S'enrichir au contact des autres ?

[Benoit]

(Enrichir n'est évidemment pas à prendre au sens pécunière).

Dans le cadre de ma pause "lisons ce que les gens croient des autistes", je découvre qu'il existe de nouvelles interventions visant à "socialiser" les autistes.


Citation:

(...) Donner accès au monde du travail aux personnes ayant un TSA en préparant leur réussite pour obtenir la valorisation de la personne sur le plan social et leur intégration plus large dans la communauté sociale.

Les principes du partenariat social :

• chaque personne s'enrichit au contact des autres
• les fruits de cet enrichissement bénéficient à la personne avec un TSA qui va devenir de plus en plus autonome dans la gestion de sa vie personnelle et sociale.

Est-ce que vous êtes d'accord avec ça ?

[olivierfh]

S'enrichir est peut-être mal exprimé, je dirais apprendre ce qui permet effectivement de mieux gérer la vie avec les autres.

[Benoit]

Tout le monde apprend au contact d'autrui en faisant preuve d'ouverture d'esprit réciproque.

La précision d'importance est de savoir pourquoi les autistes sont les seuls bénéficiaires de ce type de démarche ? Parce qu'ils sont minoritaires ? Parce que les personnes qui leur tapent dessus "ne voient pas le problème" ?
Et aussi de savoir quand est-ce que les gens qui proclament aider les autistes prendront réellement position là dessus.

[freeshost]

En tout cas, je pioche partout où je peux. Mon appareil de photo aussi.

Mais, d'un certain point de vue, en ce qui me concerne, les êtres et leurs comportements sont des objets d'étude, d'observation, plus que des partenaires relationnels.

Bon, heureusement, il y a un certain humanisme qui m'amène à chercher à comprendre ce qu'elles ressentent, pour adapter mon comportement de telle manière à augmenter la probabilité qu'elles se sentent bien et réduire la probabilité qu'elles se sentent mal. Après, pas facile de manier les "systèmes d'équations et les algorithmes" des êtres et de leurs comportements.

S'agissant de s'enrichir, oui, nous pouvons nous enrichir d'expériences sociales, et en faire des bilans.

[Flower]

Je ne connais pas le contexte de cette citation, mais en soi, je lis ça comme une initiative visant à aider des autistes à sociabiliser davantage, notamment dans la perspective de trouver un emploi. Donc a priori, je trouve ça une idée plutôt positive. Et effectivement, apprendre à sociabiliser/à se socialiser avec des gens "normaux", je pense que ça peut augmenter l'autonomie d'une personne autiste. Je ne comprends pas où est le problème de s'adresser aux autistes et pas aux autres, il s'agit d'aider des gens avec des problèmes spécifiques donc ça me paraît normal.
Après, c'est comme toujours, ça dépend comment c'est fait. On peut mal faire ou bien faire.

[Manichéenne]

L'inclusion forcée dans un groupe inadapté est carrément délétère. Pour penser que le contact des autres est toujours enrichissant, il faut vraiment n'avoir pas connu le harcèlement scolaire/professionnel/autre. Ou être persuadé de la théorie selon laquelle les épreuves nous rendent plus forts.

Avoir la possibilité de socialiser avec des gens non normaux, soit qu'ils aient le même mode de communication, soit qu'ils soient particulièrement ouverts et près à faire leur part d'effort, c'est effectivement plutôt bien, surtout si ce n'est pas forcé.

Du coup, je réponds "autre" au sondage.

[freeshost]

Bien sûr, il ne faudrait pas forcer une personne autiste à s'insérer dans un tel ou tel groupe.

Plutôt prendre le temps de lui en expliquer les bienfaits qu'elle peut en tirer, puis patienter patiemment qu'elle prenne sa décision.

[misty]

Ce sondage me paraît hyper intéressant mais je ne sais pas quoi répondre car, si à la question "Pensez vous que les Aspies peuvent s'enrichir au contact d'autrui ?" je répondrais oui sans trop hésiter; je ne suis pas du tout mais alors du tout d'accord avec ça:

(...) Donner accès au monde du travail aux personnes ayant un TSA en préparant leur réussite pour obtenir la valorisation de la personne sur le plan social et leur intégration plus large dans la communauté sociale.

Les principes du partenariat social :

chaque personne s'enrichit au contact des autres
les fruits de cet enrichissement bénéficient à la personne avec un TSA qui va devenir de plus en plus autonome dans la gestion de sa vie personnelle et sociale.

La "valorisation de la personne sur le plan social", je m'en fiche pas mal et je ne suis même pas sûre de savoir ce que ça signifie exactement. Je ne suis pas sûre non plus d'avoir envie de "m'intégrer plus largement dans la communauté sociale".

Tout dépend de ce qu'on entend par "au contact"...

Et effectivement, apprendre à sociabiliser/à se socialiser avec des gens "normaux", je pense que ça peut augmenter l'autonomie d'une personne autiste.

Tout est question pour moi de degré: apprendre à être un peu plus à l'aise et moins insupportable pour les autres, oui (c'est le but de ma TCC), mais me voir imposer sans arrêt des contacts sociaux et subir une "norme" arbitraire inadaptée à mes besoins et capacités, non.

Imposer à tout prix la "socialisation" à des autistes dans le cadre professionnel, pour moi, c'est juste un moyen de leur permettre de supporter 4 mois des collègues et un environnement qu'à leur rythme ils auraient peut-être pu gérer plusieurs années.

[Autrey]

Pour s'enrichir au contact des autres, il faudrait déjà être accepté par les autres, que ceux-ci soient tolérants.

[Flower]

Tout est question pour moi de degré: apprendre à être un peu plus à l'aise et moins insupportable pour les autres, oui (c'est le but de ma TCC), mais me voir imposer sans arrêt des contacts sociaux et subir une "norme" arbitraire inadaptée à mes besoins et capacités, non.

Imposer à tout prix la "socialisation" à des autistes dans le cadre professionnel, pour moi, c'est juste un moyen de leur permettre de supporter 4 mois des collègues et un environnement qu'à leur rythme ils auraient peut-être pu gérer plusieurs années.

C'est pour ça que je dis quand peut bien faire ou mal faire: apprendre des compétences essentielles qui permettent à la personne autiste d'avoir accès au degré de socialisation dont elle a besoin sans imposer des excès ou essayer de forcer la personne à coller à une certaine définition de normalité alors que ça ne lui convient pas.

[Louis 26]

Pour s'enrichir au contact des autres, il faudrait déjà être accepté par les autres, que ceux-ci soient tolérants.

[misty]

C'est pour ça que je dis quand peut bien faire ou mal faire: apprendre des compétences essentielles qui permettent à la personne autiste d'avoir accès au degré de socialisation dont elle a besoin sans imposer des excès ou essayer de forcer la personne à coller à une certaine définition de normalité alors que ça ne lui convient pas.

Je suis bien d'accord oui , je disais plus ça dans le sens où ce qui ressort beaucoup de ma thérapie c'est que ma capacité à socialiser un minimum dépend quand même beaucoup de mon équilibre, qui passe par avoir beaucoup de temps pour moi (pour faire de l'exercice physique, pouvoir consacrer suffisamment longtemps à mes centres d'intérêt sans être interrompue...). Et disons que tout ça ajouté à ma vie de famille impacte beaucoup cette socialisation soi-disant "nécessaire en entreprise pour s'épanouir", justement. C'est un peu compliqué à expliquer mais je suppose que tu vois ce que je veux dire...

[Flower]

"nécessaire en entreprise pour garder son emploi" tu veux dire.

[Benoit]

Nous voilà de nouveau au coeur du problème...

Tant que les personnes qui s'occupent de l'emploi des autistes n'auront pas compris que ce n'est pas une solution...

[Flower]

En fait ce qui me laisse toujours perplexe c'est quand j'entends que des gens se font renvoyer en gros parce qu'ils ne discutent pas avec leurs collègues à la machine à café. Je veux dire, je travaille dans des endroits où il y a des machines à café, mais quand j'y croise un collègue 95% du temps on se contente de dire "bonjour, ça va". Parce qu'on ne fait que s'y croiser, justement. Et personne ne nous demande de discuter.
C'est comme les déjeuners, j'ai des collègues qui vont aller déjeuner ensemble assez régulièrement, mais aussi plein d'autres qui déjeunent seuls ou qui rentrent chez eux ou qui font des trucs, et tout le monde s'en fiche. (Sauf les 2-3 fois par an en gros où on fait un déjeuner d'équipe, là faut quand même venir dans la mesure du possible parce qu'on discute du travail.)

Ce qui fait que quand je parle de "minimum de sociabilité", je n'intègre ce genre d'éléments qu'a minima. Genre on vient déjeuner (ou à un événement) une fois quand on est nouveau.