Ahh, voilà un message qui m'aide beaucoup, Astragale!
C'est déjà un peu plus clair, on avance sur la bonne voie.
Jusqu'ici, je n'arrivais pas à saisir ce que tu voulais transmettre, j'avais l'impression de déraper, de tomber à côté, et ça m'attristait.
Quoiqu'il en soit, je croyais bien qu'il s'agissait d'une difficulté d'échange avec une personne ayant un fonctionnement différent, autiste ou non. Là, tu as une première étape: l'identification du problème. C'est déjà beaucoup, à mon humble avis. Maintenant que tu as conscience de ce souci, tu vas pouvoir y pallier, la thérapie comportementale est pas mal pour ce genre de choses.
Pour ma part, j'ai appris (tant bien que mal, en essuyant quelques dégâts personnels au passage) à essayer de me détacher, de garder en tête que la personne n'agit pas pareil. C'est certainement pour cette raison que je me renseigne sur la psychologie, les profils différents, non pas pour mettre les gens dans des cases, mais pour imaginer comment ils peuvent fonctionner. Les forums, les endroits de discussion me servent énormément dans ma compréhension des choses, je prends le temps de décortiquer. Je n'excuse pas l'attitude des gens pour autant, mais je la comprends, un peu.
J'ai le même souci que toi, mais dans un contexte particulier: avec mes parents.
Ils sont assez atypiques, pointilleux sur le langage (surtout mon père), ma mère est infirmière psy, ce qui ne facilite pas tellement les choses. Ils projettent, plus qu'ils ne le pensent, ils s'arrangent avec la réalité, ont un double discours... Et à côté de ça, ça se passe bien, ils m'aiment, sans doute possible. C'est très paradoxal et complexe.
La dernière discussion, j'ai perdu les pédales, je me suis sentie attaquée, ça se bousculait dans ma tête, j'ai failli me barrer, mais ma mère m'a rattrapé. Je me suis assise à nouveau, et là, ils m'ont expliqué. J'ai compris que je prenais les choses au premier degré, que je devenais aveugle par rapport au reste, mais qu'eux avaient aussi leur responsabilité.
Nous n'avons pas le même rythme, mon père est très expressif dans ses gestes et sa voix (il gueule, râle, tape du poing sur la table, et ça me paralyse), et j'en avais peur... Sauf que c'est sa façon de s'exprimer. Je pensais que c'était une sorte de violence, un peu à mon égard, mais en fait non. Ma mère est plus douce, et explique mieux les choses. Reste qu'ils arrangent les choses un peu trop à mon goût, et se destituent de toute faute. Mais je savais faire la part des choses.
Et à chaque fois que j'essaye de m'exprimer, je me retrouve comme toi, une interprétation de mes paroles, une colère qui grimpe sans que je n'y fasse quoique ce soit, ils croient que je les prends pour des idiots... Tout un tas de trucs que je ne pense jamais. C'est déroutant... Et frustrant. Ils me rendent parfois agressive. Et je ne comprends pas, souvent, pourquoi ils réagissent abruptement à leur propos de leur côté.
Mais comme je comprends mieux mon fonctionnement, ça s'améliore à chaque fois, on progresse, lentement, mais on progresse. Et à côté, je progresse aussi avec les autres. Je m'affirme plus, je m'intègre mieux. C'est long, c'est pas naturel, je galère, mais ça se fait. C'est possible. J'arrive à être plus juste, plus sereine, à moins me prendre la tête qu'avant (avant que le naturel reprenne parfois, et là, je m'enferme parfois chez moi, mais bon, il y a d'autres choses qui rentrent en compte).
Je me remets un peu moins en question (ma psy dit que je fais une crise d'adolescence en retard avec mes parents
), je me rends compte que je ne suis pas obligée de les excuser à chaque fois, et j'admets un peu plus volontairement qu'ils sont faillibles (mais ça résiste des fois). Donc parfois, je me range, je laisse tomber, et je me dis que c'est pas grave, que ça vaut pas le coup, ni l'énergie de me prendre la tête pour ça.
Selon eux, je ne devrais pas dire que je suis autiste, par exemple. Je ne suis pas d'accord. Mais comme je sais que mon père projette sur sa propre différence, je fais mine d'hocher la tête, et puis je continue sur un autre sujet.
Pas facile tout ça, pas facile de se faire comprendre...
Isra, le souci, c'est que je ne comprenais pas ce qu'elle voulait faire passer, et apparemment d'autres non plus, mais je vois pourtant des tentatives d'aide, qui sont ce qu'elles sont, certes, mais elles sont présentes tout de même.