Un jeu où l'on incarne un... je vous le donne en mille : un triangle.

Mais voilà, un triangle qui tourne autour d'un hexagone et dont le but est de survivre le plus longtemps possible face aux murs qui viennent des bords de l'écran. Oui, en fin de compte, c'est un runner, genre très florissant sur mobile mais souvent très mauvais et pour cause : Hérités de "Canabalt", un autre très bon jeu, la plupart des runners d'aujourd'hui mise sur la gratuité ainsi qu'une difficulté basse pour capter le joueur, le conserver le temps de générer un minimum d'addiction quasi-hypnotique récurrente avec ce type de jeux. Puis la difficulté monte, jusqu'à mettre le joueur en échec. Dés lors, on lui propose de payer pour reprendre sa partie et espérer continuer son "record". Ces jeux sont des freemium que je trouve drôle et juste de traduire par "gratuit mais payant".
Super Hexagon, c'est tout l'inverse de ce genre de runner. ici, on paie d'emblée environ 2,69€ et le jeux est complet, pas moyen de relancer sa partie. Et en prime, le jeu est très dur au premier contact. Vous entendrez souvent "Game Over". Mais plus on sens que le jeu tente volontairement de nous décourager, plus on se rend compte qu'il nous provoque.
Au début je ne dépassais pas les 20 secondes et encore, je me disais "j'ai juste eu de la chance". Puis c'est devenu plus fréquent, puis je suis monté à 120 secondes. Puis je fais le dernier niveau du jeu en hyper-mode, se débloquant à partir de 60 secondes.
Ce jeu ne peux pas se jouer sans l'envie de persister. Et je l'ai découvert à un bon moment dans ma vie, là j'en ai besoin ! Alors je fais tourner.
Personnellement, je joue à ce jeu d'une manière... allégorique ? Si c'est bien le mot.
Je ne suis pas un triangle qui échappe aux murs risquant de m'écraser. Je suis moi, et j'échappe à l'étouffement des autres qui m'entourent. Un peu comme pour résister à mes émotions. Et il y en a besoin car j'ai souvent des moments de colères sur ce jeu, surtout au début. Et en y faisant face, en tentant de gérer cela, les choses avancent... Il faut gérer son sens de la désorientation.
Je me rappelle ce que Chris Marker disait de PacMan dans mon film préféré : "Sans Soleil".
[spoiler="Je ne connais pas par cœur au mot près mais ça donnait ça]Les jeux vidéo sont la première phase du plan d’assistance des machines à l’espèce humaine, le seul plan qui offre un avenir à l’intelligence.
Pour le moment, l’indépassable philosophie de notre temps est contenue dans le Pac-Man. Je ne savais pas, en lui sacrifiant toutes mes pièces de cent yens qu’il allait conquérir le monde. Peut-être parce qu’il est la plus parfaite métaphore graphique de la condition humaine.
Il représente à leur juste dose les rapports de force entre l’individu et l’environnement. Et nous annonce sobrement que s'il y a quelque honneur à livrer le plus grand nombre d'assauts victorieux, au bout du compte, ça finit toujours mal.
Ça me fait un peu penser à cela avec Super Hexagon. Mais il ne faut pas se tromper en interprétant le message avec un caractère pessimiste, car il n'en est pas question. Une lucidité sans fatalisme sur la persévérance. Et je trouve ça beau.[/spoiler]
Pour vous faire une idée du jeu, voici tous les niveaux :
A partir de 3:47, la musique du niveau Hexagonest est celle qui me touche le plus vis à vis de mon rapport au jeu. Je pense que le développeur ne s'y est pas trompé...
Et en bonus, Terry Cavanagh jouant sur scène devant une foule à son propre jeu et se payant le luxe de terminer le dernier niveau du jeu en un essai. Tranquille.
Sans autre rapport que le développeur du jeu, je vous conseille aussi "Don't Look Back" reprenant le mythe d'Orphée et Eurydice. vous pouvez y jouer gratuitement en flash (désolé Freeshot !) >> ici !