Sujet douloureux...
Je ne sais pas si on peut qualifier ça de tentatives de s'intégrer, car il n'y avait pas vraiment d'efforts de ma part pour appliquer les codes sociaux qui auraient pu permettre que ça marche. Disons plutôt que j'ai tenté d'intégrer des groupes.
Par exemple, il y avait une fille en 4e avec qui je m'entendais pas trop mal, et elle avait deux autre copines, donc j'ai tenté de m'incruster. Un jour qu'elles écrivaient au tableau en riant, j'ai voulu faire la même chose avec elles. Mais je me suis faite jeter.
J'ai fait du basket ball, et pendant les heures de sport ça allait... mais il y avait les after au vestiaire, et je me souviens d'une fois ou toutes les filles se sont mises à danser en tournant en cercle et en chantant a capella. J'étais assise sur un banc et elle m'ont demandé de danser avec elles. Je savais plus où me mettre, je sentais bien que ça passerait mal si je refusait de faire pareil, mais je me voyais pas rejoindre ce grand n'importe quoi bizare. J'ai dû le faire, mais ça a été un grand moment de solitude et de malaise.
Enfin, vers le lycée j'ai tenté de faire du théâtre, un peu comme une ultime tentative de rejoindre un groupe. On avait des ateliers d'expression corporelle avec l'animatrice de la troupe quand j'étais en primaire, et j'avais bien aimé. Mais le théâtre, c'était tout autre chose. Je n'étais pas très douée, et la troupe qui avait plusieurs années d'expérience me reprochait un peu de gâcher la qualité de leurs représentations. Ajouter à cela les difficultés usuelles, et ça s'est conclu par un fiasco. J'ai arrêté le jour où j'ai entendu une conversation qu'ils pensaient que je n'entendrai pas. J'ai dis à ma mère, cette fois là "je pense que pour les gens, ma présence est désagréable.. je dois abandonner l'idée d'avoir des amis, ça vaut mieux pour le bien être de tout le monde". C'est d'autant plus horrible que je ne l'ai pas dit en colère et en pleurs. Je l'ai dit de manière placide et réaliste. Je l'avais accepté.
Entre la terminale et le M1, j'ai eu encore des déboires d'intégration. Mais c'était de moins en moins "grave" (au fur et à mesure, ça ressemblait de plus en plus à des mésententes classiques comme il en existe aussi chez les neurotypiques), et j'ai aussi enfin commencé à avoir des vrais amis. Pas des bandes d'amis bien sur, des amis individuels. En M2/ thèse, j'ai présentées les unes aux autres quelques unes des copines que je m'étais faites séparement, et elles sont devenues très proches les unes des autres... pour la 1ere fois de ma vie, j'avais un "groupe d'amis".
Après ma thèse, j'ai bougé et elles aussi. On a chacune nos vies mais on arrive à se voir environ une fois par an. Quand on se voit c'est comme si on était toujours aussi proches. Je n'ai pas réussi à me refaire des amis depuis. En fait, j'ai besoin d'énormément de temps pour construire une relation d'amitié, et maintenant que j'ai eu l'expérience d'une amitié réussie, je n'ai plus envie de consacrer du temps à des amitiés superficielles. Je ne force pas. De toutes manières, j'ai pas trop le temps entre le boulot et ma famille. Au bout de 6 ans dans la même ville, je commence enfin depuis 1 ou 2 ans à "fréquenter" 2/3 personnes rencontrées dans des assos ou parmi des parents ayant des enfants dans les mêmes ages que les miens. Les enfants ça aide quand même, ça fait un prétexte pour passer se voir au détour d'une promenade, ou pour organiser des sorties. J'ai eu un peu de mal à m'intégrer dans les équipes de mes nouveaux jobs, mais au bout d'un certain temps, ça va. Je ne préfère pas créer des liens d'amitié dans ces contextes, mais les relations sont cordiales. Je sais me débrouiller pour ne plus être de désagréable compagnie pour les gens en tous cas, c'est déjà ça

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