La fratrie
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La fratrie
Ceux qui me connaissent savent que nous n'avons qu'un seul enfant... Ceci n' a pas été notre choix, mais Dame Nature en a décidé ainsi...
Je voulais ouvrir un topic sur la fratrie, car ce sujet m'interpelle beaucoup...
A la naissance de M., je voulais absolument que M. ait un petit frère ou une petite sœur, car j'avais une très mauvais image des enfants uniques... et je ne voulais pas que M. reste tout seul. Moi-même ayant une sœur, je sais que ce lien est important, du moins lorsque l'on est enfant, et je ne voulais pas en privé M.
Les difficultés avec M. ont commencé dès sa naissance, et le pédiatre me disait souvent que je devrais avoir un autre enfant pour que je sache qu'un enfant, " ça grandit tout seul "... Comme je l'ai dit plus haut, le sort en a décidé autrement.
Maintenant que je sais que M. est autiste, et bien que je sache que l'autisme n'est pas la faute de la mère, je me sens tout de même mal à l'aise avec ça. D'une, je me sens frustrée de ne pas avoir pu élever un enfant ordinaire, de deux, je me demande toujours dans un coin de mon cerveau si j'aurais été capable de le faire.... et de trois, si, finalement, je ne suis pas pour quelque chose dans l'autisme de mon fils...
Je me demande aussi quel aurait été l'influence d'un frère ou d'une sœur pour M. Je reste persuadée que cela aurait été quelque chose de très positif pour lui, d'où encore, culpabilité.... Je sais très bien que je n' y suis pour rien de ne pas avoir pu avoir d'autre enfant, mais au fond de moi, c'est quand même compliqué....
J'aurais bien voulu connaître, d'après vos témoignages, quelle est l'influence des frères et sœurs chez votre enfant autiste, et comment ceux-ci vivent le fait d'avoir un frère ou une sœur autiste... Et enfin, comment avez-vous fait pour concilier l'éducation ( probablement différente ) de tous vos enfants.
Je voulais ouvrir un topic sur la fratrie, car ce sujet m'interpelle beaucoup...
A la naissance de M., je voulais absolument que M. ait un petit frère ou une petite sœur, car j'avais une très mauvais image des enfants uniques... et je ne voulais pas que M. reste tout seul. Moi-même ayant une sœur, je sais que ce lien est important, du moins lorsque l'on est enfant, et je ne voulais pas en privé M.
Les difficultés avec M. ont commencé dès sa naissance, et le pédiatre me disait souvent que je devrais avoir un autre enfant pour que je sache qu'un enfant, " ça grandit tout seul "... Comme je l'ai dit plus haut, le sort en a décidé autrement.
Maintenant que je sais que M. est autiste, et bien que je sache que l'autisme n'est pas la faute de la mère, je me sens tout de même mal à l'aise avec ça. D'une, je me sens frustrée de ne pas avoir pu élever un enfant ordinaire, de deux, je me demande toujours dans un coin de mon cerveau si j'aurais été capable de le faire.... et de trois, si, finalement, je ne suis pas pour quelque chose dans l'autisme de mon fils...
Je me demande aussi quel aurait été l'influence d'un frère ou d'une sœur pour M. Je reste persuadée que cela aurait été quelque chose de très positif pour lui, d'où encore, culpabilité.... Je sais très bien que je n' y suis pour rien de ne pas avoir pu avoir d'autre enfant, mais au fond de moi, c'est quand même compliqué....
J'aurais bien voulu connaître, d'après vos témoignages, quelle est l'influence des frères et sœurs chez votre enfant autiste, et comment ceux-ci vivent le fait d'avoir un frère ou une sœur autiste... Et enfin, comment avez-vous fait pour concilier l'éducation ( probablement différente ) de tous vos enfants.
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Re: La fratrie
Avec votre générosité à tous les 3, et comme je sais l'importance de la relation entre nos enfants, je suis sûr que ta maison pourrait accueillir une adoption, encore des embûches, mais ce serait un projet aussi stimulant pour M ( et ne me parles pas d'âge, ton coeur est jeune )
je sais, j'ai pas répondu mais d'autres font le faire avec plus de pertinence.
je sais, j'ai pas répondu mais d'autres font le faire avec plus de pertinence.
Rien n'est plus important pour moi que d'entendre mon fils rire tous les jours
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Re: La fratrie
Heu, Thierry, je suis bien obligée de te parler d'âge ! L'adoption est fermée aux personnes de plus de 50 ans, et très franchement, maintenant, je pense plus à une vie paisible qu'à accueillir un autre enfant...
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Re: La fratrie
Jonquille,
Vaste et intéressante question ! En fait cette question peut se poser pour tout enfant handicapé vis-à-vis de ses frères et soeurs. Avant toute chose je voulait te dire que c'est une évidence que tu es capable d'élever un enfant ordinaire, c'est tellement moins compliqué un enfant qui porte un handicap ou une maladie.
Pour ce qui de l'adoption, un enfant adopté est qqfois très difficile à élever, et je comprends parfaitement qu'à ton âge (qui est aussi le mien) tu aspire à autre chose.
Pour répondre à ta question, ce que je peux dire c'est que mes deux autres enfants : 2 fils de 29 et 22 ans (ma fille se situant au milieu de la fratrie) souffrent chacun à leur manière de la différence et des difficultés de leur soeur et l'expriment plus ou moins ouvertement. Mon fils aîné a souffert qqfois de certaines remarques d'élèves à l'encontre de sa soeur.
Et si ma fille avait été fille unique : comment aurait-elle évolué, et bien je n'en sais rien. Mais ce dont je suis sûre c'est que les relations avec ses frères (et leur affection) l'a certainement aidé à évolué favorablement. Son frère aîné est toujours soucieux d'elle et souhaite qu'elle devienne complètement indépendante, même si les relations entre eux, devenus adultes, sont difficiles car ils sont tellements différents.
Mais en même ma fille trouve difficile de voir ses frères avec autant de facilités, qui ont un emploi stable, qui ont leur permis, qui ont de nombreux amis...
Vaste et intéressante question ! En fait cette question peut se poser pour tout enfant handicapé vis-à-vis de ses frères et soeurs. Avant toute chose je voulait te dire que c'est une évidence que tu es capable d'élever un enfant ordinaire, c'est tellement moins compliqué un enfant qui porte un handicap ou une maladie.
Pour ce qui de l'adoption, un enfant adopté est qqfois très difficile à élever, et je comprends parfaitement qu'à ton âge (qui est aussi le mien) tu aspire à autre chose.
Pour répondre à ta question, ce que je peux dire c'est que mes deux autres enfants : 2 fils de 29 et 22 ans (ma fille se situant au milieu de la fratrie) souffrent chacun à leur manière de la différence et des difficultés de leur soeur et l'expriment plus ou moins ouvertement. Mon fils aîné a souffert qqfois de certaines remarques d'élèves à l'encontre de sa soeur.
Et si ma fille avait été fille unique : comment aurait-elle évolué, et bien je n'en sais rien. Mais ce dont je suis sûre c'est que les relations avec ses frères (et leur affection) l'a certainement aidé à évolué favorablement. Son frère aîné est toujours soucieux d'elle et souhaite qu'elle devienne complètement indépendante, même si les relations entre eux, devenus adultes, sont difficiles car ils sont tellements différents.
Mais en même ma fille trouve difficile de voir ses frères avec autant de facilités, qui ont un emploi stable, qui ont leur permis, qui ont de nombreux amis...
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Re: La fratrie
Jonquille, comme tu te dévalorises ! Moi qui te connais, je suis certaine que tu as toutes les qualités d'une "bonne mère", tu ne devrais pas te poser cette question. Comme beaucoup d'autres parents (la grande majorité, heureusement) vous avez fait de votre mieux avec tout votre coeur. Et comme tous les autres parents, vous avez aussi, parfois, fait quelques erreurs parce que vous êtes des êtres humains.
Quant à la question de la fratrie, je suis certaine que la présence d'un petit frère ou d'une petite soeur aurait été bénéfique à M. mais, comme tu le regrettes, cela n'a pas été possible. Donc, à ce sujet, tu peux avoir des regrets mais certainement pas des remords puisque vous n'y êtes pour rien.
Chez nous, la petite soeur de L. dit qu'elle n'a pas souffert mais je pense que ce n'est pas tout à fait ce qu'elle pense. En témoigne son cri du coeur "Tu ne veux tout de même pas que je sois comme ma soeur !". Elle s'est construite, en partie, en fonction de ça : ne pas subir les même humiliations, être passionnément comme les autres.
Par ailleurs, elle a souffert du manque de collaboration de sa soeur dans les jeux : il lui fallait énormément insister pour que L. daigne s'intéresser à ses jeux puis, souvent, elle partait au milieu de tout. Pas étonnant qu'elle ait beaucoup crié
Pour L., la présence d'une petite soeur (2 ans de moins) a été très bénéfique. Elles n'ont jamais été proches mais R. l'a constamment sollicitée et ça a évité qu'elle ne s'enferme encore plus dans sa bulle. Disons que R. a été pour L. une soeur casse-pieds et que, à posteriori, nous pensons que ça a été une bénédiction pour L.
Heureusement que R., malgré sa timidité, est sociable et qu'elle a toujours eu des amies.
Heureusement aussi que L. a toujours été très accomodante : elle accepte de perdre, de donner ses jouets à sa soeur (par désintérêt sans doute), ce qui a sans doute atténué les difficultés éprouvées par R.
Quant à la question de la fratrie, je suis certaine que la présence d'un petit frère ou d'une petite soeur aurait été bénéfique à M. mais, comme tu le regrettes, cela n'a pas été possible. Donc, à ce sujet, tu peux avoir des regrets mais certainement pas des remords puisque vous n'y êtes pour rien.
Chez nous, la petite soeur de L. dit qu'elle n'a pas souffert mais je pense que ce n'est pas tout à fait ce qu'elle pense. En témoigne son cri du coeur "Tu ne veux tout de même pas que je sois comme ma soeur !". Elle s'est construite, en partie, en fonction de ça : ne pas subir les même humiliations, être passionnément comme les autres.
Par ailleurs, elle a souffert du manque de collaboration de sa soeur dans les jeux : il lui fallait énormément insister pour que L. daigne s'intéresser à ses jeux puis, souvent, elle partait au milieu de tout. Pas étonnant qu'elle ait beaucoup crié
Pour L., la présence d'une petite soeur (2 ans de moins) a été très bénéfique. Elles n'ont jamais été proches mais R. l'a constamment sollicitée et ça a évité qu'elle ne s'enferme encore plus dans sa bulle. Disons que R. a été pour L. une soeur casse-pieds et que, à posteriori, nous pensons que ça a été une bénédiction pour L.
Heureusement que R., malgré sa timidité, est sociable et qu'elle a toujours eu des amies.
Heureusement aussi que L. a toujours été très accomodante : elle accepte de perdre, de donner ses jouets à sa soeur (par désintérêt sans doute), ce qui a sans doute atténué les difficultés éprouvées par R.
Atypique sans être aspie. Maman de 2 jeunes filles dont une aspie.
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Re: La fratrie
Je vais prendre 4 cas différents:
1) l'aspie est l'ainé et il a une sœur/un frère plus jeune qui est NT
2) l'aspie est le second et il a une sœur/un frère plus âgé qui est NT
3) l'aspie est le second et il a une sœur/un frère plus jeune qui est aussi aspie
4) l'aspie est le troisième et il a une sœur/un frère plus âgé qui est aussi aspie
Dans le cas 1)
J'ai vécu ce cas avec ma sœur.
C'est peut-être dur à lire, mais enfant unique ou pas, cela n'aurait rien changé pour moi.
Je n'ai eu que peu de contact avec elle.
Je considérai les autres qui peinaient dans leurs études comme des personnes qui ne voulaient pas se donner la peine de comprendre leurs leçons. Ça a été son cas (elle a du bosser dur pour apprendre ses cours et les résultats n'étaient pas toujours au rendez-vous).
Sa présence a été neutre pour moi (manque d'empathie).
Cela ne m'a orienté en rien vers la vie NT, ni m'a appris des codes sociaux qui me manquaient (pas de mimétisme).
Dans le cas 2)
C'est le cas de mon fils aspie avec sa sœur ainée NT.
Il avait sa propre façon de se comporter, mais il a eu des mimétismes, pour jouer avec sa sœur ainée par exemple.
On en a parlé récemment. Il voyait sa sœur différente dans ses comportements, parfois incompréhensibles pour lui, mais il a copié des façons de faire.
Il a certainement progressé en regardant sa sœur faire.
Le risque ici, c'est que des parties de son moi (lien avec les chevaux par exemple), ont été refoulées, pour ne pas déplaire à sa sœur et perdre une amitié (même fraternelle).
Cela n'a pas effacé son SA pour autant, mais cela l'a aidé à progresser.
Dans le cas 3)
C'est le cas de mon fils aspie avec sa petite sœur aspie, quand la grande sœur a quitté le foyer.
Malgré l'écart d'âge (7 ans), les deux enfants ont été très proches (le SA a sans doute aidé, partage de la même pensée).
Ils ont eu des mimétismes dans les deux sens.
Mon fils a développé des qualités pour aider sa sœur plus jeune.
Il a été capable de prendre des décisions par sa présence et a gagné en autonomie.
(cas 4)
Pour la petite sœur, cela l'a boosté pour la rendre plus mature dans de nombreux domaines, au point qu'avec sa grande taille, on la prenne pour une ado alors qu'elle n'avait que 10 ans.
Elle est devenue plus autonome dans certains domaines.
Elle a gardé ses faiblesses de l'aspie (naïveté, sens premier, humour absent, passion hors normes, ...)
Il faut ensuite faire la différence entre aspie et AHN, important à mon avis sur cette première partie de la vie.
J'utiliserai ce que disait le Dr Atwood en mai dernier :
Si l'ainé est AHN, puisqu'il se trouve mieux que l'autiste (classique), il est un peu plus positif (que l'aspie) et pourrait mimer sur le NT suivant, certains comportements et ainsi gagner un peu en autonomie. Reste à savoir de combien.
Conclusion:
A mon avis Jonquille, pour M., qu'il ait eu un frère/sœur plus jeune aurait pu lui faire gagner un peu d'autonomie (mais pas sur et de combien) dans certains domaines.
Le fait qu'il soit l'ainé, ne l'aurait pas fondamentalement changé (sauf si le second partageait la même vision autistique).
Le changement aurait pu être plus visible s'il avait été le second de la fratrie.
1) l'aspie est l'ainé et il a une sœur/un frère plus jeune qui est NT
2) l'aspie est le second et il a une sœur/un frère plus âgé qui est NT
3) l'aspie est le second et il a une sœur/un frère plus jeune qui est aussi aspie
4) l'aspie est le troisième et il a une sœur/un frère plus âgé qui est aussi aspie
Dans le cas 1)
J'ai vécu ce cas avec ma sœur.
C'est peut-être dur à lire, mais enfant unique ou pas, cela n'aurait rien changé pour moi.
Je n'ai eu que peu de contact avec elle.
Je considérai les autres qui peinaient dans leurs études comme des personnes qui ne voulaient pas se donner la peine de comprendre leurs leçons. Ça a été son cas (elle a du bosser dur pour apprendre ses cours et les résultats n'étaient pas toujours au rendez-vous).
Sa présence a été neutre pour moi (manque d'empathie).
Cela ne m'a orienté en rien vers la vie NT, ni m'a appris des codes sociaux qui me manquaient (pas de mimétisme).
Dans le cas 2)
C'est le cas de mon fils aspie avec sa sœur ainée NT.
Il avait sa propre façon de se comporter, mais il a eu des mimétismes, pour jouer avec sa sœur ainée par exemple.
On en a parlé récemment. Il voyait sa sœur différente dans ses comportements, parfois incompréhensibles pour lui, mais il a copié des façons de faire.
Il a certainement progressé en regardant sa sœur faire.
Le risque ici, c'est que des parties de son moi (lien avec les chevaux par exemple), ont été refoulées, pour ne pas déplaire à sa sœur et perdre une amitié (même fraternelle).
Cela n'a pas effacé son SA pour autant, mais cela l'a aidé à progresser.
Dans le cas 3)
C'est le cas de mon fils aspie avec sa petite sœur aspie, quand la grande sœur a quitté le foyer.
Malgré l'écart d'âge (7 ans), les deux enfants ont été très proches (le SA a sans doute aidé, partage de la même pensée).
Ils ont eu des mimétismes dans les deux sens.
Mon fils a développé des qualités pour aider sa sœur plus jeune.
Il a été capable de prendre des décisions par sa présence et a gagné en autonomie.
(cas 4)
Pour la petite sœur, cela l'a boosté pour la rendre plus mature dans de nombreux domaines, au point qu'avec sa grande taille, on la prenne pour une ado alors qu'elle n'avait que 10 ans.
Elle est devenue plus autonome dans certains domaines.
Elle a gardé ses faiblesses de l'aspie (naïveté, sens premier, humour absent, passion hors normes, ...)
Il faut ensuite faire la différence entre aspie et AHN, important à mon avis sur cette première partie de la vie.
J'utiliserai ce que disait le Dr Atwood en mai dernier :
Si l'ainé est un aspie, il va vivre sa vie et utilisera peu ce que pourrait lui apporter sa sœur/son frère plus jeune NT. Une sorte de pessimisme doublé d'une difficulté à comprendre le langage de l'autre.- AHN se compare à autiste et se trouve mieux
- SA se compare à NT et se trouve moins bien
Si l'ainé est AHN, puisqu'il se trouve mieux que l'autiste (classique), il est un peu plus positif (que l'aspie) et pourrait mimer sur le NT suivant, certains comportements et ainsi gagner un peu en autonomie. Reste à savoir de combien.
Conclusion:
A mon avis Jonquille, pour M., qu'il ait eu un frère/sœur plus jeune aurait pu lui faire gagner un peu d'autonomie (mais pas sur et de combien) dans certains domaines.
Le fait qu'il soit l'ainé, ne l'aurait pas fondamentalement changé (sauf si le second partageait la même vision autistique).
Le changement aurait pu être plus visible s'il avait été le second de la fratrie.
Bernard (55 ans, aspie) papa de 3 enfants (dont 2 aspies)
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Re: La fratrie
Merci pour vos réponses... J'ai toujours cru que pour M. , le fait d'être enfant unique avait toujours été un "handicap" supplémentaire... Je me rends compte que finalement, pour chaque famille, le fait d'avoir un frère ou une sœur a des conséquences différentes.. Je suppose que cela dépend de la personnalité de chacun. Je pense néanmoins que d'avoir une fratrie aurait empêcher M. de vivre dans cette solitude qui l' a tellement accablée au début de sa déscolarisation... Cela l'aurait sans doute aidé à garder un contact avec le monde extérieur...
Je me souviens d'il y a quelques années, lors d'un séjour parents/enfants diabétiques ou la fratrie non malade était aussi invitée : un couple avec 4 filles : 1 diabétique, 1 asthmatique, 1 trisomique 21 et une enfin, sans aucune maladie. Les filles étaient toutes encore petites et les parents disaient que c'était leur fille diabétique qui leur demandaient le plus d'attention. Néanmoins, c'était avec leur fille sans maladie et sans handicap qu'ils avaient le plus de soucis, car c'est elle qui se sentait différente...
Dans une fratrie, je me demande si le fait d'avoir un frère ou une sœur différent est un " handicap" ou bien quelque chose d'enrichissant.
Je lis souvent aussi que l'autisme a certainement des causes génétiques, mais est aussi dû à l'environnement. Et chez un enfant, la fratrie fait partie de son environnement. Est-ce que le fait d'avoir tant attendu M. ( plusieurs années pour que je sois enceinte... ) et le fait que je me sois concentrée uniquement sur lui n'a pas " joué" dans son autisme ? Je sais que personne ne peut m'apporter des réponses, car on ne sait jamais ce qui serait arrivé si les situations avaient été différentes, mais malgré tout, je pense qu'une fratrie aurait pu améliorer la socialisation de M.
Tu es gentille, Mars, mais c'est quelque chose que je ne saurai jamais puisque je ne l'ai pas vécu... Je me demande toujours quand je vois M. et les difficultés que sont les siennes quelle est la part de l'autisme et quelle est la part des conséquences de son éducation... Il a tellement changé ses dernières années...Mars a écrit :Moi qui te connais, je suis certaine que tu as toutes les qualités d'une "bonne mère", tu ne devrais pas te poser cette question.
Je me souviens d'il y a quelques années, lors d'un séjour parents/enfants diabétiques ou la fratrie non malade était aussi invitée : un couple avec 4 filles : 1 diabétique, 1 asthmatique, 1 trisomique 21 et une enfin, sans aucune maladie. Les filles étaient toutes encore petites et les parents disaient que c'était leur fille diabétique qui leur demandaient le plus d'attention. Néanmoins, c'était avec leur fille sans maladie et sans handicap qu'ils avaient le plus de soucis, car c'est elle qui se sentait différente...
Dans une fratrie, je me demande si le fait d'avoir un frère ou une sœur différent est un " handicap" ou bien quelque chose d'enrichissant.
Je lis souvent aussi que l'autisme a certainement des causes génétiques, mais est aussi dû à l'environnement. Et chez un enfant, la fratrie fait partie de son environnement. Est-ce que le fait d'avoir tant attendu M. ( plusieurs années pour que je sois enceinte... ) et le fait que je me sois concentrée uniquement sur lui n'a pas " joué" dans son autisme ? Je sais que personne ne peut m'apporter des réponses, car on ne sait jamais ce qui serait arrivé si les situations avaient été différentes, mais malgré tout, je pense qu'une fratrie aurait pu améliorer la socialisation de M.
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Re: La fratrie
Je trouve que Bernard a bien repondue.
Ceci dit Jonquille, on pourrait tous se poser des questions, si Loic avait eté le deuxieme et non l'ainé, est ce qu'il aurait mieux vecu? Je me demande egalement que si j'avais eu un 3eme enfant est ce que ca aurait eté benefique pour sa soeur? Car pour autant que nos enfants Aspies ont des difficultés, la fratrie ont des fois beaucoup plus.
Mes enfants (3 ans d'ecart) ont evolué dans le meme milieu scolaire et sociale, mais dans le meme esprtit que Bernard avec sa soeur. Ils avaient les memes amis (qui venait plus pour la soeur que pour Loic) mais entre eux il n'y a jamais eu vraiment une affiliation fraternelle. Depuis la regression de Loic en 2004, on dirait que c'est sa soeur qui est l'ainé. Elle n'a pas compris ce qui s'est passé, elle etait et est encore un peu en denie, elle a prononcé le mot Asperger pour le premier fois il y a quelques mois.
Dés fois avoir un 2eme enfant peut etre 2 fois plus difficile, trés souvent j'avais l'impression (et je l'ai encore car ils sont toujours a la maison avec un 3eme en prime!!) de mener 2 vies de familles totalement differents. Rares sont les moments ou on est en famille a 4, soit que je m'occupe de Loic, ou de ma fille, pas les 2 en meme temps. Ce qui est trés contraignant quand je me retrouve seule avec. J'essaye d'organiser ma vie pour les donner chacun de mon temps, ce qui fait que j'en ai pas pour moi!!
Peut etre que tu culpabilise d'avoir eté trop "mere poule" mais je l'etait aussi, Loic est né avec des malformations, et je l'ai surement surprotegé. Mais si c'est le cas, c'est fait on ne peut pas revenir dessus, je ne peut qu'essayer de redresser la barque. Car meme si tu as eu un 2eme enfant, comme moi 3 ans aprés, la surprotection etait deja installé et le mal (si il y en a ) deja la. Je pense comme les autres que tu es une maman formidable, tu fais de ton mieux avec les moyens qu'on te donne, il ne faut pas revenir sur le passé.
Courage Jonquille.
Ceci dit Jonquille, on pourrait tous se poser des questions, si Loic avait eté le deuxieme et non l'ainé, est ce qu'il aurait mieux vecu? Je me demande egalement que si j'avais eu un 3eme enfant est ce que ca aurait eté benefique pour sa soeur? Car pour autant que nos enfants Aspies ont des difficultés, la fratrie ont des fois beaucoup plus.
Mes enfants (3 ans d'ecart) ont evolué dans le meme milieu scolaire et sociale, mais dans le meme esprtit que Bernard avec sa soeur. Ils avaient les memes amis (qui venait plus pour la soeur que pour Loic) mais entre eux il n'y a jamais eu vraiment une affiliation fraternelle. Depuis la regression de Loic en 2004, on dirait que c'est sa soeur qui est l'ainé. Elle n'a pas compris ce qui s'est passé, elle etait et est encore un peu en denie, elle a prononcé le mot Asperger pour le premier fois il y a quelques mois.
Dés fois avoir un 2eme enfant peut etre 2 fois plus difficile, trés souvent j'avais l'impression (et je l'ai encore car ils sont toujours a la maison avec un 3eme en prime!!) de mener 2 vies de familles totalement differents. Rares sont les moments ou on est en famille a 4, soit que je m'occupe de Loic, ou de ma fille, pas les 2 en meme temps. Ce qui est trés contraignant quand je me retrouve seule avec. J'essaye d'organiser ma vie pour les donner chacun de mon temps, ce qui fait que j'en ai pas pour moi!!
Peut etre que tu culpabilise d'avoir eté trop "mere poule" mais je l'etait aussi, Loic est né avec des malformations, et je l'ai surement surprotegé. Mais si c'est le cas, c'est fait on ne peut pas revenir dessus, je ne peut qu'essayer de redresser la barque. Car meme si tu as eu un 2eme enfant, comme moi 3 ans aprés, la surprotection etait deja installé et le mal (si il y en a ) deja la. Je pense comme les autres que tu es une maman formidable, tu fais de ton mieux avec les moyens qu'on te donne, il ne faut pas revenir sur le passé.
Courage Jonquille.
Suzanne, la vieille qui blatere, maman de Loic 29 ans
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Re: La fratrie
J'ai pas l'impression que je me trouvais moins bien que les NT!bernard a écrit : Il faut ensuite faire la différence entre aspie et AHN, important à mon avis sur cette première partie de la vie.
J'utiliserai ce que disait le Dr Atwood en mai dernier :- AHN se compare à autiste et se trouve mieux
- SA se compare à NT et se trouve moins bien
Je reviendrais bientôt parler de mon expérience personnelle avec mes frères et soeurs!
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Re: La fratrie
Merci Olé : ton point de vue sera sûrement très intéressant...Ole Ferme l'oeil a écrit :Je reviendrais bientôt parler de mon expérience personnelle avec mes frères et soeurs!
Sue, tu as sans doute raison... Rien ne sert de regarder en arrière... mais....
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Re: La fratrie
Jonquille, pour avoir vécu avec M. pendant seulement une semaine, j'ai touché du doigt toute les difficultés que tu vis au quotidien. Le fait d'avoir un seul enfant et que celui-ci soit déscolarisé ne relève absolument pas d'une quelconque responsabilité de ta part. C'est un faisceau de circonstances qui ont fait que les choses ont été et sont encore plus difficiles pour toi.
Le fait que M soit diabétique est également très très handicapant pour lui et pour vous. Le stress lié à l'autisme s'ajoute à celui généré par les hypo (ou hyper) et inversement , soit un vrai cercle vicieux.
Je comprends bien que le manque de solutions t'amène à réfléchir sur le passé. Comme tous les parents, tu te dis que tu aurais pu faire autrement à certains moments. Il n'est pas possible de revenir en arrière alors si tu veux bien, ne remue pas le couteau dans la plaie et ne te charge pas de toutes les causes de l'état de M
Le fait que M soit diabétique est également très très handicapant pour lui et pour vous. Le stress lié à l'autisme s'ajoute à celui généré par les hypo (ou hyper) et inversement , soit un vrai cercle vicieux.
Je comprends bien que le manque de solutions t'amène à réfléchir sur le passé. Comme tous les parents, tu te dis que tu aurais pu faire autrement à certains moments. Il n'est pas possible de revenir en arrière alors si tu veux bien, ne remue pas le couteau dans la plaie et ne te charge pas de toutes les causes de l'état de M
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Re: La fratrie
Tu as raison, Mars : il faut que je me reprenne et que j'avance...
Merci
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Re: La fratrie
Je rejoins ce qu'a dit Mars. Je rigole quand je lis de ta part "il faut que je me reprenne".. comme s'il y avait un manque de votre part ! Seigneur .. que feras-tu pour arrêter la culpabilisation des parents ?Jonquille57 a écrit :Tu as raison, Mars : il faut que je me reprenne et que j'avance...
Ce que Mars a expliqué, c'est que la petite soeur de Lila a été très utile les premières années. Après 10 ans, c'est une autre vie... Et pour M., il me semble que c'est à ce moment-là que çà a été le plus difficile. La faute (le crime !) est à l'école : ne cherche pas plus loin.
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
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Re: La fratrie
Oui oui, mais je me dis tout de même que si il y avait eu fratrie, la déscolarisation ( et donc la désocialisation ) aurait eu moins de conséquences ravageuses chez M... Je me dis que c'est peut-être facile de tout mettre sur le compte de l'école ( enfin, plutôt du rejet de l'école ).
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- Prolifique
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Re: La fratrie
Bonjour Jonquille.
J'ai trois garçons.
Le papa et moi voulions plusieurs enfants, assez rapprochés pour qu'ils puissent jouer et grandir ensemble. Il n'y a que 4 ans d'écart entre l'aîné et le dernier (trois en quatre ans, donc). Lorsque Maël est né, l'aîné n'avait pas 20 mois.
Le seul truc, c'est que...
L'aîné est asperger.
Le second est autiste.
Ils n'ont jamais joué ensemble.
L'aîné ne supporte pas les enfants, "ils font n'importe quoi, sont imprévisibles, crient, risquent de "faire des bêtises", de casser des choses, de toucher à mes affaires", dit il. Comme il a vraiment fort peu d'empathie, il passe beaucoup de temps à reprocher à Maël d'être comme il est, me dit "qu'il fait n'importe quoi" (il ne supporte pas qu'il fasse plusieurs fois la même choses, qu'il répète la même chose, ça le rend fou), le traite d'imbécile, invente des mots que le second déteste, le fait hurler et s'en amuse, c'est épouvantable, je passe mon temps à surveiller; et Maël voudrait "que je fasse disparaître" son grand frère, qu'on le mette en prison...
Et le petit dernier dans tout ça?
Il essaie de se faire aimer de son grand frère, qui le malmène et rit quand il pleure ou en rajoute toujours une couche (remarque de l'aîné "j'aime bien leurs têtes quand ils s'énervent, ça leur donne une expression amusante").Elouan ne voit même pas à quel point il leur fait de la peine, ou il ne comprend pas car dit il "c'est complètement injustifié".
Un jour il m'a demandé si il existait des cours pour savoir quand on énerve les gens ou quand on est méchant avec eux...
Et quand il veut jouer avec Maël, il est obligé de s'adapter à lui (ce qu'il fait très très bien d'ailleurs).
Mais parfois il craque, à de grosses crises de chagrin Il fait tout ce qu'il peut pour me rendre la vie plus facile sachant que j'ai tellement à faire avec ses frères, il est extrêmement autonome. Je crois que sa présence est très bénéfique pour Maël, même si parfois il est un peu dur avec lui aussi, comme par hasard quand l'aîné est là (il essaie de se faire aimer de son grand frère...).
Il ya parfois des moments bénis, mais ils sont rares.
Tout dépend de l'état d'esprit du grand en fait.
Quand Elouan est seul, je n'ai aucun soucis avec lui (sauf qu'il est très moralisateur et souvent très énervant, bien sûr qu'il a raison sur beaucoup de choses, mais on a pas toujours envie de tout entendre...).
En fait le plus rigide de mes trois fils est l'aîné.Personne n'a le droit à l'erreur avec lui.
Je ne regrette pas d'avoir trois enfants. Mais ce n'est pas toujours facile.
J'ai trois garçons.
Le papa et moi voulions plusieurs enfants, assez rapprochés pour qu'ils puissent jouer et grandir ensemble. Il n'y a que 4 ans d'écart entre l'aîné et le dernier (trois en quatre ans, donc). Lorsque Maël est né, l'aîné n'avait pas 20 mois.
Le seul truc, c'est que...
L'aîné est asperger.
Le second est autiste.
Ils n'ont jamais joué ensemble.
L'aîné ne supporte pas les enfants, "ils font n'importe quoi, sont imprévisibles, crient, risquent de "faire des bêtises", de casser des choses, de toucher à mes affaires", dit il. Comme il a vraiment fort peu d'empathie, il passe beaucoup de temps à reprocher à Maël d'être comme il est, me dit "qu'il fait n'importe quoi" (il ne supporte pas qu'il fasse plusieurs fois la même choses, qu'il répète la même chose, ça le rend fou), le traite d'imbécile, invente des mots que le second déteste, le fait hurler et s'en amuse, c'est épouvantable, je passe mon temps à surveiller; et Maël voudrait "que je fasse disparaître" son grand frère, qu'on le mette en prison...
Et le petit dernier dans tout ça?
Il essaie de se faire aimer de son grand frère, qui le malmène et rit quand il pleure ou en rajoute toujours une couche (remarque de l'aîné "j'aime bien leurs têtes quand ils s'énervent, ça leur donne une expression amusante").Elouan ne voit même pas à quel point il leur fait de la peine, ou il ne comprend pas car dit il "c'est complètement injustifié".
Un jour il m'a demandé si il existait des cours pour savoir quand on énerve les gens ou quand on est méchant avec eux...
Et quand il veut jouer avec Maël, il est obligé de s'adapter à lui (ce qu'il fait très très bien d'ailleurs).
Mais parfois il craque, à de grosses crises de chagrin Il fait tout ce qu'il peut pour me rendre la vie plus facile sachant que j'ai tellement à faire avec ses frères, il est extrêmement autonome. Je crois que sa présence est très bénéfique pour Maël, même si parfois il est un peu dur avec lui aussi, comme par hasard quand l'aîné est là (il essaie de se faire aimer de son grand frère...).
Il ya parfois des moments bénis, mais ils sont rares.
Tout dépend de l'état d'esprit du grand en fait.
Quand Elouan est seul, je n'ai aucun soucis avec lui (sauf qu'il est très moralisateur et souvent très énervant, bien sûr qu'il a raison sur beaucoup de choses, mais on a pas toujours envie de tout entendre...).
En fait le plus rigide de mes trois fils est l'aîné.Personne n'a le droit à l'erreur avec lui.
Je ne regrette pas d'avoir trois enfants. Mais ce n'est pas toujours facile.
Maman d'Elouan (asperger), 13 ans, Maël (autiste de haut niveau) 11 ans et Pierre-Marie, 9 ans.