Le Syndrome d'Authenticité
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Le Syndrome d'Authenticité
Aujourd'hui j'ai eu un long entretien avec ma psy aux sujet de ce qu'elle appelle mon "syndrome de vérité".
J'ai d'importantes difficultés avec la plupart des gens, surtout des gens très neurotypiques parce que ma façon de voir les choses et de parler est très différente de la leur.
En effet, ce que je dis est toujours interprété et déformé. On ne me croit pas ou on me crois agressive, voire méchante. On pense que je suis une idiote ou bien une énorme manipulatrice.
Je n'ai compris pourquoi que récemment et je ne comprends toujours pas comment.
Pour moi, la vérité, les faits sont ce qu'il y a de plus important, c'est tout ce qui existe. Ils ne sont jamais chargés émotionnellement et il n'y a pas de sous-entendus dans ma communication normale. Ce n'est jamais une agression (mes agressions sont rares et extrêmement directes elles aussi !).
Depuis que j'ai reçu le diagnostic du SA je suis capable de dire "il me manque des cases, je ne perçois pas les codes sociaux, toute une partie des échanges normaux m'échappe".
Je suis capable de le dire et de le penser intellectuellement mais en vérité, je ne vois même pas à quoi cela se rapporte.
Je suis comme une daltonienne qui ne verrait pas le rouge. Elle sait qu'elle ne voit pas le rouge parce qu'on le lui a dit. Mais elle ignore totalement ce qu'est le rouge. Cette couleur ne fait tout simplement pas partie de sa vie. Le rouge n'existe pas dans son expérience. Dans mon cas, les codes NT n'existent pas.
Mais il parait que cette cécité est impossible à croire pour la plupart des gens qui pensent immédiatement que nous sommes idiots ou menteurs ou agressifs.
Ma psy me dit que les NT ont un mode de pensée fragmenté alors que la mienne est directe. Mais les NT n'aiment pas du tout le mode direct qui les dérange et les empêche de tourner en rond et d'arranger leurs petites affaires. Je viens là brusquement faire irruption avec la vérité et les faits dans un modèle rôdé uniquement construit pour la paix des ménages.
Je ne crois pas pouvoir apprendre leur modèle. Trop d'éléments m'échappent et parmi ceux que j'arrive à capter à grand renfort de concentration aucun ne me motive. Mon éthique est extrême, elle est "excessive" pour mon entourage. Pour moi l'éthique ne peut pas être excessive. Comment s'endormir tranquillement sur un lit de cadavres ? Quoi de plus beau que la vérité et la justice ?
J'ai le syndrome de vérité et je le revendique.
J'ai d'importantes difficultés avec la plupart des gens, surtout des gens très neurotypiques parce que ma façon de voir les choses et de parler est très différente de la leur.
En effet, ce que je dis est toujours interprété et déformé. On ne me croit pas ou on me crois agressive, voire méchante. On pense que je suis une idiote ou bien une énorme manipulatrice.
Je n'ai compris pourquoi que récemment et je ne comprends toujours pas comment.
Pour moi, la vérité, les faits sont ce qu'il y a de plus important, c'est tout ce qui existe. Ils ne sont jamais chargés émotionnellement et il n'y a pas de sous-entendus dans ma communication normale. Ce n'est jamais une agression (mes agressions sont rares et extrêmement directes elles aussi !).
Depuis que j'ai reçu le diagnostic du SA je suis capable de dire "il me manque des cases, je ne perçois pas les codes sociaux, toute une partie des échanges normaux m'échappe".
Je suis capable de le dire et de le penser intellectuellement mais en vérité, je ne vois même pas à quoi cela se rapporte.
Je suis comme une daltonienne qui ne verrait pas le rouge. Elle sait qu'elle ne voit pas le rouge parce qu'on le lui a dit. Mais elle ignore totalement ce qu'est le rouge. Cette couleur ne fait tout simplement pas partie de sa vie. Le rouge n'existe pas dans son expérience. Dans mon cas, les codes NT n'existent pas.
Mais il parait que cette cécité est impossible à croire pour la plupart des gens qui pensent immédiatement que nous sommes idiots ou menteurs ou agressifs.
Ma psy me dit que les NT ont un mode de pensée fragmenté alors que la mienne est directe. Mais les NT n'aiment pas du tout le mode direct qui les dérange et les empêche de tourner en rond et d'arranger leurs petites affaires. Je viens là brusquement faire irruption avec la vérité et les faits dans un modèle rôdé uniquement construit pour la paix des ménages.
Je ne crois pas pouvoir apprendre leur modèle. Trop d'éléments m'échappent et parmi ceux que j'arrive à capter à grand renfort de concentration aucun ne me motive. Mon éthique est extrême, elle est "excessive" pour mon entourage. Pour moi l'éthique ne peut pas être excessive. Comment s'endormir tranquillement sur un lit de cadavres ? Quoi de plus beau que la vérité et la justice ?
J'ai le syndrome de vérité et je le revendique.
Modifié en dernier par Astragale le mercredi 30 juillet 2014 à 12:38, modifié 1 fois.
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Re: Le Syndrome de vérité
Dommage que tout le monde ne soit pas "atteint" pas ce syndrome
F84.5 | Things go wrong so that you appreciate them when they're right, you believe lies so you eventually learn to trust no one but yourself, and sometimes good things fall apart so better things can fall together.
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Re: Le Syndrome de vérité
Je ne sais pas si j'ai le SA ou pas, l'avenir me le dira, mais par contre, j'ai vraiment exactement le même type de souci avec le manque d'authenticité et de vérité. Je n'ai jamais compris pourquoi les gens faisaient semblant de ne pas voir ou de ne pas dire certaines choses.
Car comme toi:
Comment ne pas vouloir, par exemple, parler de ce qui mine dans une relation(familiale, conjugale, amicale...)? Tiens, d'ailleurs, je me demande quelle est par extension à ton fil, Astragale, le rapport que vous entretenez avec les sujets tabous. Là aussi, je n'ai jamais compris pourquoi un sujet est tabou. Il n'y a rien de pire que de ne pas pouvoir parler de tout sans ancune gêne aucune(bon, c'est peut-être un autre jujet). En fait je pense surtout par exemple aux sujet tabou dans une famille, aux secrets de famille, et là les non-dits sont effroyables, ils peuvent tuer! Mais ils ne s'en rendent pas compte. Faisons comme si de rien était, asseyons-nous sur la vérité. Comment peuvent-ils réussir à dormir?
Dans ma communication, pas de sous-entendus me concernant. Par contre, je devine maintenant ce que risque de penser mon interlocuteur/trice à force d'expérience et c'est super dur à gérer nerveusement, car je le devine au moment ou je parle, je me dis, ah tiens, je suis sûre qu'ils vont penser telle ou telle chose alors que ce n'est pas mon intention. J'ai toujours peur que mes paroles soient mal interprétées, ou d'avoir blessé quelqu'un sans m'en rendre compte et ça me rend littéralement malade . Je comprends, je crois, en partie les codes à force d'observation mais ne comprends toujours pas leur utilité. Pour moi, c'est de l'hypocrisie, et surtout c'est le principe d'exclusion : si tu n'as pas le code, tu n'entres pas dans le cercle, si tu n'as pas les clés, tu n'ouvre pas la maison. Ma question est : pourquoi ont-ils besoin de ça?
Edit : bon post Astragale
Car comme toi:
Oui, comment? Je n'ai jamais compris. Pour moi c'est impossible, ce n'est même pas mon éducation, je crois, c'est juste que cela manque de cohérence de tous se mentir aux uns et aux autres, ça complique incroyablement les relations . Faire comme si il n'y avait pas de problème, comme si on avait rien vu comme siComment s'endormir tranquillement sur un lit de cadavres ?
Comment ne pas vouloir, par exemple, parler de ce qui mine dans une relation(familiale, conjugale, amicale...)? Tiens, d'ailleurs, je me demande quelle est par extension à ton fil, Astragale, le rapport que vous entretenez avec les sujets tabous. Là aussi, je n'ai jamais compris pourquoi un sujet est tabou. Il n'y a rien de pire que de ne pas pouvoir parler de tout sans ancune gêne aucune(bon, c'est peut-être un autre jujet). En fait je pense surtout par exemple aux sujet tabou dans une famille, aux secrets de famille, et là les non-dits sont effroyables, ils peuvent tuer! Mais ils ne s'en rendent pas compte. Faisons comme si de rien était, asseyons-nous sur la vérité. Comment peuvent-ils réussir à dormir?
Dans ma communication, pas de sous-entendus me concernant. Par contre, je devine maintenant ce que risque de penser mon interlocuteur/trice à force d'expérience et c'est super dur à gérer nerveusement, car je le devine au moment ou je parle, je me dis, ah tiens, je suis sûre qu'ils vont penser telle ou telle chose alors que ce n'est pas mon intention. J'ai toujours peur que mes paroles soient mal interprétées, ou d'avoir blessé quelqu'un sans m'en rendre compte et ça me rend littéralement malade . Je comprends, je crois, en partie les codes à force d'observation mais ne comprends toujours pas leur utilité. Pour moi, c'est de l'hypocrisie, et surtout c'est le principe d'exclusion : si tu n'as pas le code, tu n'entres pas dans le cercle, si tu n'as pas les clés, tu n'ouvre pas la maison. Ma question est : pourquoi ont-ils besoin de ça?
Edit : bon post Astragale
Modifié en dernier par Pupuce le mercredi 30 juillet 2014 à 2:15, modifié 1 fois.
Officiellement non-autiste
"J'aurais pas été besoin" Nikos Aliagas, philosophe grec des Lumières
"J'aurais pas été besoin" Nikos Aliagas, philosophe grec des Lumières
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Re: Le Syndrome de vérité
On peut apprendre en partie à ne pas être trop directe.
"Toute vérité n'est pas bonne à dire."
"An inconvenient truth"
"Il s'agit de vivre et non d'avoir raison."
"Il n'y a que la vérité qui blesse."
"Le mensonge est vérité."
Il me semble que la plupart des personnes sans autisme comprennent plus aisément l'émotionnel que la raison. Ils ont besoin de "douceurs" (la preuve, elles mangent plus de sucreries), de sourires (la plupart des temps que vous parlez avec une personne sans autisme, elle va vous sourire au lieu de garder un regard neutre ["froid", "inexpressif"]), du moins plus que nous. Du langage sans émotion va donc leur paraître parfois agressif ou froid. Ils veulent que l'autre soit expressif, enthousiaste voire entreprenant, sûr de soi. Ils veulent du moins le percevoir ainsi, dans son apparence des cinq sens (surtout le visuel, dirait-on). Il paraît qu'ils ont grand besoin de communiquer, qu'ils ne peuvent alors pas rester longtemps seul sans parler à une personne, surtout s'il y a une personne peu communicatrice à côté d'eux. Il leur faut une impression positive explicite, alors que nous/moi, je préfère être neutre et réaliste, voir les faits.
Peut-être qu'ils ont des automatismes sociaux, avec les avantages (fluidité, apparence de spontanéité) et les inconvénients (manque d'exactitude des mots, du message).
L'avantage des personnes sans autisme très remarquées, c'est que les regards se tournent vers elles, et donc que notre discrétion (à nous, personnes avec autisme) et préservée. Bon, si une personne avec autisme est la seule autour d'une petite table, elle va sentir passer. Elle va peut-être moins sentir passer s'il y a grand monde. Car, dans le grand monde, se forment des petits groupes. Elle a donc un petit peu plus de chances de trouver un groupe qui lui convienne. Une autre possibilité est le groupe de deux : elle n'a besoin de communiquer qu'avec une personne, ce qui est moins fatigant.
Pour paraître moins brusque quand on dit son avis, on peut le dire sous formes de questions (pour laisser le sentiment de liberté). Au lieu de dire "Vous vous trompez." ou "C'est faux.", vous pouvez dire "Vous êtes sûr ?" ou "Ah ! pourtant, je connais une exception qui ..." ou "C'est possible." ou "Il me semble que ...", toujours montrer la subjectivité de votre avis. Si des personnes vous disent "Les Américains sont cons.", vous pouvez leur rétorquer "Il y a des cons partout." ou "Ils doivent se dire la même chose que nous." ou laisser couler...
Dans ce livre de psychologie sociale, Susan T. Fiske (avec les autres personnes qui y ont contribué) énonce cinq motivations de base :
- le besoin d'appartenance,
- le besoin de compréhension,
- le besoin de contrôle,
- le besoin d'être valorisé,
- le besoin de faire confiance.
Le besoin d'appartenance fera notamment qu'on attache de l'importance aux relations. Si je n'ai pas de relations, je ne fais partie d'aucun groupe. Si je fais partie d'un groupe, j'ai des points commun avec d'autres personnes (de ce groupe), donc je ne suis pas seul et idiot, ça va donc avec le besoin d'être valorisé, mais aussi avec le besoin de faire confiance puisque je peux faire confiance aux autres membres du groupe. Je ne suis pas sûr que les personnes avec autistes aient moins besoin d'appartenance. Mais comme les relations sociales (face à face) leur sont plus fatigantes, elles peuvent avoir plus de difficulté à entretenir les relations donc l'appartenance.
Le besoin de compréhension est celui de développer une représentation du monde, des autres, de soi qui nous semble correspondre à la réalité. Là, je me dis qu'il y a une grande différence entre personnes avec autisme et personnes sans autisme. J'ai l'impression (fausse ?) que les personnes avec autisme y attachent une plus grande importance que celles sans autisme. Ou que les personnes sans autisme ont besoin de se comprendre dans la communication, rapidement, en plus de se comprendre différemment de celles avec autisme. Pour ma part, j'essaie de comprendre le monde dans sa globalité, je peux me sentir aussi concerné par ce qui se passe en Russie que ce qui se passe en Suisse, même si je ne peux pas changer grand chose en Russie tant que je reste en Suisse. Ah ! et puis, bien sûr, les personnes avec autisme veulent comprendre dans le détail, plus dans l'analytique en général, alors que les personnes sans autisme vont souvent moins consacrer de temps à l'analyse, voudront tout de suite remplir une case (trouver une réponse à une question), quitte à ce qu'elle ne soit pas remplie correctement. Le "Je ne sais pas." me semble leur être moins supportable.
Le besoin de contrôle est un peu celui de ne pas faire n'importe quoi, celui de faire ce qu'on a décidé de faire, que le système sensori-moteur fonctionne bien (quand je mets le doigt à cet endroit de la corde, ça doit faire tel son que je veux obtenir ; quand je lance la balle ainsi et avec telle force de telle distance, elle doit entrer dans le panier). Il va de soi que ce besoin de contrôle dépend du besoin de compréhension puisque si je comprends mal ce que je fais, je contrôle moins ce que je fais. Il paraît que les personnes avec autisme aiment moins qu'on déplace des objets dans leur maison, dans leur chambre. D'un autre côté, les personnes sans autisme semblent aimer un petit peu plus avoir un peu de contrôle sur l'autre, exercer une influence sociale (sans forcément s'en rendre compte). Big Brother me semble clairement neurotypique. Mais Big Brother totalitariste (accompagné de lobby industriels) n'aime pas la subversion et la désobéissance civile, les libertés individuelles, ce qui lui donne une petite caractéristique autiste.
Le besoin d'être valorisé est un peu celui de l'estime de soi. C'est lui qui peut faire penser à beaucoup de personnes qu'elles sont au-dessus de la moyenne (en QI ? en sex-appeal ? en muscles ? en charisme ? en pouvoir d'influence ? ...). C'est lui qui nous fait penser qu'on a plus souvent raison que tort (accompagné du besoin de compréhension). C'est lui qui a fait se noyer Narcisse. C'est lui qui fait qu'on aime plus les éloges que les anathèmes. Bon, dans la réalité, ce n'est pas aussi simple : timeo Danaos et dona ferentes. Là, il me semble que les personnes sans autisme ont clairement plus besoin de se sentir valorisées que les personnes avec autisme. C'est aussi lui qui va nous faire valoriser les caractéristiques endogroupes (des groupes auxquels on appartient) en opposition aux caractéristiques exogroupes (des groupes auxquels on n'appartient pas). Quand Obama serre le fer avec Poutine, les Républicains dans l'ensemble vont quand même se ranger du côté d'Obama, même si ce dernier est Démocrate. Quand un joueur de l'équipe que je soutiens tombe par terre, c'est forcément la faute à l'autre. Clairement, beaucoup de personnes sans autisme semblent avoir besoin de se faire remarquer. [Les personnes avec autisme pourront plus aisément paraître indifférentes. Or l'indifférence a acquis une connotation négative, surtout chez les personnes sans autisme, dirait-on.]
Le besoin de faire confiance, c'est celui de voir le monde comme bienveillant. C'est lui qui peut nous inciter à avoir une vision bien-mal parfois simpliste (manichéenne voire ; l'axe du mal de Georges W. Bush ; les débats simplistes "pour ou contre"). C'est lui qui nous encourage à l'optimisme (un biais quand même). C'est lui qui fait qu'on va plutôt avoir confiance en des personnes qu'on ne connaît pas (dans la rue, dans le bus, etc.). Ce besoin de faire confiance est bien sûr nécessaire pour entretenir les relations intra-groupes (le besoin d'appartenance). Je ne vais pas rester longtemps dans un groupe qui ne m'inspire guère confiance. Mais ce besoin de confiance, comme les autres, peut être utilisé contre nous, avec des manœuvres (manipulations) comme "Si tu me faisais confiance, tu me donnerais ton adresse.", "Ça se voit que tu ne me fais pas confiance.", etc. Il paraît que les personnes (notamment jeunes) avec autisme sont plus souvent victimes d'abus de confiance, de bullying (intimidation) et autres moqueries (dévalorisation venant souvent de personnes neurotypiques qui croient qu'elles vont se valoriser en attaquant des "plus faibles"). Le besoin de faire confiance est aussi exploité par le pied-dans-la-porte. Trust a host, trust a ghost. Fais confiance à un mendiant, fais confiance au suivant. Si on se fait confiance mutuellement, on pourra plus aisément développer une relation de coopération (plutôt qu'une relation de compétition). Mais pour cela, je dois non seulement faire confiance, mais inspirer confiance à l'autre. Il semble que les personnes sans autisme sont plus à l'aise à ce jeu : paraître sûr de soi, décidé, voire responsables, prêts à tout. Des personnes plutôt scientifiques auraient plutôt tendance à douter, à ne pas être naïves, à utiliser leur esprit critique. Mais faut-il appliquer la démarche scientifique au quotidien ? peu de personnes sans autisme vous répondront par l'affirmative.
Cela dit, ces cinq motivations de base varient un peu d'une culture à l'autre, par exemple d'une culture individualistes (priorité à l'individu, à son autonomie) à une culture collectiviste (priorité au groupe, à sa cohésion). Dans une culture collectiviste, on va souvent plus faire confiance par défaut à l'autre et être relativement hospitalier. Autre exemple :
Tout cela n'est qu'un résumé bref des pages 25-39 de ce livre de plus de 660 pages (non comprises les pages de bibliographie).
Le qualificatif "fragmenté" me fait penser plutôt à "en morceaux". On parle de fragmentation du disque dur, qu'il faut souvent défragmenter (recoller les morceaux, les colmater autant que possible) sous Windows. Certaines personnes remarquent que nos lectures sur l'internet sont souvent parsemées de clics sur un lien : on lit un texte, il y a un pointeur, on clique sur le lien, on arrive sur une autre page, on la lit, on la finit de lire, on revient sur la page initiale... oh ! un autre lien, cliquons ! Elles l'appellent la lecture fragmentée, et elles la déplorent car elle contribuerait à des problèmes de lecture et d'attention ou de concentration sur une longue durée. Les personnes avec autisme, celles qui attachent de l'importance aux détails, à tous ces fragments du tout, ne serait-ce pas elles qui auraient un mode de pensée plus fragmenté ? Difficile à dire... tout le monde, avec ou sans autisme, est susceptible d'être charmé par le storytelling, le récit narratif (quand même pas le roman-fleuve). Pas mal de profs dans certaines sciences commencent leurs cours par une anecdote, une histoire.
Donc, sachant que les codes sociaux diffèrent d'une culture à l'autre, d'un contexte à l'autre, et même d'une relation à l'autre, d'une humeur à l'autre, même une personne sans autisme ne les connaîtra jamais tous. Mais sachant qu'ils sont nombreux, tu pourrais apprendre à en comprendre une partie, puis faire un tri, une sélection selon tes critères. Ah ! ce code social qui consiste à dire "Tu as raison." même quand l'autre personne a tort, je n'y adhère pas. Ah ! ce code social qui consiste à poser des questions plutôt que des affirmations, je pense que ça pourrait me servir. Ah ! ce code social qui consiste à ...
Ben, chais pas... si une personne a une tache sur sa chemise, allez-vous le lui dire ? si une personne se sent gênée, allez-vous lui remuer le couteau dans la plaie ? "Hey, t'as pété !", "Hey, vous avez une tache au milieu du pantalon.", "Hey, vous marchez bizarrement !", "Hey, tu vois, je te l'avais bien dit.", "Hey, t'es con d'avoir glissé dans la boue." Et une autre personne de s'empresser de dire "Bah ! ça peut arriver à tout le monde. Fichez-lui la paix."
Certains sujets sont sacrés (tabou ; "chut, faut surtout pas en parler") parce qu'ils font aisément ressortir des choses pas très agréables ou pas très honorables ou un peu intimes voire gênantes : le salaire, la mort, les religions, Dieu, la sexualité, l'homosexualité, la maladie, etc. Imaginez un gars qui dise sans gêne : "Oui, je gagne 50'000 euros par mois. A ma mort, je lèguerai mes biens à mes enfants, pas à ma femme, clairement. Mais avant, j'espère que je ne vieillirai pas dans un home comme une loque amnésique. Dieu est homosexuel, à mon avis, mais toujours célibataire à cause des monothéistes. Les gars à la croix gammées n'aimaient pas trop les juifs, surtout homosexuels. Hier, j'ai fait l'amour avec ma femme Arianne. J'vous raconte pas ! On a oublié le préservatif. J'espère ne pas lui avoir transmis le virus."
Bien sûr, moi aussi, j'aimerais lever des interdits pour mieux épanouir la liberté d'expression. Mais c'est loin d'être évident. Les djihadistes ne sont pas prêts d'autoriser leurs femmes à lever le voile. Il n'est pas évident pour les personnes LGBT de faire leur coming out. L'inconnu dérange les personnes rêvant d'homogénéité. L'inconnu fait trembler nos représentations, met en branle notre besoin de compréhension. Il paraît qu'il faut du temps au temps, alors autant savoir attendre et accepter chaque être tel qu'il est.
En plus, chaque groupe a ses propres codes. Au sein d'un groupe, les relations sont déjà bien tissées. Il n'est jamais aisé d'être nouveau dans un groupe car chacun doit tisser, surtout le nouveau, de nouvelles relations. Il y a même, dans certains groupes, la tradition du bizutage. Paraît que ce serait un rite d'initiation, pour marquer le coup. Un rite, peu importe le quel, pourvu qu'il y en ait un, pour célébrer. Quand on essaie de s'insérer dans un nouveau groupe, on ne connaît personne (ou presque), et personne ne nous connaît. C'est plus facile si on est invité (mais c'est rare) ou "parrainé". Ceci explique peut-être en partie pourquoi on entre dans une entreprise plus facilement avec des relations qu'avec une lettre de motivation. Et ça semble moins aisé pour les personnes avec autisme.
Pourquoi des codes ? peut-être pour se faire confiance, encore plus confiance, que la confiance se mue en complicité, pour ne plus avoir besoin de tester si on peut faire confiance à l'autre. Peut-être aussi pour se comprendre. "Bon, à chaque fois que je relève mes lunettes avec mon index gauche, c'est que je préfère le pique atout (aux cartes)." D'un autre côté, tous ces codes, la plupart des personnes les appliquent sans même s'en rendre compte, une sorte d'imitation plus spontanée que consciente.
"Toute vérité n'est pas bonne à dire."
"An inconvenient truth"
"Il s'agit de vivre et non d'avoir raison."
"Il n'y a que la vérité qui blesse."
"Le mensonge est vérité."
Il me semble que la plupart des personnes sans autisme comprennent plus aisément l'émotionnel que la raison. Ils ont besoin de "douceurs" (la preuve, elles mangent plus de sucreries), de sourires (la plupart des temps que vous parlez avec une personne sans autisme, elle va vous sourire au lieu de garder un regard neutre ["froid", "inexpressif"]), du moins plus que nous. Du langage sans émotion va donc leur paraître parfois agressif ou froid. Ils veulent que l'autre soit expressif, enthousiaste voire entreprenant, sûr de soi. Ils veulent du moins le percevoir ainsi, dans son apparence des cinq sens (surtout le visuel, dirait-on). Il paraît qu'ils ont grand besoin de communiquer, qu'ils ne peuvent alors pas rester longtemps seul sans parler à une personne, surtout s'il y a une personne peu communicatrice à côté d'eux. Il leur faut une impression positive explicite, alors que nous/moi, je préfère être neutre et réaliste, voir les faits.
Peut-être qu'ils ont des automatismes sociaux, avec les avantages (fluidité, apparence de spontanéité) et les inconvénients (manque d'exactitude des mots, du message).
L'avantage des personnes sans autisme très remarquées, c'est que les regards se tournent vers elles, et donc que notre discrétion (à nous, personnes avec autisme) et préservée. Bon, si une personne avec autisme est la seule autour d'une petite table, elle va sentir passer. Elle va peut-être moins sentir passer s'il y a grand monde. Car, dans le grand monde, se forment des petits groupes. Elle a donc un petit peu plus de chances de trouver un groupe qui lui convienne. Une autre possibilité est le groupe de deux : elle n'a besoin de communiquer qu'avec une personne, ce qui est moins fatigant.
Pour paraître moins brusque quand on dit son avis, on peut le dire sous formes de questions (pour laisser le sentiment de liberté). Au lieu de dire "Vous vous trompez." ou "C'est faux.", vous pouvez dire "Vous êtes sûr ?" ou "Ah ! pourtant, je connais une exception qui ..." ou "C'est possible." ou "Il me semble que ...", toujours montrer la subjectivité de votre avis. Si des personnes vous disent "Les Américains sont cons.", vous pouvez leur rétorquer "Il y a des cons partout." ou "Ils doivent se dire la même chose que nous." ou laisser couler...
Dans ce livre de psychologie sociale, Susan T. Fiske (avec les autres personnes qui y ont contribué) énonce cinq motivations de base :
- le besoin d'appartenance,
- le besoin de compréhension,
- le besoin de contrôle,
- le besoin d'être valorisé,
- le besoin de faire confiance.
Le besoin d'appartenance fera notamment qu'on attache de l'importance aux relations. Si je n'ai pas de relations, je ne fais partie d'aucun groupe. Si je fais partie d'un groupe, j'ai des points commun avec d'autres personnes (de ce groupe), donc je ne suis pas seul et idiot, ça va donc avec le besoin d'être valorisé, mais aussi avec le besoin de faire confiance puisque je peux faire confiance aux autres membres du groupe. Je ne suis pas sûr que les personnes avec autistes aient moins besoin d'appartenance. Mais comme les relations sociales (face à face) leur sont plus fatigantes, elles peuvent avoir plus de difficulté à entretenir les relations donc l'appartenance.
Le besoin de compréhension est celui de développer une représentation du monde, des autres, de soi qui nous semble correspondre à la réalité. Là, je me dis qu'il y a une grande différence entre personnes avec autisme et personnes sans autisme. J'ai l'impression (fausse ?) que les personnes avec autisme y attachent une plus grande importance que celles sans autisme. Ou que les personnes sans autisme ont besoin de se comprendre dans la communication, rapidement, en plus de se comprendre différemment de celles avec autisme. Pour ma part, j'essaie de comprendre le monde dans sa globalité, je peux me sentir aussi concerné par ce qui se passe en Russie que ce qui se passe en Suisse, même si je ne peux pas changer grand chose en Russie tant que je reste en Suisse. Ah ! et puis, bien sûr, les personnes avec autisme veulent comprendre dans le détail, plus dans l'analytique en général, alors que les personnes sans autisme vont souvent moins consacrer de temps à l'analyse, voudront tout de suite remplir une case (trouver une réponse à une question), quitte à ce qu'elle ne soit pas remplie correctement. Le "Je ne sais pas." me semble leur être moins supportable.
Le besoin de contrôle est un peu celui de ne pas faire n'importe quoi, celui de faire ce qu'on a décidé de faire, que le système sensori-moteur fonctionne bien (quand je mets le doigt à cet endroit de la corde, ça doit faire tel son que je veux obtenir ; quand je lance la balle ainsi et avec telle force de telle distance, elle doit entrer dans le panier). Il va de soi que ce besoin de contrôle dépend du besoin de compréhension puisque si je comprends mal ce que je fais, je contrôle moins ce que je fais. Il paraît que les personnes avec autisme aiment moins qu'on déplace des objets dans leur maison, dans leur chambre. D'un autre côté, les personnes sans autisme semblent aimer un petit peu plus avoir un peu de contrôle sur l'autre, exercer une influence sociale (sans forcément s'en rendre compte). Big Brother me semble clairement neurotypique. Mais Big Brother totalitariste (accompagné de lobby industriels) n'aime pas la subversion et la désobéissance civile, les libertés individuelles, ce qui lui donne une petite caractéristique autiste.
Le besoin d'être valorisé est un peu celui de l'estime de soi. C'est lui qui peut faire penser à beaucoup de personnes qu'elles sont au-dessus de la moyenne (en QI ? en sex-appeal ? en muscles ? en charisme ? en pouvoir d'influence ? ...). C'est lui qui nous fait penser qu'on a plus souvent raison que tort (accompagné du besoin de compréhension). C'est lui qui a fait se noyer Narcisse. C'est lui qui fait qu'on aime plus les éloges que les anathèmes. Bon, dans la réalité, ce n'est pas aussi simple : timeo Danaos et dona ferentes. Là, il me semble que les personnes sans autisme ont clairement plus besoin de se sentir valorisées que les personnes avec autisme. C'est aussi lui qui va nous faire valoriser les caractéristiques endogroupes (des groupes auxquels on appartient) en opposition aux caractéristiques exogroupes (des groupes auxquels on n'appartient pas). Quand Obama serre le fer avec Poutine, les Républicains dans l'ensemble vont quand même se ranger du côté d'Obama, même si ce dernier est Démocrate. Quand un joueur de l'équipe que je soutiens tombe par terre, c'est forcément la faute à l'autre. Clairement, beaucoup de personnes sans autisme semblent avoir besoin de se faire remarquer. [Les personnes avec autisme pourront plus aisément paraître indifférentes. Or l'indifférence a acquis une connotation négative, surtout chez les personnes sans autisme, dirait-on.]
Le besoin de faire confiance, c'est celui de voir le monde comme bienveillant. C'est lui qui peut nous inciter à avoir une vision bien-mal parfois simpliste (manichéenne voire ; l'axe du mal de Georges W. Bush ; les débats simplistes "pour ou contre"). C'est lui qui nous encourage à l'optimisme (un biais quand même). C'est lui qui fait qu'on va plutôt avoir confiance en des personnes qu'on ne connaît pas (dans la rue, dans le bus, etc.). Ce besoin de faire confiance est bien sûr nécessaire pour entretenir les relations intra-groupes (le besoin d'appartenance). Je ne vais pas rester longtemps dans un groupe qui ne m'inspire guère confiance. Mais ce besoin de confiance, comme les autres, peut être utilisé contre nous, avec des manœuvres (manipulations) comme "Si tu me faisais confiance, tu me donnerais ton adresse.", "Ça se voit que tu ne me fais pas confiance.", etc. Il paraît que les personnes (notamment jeunes) avec autisme sont plus souvent victimes d'abus de confiance, de bullying (intimidation) et autres moqueries (dévalorisation venant souvent de personnes neurotypiques qui croient qu'elles vont se valoriser en attaquant des "plus faibles"). Le besoin de faire confiance est aussi exploité par le pied-dans-la-porte. Trust a host, trust a ghost. Fais confiance à un mendiant, fais confiance au suivant. Si on se fait confiance mutuellement, on pourra plus aisément développer une relation de coopération (plutôt qu'une relation de compétition). Mais pour cela, je dois non seulement faire confiance, mais inspirer confiance à l'autre. Il semble que les personnes sans autisme sont plus à l'aise à ce jeu : paraître sûr de soi, décidé, voire responsables, prêts à tout. Des personnes plutôt scientifiques auraient plutôt tendance à douter, à ne pas être naïves, à utiliser leur esprit critique. Mais faut-il appliquer la démarche scientifique au quotidien ? peu de personnes sans autisme vous répondront par l'affirmative.
Cela dit, ces cinq motivations de base varient un peu d'une culture à l'autre, par exemple d'une culture individualistes (priorité à l'individu, à son autonomie) à une culture collectiviste (priorité au groupe, à sa cohésion). Dans une culture collectiviste, on va souvent plus faire confiance par défaut à l'autre et être relativement hospitalier. Autre exemple :
* Vous avez remarqué ? L'âge est un petit peu sacré, surtout chez les femmes sans autisme (aussi chez les femmes avec autisme) ?En Europe, aux États-Unis et ailleurs, refuser une invitation à une fête est souvent perçu comme une impolitesse. Par conséquent, les gens ont tendance à accepter l'invitation qui leur est faite, sans se soucier de leur emploi du temps. Au moment convenu, ils ne se rendront tout simplement pas sur place. Enfin, parfois, les conséquences d'une honnêteté un peu brutale (à la question "Que penses-tu de ma nouvelle coupe de cheveux, mon chéri ?", répondre "Cela te donne dix ans de plus !"*) ne sont pas socialement désirables.
Tout cela n'est qu'un résumé bref des pages 25-39 de ce livre de plus de 660 pages (non comprises les pages de bibliographie).
J'utiliserais plutôt le mot indirect, alors que des personnes avec autisme peuvent souvent être très directes avant d'avoir appris certains codes et certaines habiletés sociales (qui fonctionnent au sein des personnes sans autisme).Astragale a écrit :Ma psy me dit que les NT ont un mode de pensée fragmenté alors que la mienne est directe.
Le qualificatif "fragmenté" me fait penser plutôt à "en morceaux". On parle de fragmentation du disque dur, qu'il faut souvent défragmenter (recoller les morceaux, les colmater autant que possible) sous Windows. Certaines personnes remarquent que nos lectures sur l'internet sont souvent parsemées de clics sur un lien : on lit un texte, il y a un pointeur, on clique sur le lien, on arrive sur une autre page, on la lit, on la finit de lire, on revient sur la page initiale... oh ! un autre lien, cliquons ! Elles l'appellent la lecture fragmentée, et elles la déplorent car elle contribuerait à des problèmes de lecture et d'attention ou de concentration sur une longue durée. Les personnes avec autisme, celles qui attachent de l'importance aux détails, à tous ces fragments du tout, ne serait-ce pas elles qui auraient un mode de pensée plus fragmenté ? Difficile à dire... tout le monde, avec ou sans autisme, est susceptible d'être charmé par le storytelling, le récit narratif (quand même pas le roman-fleuve). Pas mal de profs dans certaines sciences commencent leurs cours par une anecdote, une histoire.
Donc, sachant que les codes sociaux diffèrent d'une culture à l'autre, d'un contexte à l'autre, et même d'une relation à l'autre, d'une humeur à l'autre, même une personne sans autisme ne les connaîtra jamais tous. Mais sachant qu'ils sont nombreux, tu pourrais apprendre à en comprendre une partie, puis faire un tri, une sélection selon tes critères. Ah ! ce code social qui consiste à dire "Tu as raison." même quand l'autre personne a tort, je n'y adhère pas. Ah ! ce code social qui consiste à poser des questions plutôt que des affirmations, je pense que ça pourrait me servir. Ah ! ce code social qui consiste à ...
Te dire qu'ils ont trouvé le sommeil éternel, et te mettre une pince à linge qui bouche le nez.Astragale a écrit :Comment s'endormir tranquillement sur un lit de cadavres ?
Ben, chais pas... si une personne a une tache sur sa chemise, allez-vous le lui dire ? si une personne se sent gênée, allez-vous lui remuer le couteau dans la plaie ? "Hey, t'as pété !", "Hey, vous avez une tache au milieu du pantalon.", "Hey, vous marchez bizarrement !", "Hey, tu vois, je te l'avais bien dit.", "Hey, t'es con d'avoir glissé dans la boue." Et une autre personne de s'empresser de dire "Bah ! ça peut arriver à tout le monde. Fichez-lui la paix."
Certains sujets sont sacrés (tabou ; "chut, faut surtout pas en parler") parce qu'ils font aisément ressortir des choses pas très agréables ou pas très honorables ou un peu intimes voire gênantes : le salaire, la mort, les religions, Dieu, la sexualité, l'homosexualité, la maladie, etc. Imaginez un gars qui dise sans gêne : "Oui, je gagne 50'000 euros par mois. A ma mort, je lèguerai mes biens à mes enfants, pas à ma femme, clairement. Mais avant, j'espère que je ne vieillirai pas dans un home comme une loque amnésique. Dieu est homosexuel, à mon avis, mais toujours célibataire à cause des monothéistes. Les gars à la croix gammées n'aimaient pas trop les juifs, surtout homosexuels. Hier, j'ai fait l'amour avec ma femme Arianne. J'vous raconte pas ! On a oublié le préservatif. J'espère ne pas lui avoir transmis le virus."
Bien sûr, moi aussi, j'aimerais lever des interdits pour mieux épanouir la liberté d'expression. Mais c'est loin d'être évident. Les djihadistes ne sont pas prêts d'autoriser leurs femmes à lever le voile. Il n'est pas évident pour les personnes LGBT de faire leur coming out. L'inconnu dérange les personnes rêvant d'homogénéité. L'inconnu fait trembler nos représentations, met en branle notre besoin de compréhension. Il paraît qu'il faut du temps au temps, alors autant savoir attendre et accepter chaque être tel qu'il est.
En plus, chaque groupe a ses propres codes. Au sein d'un groupe, les relations sont déjà bien tissées. Il n'est jamais aisé d'être nouveau dans un groupe car chacun doit tisser, surtout le nouveau, de nouvelles relations. Il y a même, dans certains groupes, la tradition du bizutage. Paraît que ce serait un rite d'initiation, pour marquer le coup. Un rite, peu importe le quel, pourvu qu'il y en ait un, pour célébrer. Quand on essaie de s'insérer dans un nouveau groupe, on ne connaît personne (ou presque), et personne ne nous connaît. C'est plus facile si on est invité (mais c'est rare) ou "parrainé". Ceci explique peut-être en partie pourquoi on entre dans une entreprise plus facilement avec des relations qu'avec une lettre de motivation. Et ça semble moins aisé pour les personnes avec autisme.
Pourquoi des codes ? peut-être pour se faire confiance, encore plus confiance, que la confiance se mue en complicité, pour ne plus avoir besoin de tester si on peut faire confiance à l'autre. Peut-être aussi pour se comprendre. "Bon, à chaque fois que je relève mes lunettes avec mon index gauche, c'est que je préfère le pique atout (aux cartes)." D'un autre côté, tous ces codes, la plupart des personnes les appliquent sans même s'en rendre compte, une sorte d'imitation plus spontanée que consciente.
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.
Diagnostiqué autiste en l'été 2014
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Re: Le Syndrome de vérité
pas sur de ça moi , je suis aussi atteint de se syndrome .G.O.B. a écrit :Dommage que tout le monde ne soit pas "atteint" pas ce syndrome
ce n'est pas tout le monde qui réagi bien a la - vérité - toutes crues . beaucoup vont réagir négativement et nier cette vérité. ils / elles n'ont pas la capacité à recevoir la critique . plustôt que de discuter d'opinion diverse vont t'insulter bien grand .
philippe diagnostiqué syndrome asperger .
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Re: Le Syndrome de vérité
J'avais vu une vidéo d'un aveugle qui expliquait les raisons pour lesquelles le concept de bleu lui paraissait étrange. Ça peut être, on lui avait dit, l'eau, mais aussi le ciel. Comment ça pouvait être deux choses aussi différentes ? Ça n'avait pas de sens.
Je m'étais appuyé sur cette réflexion pour essayer de comprendre de quoi est fait le sentiment d'empathie. J'avais trouvé ce genre de similitude entre ce que disait cette personne et ce que je ressentais. C'est pourquoi ton exemple de daltonisme me parle beaucoup.
Quant à passer pour quelqu'un d'agressif ou de méchant lorsqu'on a les intentions les plus pures et les plus généreuses alentour, ça, je ne connais que trop.
En tous cas, merci mille fois d'avoir partagé ça avec nous, Astragale.
Je m'étais appuyé sur cette réflexion pour essayer de comprendre de quoi est fait le sentiment d'empathie. J'avais trouvé ce genre de similitude entre ce que disait cette personne et ce que je ressentais. C'est pourquoi ton exemple de daltonisme me parle beaucoup.
Quant à passer pour quelqu'un d'agressif ou de méchant lorsqu'on a les intentions les plus pures et les plus généreuses alentour, ça, je ne connais que trop.
En tous cas, merci mille fois d'avoir partagé ça avec nous, Astragale.
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Re: Le Syndrome de vérité
Je pense exactement comme toi !Astragale a écrit :Aujourd'hui j'ai eu un long entretien avec ma psy aux sujet de ce qu'elle appelle mon "syndrome de vérité".
J'ai d'importantes difficultés avec la plupart des gens, surtout des gens très neurotypiques parce que ma façon de voir les choses et de parler est très différente de la leur.
En effet, ce que je dis est toujours interprété et déformé. On ne me croit pas ou on me crois agressive, voire méchante. On pense que je suis une idiote ou bien une énorme manipulatrice.
Je n'ai compris pourquoi que récemment et je ne comprends toujours pas comment.
Pour moi, la vérité, les faits sont ce qu'il y a de plus important, c'est tout ce qui existe. Ils ne sont jamais chargés émotionnellement et il n'y a pas de sous-entendus dans ma communication normale. Ce n'est jamais une agression (mes agressions sont rares et extrêmement directes elles aussi !).
Depuis que j'ai reçu le diagnostic du SA je suis capable de dire "il me manque des cases, je ne perçois pas les codes sociaux, toute une partie des échanges normaux m'échappe".
Je suis capable de le dire et de le penser intellectuellement mais en vérité, je ne vois même pas à quoi cela se rapporte.
Je suis comme une daltonienne qui ne verrait pas le rouge. Elle sait qu'elle ne voit pas le rouge parce qu'on le lui a dit. Mais elle ignore totalement ce qu'est le rouge. Cette couleur ne fait tout simplement pas partie de sa vie. Le rouge n'existe pas dans son expérience. Dans mon cas, les codes NT n'existent pas.
Mais il parait que cette cécité est impossible à croire pour la plupart des gens qui pensent immédiatement que nous sommes idiots ou menteurs ou agressifs.
Ma psy me dit que les NT ont un mode de pensée fragmenté alors que la mienne est directe. Mais les NT n'aiment pas du tout le mode direct qui les dérange et les empêche de tourner en rond et d'arranger leurs petites affaires. Je viens là brusquement faire irruption avec la vérité et les faits dans un modèle rôdé uniquement construit pour la paix des ménages.
Je ne crois pas pouvoir apprendre leur modèle. Trop d'éléments m'échappent et parmi ceux que j'arrive à capter à grand renfort de concentration aucun ne me motive. Mon éthique est extrême, elle est "excessive" pour mon entourage. Pour moi l'éthique ne peut pas être excessive. Comment s'endormir tranquillement sur un lit de cadavres ? Quoi de plus beau que la vérité et la justice ?
J'ai le syndrome de vérité et je le revendique.
Je ressens également une réelle répulsion à l'idée d'intégrer certains codes sociaux même si j'ai conscience de leur existence .
Par exemple, je ne vois aucun intérêt à émettre un jugement sur une personne en raison de sa tenue vestimentaire.
Je trouve ça totalement laid et inutile .
J'ai aussi une obsession de la vérité et des faits .
Je trouve totalement ridicule cette attitude qui vise à cacher les problèmes .
Pourquoi ce serait un manque / un déficit de ne pas intégrer ce genre de codes sociaux ?
Je dois même dire que je suis heureuse qu'ils ne fassent pas partie de moi.
Modifié en dernier par FloretteRanou le dimanche 30 novembre 2014 à 20:55, modifié 1 fois.
Diagnostiquée TSA sévérité 1 / syndrome d'Asperger par le CRA de Brest en 2017
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Re: Le Syndrome de vérité
Personnellement, je n'aime pas beaucoup ce mot "vérité".
C'est un piège, une notion philosophique qui vise l'absolu, qui
sous-entend des notions morales et des jugements de valeur.
On n'a aucune chance de s'en sortir dès qu'on l'utilise.
Je préfère parler de justesse, qui va de pair avec la cohérence.
Vous me direz que dans un premier temps ça ne change pas
grand chose : les autres, autour de nous, ne sont pas plus
justes ni cohérents, le problème est toujours présent.
Mais au moins, on passe d'une notion absolue (la vérité)
à une notion relative (la justesse), et celle-ci a une petite
chance d'être accessible dans un contexte donné.
Le principal problème des codes sociaux, à mon avis, c'est
qu'ils sont très peu codifiés, ce qui nous les rend compliqués.
Si on prend comme exemple les salutations, ça parait
d'abord tout simple. On nous apprend : quand on rencontre
quelqu'un pour la première fois de la journée, on lui dit
"bonjour" et il nous répond "bonjour". C'est un protocole
qui paraît extrêmement simple à mettre en œuvre.
Un matin, on arrive donc au boulot, et on applique le truc.
On tombe un un collègue au téléphone, et ça se complique.
Un jour on va lui dire "bonjour" et il va nous reprocher de
l'avoir interrompu dans sa conversation téléphonique.
Le lendemain, on va attendre qu'il la termine, mais il va
nous reprocher de ne pas l'avoir immédiatement salué ...
Du fait de leur leur manque de codification, chacun
accommode ces codes à sa guise, ce qui entraîne
une grande variabilité dans leur mise en œuvre.
À noter qu'en même temps, cette variabilité est
intéressante, elle rend les choses moins monotones,
et nous distingue des ordinateurs qui appliquent
des protocoles de communication hyper stricts ...
Au delà de leur variabilité, immédiatement visible,
le vrai problème de ces codes est que tout manquement
au respect de ces procédures (pourtant incomplètes)
est immédiatement suivi d'un jugement de valeur (genre :
"c'est un goujat de m'interrompre au téléphone", ou :
"il bien fier pour rester cinq minutes avant de me saluer").
Et ce sont ces jugements (directs ou indirects qui pourrissent
les relations entres les individus (y compris entre les NT) ...
Je tâcherai de développer plus tard, d'abord il faut que
ça murisse, ensuite c'est l'heure des courses ...
C'est un piège, une notion philosophique qui vise l'absolu, qui
sous-entend des notions morales et des jugements de valeur.
On n'a aucune chance de s'en sortir dès qu'on l'utilise.
Je préfère parler de justesse, qui va de pair avec la cohérence.
Vous me direz que dans un premier temps ça ne change pas
grand chose : les autres, autour de nous, ne sont pas plus
justes ni cohérents, le problème est toujours présent.
Mais au moins, on passe d'une notion absolue (la vérité)
à une notion relative (la justesse), et celle-ci a une petite
chance d'être accessible dans un contexte donné.
Le principal problème des codes sociaux, à mon avis, c'est
qu'ils sont très peu codifiés, ce qui nous les rend compliqués.
Si on prend comme exemple les salutations, ça parait
d'abord tout simple. On nous apprend : quand on rencontre
quelqu'un pour la première fois de la journée, on lui dit
"bonjour" et il nous répond "bonjour". C'est un protocole
qui paraît extrêmement simple à mettre en œuvre.
Un matin, on arrive donc au boulot, et on applique le truc.
On tombe un un collègue au téléphone, et ça se complique.
Un jour on va lui dire "bonjour" et il va nous reprocher de
l'avoir interrompu dans sa conversation téléphonique.
Le lendemain, on va attendre qu'il la termine, mais il va
nous reprocher de ne pas l'avoir immédiatement salué ...
Du fait de leur leur manque de codification, chacun
accommode ces codes à sa guise, ce qui entraîne
une grande variabilité dans leur mise en œuvre.
À noter qu'en même temps, cette variabilité est
intéressante, elle rend les choses moins monotones,
et nous distingue des ordinateurs qui appliquent
des protocoles de communication hyper stricts ...
Au delà de leur variabilité, immédiatement visible,
le vrai problème de ces codes est que tout manquement
au respect de ces procédures (pourtant incomplètes)
est immédiatement suivi d'un jugement de valeur (genre :
"c'est un goujat de m'interrompre au téléphone", ou :
"il bien fier pour rester cinq minutes avant de me saluer").
Et ce sont ces jugements (directs ou indirects qui pourrissent
les relations entres les individus (y compris entre les NT) ...
Je tâcherai de développer plus tard, d'abord il faut que
ça murisse, ensuite c'est l'heure des courses ...
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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Re: Le Syndrome de vérité
aux secrets de famille, et là les non-dits sont effroyables, ils peuvent tuer! Mais ils ne s'en rendent pas compte. Faisons comme si de rien était, asseyons-nous sur la vérité. Comment peuvent-ils réussir à dormir?
[/quote]
mon grain de sel de NT
tout ne peut pas être dit dans une famille
ex pour moi
ma fille a subi une agression sexuelle il y a 10 ans
seuls nous parents le savons, nous n'avons rien dit à la famille
notamment ses gds parents qui seraient traumatisés
nous préférons garder ce terrible secret entre ma fille et nous ses parents
pourquoi faire souffrir plus de monde ? qu'est-ce que cela changerait ? rien !
concernant mes propres relations avec mon père
très sévère et souvent injuste avec moi étant petite
je ne lui ai jamais reproché une fois adulte meme si j'en
garde la rancoeur au fond de moi mais avec son caractère
de cochon, si je lui disais, ce serait me facher avec lui définitivement
ce que je ne veux pas.
tout ceci pour expliquer que tout ne peux être dit
même si c'est la vérité
[/quote]
mon grain de sel de NT
tout ne peut pas être dit dans une famille
ex pour moi
ma fille a subi une agression sexuelle il y a 10 ans
seuls nous parents le savons, nous n'avons rien dit à la famille
notamment ses gds parents qui seraient traumatisés
nous préférons garder ce terrible secret entre ma fille et nous ses parents
pourquoi faire souffrir plus de monde ? qu'est-ce que cela changerait ? rien !
concernant mes propres relations avec mon père
très sévère et souvent injuste avec moi étant petite
je ne lui ai jamais reproché une fois adulte meme si j'en
garde la rancoeur au fond de moi mais avec son caractère
de cochon, si je lui disais, ce serait me facher avec lui définitivement
ce que je ne veux pas.
tout ceci pour expliquer que tout ne peux être dit
même si c'est la vérité
Jacqueline (52 ans - NT) mère d'un jeune aspie de 27 ans, diagnostiqué à 24 ans (CRA Bordeaux)
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Re: Le Syndrome de vérité
Tugdual, tu m'enlèves les mots des doigts.
J'ai aussi beaucoup de mal avec cette notion "vérité", qui s'apparente à un absolu.
Il n'y a pas de vérité autre que ma vérité, autre que sa vérité (sauf si l'on parle de sciences, et encore) ; autrement dit il n'y a que des points de vue.
Ces points de vue sont, de ce que j'ai pu constater, souvent donnés par les NT lorsqu'il s'agit de quelque chose de positif : par exemple, ils n'hésiteront pas à dire "tes chaussures sont supers belles !".
En revanche, ils ne diront pas "tu sais quoi ? T'es trop moche !" même s'ils le pensent. Et je trouve que c'est plutôt une bonne chose.
Vous vous imaginez, dans les transports en commun, quelqu'un s'approche de vous et vous dit "t'es moche".
Allez-vous le remercier pour sa franchise, ou allez-vous vous dire que c'est un sombre con ?
Perso, j'opte pour la seconde réponse.
Garder sa franchise pour le positif, pour ce qui met l'autre en valeur, oui.
Se dire "je suis franc, c'est une qualité, alors allons-y gaiement - et en cadeau je lui donne une corde", non.
Les faits sont ce qu'ils sont (bien que pour avoir un avis éclairé, il faudrait tout savoir du moindre détail, ce qui est difficile) mais ne prennent pas en compte le contexte, les antécédents pouvant les justifier etc. Donner sa vérité, autrement dit, juger, n'est selon moi pas une bonne chose.
Cela me fait penser à une réplique du film "le talentueux Monsieur Ripley" : Quoiqu'on fasse, des choses horribles qui font souffrir les autres, on comprend la raison de ses actes. Dans sa tête. On ne voit jamais personne qui pense être vraiment monstrueux.
Je peux faire/dire des choses qui me semblent sensées ; si on me les reproche, je trouverai ça injuste car la personne me jugeant ne peut avoir toutes les clefs en main pour le faire de manière éclairée.
Partant du principe que ce qui est valable pour moi l'est pour tout le monde, j'aurais tendance à dire que non, toute "vérité" n'est pas bonne à dire car elle peut être blessante et ne servir à rien, si ce n'est à faire du mal, en érigeant son point de vue comme supérieur à un autre, sans que rien ne le justifie.
J'ai aussi beaucoup de mal avec cette notion "vérité", qui s'apparente à un absolu.
Il n'y a pas de vérité autre que ma vérité, autre que sa vérité (sauf si l'on parle de sciences, et encore) ; autrement dit il n'y a que des points de vue.
Ces points de vue sont, de ce que j'ai pu constater, souvent donnés par les NT lorsqu'il s'agit de quelque chose de positif : par exemple, ils n'hésiteront pas à dire "tes chaussures sont supers belles !".
En revanche, ils ne diront pas "tu sais quoi ? T'es trop moche !" même s'ils le pensent. Et je trouve que c'est plutôt une bonne chose.
Vous vous imaginez, dans les transports en commun, quelqu'un s'approche de vous et vous dit "t'es moche".
Allez-vous le remercier pour sa franchise, ou allez-vous vous dire que c'est un sombre con ?
Perso, j'opte pour la seconde réponse.
Garder sa franchise pour le positif, pour ce qui met l'autre en valeur, oui.
Se dire "je suis franc, c'est une qualité, alors allons-y gaiement - et en cadeau je lui donne une corde", non.
Les faits sont ce qu'ils sont (bien que pour avoir un avis éclairé, il faudrait tout savoir du moindre détail, ce qui est difficile) mais ne prennent pas en compte le contexte, les antécédents pouvant les justifier etc. Donner sa vérité, autrement dit, juger, n'est selon moi pas une bonne chose.
Cela me fait penser à une réplique du film "le talentueux Monsieur Ripley" : Quoiqu'on fasse, des choses horribles qui font souffrir les autres, on comprend la raison de ses actes. Dans sa tête. On ne voit jamais personne qui pense être vraiment monstrueux.
Je peux faire/dire des choses qui me semblent sensées ; si on me les reproche, je trouverai ça injuste car la personne me jugeant ne peut avoir toutes les clefs en main pour le faire de manière éclairée.
Partant du principe que ce qui est valable pour moi l'est pour tout le monde, j'aurais tendance à dire que non, toute "vérité" n'est pas bonne à dire car elle peut être blessante et ne servir à rien, si ce n'est à faire du mal, en érigeant son point de vue comme supérieur à un autre, sans que rien ne le justifie.
Non-diag.
"Just another brick in the wall."
"Just another brick in the wall."
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Re: Le Syndrome de vérité
Vous n'aimez pas le mot "vérité", tu aurais préféré que je mette des nuances là où je n'en ai aucune, là où je n'en perçois même pas.
Lisez "ma vérité" si ça vous convient mieux.
Vous me faites dire ce que je n'ai pas dit. Je n'ai jamais proposé de balancer des méchancetés à la figure des gens. Je ne le fais pas, je n'aime pas faire souffrir.
Cela dit, n'en déplaise à certains, il existe beaucoup de vérités indéniables qui dérangent pourtant ! C'est de celles-là dont je parle. Par exemple, certains ne sont pas enclins à reconnaitre une erreur qui a porté préjudice à un autre et préférèrent s'enferrer dans le mensonge, quitte à faire payer un tiers à leur place.
Je crois que c'est faire erreur que de résumer les difficultés de la cécité sociale à des problèmes de politesse et de comportement admis ou non.
J'ai reçu une éducation très bourgeoise extrêmement à cheval sur les principes et je connais parfaitement les règles de la bienséance. je n'ai aucun souci pour savoir quand je dois dire bonjour et au revoir ni quand déranger ou non quelqu'un. on ne m'a jamais reproché d'impolitesse.
Le problème est bien plus profond que cela et il ne peut se résoudre par un apprentissage
C'est toute ma perception de la vie qui est différente.
Des conflits surviennent parce que ce qui est important pour moi ne l'est pas pour les autres et vice versa.
Je vois ce que les autres ne voient pas et vice versa.
Je considère comme normal des choses qui font bondir les autres et vice versa.
Je suis une logique mais pas les NT.
Je suis simplement montée complètement différemment, exactement comme si je venais d'une culture étrangère dont tous les critères sont à l'exact opposé.
Le meilleur apprentissage du monde ne fera jamais d'un pygmée qui a chanté toute sa vie dans la forêt un employé modèle au service des impôts. Tout au plus lui apprendra t-on à se comporter pour ne pas choquer. Les dérapages seront nombreux. C'est ce que je fais, j'évite de choquer. Mais cela ne fait pas de moi quelqu'un d'heureux au service des impôts.
Lisez "ma vérité" si ça vous convient mieux.
Vous me faites dire ce que je n'ai pas dit. Je n'ai jamais proposé de balancer des méchancetés à la figure des gens. Je ne le fais pas, je n'aime pas faire souffrir.
Cela dit, n'en déplaise à certains, il existe beaucoup de vérités indéniables qui dérangent pourtant ! C'est de celles-là dont je parle. Par exemple, certains ne sont pas enclins à reconnaitre une erreur qui a porté préjudice à un autre et préférèrent s'enferrer dans le mensonge, quitte à faire payer un tiers à leur place.
Je crois que c'est faire erreur que de résumer les difficultés de la cécité sociale à des problèmes de politesse et de comportement admis ou non.
J'ai reçu une éducation très bourgeoise extrêmement à cheval sur les principes et je connais parfaitement les règles de la bienséance. je n'ai aucun souci pour savoir quand je dois dire bonjour et au revoir ni quand déranger ou non quelqu'un. on ne m'a jamais reproché d'impolitesse.
Le problème est bien plus profond que cela et il ne peut se résoudre par un apprentissage
C'est toute ma perception de la vie qui est différente.
Des conflits surviennent parce que ce qui est important pour moi ne l'est pas pour les autres et vice versa.
Je vois ce que les autres ne voient pas et vice versa.
Je considère comme normal des choses qui font bondir les autres et vice versa.
Je suis une logique mais pas les NT.
Je suis simplement montée complètement différemment, exactement comme si je venais d'une culture étrangère dont tous les critères sont à l'exact opposé.
Le meilleur apprentissage du monde ne fera jamais d'un pygmée qui a chanté toute sa vie dans la forêt un employé modèle au service des impôts. Tout au plus lui apprendra t-on à se comporter pour ne pas choquer. Les dérapages seront nombreux. C'est ce que je fais, j'évite de choquer. Mais cela ne fait pas de moi quelqu'un d'heureux au service des impôts.
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Re: Le Syndrome de vérité
Le problème, avec ton premier exemple "tes chaussures sont super belles" alors qu'on ne le pense pas, c'est qu'on finit par ne plus faire confiance à ce qu'on nous dit! Je préfèrerais qu'on me dise, "ce n'est pas trop mon style, mais si elles te plaisent, alors tant mieux, ça me fait plaisir pour toi" et ce dans le cas où bien sûr j'aurais sollicité son avis.evolution650HBn°2 a écrit :Ces points de vue sont, de ce que j'ai pu constater, souvent donnés par les NT lorsqu'il s'agit de quelque chose de positif : par exemple, ils n'hésiteront pas à dire "tes chaussures sont supers belles !".
En revanche, ils ne diront pas "tu sais quoi ? T'es trop moche !" même s'ils le pensent. Et je trouve que c'est plutôt une bonne chose.
Vous vous imaginez, dans les transports en commun, quelqu'un s'approche de vous et vous dit "t'es moche".
Allez-vous le remercier pour sa franchise, ou allez-vous vous dire que c'est un sombre con ?
Perso, j'opte pour la seconde réponse.
Par contre, dire à quelqu'un "tu sais quoi, t'es moche", là, il s'agit d'agression! Il y a une intention de nuire, derrière! Je trouve qu'on peux dire les choses sans blesser. Par exemple, ma fille cadette, qui a pris un peu de poids et un petit bedon me demande mon avis. Je lui ai répondu "oui, c'est vrai, mais ce n'est pas bien grave. Si tu es mal à l'aise avec, il suffit de faire un peu attention aux sucreries et blablabla....et qu'à son age, ça va partir rapidement si c'est ce qu'elle souhaite".
Je trouve beaucoup plus blessantes les fausses paroles et compliments. Après, on ne sait plus sur quel pied danser. L'avantage, à dire les choses, c'est que quand tu donnes ton avis, il est pris en compte car authentique. Si je dis à ma fille : "ton dessin est très réussi" elle sait que c'est vrai. Par contre, s'il y a un défaut de symétrie, je le lui dirai mais la féliciterai pour son travail. Tu vois la différence avec tes exemples? Il n'y a pas d'intention de nuire. elle est là, la différence.
Officiellement non-autiste
"J'aurais pas été besoin" Nikos Aliagas, philosophe grec des Lumières
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Re: Le Syndrome de vérité
Ok Astragale.
J'aurais bien eu envie de débattre sur la notion de vérité, qui pour moi est au centre de ce débat, mais je crois que ça ne sert à rien - et peut-être même que c'est hors de propos ici (ceci dit, quand même, je trouve qu'il y a une différence énorme entre "la vérité", et "ma vérité").
En fait, j'ai du mal à savoir qui a eu tort ou qui a eu raison d'agir de telle ou telle manière tant cela me semble subjectif.
J'ai toujours l'impression de ne pas avoir assez d'éléments en main pour pouvoir en décider, je suis toujours neutre à cause de cela.
Bien sûr, je vois les injustices flagrantes, et dans ces cas-là je peux intervenir.
Mais pour ce qui est des "machin a dit ça alors que bidule avait fait ça et blabla", ça ne m'intéresse même pas, je reste très loin de ces choses qui sont fatigantes et dont démêler le vrai du faux est aussi épuisant qu'impossible.
On me reproche parfois cet espèce de relativisme exacerbé que je peux avoir et qui, je crois, me donne cet aspect fade.
D'un autre côté, avec un peu de recul, je ne suis, je crois, pas très légitime pour parler de cela tant je suis "coupée du monde", je n'ai pas d'exemples qui me viennent ni rien ; les gens font leur vie, je fais la mienne.
Je pars aussi du principe que les gens restent campés sur leur position, et qu'intervenir n'y changera absolument rien ; d'une part car il est difficile de s'exprimer et d'argumenter de manière logique (à l'oral, je dis), d'autre part car il y a une division du cerveau : la logique/le ressenti.
Quand bien même une personne sait logiquement quelque chose, par la raison elle l'approuve, son ressenti peut ne pas suivre (ça m'arrive très souvent), ce qui finalement ne change absolument rien. "Je suis convaincue de quelque chose, mais absolument pas persuadée".
En fait, tout ça pour dire que pour ma part, je ne pense pas être atteinte par ce "syndrome de vérité" (expression que je trouve très jolie par ailleurs), peut-être parce que j'ai trop peu d'interaction sociale pour l'avoir, peut-être aussi parce que je vis trop "dans ma tête" pour prêter attention au reste, peut-être aussi parce que je suis NT, peut-être parce que je préfère me consacrer aux choses qui me plaisent.. peut-être..
J'aurais bien eu envie de débattre sur la notion de vérité, qui pour moi est au centre de ce débat, mais je crois que ça ne sert à rien - et peut-être même que c'est hors de propos ici (ceci dit, quand même, je trouve qu'il y a une différence énorme entre "la vérité", et "ma vérité").
En fait, j'ai du mal à savoir qui a eu tort ou qui a eu raison d'agir de telle ou telle manière tant cela me semble subjectif.
J'ai toujours l'impression de ne pas avoir assez d'éléments en main pour pouvoir en décider, je suis toujours neutre à cause de cela.
Bien sûr, je vois les injustices flagrantes, et dans ces cas-là je peux intervenir.
Mais pour ce qui est des "machin a dit ça alors que bidule avait fait ça et blabla", ça ne m'intéresse même pas, je reste très loin de ces choses qui sont fatigantes et dont démêler le vrai du faux est aussi épuisant qu'impossible.
On me reproche parfois cet espèce de relativisme exacerbé que je peux avoir et qui, je crois, me donne cet aspect fade.
D'un autre côté, avec un peu de recul, je ne suis, je crois, pas très légitime pour parler de cela tant je suis "coupée du monde", je n'ai pas d'exemples qui me viennent ni rien ; les gens font leur vie, je fais la mienne.
Je pars aussi du principe que les gens restent campés sur leur position, et qu'intervenir n'y changera absolument rien ; d'une part car il est difficile de s'exprimer et d'argumenter de manière logique (à l'oral, je dis), d'autre part car il y a une division du cerveau : la logique/le ressenti.
Quand bien même une personne sait logiquement quelque chose, par la raison elle l'approuve, son ressenti peut ne pas suivre (ça m'arrive très souvent), ce qui finalement ne change absolument rien. "Je suis convaincue de quelque chose, mais absolument pas persuadée".
En fait, tout ça pour dire que pour ma part, je ne pense pas être atteinte par ce "syndrome de vérité" (expression que je trouve très jolie par ailleurs), peut-être parce que j'ai trop peu d'interaction sociale pour l'avoir, peut-être aussi parce que je vis trop "dans ma tête" pour prêter attention au reste, peut-être aussi parce que je suis NT, peut-être parce que je préfère me consacrer aux choses qui me plaisent.. peut-être..
Non-diag.
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Re: Le Syndrome de vérité
Je parlais d'un cas où on le pensait.Le problème, avec ton premier exemple "tes chaussures sont super belles" alors qu'on ne le pense pas,
Bien sur qu'on ne va pas dire "je les trouve belle" si on les trouve moche.
Je disais simplement qu'un NT, à ma connaissance en tout cas, aura tendance à dire les choses positives qu'il pense, et à taire celles qu'il estime être blessantes pour l'autre.
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Re: Le Syndrome de vérité
Quand je dis "aura tendance à", je veux dire "d'une manière générale", il y a bien sûr des gens dont la méchanceté gratuite est le fond de commerce.
Pour ce qui est du reste, Pupuce, je suis tout à fait d'accord avec ton message, je partage, et approuve.
Pour ce qui est du reste, Pupuce, je suis tout à fait d'accord avec ton message, je partage, et approuve.
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