votre conseil et j'ai rdv demain chez la gynéco!"; un monsieur complètement maniaque qui me détestait au début parce que "je ne suis qu'une étudiante" et donc je ne pouvais pas faire les choses bien, et qui a fini par m'adorer et venir me voir exclusivement pour son dossier médical; cette dame qui avait 11 enfants (!) sur sa carte vitale, vivent les remarriages à répétition...
J'ai eu plein de contacts avec les gens normaux qui me donnent le sourire et du courage tous les jours. De manière vraiment exceptionnelle, la personne avait mon âge, sinon elle était quasi systématiquement plus âgée (de 40 à 105 ans)
Et comme ce sont des clients, des gens que je ne vois pas dans un contexte personnel et pour certains, que je ne vois pas deux fois, je peux être moi-même (en tant que professionnelle) et ça ne les dérange pas. Pourtant, j'ai remarqué que je ne les regardais presque jamais dans les yeux!

Mon meilleur souvenir d'un NT, c'est un collègue bénévole, on organisait un concours d'équitation et à la soirée VIP, voyant qu'un gars s'intéressait à moi, il est venu me présenter en mode "Elle sourit tout le temps. Elle peut te gueuler dessus, il peut tomber un déluge sur sa tronche, elle peut pisser le sang, elle sourira toujours. C'est notre soleil dans l'équipe." Il était complètement saoul, mais j'étais hyper touchée qu'on pense ça de moi... (surtout que c'est pas 100% vrai, quand je lui gueulais dessus j'étais pas du tout en train de sourire )

[olivierfh]

Je me sens moins seule de ne plus être la seule à ne me sentir pleinement heureuse que seule.

Alors tu t'en sens moins heureuse?

[TiZ]

"Elle sourit tout le temps. Elle peut te gueuler dessus, il peut tomber un déluge sur sa tronche, elle peut pisser le sang, elle sourira toujours. C'est notre soleil dans l'équipe."

Moi aussi on me dit souvent ça, alors que je ne m'en rends pas compte.

Oui, je passe du bon temps avec des personnes non autistes comme avec des personnes autistes (et dans les deux cas, j'ai quand même besoin de me reposer après) :
- Avec ma famille
- Avec la famille du copain de ma soeur
- Quand je vais à des compétitions de cube
- Au sport
- Au travail

J'aime bien être seule, mais j'aime aussi être seule au milieu d'un groupe (au sport par exemple, même si je participe à des cours collectifs, c'est "chacun pour soi", je ne fais pas attention à ce que font les autres mais en même temps je trouve que le "ressenti" d'être en groupe me pousse à aller plus loin).