La théorie des cuillères [texte]

Pour les gens qui ont simplement envie de discuter sans souhaiter faire passer d'information particulière.
Suriciole
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Re: La théorie des cuillères [texte]

Message par Suriciole »

Mizton a écrit :Il doit être possible de faire comprendre au non-autiste que par exemple là où aller boire un pot avec ses potes ne lui coute aucune cuillère, toi si.
Pour la situation sociale.... Je me trompe peut-être mais dans l'idée que vous savez que situation sociale = 1 cuillère (+ une cuillère toutes les x min supplémentaires :p), ça doit rentré dans le calcul de début de journée (quand on sait en gros quelles situations sociales on a prévu / on doit gérer dans la journée) + "cuillère de rab au cas où".... Et ensuite bah... une discussion ça se coupe.. "j'ai pas le temps", "on en rediscute demain", "j'ai un autre rdv", etc... Disons que toute situation sociale inopinée n'a pas à être "subie"... Je veux dire, l'absence de choix est en soi un choix que l'on fait... celui de s'imposer l'idée de "ne pas en avoir"... De mon point de vue en tout cas. :innocent:
Si dans l'absolu je suis d'accord avec toi (subir un choix revient à faire le choix de ne rien faire), je place la barre virtuelle du non-choix dès qu'on entre dans une situation qui demanderait un choix trop compliqué ou trop lourd de conséquences pour être esquivée.

Par exemple, j'assiste régulièrement à des repas avec ma belle-famille. Ce sont des gens tout ce qu'il y a de plus naturel, ils sont donc largement pourvus en non-verbal, imprécis dans leur langage, usent volontiers du jargon, des expressions et ne s'empêchent pas de faire du bruit et de croiser les conversations. Théoriquement, je pourrais dire "je ne viens pas, ces situations me coûtent trop d'énergie", c'est ce qui serait le plus raisonnable vis-à-vis de ma dépense immédiate en cuillères. Mais si je fais ça, peu importe comment je le tourne, il y aura des conséquences fâcheuses, nombreuses et qui handicaperont mes futurs choix. On risque de penser du mal de moi, mon conjoint sera contraint de choisir entre sa famille et moi, je vais accroître mon envie de fuir à nouveau la prochaine fois... La contrepartie à l'esquive du repas est trop épaisse, je préfère subir la situation que de repousser le problème dans le temps, car il aura grossi. Donc même si je fais effectivement un choix, je n'ai pas le sentiment que c'en est un, ce n'est qu'une décision par défaut, par devoir, la moins mauvaise.

Du coup, côté cuillères, un cas comme celui-ci force à jeter tout le stock d'un coup et à essayer d'atteindre celles des jours à venir pour survivre le temps que la situation redevienne acceptable. Je préfère utiliser trente cuillères d'un coup qu'une par jour pendant cinquante jours.
freeshost a écrit :Tu pourrais te dire : Ah ! mince ! cette métaphore ne lui a pas tapé à l'oeil ! Je vais en chercher une autre.
Ou : Ah ! cette personne se méfie des métaphores. Elle préfère le langage formel, les mots utilisés avec leur sens propre. Ben parlons lui sans fioritures (sans métaphores). Du moins, essayons.
Ce n'est pas si simple. Si les gens à qui on explique sont capables d'entendre quatre ou cinq métaphores mal choisies et d'attendre patiemment qu'on en trouve une qui leur convient, je pense que ces personnes n'ont pas besoin d'être convaincues. Elles le sont déjà, des gens sceptiques n'attendent pas qu'on ait trouvé la bonne explication, dès la première ils mettent en doute la pertinence de ce qu'on leur raconte.

Quant à parler sans métaphore, je trouve que ça ne paie pas dans un tel cas. Du moins pas pour moi, je suis trop attachée au sens exact des mots, ce qui est rarement le cas des gens. De fait, on est rapidement perdu, l'un comme l'autre, et le message ne passe pas.

L'intérêt à mon avis des métaphores, c'est qu'on permet de transposer une situation que l'interlocuteur a du mal à s'imaginer en un cas qu'il se représente mieux. Par exemple, pour les différences de fonctionnement entre autistes et non-autistes, je trouve la métaphore des langues intéressante. Les gens savent à peu près tous ce que c'est d'apprendre une langue étrangère et de la parler, à partir de là ils peuvent s'imaginer ce que c'est d'en apprendre une sans dictionnaire et sans leçon.
freeshost a écrit :Ouh ! ça va capitaliser à fond ! on va convertir des euros en bitcoins ? des joules (ou des calories) en points Weight Watcher ? des cuillères en louches ? La difficulté - mais bien réelle ! - c'est la spéculation et le fait qu'elle rend les rapports changeants. Le cours de l'action peut monter comme descendre. Il y a un temps où l'euro valait 1.5 franc suisse environ (et même plus, encore plus auparavant). Maintenant, il vaut environ 1.2 franc suisse. Suffit-il de compter le nombre de joules (ou calories) ingérées pour bien se nourrir ? :lol:
J'ai un mal fou à te suivre parfois.

Je ne vois pas le mal à chercher la correspondance entre les cuillères des uns et des autres, ça m'intéresse de connaître le ratio entre différentes actions.
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Re: La théorie des cuillères [texte]

Message par Mizton »

Suriciole a écrit : Si dans l'absolu je suis d'accord avec toi (subir un choix revient à faire le choix de ne rien faire), je place la barre virtuelle du non-choix dès qu'on entre dans une situation qui demanderait un choix trop compliqué ou trop lourd de conséquences pour être esquivée.

Par exemple, j'assiste régulièrement à des repas avec ma belle-famille. Ce sont des gens tout ce qu'il y a de plus naturel, ils sont donc largement pourvus en non-verbal, imprécis dans leur langage, usent volontiers du jargon, des expressions et ne s'empêchent pas de faire du bruit et de croiser les conversations. Théoriquement, je pourrais dire "je ne viens pas, ces situations me coûtent trop d'énergie", c'est ce qui serait le plus raisonnable vis-à-vis de ma dépense immédiate en cuillères. Mais si je fais ça, peu importe comment je le tourne, il y aura des conséquences fâcheuses, nombreuses et qui handicaperont mes futurs choix. On risque de penser du mal de moi, mon conjoint sera contraint de choisir entre sa famille et moi, je vais accroître mon envie de fuir à nouveau la prochaine fois... La contrepartie à l'esquive du repas est trop épaisse, je préfère subir la situation que de repousser le problème dans le temps, car il aura grossi. Donc même si je fais effectivement un choix, je n'ai pas le sentiment que c'en est un, ce n'est qu'une décision par défaut, par devoir, la moins mauvaise.

Du coup, côté cuillères, un cas comme celui-ci force à jeter tout le stock d'un coup et à essayer d'atteindre celles des jours à venir pour survivre le temps que la situation redevienne acceptable. Je préfère utiliser trente cuillères d'un coup qu'une par jour pendant cinquante jours.
Je reprends ton exemple car il est très parlant : Mon copain et moi sommes allé un weekend chez mon frère (il a deux enfants de 4 et 6 ans) et je crois qu'il était prévu aussi qu'on voit ma soeur (qui a un enfant de 2 ans). On allait allé visiter Brocéliande, bref je me faisais trop une joie d'y aller, et lui aussi. Sauf que dans le train il faisait la gueule et on s'en pris la tête parce qu'en fait il a attendu qu'on soit dans le train pour râler et dire qu'il était fatigué et que le weekend allait être horrible, que ça allait être bruyant avec les enfants et qu'il aurait jamais du venir et blabla en argumentant que "de toute façon il n'avait pas le choix".... Et ça m'a énervé parce que je trouvais ça franchement nul d'attendre qu'il soit en quelque sorte "trop tard" pour réagir comme ça. Qu'il POUVAIT ne pas venir s'il était fatigué et que là franchement le weekend sera pire que s'il n'était pas venu.... Bien sur j'aurais été déçu qu'il vienne pas, parce que j'avais envie de partager ce temps là avec lui. Mais le passer avec lui à côté qui râle, qui tire la tronche ou qui passe le weekend à s'isoler dans son coin... ben juste non quoi.
Du coup on a trouvé une alternative, il est resté le soir, on est allé à Brocéliande le samedi et il est reparti en train juste en soirée au lieu de repartir avec moi le dimanche. C'était un compromis pour profiter de la balade à Brocéliande (dont il avait envie malgré sa fatigue) sans pour autant se crever à passer tout le weekend dans sa belle-famille....
De mon côté, j'ai expliqué à mon frère la situation (et du coup ce qu'est le SA) à mon frère et ça n'a pas fait d'histoire.
De même, mon copain a fait une petite brochure personnalisée sur ce que signifie le SA chez lui (et comment ça "se manifeste") et je crois que ça a bcp aidé ma famille à mieux le comprendre et à s'y adapter. (genre en nous faisant dormir dans un appart éloigné pdt les fêtes de Noël, là où il n'y a pas les enfants... ^^ ça semble peu mais ça l'a bien aidé à pouvoir se reposer et faire une pause au calme.)

Tout ça pour dire qu'à un moment, peut-être aussi que ton conjoint peut comprendre (grâce aux cuillères, à la pile ou toute autre métaphore que tu trouves adéquate) tes limites et/ou ta fatigue et prendre ça en considération pour ne pas t'en vouloir si parfois tu préfères ne pas aller aux repas de famille... Et éventuellement expliquer à sa famille (ou te laisser le faire mais dans ce cas là mieux vaut qu'il te soutienne déjà de base) ta grande fatiguabilité... Soit pour "excuser" ton absence de temps en temps (l'effort de venir ne sera par la suite qu'apprécié davantage non? ^^), soit pour qu'il prennent en compte ce qui t'épuise pour s'adapter un minimum... En limitant les métaphores quand ils s'adressent à toi ou que tu participes à la discussion, ou bien en limitant les discussions croisées, en t'accordant sans faire de remarques tes moments où tu peux aller t'isoler un moment etc... Si l'adaptation ne se fait pas au niveau de la famille, alors comment pouvoir l'attendre au niveau sociétal...? :/
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Re: La théorie des cuillères [texte]

Message par Suriciole »

En fait, je me trouve depuis un an dans une situation tout à fait paradoxale. Mon conjoint est d'une aide précieuse, il l'était déjà avant que j'ai connaissance du syndrome et il ne me reproche jamais rien. Il s'efforce de répondre à mes attentes, même quand il a du mal à comprendre. Je n'envisage de futur que depuis que je me suis rapprochée de lui, c'est au sens littéral ma raison de vivre. Quand il n'est pas là, je ne m'alimente pas, il doit surveiller quotidiennement que je mange le midi.

Mais c'est quelqu'un de familial, il aime ses proches et il n'y a pas à lui en vouloir pour ça. Or, sa famille, aussi sympathique soit-elle, est très éloignée de ma mentalité. Que ce soit dans les goûts, dans les habitudes, dans le social... c'est le jour et la nuit. Ils ne sont pas méchants, mais j'ai un mal fou à communiquer avec eux et à supporter leurs choix et leurs raisonnements.
Si je prive mon conjoint de sa famille (et de ses amis), il sera malheureux, mais si je le prive de ma présence, il le sera plus encore. Qu'il se rende à un repas sans moi ne résout pas le problème, nous sommes tous deux malades de tristesse quand nous sommes éloignés. Ce n'est pas qu'une façon de parler, chaque fois que ça arrive on dort très mal, on est fiévreux, on pleure...

Petit à petit on trouve des compromis, on s'organise mieux, mais ça reste complexe. La peur qui me parasite l'esprit voudrait que je me terre à jamais dans un lieu isolé de tout, mais ce n'est pas ça qui m'aidera. La solution consiste à pouvoir me sentir en sécurité à l'extérieur, devant d'autres personnes. C'est ce à quoi on travaille (en planifiant les visites par exemple), mais ce n'est pas demain que j'irais chez ma belle-famille avec le sourire. Quand la simple supposition que je mette un pied en dehors de chez moi me glace d'effroi, il est normal qu'il faille se montrer patient pour que je puisse m'acclimater à peu près à un groupe de personnes.

Donc en conclusion, je dirais que mon compagnon a relativement conscience des cuillères, au moins il sait qu'elles existent. Mais que la question pour lui, pour nous, est de trouver comment réduire le coût en cuillères et/ou augmenter leur nombre. En évitant de piocher constamment dans les siennes pour compléter les miennes.
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Re: La théorie des cuillères [texte]

Message par Mizton »

Effectivement la situation semble compliquée, et dans ce cas là les tentatives d'adaptation par sa famille pourraient être un compromis non ? Vous ne vous séparez pas, et ça réduit ton malaise/ta fatigue quand tu vas dans ta belle-famille. :innocent: ainsi ça pourrait t'épargner "quelques cuillères", tu ne crois pas ?
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Re: La théorie des cuillères [texte]

Message par Suriciole »

C'est ce que j'espère oui. Jusque là on avançait sans connaissance de l'autisme. Je savais dire que le social me pesait, nommer à peu près ce qui me fatiguait, mais c'était relativement imprécis. Ce que j'estimais mal, c'est la différence de coûts en cuillères. Quand j'ai découvert le syndrome d'Asperger, j'ai été très étonnée d'apprendre que les gens ne fatiguent pas quand ils parlent. Encore plus étonnée qu'ils puissent focaliser leur attention sur quelque chose. Je savais que j'entendais tout tout le temps, mais je pensais que tout le monde vivait ainsi.

Donc maintenant, même si je n'ai pas encore de papier officiel, je sais dire "je n'arrive pas à suivre si tu allumes la télé en même temps que tu parles", avant je ne le précisais pas puisque je pensais c'était évident.

Je viens juste de parler du syndrome à ma belle-mère (le week-end dernier), elle l'a bien pris heureusement. Je crois qu'elle stigmatise certaines choses, mais au moins elle a l'air de me croire. C'est une bonne base, je ne veux pas me plaindre ça aurait pu être pire. Mais je ne sais pas si les cuillères auront leur utilité, je pense que la maman risque de me répondre qu'elle vit ça aussi.
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Re: La théorie des cuillères [texte]

Message par Mizton »

Le système de cuillères est valable pour tout le monde, mais pas pour les mêmes choses, et pas à la même échelle. Pour toi par exemple un repas de famille te coutera une ou deux cuillères là où ça pourrait en redonner une à ton conjoint (par le plaisir de retrouver sa famille, manger tous ensemble, rire et partager). Effectuer les tâches ménagères coutera une cuillère pour qqn et en "redonnera" à qqn d'autre, etc. En expliquant ce qui te coute, il devrait être possible, si la volonté de comprendre est bien là, de mettre en perspective ses propres "dépenses d'énergie" avec les tiennes. Si la mère de ton conjoint te dit que c'est pareil pour elle, alors c'est qu'elle n'a pas bien compris, ou que tu n'as pas bien expliqué, ou les deux ^^ mais apriori ça m'étonnerait que vos dépenses d'énergie soient identiques et/ou à la même échelle.
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Re: La théorie des cuillères [texte]

Message par freeshost »

Suriciole a écrit :
freeshost a écrit :Ouh ! ça va capitaliser à fond ! on va convertir des euros en bitcoins ? des joules (ou des calories) en points Weight Watcher ? des cuillères en louches ? La difficulté - mais bien réelle ! - c'est la spéculation et le fait qu'elle rend les rapports changeants. Le cours de l'action peut monter comme descendre. Il y a un temps où l'euro valait 1.5 franc suisse environ (et même plus, encore plus auparavant). Maintenant, il vaut environ 1.2 franc suisse. Suffit-il de compter le nombre de joules (ou calories) ingérées pour bien se nourrir ? :lol:
J'ai un mal fou à te suivre parfois.

Je ne vois pas le mal à chercher la correspondance entre les cuillères des uns et des autres, ça m'intéresse de connaître le ratio entre différentes actions.
Oui, je suis parfois un incompris qui s'exprime mal ou qui résume trop tôt.

Ce que je voulais dire est que ce rapport (ratio) serait différent d'une personne à l'autre, et même variable :

- la cuillère de A vaut m fois la cuillère de B ; la cuillère de B vaut n fois la cuillère de C ; la cuillère de A ne vaut pas forcément mn fois la cuillère de C ;
- pour A, l'activité r peut valoir [unité = cuillère] m fois l'activité s un jour, mais n fois un autre jour (bon ; tu me diras que la variance est relativement faible),
- le rapport d'effort [unité = cuillère] entre une activité r et une activité s diffère d'une personne à l'autre.

Néanmoins, on pourrait établir des statistiques. Mais la récolte des données (comment mesurer ?) ne me semble pas aisée. J'ai fait le parallèle avec les monnaies parce que le prix, par exemple, d'un téléphone peut beaucoup varier d'un pays à l'autre, même après conversion.
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

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Re: La théorie des cuillères [texte]

Message par freeshost »

Sinon, il y a un jeu qui ne coûte pas cher en cuillères - seulement deux ! : ici ; mode d'emploi. :)

Bon, ça doit coûter pas mal d'heures d'entraînement.
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Re: La théorie des cuillères [texte]

Message par Suriciole »

Mizton a écrit :Le système de cuillères est valable pour tout le monde, mais pas pour les mêmes choses, et pas à la même échelle. Pour toi par exemple un repas de famille te coutera une ou deux cuillères là où ça pourrait en redonner une à ton conjoint (par le plaisir de retrouver sa famille, manger tous ensemble, rire et partager). Effectuer les tâches ménagères coutera une cuillère pour qqn et en "redonnera" à qqn d'autre, etc. En expliquant ce qui te coute, il devrait être possible, si la volonté de comprendre est bien là, de mettre en perspective ses propres "dépenses d'énergie" avec les tiennes. Si la mère de ton conjoint te dit que c'est pareil pour elle, alors c'est qu'elle n'a pas bien compris, ou que tu n'as pas bien expliqué, ou les deux ^^ mais apriori ça m'étonnerait que vos dépenses d'énergie soient identiques et/ou à la même échelle.
Je suis tout à fait d'accord avec toi, mais j'ai remarqué que beaucoup de gens disaient "je vis la même chose" dans des cas divers, parfois incohérents. Il suffit parfois d'un mince rapport pour que la personne ait le sentiment que ce qu'elle vit est comparable. Si ensuite on réfute l'idée, elle risque de le prendre mal. Elle pensera qu'on veut être plus à plaindre qu'elle, qu'on néglige son vécu et elle arguera peut-être qu'elle est la mieux placée pour savoir si ce qu'elle vit est identique au problème exposé ou non.

Je me trompe peut-être, ma mère est comme ça et j'ai rarement eu l'occasion d'essayer d'expliquer un problème de fond à quelqu'un d'autre. Ça n'a jamais fonctionné avec elle. Peut-être que dans le cas de ma belle-mère, elle voudrait surtout comprendre.
Je n'ai pas l'impression que les cuillères expliquent vraiment mieux le problème d'énergie qu'autre chose, je trouve que cette théorie s'applique mieux à un handicap physique comme le lupus de l'auteur. Car finalement, ce qui fait la curiosité des aspis je pense, c'est moins leur fatigabilité que leur fonctionnement. Par exemple, si j'accroche sur un mot et que je demande une précision, on ne comprend pas pourquoi. Le phrase semble claire, on ne se représente pas ce que je cherche. Je cherche régulièrement des métaphores pour expliquer le processus. Et puis, j'aime bien les métaphores. :mryellow:
freeshost a écrit : Ce que je voulais dire est que ce rapport (ratio) serait différent d'une personne à l'autre, et même variable :

- la cuillère de A vaut m fois la cuillère de B ; la cuillère de B vaut n fois la cuillère de C ; la cuillère de A ne vaut pas forcément mn fois la cuillère de C ;
- pour A, l'activité r peut valoir [unité = cuillère] m fois l'activité s un jour, mais n fois un autre jour (bon ; tu me diras que la variance est relativement faible),
- le rapport d'effort [unité = cuillère] entre une activité r et une activité s diffère d'une personne à l'autre.

Néanmoins, on pourrait établir des statistiques. Mais la récolte des données (comment mesurer ?) ne me semble pas aisée. J'ai fait le parallèle avec les monnaies parce que le prix, par exemple, d'un téléphone peut beaucoup varier d'un pays à l'autre, même après conversion.
Si je reprends ton exemple, la monnaie donc, son poids change effectivement d'un pays à l'autre. Mais le ratio va rester à peu près le même pour chaque produit et service. La différence de prix entre une carotte et un flacon de shampoing va être relativement la même en France qu'en Chine ou en Australie. Parfois l'écart n'est pas tout à fait le même, c'est intéressant aussi. Mais quel que soit l'écart, tous les citoyens d'un pays vont payer le même prix pour un même objet (pas une catégorie, pas une carotte parmi d'autres, précisément la même carotte).

Ce qui m'intéresse justement, c'est de savoir combien paye un chinois pour le même flacon de shampoing que le mien. Et si par rapport à la carotte, il paye plus ou moins cher. Alors bien sûr, même le même produit de la même marque ne coûtera pas exactement le même prix dans tout le pays. Mais les chinois vont quand même à peu près tous payer la même chose pour le même objet. Ça me permet donc d'avoir un ordre d'idée du prix du shampoing en Chine.

Si je voulais faire une étude complète sur les coûts en cuillères, il faudrait interroger beaucoup de gens oui, idéalement je trouverais ça intéressant. Mais pas au point de devenir sociologue et d'écrire un livre sur la conversion mondiale des cuillères. :) Alors disons simplement que le résultat m'intéresserait et que je ne serais pas contre avoir au moins une réponse isolée (en comparant mes cuillères et à celles de mon entourage). Il me faudrait déjà une action qui coûte autant dans les deux fonctionnements.
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Re: La théorie des cuillères [texte]

Message par Nath62 »

Merci, loup, pour ce document, je l'ai lu en diagonale mais je vais y revenir, c'est très très intéressant et très parlant. Utilisable, je pense, pour pas mal de choses.
Mère absolument atypique (mais à quel niveau ?) d'une petite atypique de 5 ans dont le diagnostic est enfin en route..
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Re: La théorie des cuillères [texte]

Message par Bubu »

Sinon il y a aussi la théorie des haches, tu les balances sur tout le monde et hop, "patatra", comme dirait le célèbre funambule et philosophe Fumieux Patatrin, plus de soucis :oops:
Quoi, j'ai encore dis quelque chose d'idiot ?
TSA, diagnostic établi à mes 33 ans par le CRA de ma région.
"Ce syndrome est caractérisé chez ce patient par l’absence de détérioration intellectuelle, un syndrome dysexécutif, un déficit d'attention"
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Re: La théorie des cuillères [texte]

Message par Mizton »

Suriciole a écrit :Je suis tout à fait d'accord avec toi, mais j'ai remarqué que beaucoup de gens disaient "je vis la même chose" dans des cas divers, parfois incohérents. Il suffit parfois d'un mince rapport pour que la personne ait le sentiment que ce qu'elle vit est comparable. Si ensuite on réfute l'idée, elle risque de le prendre mal. Elle pensera qu'on veut être plus à plaindre qu'elle, qu'on néglige son vécu et elle arguera peut-être qu'elle est la mieux placée pour savoir si ce qu'elle vit est identique au problème exposé ou non.

Je me trompe peut-être, ma mère est comme ça et j'ai rarement eu l'occasion d'essayer d'expliquer un problème de fond à quelqu'un d'autre. Ça n'a jamais fonctionné avec elle. Peut-être que dans le cas de ma belle-mère, elle voudrait surtout comprendre.
Je n'ai pas l'impression que les cuillères expliquent vraiment mieux le problème d'énergie qu'autre chose, je trouve que cette théorie s'applique mieux à un handicap physique comme le lupus de l'auteur. Car finalement, ce qui fait la curiosité des aspis je pense, c'est moins leur fatigabilité que leur fonctionnement. Par exemple, si j'accroche sur un mot et que je demande une précision, on ne comprend pas pourquoi. Le phrase semble claire, on ne se représente pas ce que je cherche. Je cherche régulièrement des métaphores pour expliquer le processus. Et puis, j'aime bien les métaphores. :mryellow:
C'est sur que si la personne ne cherche pas à comprendre ou qu'elle tente de dénigrer... Mais la fatigabilité c'est très personnel, et si tu n'es pas en mesure de juger si celle de ton interlocuteur-ice est moindre que la tienne, ben lui/elle non plus. Quelqu'un qui te dirait qu'il vit pareil, bah à moins qu'il vive aussi très mal les situations sociales (si on reste sur cet exemple du repas de famille), il aura du mal à contredire ou comparer vos fatigabilités sur ce sujet. ça peut valoir le coup en tout cas d'essayer avec ta belle-mère vu qu'elle semble déjà ouverte à la discussion sur le sujet.
Je pense que si les gens ont tendance à dire (un peu trop rapidement certes) qu'ils "vivent la même chose", c'est parce qu'il doivent ressentir le besoin de pouvoir comparer la situation avec quelque chose qu'ils connaissent, afin de pouvoir se sentir concernés et proches de ce que l'autre leur dit ou ressent. Mais bon, qqn qui dirait "ha ouais je sais ce que c'est !" à un-e sourd-e parce qu'il aurait déjà expérimenté d'avoir les oreilles bouchées, ça reste déplacé et surtout totalement exagéré...et j'ai + l'impression dans ces cas là que c'est une façon de faire taire l'autre et de ne pas vraiment écouter ce qu'il a à dire..

edit : omg j'adore le joueur de cuillères o____o merci !
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Re: La théorie des cuillères [texte]

Message par Tugdual »

Bon, je saisis le principe, mais j'ai du mal
à voir en quoi la théorie des cuillères
arrive à expliquer ce qu'on peut vivre
au quotidien : personne ne se balade avec
un stock de cuillères à gérer. Je préfère
largement l'analogie avec une batterie,
ça me paraît plus logique et accessible.
Mizton a écrit :Je pense que si les gens ont tendance à dire (un peu trop rapidement certes) qu'ils "vivent la même chose" [...] et j'ai + l'impression dans ces cas là que c'est une façon de faire taire l'autre et de ne pas vraiment écouter ce qu'il a à dire..
Pas forcément ...

Je pense que les gens (en général) sont tellement
férus de communication, fut-ce pour ne rien dire,
qu'ils sautent littéralement sur n'importe quel point
(vaguement) commun pour pouvoir dire quelque
chose : "moi aussi ... bla bla bla ...". Il n'y a donc
pas forcément de mauvaise intention, mais juste une
volonté de dire quelque chose, coûte que coûte ...
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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G.O.B.
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Re: La théorie des cuillères [texte]

Message par G.O.B. »

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Re: La théorie des cuillères [texte]

Message par Benoit »

Pareil, le lien entre gestion de la fatigue (commun à beaucoup de gens) et cuillères m'échappe un peu.
Identifié Aspie (広島, 08/10/31) Diagnostiqué (CRA MP 2009/12/18)

話したい誰かがいるってしあわせだ

Être Aspie, c'est soit une mauvaise herbe à éradiquer, soit une plante médicinale à qui il faut permettre de fleurir et essaimer.