Paraskevi a écrit :Pour moi la mort est une fatalité donc je trouve futile le fait de s'en inquiéter. [...] Je n'ai pas peur de la mort des autres car c'est, comme pour ma propre mort, un fait naturel et qui se rapproche inexorablement donc on peut s'attendre à tout moment au décès d'un proche alors à quoi bon y penser puisqu'on s'en sortirai jamais à toujours craindre la mort des autres qui peut arriver n'importe quand.
Je conçois ton point de vue Paraskevi.
Pour expliciter le mien (que je ne trouve pas futile) : S'inquiéter de sa mort pourquoi? Pour déterminer ce qu'on fait de sa vie. Je me dis qu'on ne peut réellement avoir conscience que l'on vit si on ne prend pas aussi conscience que l'on meurt.
S'inquiéter pour sa mort, ça me le fait au quotidien. Il y a ce moment où je me dis que je remettrai les choses à plus tard, avec cette sorte de certitude que ce "plus tard" arrivera alors que ce n'est pas le cas, ce qui me fait raccourcir l'échéance. Quand je traverse au feu vert pour les piétons. Quand je vais chez le médecin parce que je suis malade. Quand j'essaye d'écouter mon corps et ses besoins, et en prenant soin de moi.
Si je m'en inquiète, c'est que j'ai conscience de ma mort, j'ai conscience qu'elle peut arriver dans deux jours, 10, 20, 80 ans, le résultat est le même: Quel sens je veux donner à ma vie? Parce que penser à sa mort, c'est irrémédiablement se poser ces questions existentielles.
L'inquiétude vis à vis de mes proches, c'est évidemment perdre quelqu'un que j'aime, qui est difficile. C'est perdre mes repères. C'est vouloir les savoir en sécurité, essayer de les aider au mieux pour qu'ils soient satisfait de leur vie avant qu'ils ne meurent, savoir que j'étais là pour eux. Quand quelqu'un me dit qu'il est sur le point de faire quelque chose d'insensé, mes sens sont en éveils, en alerte, je fais tout pour le protéger "Non, ne prends pas le volant, tu as beaucoup trop bu". Ou voir quelqu'un aller sur une mauvaise route, que ce soit prendre de la drogue, voler, disparaître sans rien... et savoir qu'il va se faire du mal, avant de mourir. Qu'il n'est pas heureux.
J'ai lu "Le livre tibétain de la vie et de la mort" qui expliquait qu'entre autre, la plupart des gens ne se préoccupe pas de la mort. Si je ne trouve pas futile de se poser la question, c'est parce que comme il l'explique, les gens la repoussent, fait comme si elle n'existait pas ou que sa date est de toute façon incertaine. Mais s'appréhender soi, se regarder soi-même, c'est regarder la mort, regarder sa mort, puisque toutes les questions qui peuvent nous angoisser, lorsqu'on se retrouve seul avec soi-même, et qu'on s'occupe par tous les moyens pour éviter l'ennui (se regarder de l'intérieur), ce sont en fait des questions qui concernent indirectement notre mortalité. Quand on s'inquiète de son insécurité (emploi, avenir...), quand on s'inquiète de ne pas être heureux, c'est aussi indirectement lié à notre mortalité. Si nous ne savions pas que nous allions mourir, est-ce que ces questions existeraient? Je ne sais pas...
Et comme tu le cites Daredevil, la souffrance elle aussi me fait bien plus peur que la mort... Pour moi ou pour mes proches.
Diagnostiquée avec un TSA léger (anciennement Asperger) par un CRA.