Je veux lire toutes les réponses, mais je vais d'abord essayer de répondre au post initial, à partir de mes propres souvenirs - si on veut, parce que j'en ai très peu, ce sont surtout des choses que j'ai entendues.
Bébé on ne m'a rien dit, sinon que j'avais un regard "intense". J'ai marché tard, à deux ans, et parlé tôt mais de manière incompréhensible, sauf pour ma mère. Je restais assise à m'occuper toute seule, en tournant les pages des journaux avec ravissement. Il y a une photo que j'adore où je suis sur les épaules de mon père, qui lit l'Huma, et je joue avec ses cheveux. J'étais très calme, on m'a toujours dit qu'on me posait dans un coin et je ne bougeais pas. J'étais silencieuse aussi.
Dans l'enfance, je me souviens que j'adorais construire des trucs en lego, surtout de manière libre, avec des briques de toutes sortes, à partir de mon imagination. J'aimais particulièrement les plaques pour le sol des maisons, que l'on pouvait recouvrir de carrelage. J'aimais aussi les Playmobils, je préférais par-dessus tout installer ou construire des maisons, dans le sable par exemple, et les meubler. Je ne jouais pas par imitation, j'installais des mondes. Parfois je refaisais avec les Playmobils ou les poupées les histoires que je lisais.
Je n'ai pas le souvenir d'avoir vraiment joué à plusieurs, en interaction : je jouais avec ma soeur, mais on était installées à côté, c'est tout. Plus tard, à l'adolescence, on faisait une radio FM enregistrée sur des cassettes audio. Je jouais facilement avec mes cousins, des garçons, à l'exploration le plus souvent. J'avais un monde intérieur très riche, mais je le partageais peu.
Quand j'ai lu Mon Bel Oranger, je me nichais dans le figuier et j'imaginais que j'étais Zézé. Je parlais à mon arbre. Je pouvais rester des heures entières là-haut, en regardant le terrain d'à côté.
A l'adolescence, quand j'ai lu Le Seigneur des Anneaux, j'ai appris l'elfique, et je donnais des noms aux arbres ; je m'étais fabriqué un arc aussi (mon père m'avait aidée).
A l'école primaire je n'avais qu'une amie, j'étais très seule, et j'ai connu des situations de harcèlement. Ca a continué au collège, mais mon père y était prof, donc on ne s'y risquait pas trop. Mais là, j'avais une bande (4) de copines, différentes et rejetées comme moi. Ca faisait passer la pilule. En cours je savais toujours, mais j'étais terrifiée de lever la main.
Au lycée souvenir très désagréable, je me sentais comme un poisson hors de son bocal.
A la fac bizarrement, j'ai commencé à me faire des ami(e)s, j'étais populaire d'une certaine manière, un peu rock'n roll. Mais ce n'est déjà plus l'enfance...
Diagnostic d'autisme juillet 2019.