Bon, alors Castiel, prenons l'exemple d'une personne P.
P est pour le service public, notamment pour les transports publics pour des raisons écologiques ("C'est mieux quarante personnes dans un bus que quarante personnes dans quarante voitures."). P trouve donc qu'il faudrait densifier le réseau de transports publics, densifier les horaires, qu'il y ait des bus en montagne plus tard le soir, et aussi les samedis et les dimanches. P veut [donc] aussi que, financièrement, l'usage des transports publics soit nettement plus intéressant que l'usage des transports motorisés privés. P ne veut toutefois pas interdire ceux-ci. Car P sait qu'il peut y avoir des problèmes techniques ponctuels dans le transport public. Il sait que la voiture a des avantages pratiques (transporter des choses lourdes, larges, encombrantes, nombreuses ; faire demi-tour quand on veut ; se déplacer en urgence [recherche de personnes disparues, urgences des policiers, des pompiers, des ambulanciers, etc.] ; transporter les petits enfants ; etc.) et que l'on recherche incessamment à rendre les voitures moins polluantes. P sait que des voitures électriques existent, des moteurs à hydrogène, etc. Il ne s'y connaît pas vraiment techniquement et scientifiquement, mais il suit de près l'évolution des technologies. P voudrait encourager des villes "propres", avec des aires de stationnement en périphérie, et peu de circulation motorisée au centre (il accepte qu'on aménage quand même des voies libres pour les véhicules d'intervention, les véhicules utilitaires (il pense qu'il ouvre peut-être une brèche). Il veut favoriser les vélos (avec des pistes cyclables) et les piétons (avec des "pistes", des trottoirs, pour ceux-ci), en campagne comme en ville. Et oui, P aime beaucoup marcher, prendre des photos, voyager. Voyager ? Il encourage la diversité culturelle et cognitive, la curiosité diversifiée. Il aimerait voyager dans divers pays, mais qui ne sont pas forcément à côté de la porte. Un océan peut séparer. Questionnement : avion, bateau ou renoncer ? En tout cas, le service public a un prix, les impôts. P est pour un impôt proportionnel au revenu.
P est aussi pour le service public dans les domaines de l'éducation et de la santé. Quand la santé part, tout part. Et l'éducation, les apprentissages, permettent aux personnes diverses de développer leurs autonomies, y compris les personnes avec handicaps (autismes, schizophrénies, hémiplégies, paralysies, dys-ies, trisomies, blessures, troubles bipolaires, dépressions, hémophilie, diabètes, surdité, malentendance, cécité, etc.). P s'étrangle en voyant les prix que doivent payer certaines personnes pour des thérapies, des médicaments, des accompagnements (TCC, ABA, antidépresseurs, trithérapie, etc.). P considère que l'éducation permet aussi d'être moins manipulables, de mieux comprendre la diversité des comportements, de développer des attitudes pro-sociales, éthiques, constructives, de mieux se défendre face aux attaques (harcèlement, menaces, insultes, jugements, etc.) et, avec l'esprit critique, aux croyances erronées (théories du complot, du bouc émissaire, rumeurs, croyances théistes, création de dénis, pseudo-sciences, etc.), ainsi que de développer l'esprit d'entraide au niveau collectif.
La pensée de P avoisine l'athéisme et l'agnosticisme. Pour P, nul besoin de croire en quelque(s) dieu(x) pour acquérir la sérénité, nul besoin de recourir au déni de réalité (le déni de la mort, de la fin de la vie, par exemple), de croire en quelque réincarnation. P n'est toutefois pas pour l'interdiction de croyances, mais il est révolté par le dogmatisme de certaines cultures religieuses, et encore plus par l'imposition de règles à autrui (y compris dans la famille), notamment par les interdictions (interdiction de manger du porc, interdiction de fumer, interdiction de boire de l'alcool, interdiction d'avoir des relations sexuelles avant le mariage, interdiction de porter des minijupes, etc.) basées sur des croyances et sans motif de sécurité. Autrement, P voudrait que les sociétés développent des stratégies durables pour réduire les discriminations sociales à l'encontre de quelque groupe (les "noirs", les schizophrènes, les femmes, les autistes, les LGBT, les vieux, les "intellos", etc.). Il voudrait que les personnes n'aient plus besoin de recourir à un bouc émissaire, à un souffre-douleur, au harcèlement, à l'intimidation, aux insultes, ou à toute action qui nuit à la confiance en soi d'autrui, à toute action qui instille des sentiments négatifs (de culpabilité, de honte, de haine, de vengeance). Bien au contraire, il préfère remettre au quotidien le pardon, l'acceptation de toute personne telle qu'elle est, différente (finie la peur de l'inconnu, fini l'idéal d'une société homogène) ou similaire (finie la jalousie). P voudrait que les personnes apprennent, dès leur enfance, à aller au-delà de l'apparence. Pour P, peu importe les caractéristiques d'une personne, elle a des droits fondamentaux : vivre, se nourrir suffisamment et bien, avoir un logement solide, chauffé, avec de l'eau et de l'électricité, apprendre, liberté d'expression, liberté de s'informer, liberté d'informer, vie privée, liberté vestimentaire, liberté de ne pas correspondre aux stéréotypes, liberté d'accès à l'internet, d'y avoir des comptes (webmail, forum, etc.), d'y acheter, d'y mettre des annonces (vente, achat, emploi, bénévolat, etc.) et de répondre à des annonces. Égalité des chances, mais... les bas revenus alors ?
Ben, P trouve que les prix, parfois élevés, de livres, de conférences, de cours, sont excessivement inaccessibles aux personnes aux bas revenus. Bien sûr, on peut partager diverses ressources, notamment des fichiers, mais le droit d'auteur par défaut interdit le partage sans autorisation explicite de l'auteur (ou des auteurs). P déplore que, par défaut, une œuvre ne puisse tomber dans le domaine public que 70 ans après la mort de son dernier auteur. Avant, c'était moins, et certains voudraient encore prolonger cette durée. P n'aime vraiment pas les mesures techniques et juridiques qui limitent le partage des ressources. Il voit cela comme un des facteurs qui freinent le partage des connaissances. Pour P, l'obstacle économique, financier, est un obstacle arbitraire, à éliminer. P se dit "Si les ressources scientifiques et didactiques étaient gratuites et dans le domaine public, toutes les personnes pourraient s'instruire librement. Et ne resteraient que les difficultés propres aux apprentissages." Cela dit, P sait que chaque auteur, artiste, créateur est libre de mettre ses œuvres sous les licences qu'il veut. Il voudrait que toute œuvre soit, par défaut, dans le domaine public, pour autant qu'elle n'enfreint pas d'autres règles non liées au droit d'auteur (droit à l'image, vie privée, etc.). Mais il sait que ça ne se fera pas d'un coup de baguette magique. Alors il encourage les personnes à mettre leurs créations dans le domaine public, en libre téléchargement. P sait qu'il a pu apprendre beaucoup de choses, et il voudrait que toute personne puisse apprendre beaucoup de choses, librement. P est pour l'encouragement aux logiciels libres, aux systèmes d'exploitation libres (Ubuntu, entre autres). P considère que les écoles publiques devraient migrer vers les logiciels libres, que les enseignants devraient collaborer avec les développeurs de logiciels libres pour créer des logiciels libres adaptés aux différentes enseignants, ainsi qu'aux différents handicaps. Et l'État devrait encourager l'utilisation des logiciels libres, comme des transports en commun. P va même jusqu'à dire que les entreprises de transports publics devraient utiliser des logiciels libres.
Concernant l'immigration, P n'est pas contre. Comme chaque personne est unique, chaque personne est une richesse. Quand une personne d'un pays autre vient, P y voit l'occasion d'apprendre beaucoup d'elle (P est curieux, et entretient sa curiosité), mais aussi l'occasion de lui apporter beaucoup. P va encourager à aider les personnes nouvellement installées à apprendre les règles du pays, ainsi que les droits de l'homme.
En bioéthique, P est pour le droit à l'avortement et à l'euthanasie. Et même pour le droit au suicide (l'association Exit) dans un certain cadre. Bien sûr, il ne va pas encourager le suicide lié à un malaise (comme la dépression) ou à des attaques (le harcèlement). P est contre la peine de mort.
De nouveau pour des raisons écologiques, P est pour développer l'auto-suffisances en ressources alimentaires. Selon P, il y a quelque chose d'absurde à vouloir vivre dans des régions où le climat se prête peu à la culture de fruits, de légumes, de céréales et de légumineuses. P est aussi pour la diversité et regrette l'uniformisation des fruits, des légumes, etc., le dogme "Il faut que les tomates soient rouge vif, bien rondes et lisses.", une norme sociale (et financière ?) qu'il rapproche des stéréotypes. Il s'inscrit également contre le brevetage du vivant, pour des raisons liées à la biodiversité, mais aussi au partage. P est également pour la construction de bâtiments plus écologiques et sécurisés, n'est pas contre le remplacement de bâtiments très énergivores ou fragiles. P est pour que nous nous passions des énergies fossiles et du nucléaire. Le réchauffement climatique est un fait. P craint que nous ne franchissions un point de non-retour.
P est pour le droit de vote, d'élire, d'éligibilité, le droit d'initiative, de référendums pour toute personne majeure, le droit pour toute personne non criminelle de voyager dans tout pays. P est pour une représentation diversifiées des partis dans un parlement. Il regrette le bipartisme, qui, selon lui, focalise plus facilement en deux pôles, et laissant ainsi peu de place et de voix aux autres partis, aux autres courants de pensée. P pense que le bipartisme pourrait même être un facteur favorable à la pensée manichéenne.
P est opposé aux mesures d'austérité, surtout quand celles-ci touchent le domaine de la santé (personne hospitalier surchargé, manque d'outils, de lits, manque de personnel accompagnant, etc.), l'éducation, l'enseignement et la formation.
P n'est pas fan des régimes Big Brother où un groupe espionne tout, enregistre toutes les communications, filme, installe des caméras à vue d’œil. Personne n'aime être espionné ou suivi.
P va plutôt favoriser les petits groupes plutôt que les grandes entreprises et les multinationales. Il ne veut pas contribuer au "too big to fail" ou aux monopoles.
P s'interroge sur divers domaines où il n'a pas encore pris position, ne s'est pas encore beaucoup informé :
- le végétarisme : P mange peu de viande, même si le goût ne lui déplaît pas. P se demande pourquoi on mange du cochon, on aime les chiens, on mange les chiens dans certains pays,
- la monnaie et la croissance : une croissance infinie est-elle possible dans un monde fini ? Le monde est-il vraiment fini ? Faut-il tout monnayer ? Dit-on toujours OUI aux hausses de salaires et toujours NON aux baisses de salaires ? De la croissance mais toujours beaucoup de pauvreté, est-ce que c'est dû juste à une mauvaise répartition (concentration) des richesses ?
- le numérique : le numérique nous aide beaucoup : l'internet, les apprentissages adaptés pour divers groupes de personnes, que du bon ! Mais ne risque-t-on pas de perdre le savoir-faire non numérique ? (écrire à la main, par exemple)
- le formatage par les outils : beaucoup de personnes utilisent systématiquement le format A4 pour imprimer des lettres, des exercices, etc. Mais les livres sont rarement au format A4, lequel serait peu pratique, surtout pour des petites mains, et pour l'angle visuel de lecture (plus cet angle est grand, plus nos yeux doivent voyager). Et si P veut imprimer à un format personnalisé (entre le A4 et le A5), chez moi. On ne nous apprend pas non plus à relier des livres, se dit P.
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Alors, Castiel, politiquement, où se situe P à peu près ?
