Ce post n'a pas à destination de faire avancer les autres dans leur recherche, ni de questionner sur le fonctionnement des aspis. Ceci, dans son humilité, est un simple remerciement que je tenais absolument à formuler, et que, présentement, je ne peux pas vous présenter autrement.
Mon entretien approche, et aussi bien elle me dira « Il n'y a aucune raison de penser à cela », aussi bien elle me dira « Il y a de bonnes raisons de penser à cela ». Je pense qu'après cet entretien, les choses vont aller très vite et vont s'accélérer. Il se peut que j'obtienne un pré-diagnostic de TSA, ou bien de TDA/H, ou même que je repartes les mains vides... Mais pas totalement. Et je tenais à le dire avant que cela n'arrive tant que je le ressens.
/!\ Ce post sera surement teinté de sentimentalisme et d'hypersensibilité /!\
Je voulais grandement remercier ce forum, et toutes les personnes qui s'y trouvent : Les bavards, les timides, les invisibles ; ceux en questionnement, ceux qui savent, ceux qui ne savent pas encore, ceux qui se sentent mieux, ceux qui souffrent, ceux qui galèrent encore, ceux qui ont espoir, ceux qui n'ont en plus ; les atypiques, neurotypiques, aspies, autistes de haut niveau, autistes atypique, surdoués, dépressifs, avec trouble de la communication sociale, trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité, les phobiques sociales, les schizophrènes ; les parents, les gens seuls, les gens entourés ; ceux qu'on appelle débiles, bizarres, étranges, asociaux, inadaptés, anormaux, psychotiques, les insensibles, les rustres, les hyperémotifs, les indélicats, les grossiers, les anti-conformistes, les maladroits ; tous les intéressés, des mots, de l'informatique, des animaux, des végétaux, des pièces 5 francs, de philosophie, de lecture, de cinéma, de photographie, de biologie, d'écologie, de musique... vous, ces humains.
TSA ou non, ce questionnement sur moi même ne m'a jamais autant libéré, et c'est en partie grâce à vous. Il y a des choses ici que j'ai lues et que je n'aurai jamais osées écrire de mon initiative, parce que j'avais honte, parce que j'ai grandi avec l'idée qu'aucun Autre ne pouvait ressentir ni vivre tout cela, ni de près, ni de loin : vous m'avez enlevé les mots de la bouche. Ce que j'ai pu découvrir des aspies, ce que j'ai pu découvrir à travers vos mots, votre vécu, a été au début un choc émotionnel et ma gorge s'est serrée, des larmes ont coulé, des rires sont apparus aussi. Puis une réflexion, une fouille intense dans le fond de mes entrailles qui tantôt faisait remonter des malheurs, tantôt y ajoutait des pardons. Des choses que je voulais oublier et qui ont repris leurs places avec sérénité. Je remercie les hasards des rencontres aussi, parce qu'avant cette année, je n'avais absolument aucune idée de ce qu'était l'autisme. Je remercie en particulier ce petit enfant autiste que j'ai accompagné durant un an et qui m'a remué, touché, poussé à faire des recherches qui, contre tout attente, ne le concernaient plus uniquement. Je suis heureuse de lui avoir apporté mon aide et ma compassion en dépit des autres, et surtout professionnels qui le rejetaient, le maudissaient, et ne savaient plus quoi faire de lui en le laissant quasi à l'abandon. Je suis heureuse de m'être confrontée à eux, et d'en avoir risqué ma place. Je suis heureuse d'avoir obtenu de lui des paroles, des échanges, des sourires, des rires. De l'avoir entendu dire pour la première fois : « Est-ce que tu peux m'aider ? », de l'avoir entendu dire avec enthousiasme : « Maintenant, je sens que ma vie va changer. ».
Avant vous, j'étais inhumaine. Aujourd'hui, je me sens à nouveau bien aux côtés des miens. J'en arrive à accepter ma différence non plus comme une honte, mais telle qu'elle est, et peut-être même sans étiquette, ni diagnostic, ni quoi que ce soit : je sais que je ne suis pas seule, et qu'importe nos différences, nous nous ressemblons aussi. Ma vie n'aura pas changé, tout sera toujours difficile et compliqué, des combats j'en mènerai encore, des souffrances j'en vivrais toujours, et on ne me comprendra pas davantage. Et si j'en venais à découvrir que je n'ai pas de TSA, je n'aurai jamais la prétention de m'opposer aux diagnostics, et je ne revendiquerai pas des souffrances qui vous concernent, vous, d'abord. Mais je pourrai dire que vous êtes des êtres formidables et je me battrai pour votre reconnaissance. Et toutes les fois où j'en viendrai à nouveau à rencontrer des personnes autistes, j'aurai indiciblement ce sourire sur mes lèvres.
Pour aujourd'hui, je voudrais m'éloigner un peu de ce questionnement qui a eu l'effet d'une bombe, et attendre l'entretien, le déroulement sagement, je vais prendre l'air.
Je voudrais citer pour terminer :
Spoiler : :