astro a écrit :Bref, est-ce que vous avez des trucs pour gérer cette frustration de ne pas pouvoir vous consacrer à vos intérêts, ou essayer d'en faire abstraction pour travailler ?
Je me sens très concernée par tout ça, et d'après ma psychologue c'est un peu mon problème principal, dans le sens où il impacte tout le reste: le sommeil (dont l'irrégularité me cause de nombreux déraillements), l'anxiété ingérable physiquement, le stress dans ma vie familiale et mes difficultés sociales (j'arrive beaucoup mieux à gérer une obligation sociale après avoir pu passer quelques heures dans mes "passions").
Du coup, je travaille beaucoup dessus (avec ma psychiatre aussi, et bien sûr de mon côté) et je peux te donner en vrac quelques trucs qui sont ressortis de tout ça, ou même mis en place depuis longtemps, en espérant que ça t'aidera:
1/ Pour ce qui est de la vie familiale, essayer au max de partager ce qui m'obsède avec ma fille et mon copain, de les "inviter" dans mon univers. Ca a été dur au début (je me sentais très très égoïste) mais ça marche bien, et je n'ai pas du tout l'impression de faire du forcing, finalement. Depuis petite (je n'avais pas trop le choix à l'époque

), ma fille partage donc mes "soirées astronomie" et elle adore ça: chercher les constellations, les planètes, essayer de reconnaître les bruits d'animaux... Presque 10 ans que ça dure, et ça ne la barbe toujours pas.
Pareil pour la course à pied, les moments où elle fait du vélo pendant que je cours ne sont pas une obligation pour elle: elle s'éclate et ce sont des instants privilégiés pour nous 2, un petit rituel auquel elle s'est attachée aussi.
Je pense que ce qui est important pour nos enfants, c'est qu'on passe du temps avec, quoi qu'on fasse. Il arrive aussi souvent qu'elle reste avec moi dans l'atelier, occupée à lire, dessiner, faire des aquarellum ou tableaux de sable ou autre. Comme ça j'avance sur ce qui est important pour moi, et en même temps ça lui fait plaisir d'être avec moi.
Un autre vecteur, ce sont les films et séries. Il y a eu un moment où je noyais mon copain et ma puce sous Tolkien, ils ont pu crier "stop" quand ils n'en pouvaient plus (les 12h de bonus où les mecs t'expliquent comment ils ont tanné le cuir pour fabriquer les brides des chevaux, il n'y a que moi qui ai regardé

) mais ils ont adoré quand même se plonger là-dedans.
La série Vikings, c'est pareil avec mon copain, c'est un truc qu'on partage, de même que les BD qui traitent de mythologie scandinave. Moi je suis doublement contente car je suis à la fois immergée dans mes passions et en train de passer du temps avec mon homme (et quand je débriefe trop sur les détails il m'arrête, mais dans l'absolu il apprécie vraiment de découvrir tout ça aussi

)
Si toi c'est la musique, il y a plein de trucs à faire en famille: se renseigner sur les compositeurs et interprètes, regarder des films, docus et autres (nous on est méga-fans de "piano forest"

), voire jouer ensemble si tu arrives à les motiver elles aussi. Vous pouvez aller voir des concerts, aussi.
2/ A une époque où je n'en pouvais vraiment plus, j'ai fait un truc radical: j'ai noté absolument
tout ce que je faisais dans une journée, et j'ai fait sauter tout ce que je trouvais superflu. En fait, ça faisait beaucoup de trucs, notamment sur internet et des petits détails genre "je me fais un petit café" 10 fois par jour, ou regarder l'heure sans arrêt... J'ai tout analysé et décortiqué et ça m'avait bien aidée.
3/ Avoir un coin de pièce ou carrément une pièce (pas forcément facile

) juste à toi. Moi à la base, c'était pour le gribouillage et la peinture, mais je me rends compte que c'est bien plus que ça.
Si comme moi tu aimes "t'immerger", tu peux t'entourer de choses qui te font du bien, en rapport avec la musique par exemple. A la maison le couloir est tapissé de reproductions de dessins de Michel-Ange, et j'aime me dire que chaque fois que j'y passe j'aiguise mon oeil (aucun temps mort: même quand je suis aux toilettes je peux scruter sa "Cléopâtre"

)
Même au niveau sonore (en plus la musique, c'est facile

), tu peux t'immerger. J'aime bien les audiolib aussi, là j'en écoute pas mal sur l'astrophysique, l'art, les neurosciences... Pendant que je range, fais le ménage, parfois en voiture ou dehors (au casque).
Le fait d'écouter ou regarder des choses en rapport avec l'art, ce n'est bien sûr pas comme dessiner, mais ça fait avancer quand même, car on se nourrit de ce qu'on perçoit dans notre environnement.
Lire des biographies de musiciens et compositeurs ça peut t'aider aussi (et c'est faisable à ta pause midi, pendant que le repas chauffe... même aux toilettes si tu veux

). Comme ça, même quand tu ne pratiques pas, tu gardes le lien...
Je crois me souvenir en plus que Glenn Gould avait développé une technique particulière pour progresser sans jouer vraiment, tu as tout ce qui est visualisations aussi...
Bon bref, voilà (j'ai fait un pavé du coup

)
De mon côté je sais que malgré tout ces trucs je ne tiens pas le choc en bossant à temps complet, donc je fais le deuil de ça aussi (tenir un temps partiel plusieurs années au lieu de m'écrouler régulièrement en mettant des années à récupérer). Ce sont des choix perso, il n'y a que toi qui sais ce que tu peux faire ou pas; et ce n'est pas parce que certains ne tiennent pas que ça veut dire que tu en es incapable. Des fois c'est juste question d'organisation et de persévérance
