"Mais pourquoi tu veux absolument être autiste???"

[Benoit]

Mon message avait pour but de rapporter la position la plus répandue dans la population sur ce qu'est "une maladie" même psychique.

Je précise donc que je ne suis absolument pas d'accord avec cette position, et que la mienne c'est qu'une personne handicapée devrait avoir accès des solutions d'accompagnement pour compenser son handicap, qu'elles soient médicamenteuses ou non.

[Lilette]

Ca me semblait important de rappeler/souligner que même dans le contexte "maladie psychique", la plupart des gens ne retiennent que maladie => fais toi soigner.
(Ca vaut également pour le SA puisqu'il est dans le DSM)

Ok

Je précise donc que je ne suis absolument pas d'accord avec cette position, et que la mienne c'est qu'une personne handicapée devrait avoir accès des solutions d'accompagnement pour compenser son handicap, qu'elles soient médicamenteuses ou non.

Oui.

[cortex]

& pas un handicap ?

Je suis persuadé que c'est un handicap.

Le handicap est forcement contextuel à un environnement donné.

Je ne me sens pas particulièrement handicapé, sauf avec certaines personnes qui ont tendance à vivre dans une société "hyper normalisée" et qui rejettent donc ceux qu'ils ne considèrent "pas normales".

[carpediem_etc]

& pas un handicap ?

J'y ai beaucoup réfléchi cette nuit à ta question...

Alors oui, il y a plein de choses que je ne peux pas faire : conduire ou prendre le bus (donc être autonome en déplacement), parfois amener mes enfants à l'école (car incapable de sortir de chez moi avec eux), travailler dans un bureau de manière conventionnelle. Sans mentionner la fatigue, les interactions sociales, etc.

Mais au quotidien je suis fonctionnelle : j'ai un travail et je suis indépendante financièrement, quand je ne peux pas sortir je me fais livrer mes courses et je trouve un moyen pour que quelqu'un amène les enfants pour moi à l'école, quand je vais au bureau (une fois par semaine uniquement, à 6km de chez moi) mes parents (avec qui je travaille) viennent me chercher, j'ai divorcé et j'ai un amoureux avec qui je partage de nombreuses choses qui se passent au calme en intérieur (avec qui je ne vis pas), je me transforme en Hulk mais cela se passe dans l'intimité du couple.

Donc ma situation et les aménagements que j'ai déjà fait font que je me sens et me sais différente, avec certaines difficultés plus ou moins pesantes, et ce depuis de nombreuses années.
Mais je ne me sens pas handicapée dans le sens où j'ai eu la chance (car ça en est une) de pouvoir il y a 15 ans rejoindre la boite de mon père pour travailler avec lui, que je suis douée dans mon travail et que je bénéficie d'aménagements (travail à domicile, aménagement de mon temps et de ma charge de travail, ne pas être forcée de manger avec les clients lors de leur venue...) qui font que j'ai un job, des sous, une indépendance financière qui me donne le luxe d'autres avantages (comme me payer une babysitter qui ferait les trajets à l'école pour moi à ma place si besoin, le fait que je paie la garderie des enfants matin et soir pour ne pas subir l'affluence des parents aux heures traditionnelles...)

[Kawi]

"Le mode de vie joue pour au minimum 50% dans l'évolution de la maladie : se lever et coucher si possible à heure fixe, faire du sport, manger sainement, faire ses courses..." paraphrase de Didier Papeta, grand spécialiste de la bipolarité rencontré à plusieurs reprise à Brest (à l'époque ou je sortais avec une bipolaire, j'ai d'ailleurs été un ans membre d'une asso de soutient aux bipolaires et à leurs proches).

Je pense que cette phrase peut aussi être valable pour les aspis...

[TMX]

"Le mode de vie joue pour au minimum 50% dans l'évolution de la maladie : se lever et coucher si possible à heure fixe, faire du sport, manger sainement, faire ses courses..." paraphrase de Didier Papeta, grand spécialiste de la bipolarité rencontré à plusieurs reprise à Brest (à l'époque ou je sortais avec une bipolaire, j'ai d'ailleurs été un ans membre d'une asso de soutient aux bipolaires et à leurs proches).

Je pense que cette phrase peut aussi être valable pour les aspis...

Pas si tu l'as prend au pied de la lettre. Le Syndrome d'Asperger, et par extension l'autisme, n'est pas une maladie. C'est une norme différente de celle des NTs qui a ses propres symptômes comme l'autre à les siens.

[Aby]

Le handicap est forcement contextuel à un environnement donné.
Je ne me sens pas particulièrement handicapé, sauf avec certaines personnes qui ont tendance à vivre dans une société "hyper normalisée" et qui rejettent donc ceux qu'ils ne considèrent "pas normales".

C'est aussi ce que je ressens pour mon fils. C'est un enfant heureux et joyeux quand il est dans son univers protégé mais le matin en partant à l'école, le "handicap" ressurgit et je sais que dans la cour de l'école il ressurgit plus cruellement encore

[misty]

+1
Personnellement, je vois ça comme un fonctionnement différent qui ne devient handicapant que face à une norme elle même handicapante. Je suis d'accord avec Josef Schovanec qui parle de "culture différente", comme si être Asperger était être étranger dans son propre pays. Le handicap intervient quand commence l'incapacité de "l'autre" à accepter une identité foncièrement différente de la sienne.
Je ne me sens "gourde" ou "incapable" que par rapport ou face aux autres. Seule chez moi je n'ai aucun problème

[Manichéenne]

Je trouve un peu facile d'accuser "les autres" ou "la société".
A peu près tous les handicapés diront que seuls dans leur chambre ils n'ont pas de problème. Tant qu'il ne faut pas parler, se déplacer, regarder, ni faire quoi que ce soit, personne n'est handicapé. Ni un aveugle, ni un paraplégique.
Les gens ne sont pas responsables des difficultés de communication, ni des difficultés sensorielles. Certes, s'il n'y avait pas de néons, pas de grands magasins, pas d'implicite, pas de jeux sociaux... et si, et si, et si, les autistes de haut niveau seraient comme tout le monde.
Et si on vivait tous les yeux fermés, les aveugles ne seraient pas handicapés, aussi.
Le handicap est toujours lié à une situation. Et là, les gens qui forment la majorité utilisent des capacités qui nous font défaut et qui sont essentiels à une intégration normale, donc nous sommes handicapés.

[zad]

totalement d'accord avec Manicheenne

+1
Personnellement, je vois ça comme un fonctionnement différent qui ne devient handicapant que face à une norme elle même handicapante. Je suis d'accord avec Josef Schovanec qui parle de "culture différente", comme si être Asperger était être étranger dans son propre pays. Le handicap intervient quand commence l'incapacité de "l'autre" à accepter une identité foncièrement différente de la sienne.
Je ne me sens "gourde" ou "incapable" que par rapport ou face aux autres. Seule chez moi je n'ai aucun problème

si seulement ! ^^ non, chez moi sans personne autour, je peux galérer autant qu'avec qq1 à coté. évidemment, seul, ya pas le cirque sociale, ce qui est réposant ; mais la solitude n'efface en rien l'autisme. c'est juste que personne ne me fait remarquer la difference.
ce n'est pas social comme problématique, pour moi, l'autisme.

[misty]

chez moi sans personne autour, je peux galérer autant qu'avec qq1 à coté

Tu galères pour quoi par exemple, seul chez toi?

A peu près tous les handicapés diront que seuls dans leur chambre ils n'ont pas de problème. Tant qu'il ne faut pas parler, se déplacer, regarder, ni faire quoi que ce soit, personne n'est handicapé. Ni un aveugle, ni un paraplégique.

Je ne trouve pas. Le paraplégique ne peut pas se déplacer ni attraper un livre sur l'étagère. L'aveugle a un sens en moins, il est physiologiquement diminué . Je ne trouve pas que l'autiste aie quelque chose en moins. Il est juste différent, à cause de ses particularités neurologiques et cognitives...

[Manichéenne]

Je ne trouve pas. Le paraplégique ne peut pas se déplacer ni attraper un livre sur l'étagère. L'aveugle a un sens en moins, il est physiologiquement diminué . Je ne trouve pas que l'autiste aie quelque chose en moins. Il est juste différent, à cause de ses particularités neurologiques et cognitives...

Tu trouves vraiment qu'un autiste peut tout faire comme tout le monde ?
Avoir un sens social en moins, ce n'est pas être diminué ? Ne pas pouvoir entretenir de relations avec les gens sans un apprentissage long, compliqué et toujours insuffisant (se faire des amis, draguer, demander des renseignements, commander au restaurant, etc) ?
Ne pas comprendre les blagues, l'implicite, les codes sociaux, ce n'est pas quelque chose en moins ?
Avoir un sens de l'orientation qui m'empêche encore de m'orienter dans la même ville depuis 17 ans, c'est un fonctionnement différent ?
Avoir des difficultés de coordination, c'est normal ?
Devoir porter des lunettes de soleil très souvent, éviter les lieux bruyants et lumineux, limiter les passages dans les magasins, ce n'est pas gênant ?
Ne pas savoir s'organiser, ni se limiter (ordinateur, intérêts), prendre soin de soi, de son hygiène et de sa santé, c'est seulement différent ?

Et encore, je ne parle que des autistes de haut niveau/Asperger, mais franchement, parler de "particularités" pour un enfant qui parlera 5 ans après les autres, ou pas du tout... Là je ne comprends pas.

[Lilette]

Je crois que Misty parlait d'un autiste seul chez lui, pas "dehors en interaction sociale".

[Manichéenne]

Alors le paraplégique pourra attraper un livre sur une étagère parce que normalement dans sa chambre les étagères sont à sa hauteur. L'autiste ne pourra pas répondre au téléphone. C'est du même niveau de capacité à mon avis.

(plus de la moitié de mon message précédent ne concerne pas les interactions sociales, hein)

[Lilette]

(Oui en fait sorry ^^)
Et du coup j'ajouterais, "ne pas savoir reconnaître tes émotions", quand tu as un trop plein, ne pas comprendre ce que tu ressens et comment palier à ça (suis en plein dedans)