L'histoire d'une soeur Kennedy laisse à réfléchir sur la psychiatrie :
De la dyslexie (peut-être) à la lobotomie
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"Dans l'année qui suivit son retour d'Angleterre, des symptômes inquiétants commencèrent à se développer", poursuit Rose dans ses Mémoires. Rosemary pique des colères soudaines, sans motif apparent, qui la rendent hystérique et violente. Ses sorties nocturnes et son intérêt pour les garçons, qui offusque sa bigote de mère, font craindre un scandale.
"Joe et moi, explique Rose dans ses Mémoires, consultâmes les meilleurs spécialistes, qui nous conseillèrent une certaine forme de neurochirurgie. L'opération mit fin aux crises de convulsion et aux accès de violence, mais fit aussi de Rosemary une handicapée. Elle perdit tout ce qu'elle avait gagné au fil des ans, par ses efforts et grâce à notre amour. Elle ne pouvait plus être autonome et aurait besoin désormais de vivre sous la garde de quelqu'un." Voilà pour l'histoire officielle.
Jamais la famille Kennedy ne l'a reconnu publiquement, mais cette "forme de neurochirurgie" qu'a subie la soeur de JFK à l'automne 1941 est une lobotomie. Deux neurochirurgiens pratiquèrent l'opération : Walter Freeman et James Watts. Trois semaines avant sa mort, en 1994, Watts a confié au journaliste américain Ronald Kessler : "C'est moi qui faisais les incisions pendant que le docteur Freeman lui parlait." Alors qu'elle n'est pas endormie mais seulement sous l'effet d'une anesthésie locale, le médecin perce un petit trou dans chaque tempe de la jeune femme. Puis, à l'aide d'un scalpel en forme de couteau à beurre qu'il introduit dans le crâne, il commence à sectionner les lobes préfrontaux du cerveau, berceau supposé des affections de l'âme. Pendant ce temps, suivant leur protocole habituel, Freeman pose des questions à sa patiente, lui demande de réciter le Notre Père ou de fredonner l'hymne national. Tant que ses réponses demeurent cohérentes, Watts continue de couper. Enfin, son collègue lui dit d'arrêter.
L'infirmière qui assistait alors les deux hommes, traumatisée, aurait démissionné après l'opération de Rosemary, réduite à l'âge mental d'un enfant en bas âge. (...)
Pour Gerald O'Brien, professeur à la Southern Illinois University, le handicap mental que l'on prête à Rosemary a pu dégénérer en une forme de dépression agressive. Ce qui expliquerait alors les accès de rage. "Elle n'était que légèrement attardée. A notre époque, elle aurait pu travailler chez McDonald's et vivre heureuse dans un foyer", estime de son côté Laurence Leamer, biographe des Kennedy.
D'autres encore écartent toute idée de déficience innée, expliquant les difficultés scolaires de Rosemary par la dyslexie révélée, plus tard, par son journal intime retrouvé par une ancienne secrétaire de Rose. Les diplômes que Rosemary obtint, les vacances qu'elle passa en Suisse à 19 ans, seule avec sa soeur Eunice, âgée de 16 ans, ou sa participation en tant que monitrice à un camp de jeunes filles à l'été 1940, comme Rose elle-même le raconte dans ses Mémoires, tout cela colle mal avec ce que l'on voudrait nous faire croire.