FloretteRanou a écrit :
J'ai du mal à concevoir pourquoi les personnes NT considèrent la normalité comme une qualité chez quelqu'un.
Je ne parviens pas à percevoir la connotation positive qu'il y a dans le mot "normalité". En quoi une personne "normale" serait meilleure qu'une personne "anormale" ? Sur quel plan ?
Quelqu'un pourrait m'éclairer sur ce point ?
Je vais essayer.
L'Humain est une espèce sociale, comme le lion par exemple. Cela signifie qu'il a intégré dans son évolution la capacité à vivre en communauté mais aussi et surtout le devoir de le faire. Si les humains sont sociables (par opposition à une espèce qui ne l'est pas, comme la tortue par exemple), c'est parce que ceux qui ne l'étaient pas ont été éliminé par la sélection naturelle. Donc en premier lieu, les humains ressentent un besoin de cohésion sociale, parce que par le passé leur survie en dépendait (de la même façon qu'un lion solitaire ne vivra pas longtemps).
Cette structure se forme autour de la capacité à agir en groupe et donc à s'accorder, à se synchroniser. Une excellente façon de le faire est de ressembler à autrui, ainsi on devine plus facilement ses pensées et sa façon d'être, ce qui permet, par exemple, de se mettre d'accord rapidement sur une stratégie de chasse et de réagir de concert. Plus on est semblable à l'autre et plus facile sera le travail en équipe !
Dans un cadre de survie, on ne peut pas se permettre d'accepter les différents, parce qu'ils compromettent la synchronisation des individus et donc leur sécurité et leur efficacité. La réponse naturelle à cette situation est donc le rejet. On se tourne vers ceux qui nous ressemblent et on évite les autres. Ce qui fait que si on est minoritaire, on va être massivement mis à l'écart (et dans la nature, on va mourir).
Bien sûr, aujourd'hui l'Humain n'est plus sujet à la pression pour la survie (du moins dans les pays bien développés), mais on n'oublie pas un comportement en si peu de temps. Ce qui signifie que les gens ont encore l'instinct de privilégier la recherche de la normalité. Ce qui fait que ça tend à être moins présent, c'est qu'aujourd'hui on n'est plus voué à disparaitre quand on est différent. On a donc une plus grande diversité présente dans la population humaine. Les humains majoritaires d'autrefois étaient sans doute beaucoup plus nombreux que les minoritaires proportionnellement à aujourd'hui. Les différents sont devenus suffisamment nombreux pour revendiquer une place dans la société.
Ensuite on peut se pencher sur ce qui caractérise le rejet social. Le principe du rejet, c'est de renforcer l'unité d'un groupe au dépend d'un autre. On va se servir de la comparaison entre "nous" et le groupe différent pour établir des similitudes dans notre propre groupe. Ce qui fait qu'on voit nettement qu'on se ressemble, c'est qu'il existe d'autres personnes qui elles, ne nous ressemblent pas. Le problème qui va se poser pour le groupe minoritaire, c'est qu'il va être plus fréquemment la cible du rejet et moins facile à défendre. Il va donc constituer une cible qui va permettre aux majoritaires de mieux s'entendre à moindres frais (puisque les risques de représailles sont faibles).
Il est important de rappeler que tout ceci n'est pas conscient. Personne ne se dit "je vais me moquer injustement de cette personne pour favoriser mon intégration dans mon groupe social", bien que ce message puisse être retrouvé plus sommairement quand on questionne ces personnes ("je voulais faire comme les autres pour qu'ils m'aiment bien").