Murielle a écrit :Si tu peux regarder les gens dans les yeux, pourquoi pas la forme et la couleur de leur iris?
Hélas, ça non plus je n'y arrive pas.
annemarie a écrit :Que crois-tu que ressentent tes élèves aveugles?
Je ne sais absolument pas, le serai-je mon contrat m'interdit d'en parler.
Ils ont peut être la "chance" (?) d'avoir un institut où ils sont bien pris en main, bien suivit, avec des séances psy, mais honnêtement, je ne pourrai pas te répondre sur leur ressentit.
annemarie a écrit :Alors, paradoxe, si tu ne veux pas être enfermée dans ce handicap, quel espoir as-tu d'un diagnostique?
Pouvoir le dire, "j'ai ça", me résigner, passer à autre chose, que sais-je, je verrai bien. Peut être aussi pour arrêter de me dévaloriser, de me sentir particulièrement nulle, arrêter de me dire sans cesse que je suis handicapée, ne plus me sentir "obligée" sur d'autres plans sociaux que le travail.
Pour le reste, mes parents sont eux aussi différents, mon père est au moins surdoué, ma mère est sans doutes aspie, de connaitre le diagnostique plus tôt ne m'aurai pas aidé, ils ont fait énormément tout seuls avec leur propre expérience (j'ai eu des séances de rééducation chez le kiné, fait de l'équitation et de l'astronomie, mon père a essayé de m'apprendre à regarder les gens dans les yeux, à me tenir droite, à marcher normalement, à essayer de me faire comprendre quand je parle .. ça a un peu marché.)
Enfin je suis comme toi dans le questionnement, mais je me dit qu'un diagnostique ne pourra rien m'enlever, il ferra au pire rien, au mieux il changera quelque chose, bien que je ne sache pas trop quoi. Je verrai bien, maintenant que mon mari à pris le rendez vous.. Et puis il y a que 3 personnes qui travaillent/ont travaillé sur l'autisme ou asperger me disent sans cesse que je le suis, quand je fais une bourde parce que je ne comprend pas une expression ou que j'ai compté un truc, je me prend des "pauv' autiste" (humour bienveillant il parait) de partout, alors bon, la psy m'aidera a y voir plus clair.
manu a écrit :On fait pas chier un aveugle si il ne vous reconnait pas. Il n'a pas cette angoisse par ce qu'il n'est pas obligé de faire croire qu'il reconnait les gents.
c'est sûr.
manu a écrit :Le problème en fait c'est pas seulement que tu n'arrives pas a reconnaitre les visage, mais surtout que les autres n'arrivent pas a l'accepter, si non ça passerais sans angoisse.
Moins d'angoisse, mais pas sans, par exemple :
je vais au boulot, je dis bonjour à la collègue, elle sort prendre un café, elle revient, je lui redis bonjour.
Au bout de quelques minutes je me rend compte que les élèves l'appellent par son prénom et donc que je l'ai déjà vue, que c'est ma collègue, et pas une autre fille de l'institut.
Après ça, ce n'est pas le regard des autres qui me gène, c'est le regard que je porte sur moi même, ça me travaille, et donc j'angoisse de retourner travailler car j'en ressort avec un regard sur moi-même assez noir.
ça me fait ça depuis assez récemment, depuis la fin du collège, à l'école je ne me disais pas que j'étais handicapée, je ne voyais pas que j'étais la pestiférée, et pourtant, c'est là que j'ai vécu les pires choses.