Nouvel article de Super Pépette :
Ces autistes qui n'en sont pas
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Il m’est souvent arrivé d’entendre de la part de professionnels des échos au sujet de personnes qui s'imaginent / se veulent / s'espèrent autistes Asperger alors qu'ils ne le sont point du tout. Jusqu’à présent, je n’y avais guère prêté attention. Je me confortais dans l’idée qu’il s’agissait certainement d’une exagération, et que ces quelques illuminés ne pesaient de toute façon pas bien lourd dans la balance face aux dizaines (centaines ?) d’individus réellement Asperger et pourtant non diagnostiqués.
Vous le savez, les aspies non diagnostiqués représentent pour moi le cœur du problème et ont toujours accaparé toute mon attention. Il faut dire aussi que je n’avais jusqu’à récemment jamais croisé de « faux autistes ». J’avais le sentiment qu’il s’agissait d’une boutade que les professionnels se racontent entre eux, une sorte de mythe monté en épingle. Et j’avoue qu’il était aussi peut-être plus confortable pour moi d’imaginer qu’il en soit ainsi. Jusqu'à ce que je me retrouve face à face avec un très beau spécimen. Et quand on a le nez dans son caca, il n'est plus possible de faire la politique de l'autruche. A moins de mourir dans d'atroces souffrances olfactives.
Pourquoi une personne non autiste pourrait-elle vouloir être reconnue comme tel ? Quelles motivations pourraient bien expliquer – à défaut de justifier – une telle volonté? Certains diront qu’être Asperger c’est « à la mode », voire même « sexy ».
Sexy ?
Vraiment ?
Alooooooors… Excusez-moi de vous demander pardon, mais je crois qu’il règne une très très légère confusion autour de l’utilisation du terme « sexy ». Afin que l’on parvienne à s’y retrouver dans cet embrouillamini, il m’a ainsi semblé opportun de vous apporter une illustration concrète. Ne me remerciez pas, c’est cadeau.
Ryan Gosling enduit d’huile de coco qui fait un strip-tease dans mon salon sur un mix de Martin Garrix : SEXY.
François Hollande qui danse la lambada en string panthère : PAS SEXY.
J’espère que ceux qui avaient quelques doutes auront compris la nuance… NON un diagnostic de syndrome d’Asperger n’a rien de sexy, tous ceux qui vivent avec au jour le jour vous le diront. Etre aspie dans une société normative et ignorante comme la nôtre est, au mieux, lourd à porter, au pire, carrément stigmatisant. Croire l’inverse est franchement insultant pour tous ces aspies qui galèrent et se battent du mieux qu’ils le peuvent pour s’intégrer. Et puis je n’ai personnellement jamais connu un homme qui soit pris d’une irrépressible envie de moi à l’évocation de mon diagnostic. (Evidemment si mes lectrices aspies ont une toute autre expérience de la chose, j’EXIGE qu’elles cessent la lecture de cet article séance tenante pour me raconter ça en détail !)
L’étiquette « SA » peut aussi apporter une réponse facile à ceux qui se posent des questions existentielles, qui ont envie d’attirer l’attention, et/ou n’ont pas le courage de procéder à une réelle introspection afin de se remettre en question. « Non je ne suis pas paumé je suis autiste », « Non je ne suis pas mal élevé je suis autiste », « Non je ne suis pas fainéant je suis autiste ». Je trouve cela affligeant. Non seulement ils se desservent, mais surtout ils accablent une communauté minoritaire qui a déjà bien du mal à se faire entendre pour le respect de ses droits les plus élémentaires. En agissant de la sorte, ils nous confisquent de façon illégitime une part de notre identité, de notre parole et de notre crédibilité, et ce, en toute impunité. On s’en passerait bien !!
Alors vous là, oui vous, messieurs-dames les faux autistes, si vous avez ne serait-ce qu’un tant soit peu de respect pour le combat acharné que nous menons, vous êtes priés de passer votre chemin et de trouver ailleurs les pièces manquantes à votre puzzle identitaire.
Et tant qu’on y est, sachez vous me collez autant la nausée que la vision de Hollande en string panthère. Ce qui n’est pas peu dire.
A bon entendeur, salut.
TSA.