investissement intellectuel / centres d'intérêts

[budakesi]

Le critère d'utilité me paraît une bonne piste......absolument universelle, et pas réservée aux autistes !
L'être humain, même s'il n'en est pas toujours conscient, agit le plus souvent pour son bien !
Il décide rarement d'agir en vue de se sentir mal.

Je définis une action utile comme une action qui produit un effet considéré comme bénéfique à celui qui agit.
Le bénéfice, ce que la personne retire de l'action, est très variable d'un individu à l'autre.

Ainsi, en ce qui me concerne, les expériences les plus gratifiantes pour moi sont des expériences autotéliques.
L'expérience autotélique se caractérise en gros par quatre dimensions: l'absorption cognitive, une altération de la perception du temps, une absence totale de préoccupation à propos de soi, un sentiment de bien-être.

C'est l'action en elle-même, de façon indépendante de son résultat, qui fait vivre l'expérience autotélique.

Ainsi, par exemple, quand je suis sur internet, cherchant sans chercher, repérant des choses qui m'intéressent (d'où l'absorption cognitive), concentrant mon attention sur ces choses (d'où l'altération de la perception du temps), indifférente à tout ce qui n'est pas ces choses (d'où une absence de préoccupation à propos de moi), je me sens bien.

Et ce bien-être accompagne l'ensemble du temps passé. Et ce bien-être n'a rien à voir avec ce que j'obtiens comme résultat de l'expérience. Je ne me préoccupe pas de l'obtention d'un résultat quelconque. Parce que je n'ai aucune intention au départ d'obtenir quelque résultat que ce soit.

Si je dois obtenir un résultat (mémorisation, apprentissage) ce résultat est obtenu plus facilement parce que j'ai mobilisé mon attention avec intérêt. Et aussi parce que cette mobilisation est en accord avec mes aptitudes intellectuelles, le type d'opérations cognitives où je suis à l'aise, et que je n'ai pas à me tordre le cerveau pour arriver à quelque chose.

En revanche, si je dois obtenir un résultat dans des conditions où je ne suis pas à l'aise intellectuellement, je suis incapable de forcer mon attention, sauf si des bénéfices secondaires, qui dépassent cette fois l'action elle-même, m'apparaissent.

Par exemple, il m'est arrivé de réussir certains examens, en sentant quasiment mon cerveau se tordre, limite blocage, au moment de les passer, tellement cela ne m'intéressait pas et se trouvait en dehors de ma zone de confort cognitif.

Mais j'ai réussi, car j'avais une motivation qui dépassait le moment de l'examen: une nécessité professionnelle de réussir cet examen, ou encore l'envie de montrer à une certaine personne que j'étais capable de réussir.

Pour toutes ces raisons, je pense qu'il est essentiel d'identifier et encourager le plus tôt possible les aptitudes, centres d'intérêts des Aspies, pour arriver à en extraire ce qu'ils pourront un jour utiliser de façon à gagner des sous.

[Bubu]

Ainsi, en ce qui me concerne, les expériences les plus gratifiantes pour moi sont des expériences autotéliques.
L'expérience autotélique se caractérise en gros par quatre dimensions: l'absorption cognitive, une altération de la perception du temps, une absence totale de préoccupation à propos de soi, un sentiment de bien-être.

C'est l'action en elle-même, de façon indépendante de son résultat, qui fait vivre l'expérience autotélique.

Très intéressant (Et en plus j'ai appris une nouvelle notion)

Je voulais revenir sur le "blocage intellectuel" dont j'ai essayé de parlé. Une anecdote : en première, le prof de phys m'a fait résoudre un pb au tableau. Tout c'est bien passé, jusqu'au résultat :" u = 3/4 volts".
Le prof : "merci, écrivez juste le résultat en flottant, et retournez vous assoir". Je suis resté au moins 15 minutes devant la fraction, incapable de l'évaluer. Le prof effaré m'a dit, bon, posez la division. Pareil. Cela m'a valu des railleries et des insultes jusqu'à la fin du lycée.

[Manichéenne]

Il me semble que ce n'est pas un blocage parce que ça ne t'intéresse pas, mais plutôt parce qu'il y a une dimension sociale, une attente de quelqu'un, non ?

Des blocages qui ressemblent j'en ai eu quelques uns. Par exemple en début de collège je me suis retrouvée incapable de donner l'heure quand on me l'a demandé : attente des gens, peur qu'on remarque que j'ai toujours eu un peu de mal à lire sur les cadrans à aiguilles, trop de monde autour... Ca a contribué aussi aux moqueries à mon encontre pendant les années qui ont suivi.
Etre incapable de répondre au prof d'histoire, de réciter mes tables de multiplication à la maison, de parler du livre que je venais de lire à la prof de français qui du coup ne m'a pas crue (le nom de la mère dans "vipère au poing"), ...

[evolution650HBn°2]

Bubu, ce que tu dis me parle.
Je me souviens des devoirs d'histoire/géo à la maison (je trouve ces matières totalement inintéressantes et même un peu angoissantes, je ne sais pas pourquoi), c'était un "calvaire" à chaque fois car je n'arrivais rien à retenir, mais rien, rien. Je pouvais rester une heure devant, rien ne rentrait (encore aujourd'hui, je ne saurais pas placer mon département sur une carte :s je sais en gros, mais pas exactement). Ce n'était pourtant que du par coeur, en soi, mais j'avais l'impression de ne rien comprendre, alors même qu'il n'y avait rien à comprendre. Et le bac d'histoire/géo... fail + 1000 : D Mais à côté de ça, je connais toutes les capitales et tous les drapeaux, et j'ai pris beaucoup de plaisir à les mémoriser.
Mine de rien cette aversion pour l'histoire/géo m'aura suivi toute ma scolarité, et ça va même au delà ; je ne regardais aucun film historique, je n'ai découvert Kaamelott que très récemment (:p merci le tchat), j'étais convaincue que je n'allais pas aimer parce que Kaamelott = Moyen-Âge, Moyen-Âge = histoire. Plein de petits trucs comme ça. Mais ça se débloque petit à petit, tout n'est pas perdu.
Enfin voilà, la notion de "blocage" me parle, je ne sais pas si mon post te parlera également.

[Salicorne]

Je me retrouve bien dans l'expérience de freeshost, mais je vais tenter de reformuler mon rapport aux domaines d'apprentissage avec mes propres termes :

Tout d'abord, il est indéniable que durant mon enfance et le début de mon adolescence j'étais assez peu curieuse. Beaucoup de sujets (scolaires ou pas) me paraissaient sans intérêt ; mais je me posais de nombreuses questions sur le sens de la vie, la société, ou le fonctionnement des appareils électroniques. En plus de ces questionnements, j'avais un grand intérêt qui a perduré pendant plusieurs années et qui a grandement conditionné ma curiosité et guidé mon imaginaire.

Les mathématiques, la physique, la biologie et l'histoire étaient mes matières préférées à cause de leurs rapports avec mes questionnements.

A l'adolescence j'ai commencé à prendre conscience que les bibliothèques ne contenaient pas que des romans (pour lesquels je n'avais aucun attrait) et que je pouvais faire des recherches par moi-même ; mais c'est surtout l'arrivée d'Internet qui a marqué le début de mon ouverture intellectuelle. J'ai commencé à me passionner pour les langages (naturels et informatiques) et les questions religieuses, mes domaines de prédilection.

Il y a alors beaucoup de matière pour aller dans toutes les directions, par un système bourgeonnement de connections, de créations de liens, de mises en relation.

Quelques exemples :

• Sens de la vie > Origine du monde > Big Bang > Astrophysique > Intérêt scolaire : Physique
• Sens de la vie > Origine du monde > Dieu ? > Questions religieuses > Sectes > Scepticisme > Logique, Épistémologie, etc.
• Langages naturels > Linguistique > Psycholinguistique > Psychologie > Psychiatrie > Médecine > Secourisme

A partir du moment où je m'intéresse à un sujet, je ne l'abandonne jamais complètement. Par conséquent mes domaines d'intérêts ne cessent de croître, et je suis de moins en moins sélective.

Au final mes intérêts se concentrent principalement sur les sciences (en plus des langages et des religions). Cela reste assez difficile à résumer car pour moi il y a toujours un lien entre les différents domaines auxquels je m'intéresse.

Parmi les thèmes qui ont du succès sur le forum et auxquels j'ai du mal à m'intéresser, il reste encore la nutrition / la gastronomie (manger est une corvée de toutes façons ), les séries télévisées, le cinéma et les jeux vidéo (je ne regarde des films et ne joue qu'à des jeux en rapport direct avec un autre intérêt), les mangas, la géologie, la météorologie, le sport, le droit ("Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà !"), etc.

[freeshost]

Ah ! Oui ! Nous avons la chance de vivre avec l'internet. Une véritable mine d'or - Que dis-je ? - une caverne d'Ali Baba ! Plein de choses à lire et à apprendre sans contrainte financière (autre que payer la connexion) !

Si on va dans l'autobiographie, ben... jusqu'à la fin primaire, j'étais dans mon monde. Aucun problème pour la mathématique et le français, mais très peu d'intérêt pour le reste scolaire. Ensuite, en fin d'école obligatoire, un peu pareil. De très mauvaises notes en géographie (car rien étudié du tout) suivies de très bonnes notes en géographie (pour remonter la moyenne).

Au gymnase (baccalauréat), le latin s'est invité. Et ce fut, avec la mathématique, l'autre branche où je n'avais guère de difficulté. D'ailleurs, après le gymnase, c'est, avec la mathématique, la branche où je n'ai quasi rien oublié.

Après le gymnase, cela est allé de fil en aiguilles, le parcours chaotique de l'Asperger qui s'ignore, qui a de la difficulté à trouver "sa" voie, celui d'une personne ayant de la difficulté à renoncer à certains domaines. L'économie s'est ajoutée à mes intérêts, suivie de très près par la politique (et l'écologie et la philosophie). Puis il y a eu... le Québec, le mouvement souverainiste au Québec, l'accent québécois, les expressions québécoises, puis donc la linguistique, la langue française, les langues... mais l'économie comprenait la mercatique (le marketing), cela m'a amené au neuromarketing, à la psychologie, notamment la psychologie sociale, avec un zeste de sociologie. Puis, avec le Québec, et le téléchargement de pair à pair, la musique québécoise s'est téléchargée, puis la musique en général. Les instruments de musique était aussi de la fête. Les langues ont continué sur le devant de la scène, avec toutes les personnes que je rencontrais, des colocataires hispanophones dans un pays plurilingue comme la Suisse, et l'anglais dans beaucoup de pays, puis des adultes et étudiants de divers pays venant étudier ou s'établir en Suisse. La mathématique a gardé son part de marché puisque... il y a toujours de la demande en mathématique (ces élèves qui y ont des difficultés). Bon... puis il y a eu, en 2013-2014, l'évocation du syndrome d'Asperger, des troubles du spectre autistique, la psychiatrie. Puis le fait de modérer certaines sections du forum Futura Sciences m'a amené à apprendre dans les domaines de ces sections (psychologie, éthique et, celui que je connais le moins, épistémologie [donc philosophie]). Ah... j'oubliais... mes quelques passe-temps détente : échecs, jass, poker, bandes dessinées.

Par contre, au contraire d'autres personnes autistes, mon baluchon se remplit toujours. Un intérêt spécifique ne remplace pas l'autre (ma difficulté à renoncer, vous savez). Il ne fait que s'y ajouter, avec synergie.

Cela dit, il y a encore beaucoup de domaines auxquels je ne me suis pas intéressé : les insectes, les animaux en général, la botanique, les plantes, les sports en général, l'astronomie, la philatélie, la numismatique, les jeux audiovisuels, la grande partie de la fiction et du cinéma, les religions (ou juste un peu... pour comprendre les comportements religieux... ces maudites croyances, ces maudits dogmes rigoristes... ce dieu à la con...), la métaphysique, la théologie, la géologie, la mode, le machisme, etc. [Bon, disons que... ces deux derniers, comme bien d'autres, je n'y adhère pas, mais je les observe.]

[Bubu]

Il me semble que ce n'est pas un blocage parce que ça ne t'intéresse pas, mais plutôt parce qu'il y a une dimension sociale, une attente de quelqu'un, non ?

Oui, au début, je parlais de blocages liés au désintérêt, mais il y a d'autres causes aussi en fait.
Sur ce coup là, je ne sais pas ce qui s'est passé. Je crois que j'ai été pris au dépourvu, je croyais m'être débarrassé de ce qu'il voulait, et j'étais déjà passé à autre chose dans ma tête.

Merci Evo, ton témoignage me parle aussi.

J'ai lu en diagonale l'aspect utile d'un travail qui le rendrait intéressant, donc je dis sans doute des bêtises.
Mais moi alors là, c'est tout l'opposé : je ne m'intéresse qu'à des trucs complètement inutiles et qui n’intéressent personne.
Pareil au niveau questionnements. (En ce moment, je psychote sur ça par exemple : pourquoi le concept de zéro a eu autant de mal à émerger ? )

[Kilauea]

Mais moi alors là, c'est tout l'opposé : je ne m'intéresse qu'à des trucs complètement inutiles et qui n’intéressent personne.
Pareil au niveau questionnements. (En ce moment, je psychote sur ça par exemple : pourquoi le concept de zéro a eu autant de mal à émerger ? )[/quote]


j'ai aussi souvent des questionnements qui n'intéressent personnes et qui sont totalement inutile
- quels sont les types de roche utilisés pour les voies ferrées
- pourquoi les limes à ongle ont plusieurs grain et quels sont les résultats
- comment sont fabriqué les cotons tige

Alors je te laisse imaginer la gueule des gens quand je leur raconte les découvertes fabuleuses (il paraîtrait que c'est saoulant)

Ce que tu écris comme blocage, ça m'arrive souvent. Dès qu'on dévie de mon schéma mental de la situation. Et si le sujet ne m'intéresse pas, ça peut être pire. Puisque le sujet ne m'intéresse pas, dans ma tête je suis allée au plus concis et au plus court. Donc ça laisse beaucoup de place au non prévu.
Je ne peux plus répondre et parfois plus "faire" (comme en pleine recette de cuisine, je peux bloquer, parce qu'on me donne une poêle, alors que j'avais prévu de prendre un bol.)

(En relisant, j'ai l'impression que ce n'est pas clair comme explication)

[Jérémy]

- quels sont les types de roche utilisés pour les voies ferrées
- pourquoi les limes à ongle ont plusieurs grain et quels sont les résultats
- comment sont fabriqué les cotons tige

Moi ça m'intéresse , tu as eu la réponse ?