Contrepoints a écrit :[...]
Pour répondre à cette question, les députés Georges Fenech et Sébastien Pietrasanta se sont penchés sur
l’efficacité et l’organisation des moyens mis en place dans la lutte contre le terrorisme. Le fruit de leur travail fut
présenté sous la forme d’un rapport parlementaire captivant que le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve,
s’empressa pourtant de jeter aux oubliettes. Une tradition gouvernementale malheureusement bien française.
À défaut d’offrir un plan pouvant garantir le risque zéro, les manquements identifiés par le rapport Fenech expliquent
une bonne partie des défaites encaissées ces dernières années dans la lutte contre le terrorisme. Prenons donc le temps
d’en aborder les principales conclusions.
Une organisation kafkaïenne des services de renseignement
En France, pas moins de 10 agences gouvernementales constituent le cœur du renseignement français, les 6 premières
étant les plus importantes :
- la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE)
- la direction du renseignement militaire (DRM)
- la direction de la protection et de la sécurité de la défense (DPSD)
- la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI)
- la direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED)
- le service de traitement du renseignement et de l’action contre les circuits financiers clandestins (Tracfin)
- le service central du renseignement territorial (SCRT)
- la direction du renseignement de la préfecture de police de Paris (DRPP)
- la sous-direction de l’anticipation opérationnelle (SDAO) de la gendarmerie nationale
- le bureau du renseignement pénitentiaire (BRP)
À ces 10 agences, s’ajoutent 6 bases de données principales liées de près ou de loin à la lutte contre le terrorisme :
- Le fichier CRISTINA utilisé par la DGSI
- Le fichier SIREX utilisé la DPSD
- Le fichier PASP utilisé par la police SCRT et DRPP
- Le GIPASP de la gendarmerie nationale, utilisé par le SDAO
- Le FEA partagé par le SCRT et la DRPP
- Le fichier des personnes recherchées (FPR), dont la catégorie Sûreté de l’État regroupe plus de 20 000 personnes
jugées potentiellement dangereuses, les fameux fichés « S »
Enfin, pour tenter de faire fonctionner ce mille-feuilles administratif, pas moins de 3 services coordinateurs furent créés :
- le Coordonnateur national du renseignement auprès du Président de la République
- l’État-major opérationnel de prévention du terrorisme (EMOPT) directement rattaché au ministre de l’Intérieur
- l’Unité de coordination de la lutte antiterroriste (UCLAT) qui n’a autorité que sur les services relevant de la police nationale
Vous êtes perdu ? Vous n’y comprenez rien ? C’est normal. Nos alliés n’y comprennent rien non plus. Pour preuve,
tous les responsables du renseignement israélien, américain, grec et turc rencontrés pendant la conception du rapport
furent incapables de nommer clairement leurs équivalents français. Un comble à une époque où la coopération
internationale est essentielle dans la lutte contre le terrorisme.
[...]