Modération (Tugdual) : Fusion de sujets (début).
Bonjour,
C'est en lisant (vaguement) le fil de discussion sur les recettes qu'une question importante à mes yeux m'est revenue en tête... Perso, j'ai un blog de cuisine... alimenté en grande partie par mon plaisir de satisfaire les appétits des autres...
Enfin bref, ma question porte sur les comportements alimentaires, la sélectivité alimentaire, l'appétit, le poids....
J'ai lu, vu ou entendus divers témoignages d'autistes ou familles d'autistes qui disaient que certaines personnes avaient des comportements alimentaires "particuliers". Je sais que Temple Grandin ne mange que du yaourt et de la gelée... mais je sais aussi que tous les autistes ne se ressemblent pas...
Je voudrais savoir ce qu'il en est pour vous...?
Est-ce que vous avez un mode d'alimentation restreint et/ou selectif ?
Avez-vous eu des troubles du comportement alimentaire à un moment de votre vie ?
Et tout ce qui pourra vous venir à l'esprit à ce sujet...
Me concernant, il y a peu de choses que je n'aime pas en soi, ou que je refuse de manger. Un aliment est un aliment. Je ne suis pas "touchée" par les questions culturelles. Il y a des saveurs et des textures que je n'apprécie pas, et un certain nombre de choses que je ne digère pas. Donc, je suis regardante sur les qualités nutritionnelles et organoleptiques de ce que j'ingurgite.
Le fait est que dans ma petite enfance, j'avais un appétit de moineau, tout en ayant une taille largement plus développée que ce type de volatile. Je précise que j'ai été allaitée jusqu'à environ 2 ans. Ce qui fait, soit dit en passant, que je ne me suis mise à repousser les élans maternels de type "étreinte" de ma mère que vers 3 ans.
Quand j'ai pris de l'âge, soit vers 6 ou 7 ans, j'ai eu de plus en plus d'appétence pour le sucré et c'était même ça qui guidait ma vie et mes "progrès sociaux", puisque j'arrivais à aller à la boulangerie pour acheter des bonbons (puis des pâtisseries, vers 11 ou 12 ans), mais dans aucun autre commerce de proximité.
En parallèle, l'alimentation a toujours fais partie de mes centres d'intérêts (à l'école primaire je faisais exclusivement des exposés sur des produits alimentaires, et même mes fiches de lectures portaient sur des ouvrages portant sur la nourriture, ainsi que les poèmes que j'apprenais).
Au collège, j'ai assez vite arrêté de fréquenter la cafeteria (faire la queue, être bousculée avec le plateau dans les mains, ne pas savoir où m'asseoir, sans compter les surveillants qui, à l'occasion, scrutaient ce qu'on laissait dans les assiettes, c'était trop pour moi...) mais je faisais une sorte de repas unique vers 17h, en rentrant chez moi.
J'étais mince et même un peu musclée. Il faut dire que pour échapper aux heures d'étude qui terminaient plusieurs journées de la semaine, je faisais régulièrement le trajet en vélo, soit 8 kilomètres, composés exclusivement de montées et descentes). Cela représentait entre 16 et 32 kilomètres hebdomadaires, auxquels s'ajoutaient mes moments de solitude passés le plus souvent possible dans les coteaux (des bois à flanc de colline).
À un moment, ça a commencé à déraper, je me suis mise à manger n'importe quoi, n'importe quand.
Je ne savais pas vraiment quand j'avais faim, mais j'avais besoin de manger.
Dès fois j'oscillais entre un sensation réelle de faim et une nausée toute aussi réelle.
Depuis, j'ai appris que de forts taux d'adrénaline et de cortisol peuvent provoquer ce type de manifestations.
Le fait est que je suis passé d'un appétit plus que modéré à une façon de m'alimenter complètement désordonnée par rapport à mes besoins physiologiques et psychologiques.
En vrai, j'ai rarement faim le matin, et même à midi, mais plus généralement vers un créneau se situant entre 15 et 17h.
J'ai envie de protéines (blancs de poulet, en général) et de légumes.
Je mange d'abord ma viande et ensuite mes légumes.
Après, en général, je n'ai plus faim jusqu'au lendemain.
Je me suis passionnée de nutrition vers l'âge de 12 ou 13 ans et j'avais fais un auto-sevrage du saccarose vers 13 ans.
À l'époque j'ingurgitais des quantités considérables de sucre (7 morceaux de sucre dans mon thé le matin, et des montagnes de bonbons). J'ai tout arrêté pendant environ deux ans, puis les sucres raffinés sont réapparus dans ma vie, mais dans une moindre mesure.
Après ça, je suis rentrée un peu plus dans la vie "normale".
Quand je me suis mise à vivre en couple, j'ai du gérer les repas de manière "traditionnelle".
Mon mari avait besoin de manger le matin, le midi et le soir, et aux repas principaux, il lui fallait entrée, plat, dessert.
J'ai toujours aimé cuisiner, alors je faisais les choses selon ses attentes et selon ce que je lisais dans les ouvrages de référence. Mon mari a perdu du poids, jusqu'à être svelte et musclé.
Moi je me suis mise à grossir de plus en plus.
J'ai arrêté de manger comme lui le matin, et de prendre des desserts en sa compagnie.
J'ai récupéré mon poids de forme (57 kilos pour 1m65, soit un IMC de 20,9).
C'était environ en 2006.
Malheureusement, j'ai recommencé à être très anxieuse, à cause de l'université et en raison de la personnalité de mon mari, psychorigide.
J'essayais de maîtriser mes prises alimentaires, mais ça a commencé à être compulsif : je me regardais, impuissante, aller chercher les petits pains au lait que mon mari mangeait au petit déjeuner, bourrés de graisse de palme hydrogénée, les tartiner de margarine de mauvaise qualité et les engouffrer les uns après les autres... ça et d'autres choses.
J'étais très malheureuse à ce moment là.
J'avais également des pulsions autodestructrices, avec l'envie de casser des choses dans l'évier et de me taillader avec.
Mon mari ne le savait pas et ne l'a jamais su.
De temps en temps, j'essayais de lui parler de mes compulsions alimentaires, mais au lieu de me soutenir, il me faisait "la morale", alors que j'essayais de lui faire comprendre que je n'avais pas de contrôle là dessus.
J'ai peu à peu prit du poids.
Je faisais 66 kilos en 2010, soit un IMC de 24,2.
Début 2013, quand le diagnostic de DCB de mari est tombé (maladie neurodégénérative rare), je pesais 72 kilos, soit un IMC de 26,4.
En avril 2015, quand j'ai été hospitalisée pour burnout, je pesais 91 kilos, soit un IMC de 33,4
J'ai perdu assez rapidement du poids, et vers juillet 2015, je pesais 79 kilos (IMC de 29)... Sauf que j'ai stagné à ce poids pendant un an.
J'ai vécu une relation avec une personne qui avait de gros besoins alimentaires (plus de 3000Kcal/jour, si ce n'est 4000Kcal). Cette personne n'avait pas conscience que je ne pouvais pas maîtriser mes prises alimentaires en vivant à ses cotés. Mon anxiété restait très importante, et les compulsions alimentaires également. J'essayais de limiter les risques de dérapages, mais j'avais envie de faire plaisir à mon ami, de partager de bonnes choses avec lui. Seulement je ne perdais pas de poids.
Pour des tas de motifs extrêmement complexes et hors de propos, je me suis enfuie, littéralement.
Mon mari est décédé, le lendemain de cette rupture.
En matière de changement, je ne crois pas qu'on puisse faire plus radical.
Depuis que je suis à nouveau seule au gouvernail de mes prises alimentaires, je ne suis plus attirée par le sucre, ni le fromage, ni les produits laitiers ou céréaliers. Je ne mange plus de pain ni de pâtes, ni de gâteaux.
Je bois ma chicorée-café du matin avec du lait de riz enrichi en calcium marin et ensuite j'ai seulement soif, je consomme des eaux calciques et magnésiennes toute la journée, et ce jusqu'à ce que j'ai à nouveau faim, soit vers environ 16 ou 17h. Là, je ne mange quasiment que du blanc de poulet (bio) et des légumes verts, biologiques (du commerce ou du jardin). J'essaie d'ajouter un filet d'huile de noix biologique sur mes légumes, quand j'y pense. Je n'ai pratiquement plus d'appétence pour les fruits ni le sucre.
Je ne peux pas m'empêcher de craindre des carences, mais je ne peux pas non plus me forcer à avoir faim...
En l'espace de 10 jours, j'ai perdu 4 kilos, sans rien faire de particulier.
Je mange à ma faim, et certes, je fais beaucoup d'exercice, mais j'en faisais déjà avant.
Mon IMC est redescendu à 27,5.
Vu la vitesse à laquelle je fond, je ne peux même pas remplir les questionnaires de la Sécurité Sociale pour mon rendez-vous au Centre d'Examens de Santé prévu mardi 06 septembre...
Il va y avoir du changement, lors de mes prochains questionnaires de comportement alimentaire, sur Nutrinet (je participe à l'étude depuis le début)...
Pré-diagnostiquée par ma psychiatre... Certificat MDPH de sa main: SA
Selon le Centre Expert : Non autiste.
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