Voudriez-vous être neurotypique ?

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
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Vad
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Re: Voudriez-vous être neurotypique ?

Message par Vad »

Je ne parviens pas à percevoir la connotation positive qu'il y a dans le mot "normalité". En quoi une personne "normale" serait meilleure qu'une personne "anormale" ? Sur quel plan ?
Quelqu'un pourrait m'éclairer sur ce point ?
A mon avis, cela doit avoir un côté rassurant pour eux. Ce qui sort de ce qui communément admis comme étant normal pour eux doit leur faire peur. Alors Ils tentent de trouver du réconfort dans ce qu'ils connaissent et ne s'éloigne pas des conventions de qui est admis comme normal. Mais je crois qu'il faut souligner que leur plus grande capacité à sociabiliser, les rend plus sensibles aux modes de groupes, sens commun, etc... Ce qui fait qu'ils soient probablement plus enclins à... [j'ai oublié ce que je voulais écrire, ça me reviendra plus tard].

édit : Pour répondre à ta question sur le rejet de la différence, à mon avis cela fait par le fait que quelqu'un de différent n'utilise pas les mêmes et conventions sociales, et de ce fait va bouleverser l'équilibre du groupe que les personnes normales ont mises en place d'elles même. (pas forcément de manière consciente). Cette transgression involontaire des codes sociaux, et de la hiérarchie du groupe va entrainer des réactions de rejet, et de peur parce que les membre du groupe normal vont être confrontés à quelque chose qui n’obéit pas aux mêmes règles qu'eux, et d'autant plus si les sujets d'intérêts diffèrent. Parce que je crois que avant de partager des intérêts communs, de nombreux sujet servent surtout de lien social, afin de consolider les amitiés, et parfois servent implicitement d'examen d'intronisation dans le groupe. Je ne sais pas si je m'exprime clairement pour mon idée. :?
Modifié en dernier par Vad le samedi 6 septembre 2014 à 13:16, modifié 1 fois.
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Suriciole
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Re: Voudriez-vous être neurotypique ?

Message par Suriciole »

FloretteRanou a écrit : J'ai du mal à concevoir pourquoi les personnes NT considèrent la normalité comme une qualité chez quelqu'un.
Je ne parviens pas à percevoir la connotation positive qu'il y a dans le mot "normalité". En quoi une personne "normale" serait meilleure qu'une personne "anormale" ? Sur quel plan ?
Quelqu'un pourrait m'éclairer sur ce point ?
Je vais essayer.

L'Humain est une espèce sociale, comme le lion par exemple. Cela signifie qu'il a intégré dans son évolution la capacité à vivre en communauté mais aussi et surtout le devoir de le faire. Si les humains sont sociables (par opposition à une espèce qui ne l'est pas, comme la tortue par exemple), c'est parce que ceux qui ne l'étaient pas ont été éliminé par la sélection naturelle. Donc en premier lieu, les humains ressentent un besoin de cohésion sociale, parce que par le passé leur survie en dépendait (de la même façon qu'un lion solitaire ne vivra pas longtemps).

Cette structure se forme autour de la capacité à agir en groupe et donc à s'accorder, à se synchroniser. Une excellente façon de le faire est de ressembler à autrui, ainsi on devine plus facilement ses pensées et sa façon d'être, ce qui permet, par exemple, de se mettre d'accord rapidement sur une stratégie de chasse et de réagir de concert. Plus on est semblable à l'autre et plus facile sera le travail en équipe !

Dans un cadre de survie, on ne peut pas se permettre d'accepter les différents, parce qu'ils compromettent la synchronisation des individus et donc leur sécurité et leur efficacité. La réponse naturelle à cette situation est donc le rejet. On se tourne vers ceux qui nous ressemblent et on évite les autres. Ce qui fait que si on est minoritaire, on va être massivement mis à l'écart (et dans la nature, on va mourir).

Bien sûr, aujourd'hui l'Humain n'est plus sujet à la pression pour la survie (du moins dans les pays bien développés), mais on n'oublie pas un comportement en si peu de temps. Ce qui signifie que les gens ont encore l'instinct de privilégier la recherche de la normalité. Ce qui fait que ça tend à être moins présent, c'est qu'aujourd'hui on n'est plus voué à disparaitre quand on est différent. On a donc une plus grande diversité présente dans la population humaine. Les humains majoritaires d'autrefois étaient sans doute beaucoup plus nombreux que les minoritaires proportionnellement à aujourd'hui. Les différents sont devenus suffisamment nombreux pour revendiquer une place dans la société.

Ensuite on peut se pencher sur ce qui caractérise le rejet social. Le principe du rejet, c'est de renforcer l'unité d'un groupe au dépend d'un autre. On va se servir de la comparaison entre "nous" et le groupe différent pour établir des similitudes dans notre propre groupe. Ce qui fait qu'on voit nettement qu'on se ressemble, c'est qu'il existe d'autres personnes qui elles, ne nous ressemblent pas. Le problème qui va se poser pour le groupe minoritaire, c'est qu'il va être plus fréquemment la cible du rejet et moins facile à défendre. Il va donc constituer une cible qui va permettre aux majoritaires de mieux s'entendre à moindres frais (puisque les risques de représailles sont faibles).

Il est important de rappeler que tout ceci n'est pas conscient. Personne ne se dit "je vais me moquer injustement de cette personne pour favoriser mon intégration dans mon groupe social", bien que ce message puisse être retrouvé plus sommairement quand on questionne ces personnes ("je voulais faire comme les autres pour qu'ils m'aiment bien").
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FloretteRanou
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Re: Voudriez-vous être neurotypique ?

Message par FloretteRanou »

Très intéressant ton explication Suriciole :bravo: .

Je pense que c'est une bonne synthèse, ça me donne matière à réfléchir.
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Re: Voudriez-vous être neurotypique ?

Message par Pupuce »

J'aime beaucoup tes observations, Suriciole, et qui rejoignent l'idée émise par Svad aussi :
Svad a écrit :quelqu'un de différent n'utilise pas les mêmes et conventions sociales, et de ce fait va bouleverser l'équilibre du groupe que les personnes normales ont mises en place d'elles même. (pas forcément de manière consciente). Cette transgression involontaire des codes sociaux, et de la hiérarchie du groupe va entrainer des réactions de rejet, et de peur parce que les membre du groupe normal vont être confrontés à quelque chose qui n’obéit pas aux mêmes règles qu'eux
Suriciole a écrit :Il est important de rappeler que tout ceci n'est pas conscient. Personne ne se dit "je vais me moquer injustement de cette personne pour favoriser mon intégration dans mon groupe social"
C'est une réflexion que je me suis faite à de nombreuses reprises lorsque je l'observais.
Modifié en dernier par Pupuce le samedi 6 septembre 2014 à 15:24, modifié 1 fois.
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FloretteRanou
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Re: Voudriez-vous être neurotypique ?

Message par FloretteRanou »

Pupuce a écrit :J'aime beaucoup tes observations, Suriciole.
Suriciole a écrit :Il est important de rappeler que tout ceci n'est pas conscient. Personne ne se dit "je vais me moquer injustement de cette personne pour favoriser mon intégration dans mon groupe social"
C'est une réflexion que je me suis faite à de nombreuses reprises lorsque je l'observais.
J'ai vraiment l'impression que c'est vrai que ce n'est pas volontaire.
Une fois j'ai parlé de ce sujet du rejet de la différence avec quelqu'un et ce qu'il exprimait allait dans ce sens.

Mais j'ai beaucoup de mal à l'admettre à moi-même.
Ma réaction naturelle est de ressentir ça comme de la méchanceté et d'être profondément dégoûtée/révoltée.
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Re: Voudriez-vous être neurotypique ?

Message par Pupuce »

FloretteRanou a écrit :
Pupuce a écrit :J'aime beaucoup tes observations, Suriciole.
Suriciole a écrit :Il est important de rappeler que tout ceci n'est pas conscient. Personne ne se dit "je vais me moquer injustement de cette personne pour favoriser mon intégration dans mon groupe social"
C'est une réflexion que je me suis faite à de nombreuses reprises lorsque je l'observais.
J'ai l'impression que c'est vrai que ce n'est pas volontaire mais j'ai beaucoup de mal à l'admettre. Ma réaction naturelle est de ressentir ça comme de la méchanceté et d'être profondément dégoûtée/révoltée.
Oui et c'est une réaction normale. Le rejet fait mal et a longtemps été incompréhensible pour moi. C'est un petit copain que j'avais quand j'avais 20 ans, qui se moquait de moi devant ses copains quand il était avec eux et qui était différent quand il était avec moi qui m'avait mise sur cette piste. Au-delà de la douleur de ce type de comportement, je voyais bien que quelque chose d'inconscient le poussait à faire cela, au-delà de l'affection qu'il avait pour moi(car il en avait).
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Re: Voudriez-vous être neurotypique ?

Message par Suriciole »

C'est normal Florette, puisque cet acte va contre toi. La méchanceté pourrait être définie comme un obstacle à la progression personnelle (le "bonheur") et elle est nécessairement créée par autrui (une chose ne peut pas être méchante). Donc dans ton esprit, quelqu'un qui est méchant avec toi, ça veut dire "il ne veut pas je sois heureuse/il réduit mes chances d'être heureuse", il s'oppose directement à ton bien-être.

Il faut comprendre que pour une personne qui n'est pas dans une telle situation, la moquerie et la discrimination sont des outils non-négligeables pour être plus heureux. Comme je l'ai expliqué plus haut, l'intégration sociale est plus facile si on s'oppose à un groupe, cela permet de s'unir avec celui qu'on veut rejoindre. C'est le principe de l'ennemi commun qui soude les alliés.
Si on enseigne à une personne "se moquer c'est mal, si tu le fais, tu devrais avoir honte", on lui retire cet outil, on rend son aisance sociale plus faible. Il y a des groupes qui ne seront plus accessibles, d'autres qui seront moins faciles à intégrer. Si en plus on sensibilise sérieusement cette personne, elle va être capable de voir le problème et elle ressentira de la tristesse à cause de ça.

Là où je veux en venir, c'est qu'aider un différent passe par la diminution de ses propres privilèges et que c'est ça qui rend la manœuvre si difficile. Par exemple, si un homosexuel est discriminé à l'embauche, c'est au profit d'un hétérosexuel. Il y a vraisemblablement des hétérosexuels qui ont un travail parce qu'ils ont candidaté en même temps que des homosexuels, qui eux ont été refusés. Si on veut corriger le problème, cela va forcément diminuer le nombre d'hétérosexuels engagés, puisque ceux qui avaient été favorisés ne le seront plus (et donc, dans mon exemple, seront sans emploi).

Pour être capable de soustraire volontairement ses propres avantages pour les partager avec quelqu'un d'autre, il faut que ça revêtisse un caractère plus élevé que celui de ne rien faire pour changer. Il faut que l'idée de la discrimination devienne si insupportable qu'on ne pourrait ressentir du bonheur à profiter de ses avantages. Et, à l'inverse, que le fait d'être tolérant et ouvert nous semble être une qualité des plus nobles (pour qu'on puisse en tirer un sentiment positif).

Pour que cela arrive, je pense que ce qui est fondamental, c'est l'empathie. L'empathie, ça se travaille, on n'est pas gentil ou méchant à la naissance. On peut remarquer que deux catégories de personnes se montrent significativement plus empathiques que la moyenne :
- les gens qui, de naissance et/ou par un ou plusieurs évènements au cours de leur vie, sont différents ;
- les gens qui ont côtoyé de près une ou plusieurs personnes de la précédente catégorie.

Ce n'est pas parce qu'on est différent qu'on est altruiste, mais cela participe grandement puisqu'on vit soi-même ce que c'est qu'être dévalorisé et d'avoir une vie moins facile que d'autres. Si je vous demande ce qui fait que vous êtes sensibles à une cause, au problème d'une personne, vous me répondrez probablement "parce que je comprends, parce que je connais ça".

Une personne qui n'est ni différente ni proche d'une personne différente n'a pas ce point de comparaison. Pour elle, être sujet à la discrimination (même légère, au sens large), au sentiment d'être différent, c'est vague, ça ne fait référence à rien qu'elle connait. Dans ce cas, cela ne sert à rien de lui dire "tu ne penses qu'à toi, tu es égoïste" parce qu'elle ne mesure pas bien la différence de vécu entre elle et sa victime. En plus, on a tendance par défaut à se représenter les sentiments d'une autre personne comme les nôtres, ce qui accentue le quiproquo. La personne va plus ou moins se dire "il/elle exagère", parce qu'elle s'imagine l'autre comme un dérivé de ce qu'elle connait, c'est-à-dire rien qui vaille la peine de protester.

Donc quand une personne se moque de vous, ce n'est pas nécessairement parce qu'elle est méchante, mais parce qu'elle ne vous comprend pas et parce qu'elle n'a pas appris à tendre la main au-delà des différences.
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Re: Voudriez-vous être neurotypique ?

Message par Niejcas »

A un moment où j'ai commencé à réalisé l'idée du SA, j'ai eu cette chanson dans la tête pendant quelques mois :
Une ironie un peu personnelle sur l'envie de m'intégrer qui n'a jamais été satisfaite, que j'ai persisté par envie de bien faire et dont je commence à me rendre compte que je me mange un mur injuste depuis des années.



Bien sur, je ne veux pas ressembler aux autres. Je veux juste qu'on me donne les moyens de résister aux autres.
« How small a thought it takes to fill a whole life »

Entretien pré-diagnostic le 15 Mai 2014.
Diagnostic les 8 et 9 Octobre 2014.
Bilan le 4 décembre 2014.
TSA / HQI confirmé.
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freeshost
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Re: Voudriez-vous être neurotypique ?

Message par freeshost »

la Bête a écrit :Être un cube et vouloir rentrer dans la société par une case ronde.
Bah ! tsé, être une sphère et entrer dans une case carrée, c'est d'même, j'dis ça d'même. Le problème, c'est qu'il y a plus de cases rondes. Par contre, si on faisait des cases plus grandes, tant les carrés que les ronds y entreraient (sans oublier les triangles, les pentagones, etc.).

Ouais, les personnes non autistes sont plus à s'attendre à l'homogénéité, à entrer dans le moule sans se poser de questions, à être opérationnelles et productivistes. "Stie, pose-toi pas ces questions ! lâche-toi lousse !"

Chaiz pô, la normalité, l'homogénéité, peut-être que ça leur demande moins d'efforts d'adaptation. Pis c'est tellement plus simple de penser l'ensemble des êtres de notre espèces comme homogène. Puis, ils aiment bien catégoriser, même sans faire exprès. Puis voir des choses anormales, ça peut nuire au besoin de contrôle et à l'estime de soi. On est tellement plus fier quand on dit "C'est normal !", sous-entendant que "Je connais ça.", "On a l'habitude." que quand on dit "Ce n'est pas normal.", "Je ne comprends pas.", "Je suis pris au dépourvu." Ptêt ben qu'elles sont moins enclines à être humbles.

Ç't'un peu pour çô que je me dis que la réticence au changement n'est pas quelque chose qui distingue les personnes avec autisme des personnes sans autisme.

Penser la diversité, c'est plus fatigant au niveau cognitif. Ça demande plus d'effort. Nous, nous sommes prêts à le faire. :)

Bon, je ne suis pas sûr que l'on soit obligé de se créer un ennemi commun pour s'unir, de créer un problème pour se donner l'illusion d'être heureux parce qu'on le résout. Toujours un bouc émissaire pour brandir le héros ?
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

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FloretteRanou
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Re: Voudriez-vous être neurotypique ?

Message par FloretteRanou »

Cette discussion me fait penser au film Divergente.
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freeshost
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Re: Voudriez-vous être neurotypique ?

Message par freeshost »

FloretteRanou a écrit :Cette discussion me fait penser au film Divergente.
Je ne l'ai pas encore vu. Je vais le télécharger.
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

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Re: Voudriez-vous être neurotypique ?

Message par la Bête »

Les gens normaux aiment bien penser à l'autre comme étant une extension de soi.

Pour la plupart des humains, c'est rassurant d'avoir des semblables "semblables". C'est confortable, pas de surprise, beaucoup de facilité à se projeter, à empathiser, à agir dans une même direction - même si c'est la mauvause direction d'ailleurs, tant que ça bouge.

Les NT sont plus fans de cohésion que de cohérence, mais ils aiment leurs repères très très fort.
Se mettre à la place de quelqu'un de trop différent, ça les éloigne trop d'un univers intangible mais qui les rassure, où ils savent où est la notion de bien, de mal, où il y a des échelles de valeur et d'appartenance, une case pour eux et une case pour les autres. Comme ça, symboliquement, tout est en place dans leur tête, ça leur dit quoi faire et comment se sentir. Ils s'identifient les uns par rapport aux autres, car s'identifier par soi-même ça demande plus de temps, de maturité et de volonté que certains n'auront jamais.
Sans ça, ils sont "perdus", comme vous pouvez être perdus sensoriellement paraît-il.

J'ai vécu cette sorte de perdition à un moment, j'ai vécu un isolement presque total et loin de chez moi pendant plus d'un mois, et ça me rendait folle. Je ne rentrais déjà pas très bien dans les cases des gens, mais sans case du tout, je flottais dans un espace intersidéral dont le vide était extrêmement angoissant, parce que je croyais que j'avais besoin de ça, besoin du miroir de la société pour me voir et me situer. Mais finalement j'ai beaucoup appris lors de cette expérience et je ne me suis plus jamais vue de la même manière par rapport aux autres - en fait, ça m'a rendue bien plus sereine par rapport à eux. Mais ça, je ne pouvais pas le savoir à l'époque où ça me semblait terrifiant.
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Re: Voudriez-vous être neurotypique ?

Message par Murielle »

Bonjour à tous, je suis NT (maman d'un Asperger) et je ne suis pas du tout d'accord avec ça:
J'ai du mal à concevoir pourquoi les personnes NT considèrent la normalité comme une qualité chez quelqu'un.
JAMAIS je n'ai considéré la "normalité" comme une qualité.!!!Et je pense que je ne suis pas la seule...!
Les analyses de Suriciole sont très intéressantes ceci dit.!!! :D
Mais pour ma part, je préfère être dans un groupe de personnes différentes, que d'être avec tout un groupe d'identiques.!!! Quel intérêt?
On peut être complémentaires en étant différents, et avancer ensemble.! Avoir d'autres points de vue, avoir plusieurs avis c'est tellement plus enrichissants!!!! :bravo:
Murielle,
Maman de Pauline 21 ans,Léo (asperger) 17 ans et demi .
Savoir profiter du moment présent ,
Savoir vivre pleinement chaque instant et ne pas uniquement penser aux jours à venir, voilà un défi à relever maintenant.
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Re: Voudriez-vous être neurotypique ?

Message par jutana »

:D :bravo:
(◕^^◕)Non-Diagnostiquée2016 début de ma démarche auprès de pro/structures spécialisées TSA en vue d'éliminer ou pas cette auto suspicion de TSA-et être informée et/ou orientée vers des solutions, soutiens pour évoluer/avancer-orientation en secteur privé(◕^^◕)
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FloretteRanou
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Re: Voudriez-vous être neurotypique ?

Message par FloretteRanou »

Murielle a écrit :Bonjour à tous, je suis NT (maman d'un Asperger) et je ne suis pas du tout d'accord avec ça:
J'ai du mal à concevoir pourquoi les personnes NT considèrent la normalité comme une qualité chez quelqu'un.
JAMAIS je n'ai considéré la "normalité" comme une qualité.!!!Et je pense que je ne suis pas la seule...!
Les analyses de Suriciole sont très intéressantes ceci dit.!!! :D
Mais pour ma part, je préfère être dans un groupe de personnes différentes, que d'être avec tout un groupe d'identiques.!!! Quel intérêt?
On peut être complémentaires en étant différents, et avancer ensemble.! Avoir d'autres points de vue, avoir plusieurs avis c'est tellement plus enrichissants!!!! :bravo:
Désolée, je me basais sur les propos de personnes de mon entourage qui sont très méprisants envers ceux qu'ils considèrent comme "anormaux". Et la majorité des personnes qui m'entourent ont cet état d'esprit. C'est pourquoi ça me fait très plaisir quand j'ai l'occasion de rencontrer des gens ouverts d'esprit comme vous.
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