S'enrichir au contact des autres ?

[misty]

"nécessaire en entreprise pour garder son emploi" tu veux dire.

Exactement! Perso je n'ai jamais eu l'ambition folle et démesurée de vouloir m'épanouir dans un emploi, uniquement celle de le garder plus de 2 ans

Tant que les personnes qui s'occupent de l'emploi des autistes n'auront pas compris que ce n'est pas une solution...

Que quoi n'est pas une solution? Ce genre de façon d'aborder cette question tu veux dire?

[Benoit]

Tout à fait, le fait de travailler sur les points faibles exclusivement.

La plupart des autistes qui peuvent (sensoriellement) travailler ont des points forts exploitables.

[Flower]

Ça c'est certain - si je n'avais pas de points forts exploitables, on m'aurait viré il y a 5 ans. Le truc, c'est que généralement on ne travaille pas sur les points forts, et c'est comme ça un peu partout - les enfants qui prennent des cours de soutien dans une matière dans laquelle ils excellent sont plutôt l'exception. Donc ce n'est pas spécifique aux autistes. Dans l'idéal, à mon avis, accompagner une personne autiste dans l'emploi devrait se faire en travaillant d'un côté sur un certain renforcement des points faibles de la personne et de l'autre sur une plus grande acceptation par l'employeur de ces mêmes points faibles. Qu'il accepte que la personne est excellente sur certains éléments de son travail mais qu'elle aura toujours des difficultés sur d'autres.

[misty]

Tout à fait, le fait de travailler sur les points faibles exclusivement.

La plupart des autistes qui peuvent (sensoriellement) travailler ont des points forts exploitables.

Je suis entièrement d'accord, ça me rappelle le livre "la vitesse de l'obscurité" qui aborde un peu cette problématique (bien que "classé" SF"). Tu l'as lu?

Concernant les points forts, c'est clair mais au final je me demande si c'est vraiment nous qui sommes les perdants, dans l'histoire. Dans ma recherche d'emploi (je suis en "attente" de transfert vers Cap Emploi), tous les intervenants que j'ai croisés ont eu le même discours: gaspillage phénoménal de compétences pour la société.

Ils m'ont fait passer des genres de tests de personnalité, ça m'aiguillait vers la recherche, l'ingénierie, les postes gradés en université... jusqu'à ce qu'entrent dans le calcul les capacités sociales: là je finissais avec comme préconisation souffler le verre ou garder des moutons (ce n'est même pas une blague, j'ai toujours les documents)

J'entends à longueur de temps: "si tu avais pu faire des études, si tu avais pu faire ceci ou cela..." En fait je me demande si j'aurais vraiment été beaucoup plus heureuse, moi. En revanche, je sais que j'aurais eu des compétences à apporter autres que d'emballer du persil en CDD (mon horizon pro actuel pour l'année à venir). Quelquefois je me dis, tant pis pour eux au fond, si dans aucun des boulots que j'ai dû quitter ils n'ont retrouvé par la suite personne d'aussi pointu niveau compétences. Ils ont pris des gens plus "supportables" et moins "difficiles à gérer", grand bien leur fasse...

[Benoit]

Je n'ai pas été clair.

Par "travailler" je voulais dire identifier et valoriser, que ce soit dans la formation, le recrutement ou le suivi de carrière.

Je suis persuadé qu'une personne autiste à plus de chance d'être recrutée (et de "supporter" le travail ensuite) dans ces conditions que si on lui apprend de vagues bases et qu'on croit après qu'elle va être à égalité avec les autres.

Je suis sûr d'avoir appris une dizaine de fois ce qu'est le réseautage ou comment on passe un entretien d'embauche, ça ne m'empêche pas d'avoir le niveau "Schovanec" (je ne sais pas s'il continue à se présenter de cette façon, sinon mes excuses).

[misty]

Par "travailler" je voulais dire identifier et valoriser, que ce soit dans la formation, le recrutement ou le suivi de carrière.

Je suis persuadé qu'une personne autiste à plus de chance d'être recrutée (et de "supporter" le travail ensuite) dans ces conditions que si on lui apprend de vagues bases et qu'on croit après qu'elle va être à égalité avec les autres.

Je crois que j'avais compris, si... Tu ne voulais pas dire appréhender la personne (ici autiste) dans sa globalité plutôt que de chercher à "redresser" la capacité de socialisation en amont en vue d'une meilleure "intégration"?

[Benoit]

C'est ça, c'est ce que j'appelle le modèle égalitaire (ou "de gauche"), rendre les gens pareils (ou croire qu'il le sont). [Note: de gauche en référence à l'"égalité").

Si on recrute des personnes aspies sur leur capacité à passer des entretiens d'embauche et à sociabiliser, il y a peu de chances qu'elles sachent faire autre chose vu que les intérêts spéciaux (en tout cas ceux bien développés) sont souvent très peu nombreux.

[misty]

C'est pour ça que je te mentionnais "la vitesse de l'obscurité": c'est tout à fait le propos.

Si tu embauches un autiste (ou autre "profil atypique") pour ce qu'il a à t'apporter, ce n'est pas à toi de déplacer ensuite le curseur pour lui dire jusqu'où peut aller son atypisme. C'est le problème récurrent que je rencontre dans le monde de l'entreprise: toutes mes évaluations commençaient par "ta façon d'être et d'envisager ce travail, qui sortent de l'ordinaire, apportent beaucoup à l'entreprise et sont vivement encouragées, toutefois, nous devons fixer des limites qui sont les suivantes....(en gros tu peux être toi quand on te le dit, mais tu dois être comme les autres quand on te le dit aussi)"

Pour moi c'est un peu: "alors je vais prendre du risotto, mais sans le riz" ou "je voudrais cette pièce, mais juste le côté pile s'il vous plaît, enlevez moi ce côté face"

Une des choses qui me fait le plus peur dans ces histoires "d'emplois adaptés aux autistes", c'est qu'on commence à leur expliquer comment être autiste et jusqu'où ce sera toléré. => Je prends ce qu'ils peuvent m'apporter et je jette le reste (le "plus compliqué à gérer")...

Donc, bien sûr qu'on "s'enrichit au contact des autres", mais ce n'est souvent pas de la façon dont eux l'envisagent.

[Manichéenne]

C'est tout de même vrai qu'avec un emploi souvent on est au contact des autres, et on a un salaire. Donc on peut s'enrichir.

[Autrey]

Esperons que les neurotypiques savent s'enrichir au contact des autistes !

[misty]

C'est tout de même vrai qu'avec un emploi souvent on est au contact des autres, et on a un salaire. Donc on peut s'enrichir.

Oui, enfin eux s'enrichissent bien aussi, hein...

Esperons que les neurotypiques savent s'enrichir au contact des autistes !

C'est tout à fait ça! Pourquoi eux ne s'enrichiraient-ils pas en apprenant à moins parler et à plus regarder les arbres, la forme des feuilles, les nuances de couleurs, les formes d'yeux ou de bouches des gens? Pourquoi il faudrait raconter ce qu'on fait le weekend, ou ce qu'a fait la barbie siliconée décérébrée à la mode au lieu de parler de la culture banjara?

Il faut les aider tous ces pauvres non-autistes!

[Autrey]

Esperons que les neurotypiques savent s'enrichir au contact des autistes !

C'est tout à fait ça! Pourquoi eux ne s'enrichiraient-ils pas en apprenant à moins parler et à plus regarder les arbres, la forme des feuilles, les nuances de couleurs, les formes d'yeux ou de bouches des gens? Pourquoi il faudrait raconter ce qu'on fait le weekend, ou ce qu'a fait la barbie siliconée décérébrée à la mode au lieu de parler de la culture banjara?

Il faut les aider tous ces pauvres non-autistes!

Tout à fait !
Au lieu de rejeter, de se moquer ou de regarder bizarrement les autistes, ils devraient les regarder avec plus de tolérance car ils verraient alors le monde un peu differemment.

Modération (Manichéenne) : correction de balises

[Aby]

Hum...les neurotypiques qui passeront par là vont partir en courant, ou pas...

J'ai commencé mon voyage en Autistan par obligation, depuis presque deux ans et demi et je sais que c'est un voyage sans fin, qui de plus est très enrichissant.
Je pourrais presque dire que j'ai développé un intérêt spécifique pour ce mode de fonctionnement particulier.

[freeshost]

Vive la diversité !