Impossible de prendre la parole

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
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Liesl
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Impossible de prendre la parole

Message par Liesl »

Je me rappelle de mon père quand j'étais petite. Parfois à table, quand ma mère et mon frère débattaient vivement, il essayait de prendre la parole sans jamais y parvenir. Au bout d'un moment il ne faisait que de petits commentaires souvent étroitement liés au sujet mais n'ayant rien de pertinent à voir avec ce dernier. Et puis au bout d'un moment il ne faisait plus que des haussements de tons pour que le niveau sonore de la conversation baisse (sans succès la plupart du temps). Tout le monde lui reprochait ses interventions "rabat-joies", lorsqu'il demandait le silence, ou alors complètement à côté de la plaque - moi y compris. Je m'en moquais gentiment en lui demandant ce que ça avait à voir, et généralement il se mettait à bouder. Mais je crois que j'étais la seule à entendre ses remarques déplacées.

Aujourd'hui j'ai plus que jamais l'impression d'être à sa place. Au cours de mon existence il a été naturellement difficile pour moi de me faire entendre en groupe lors d'une conversation, je n'ai pas besoin de développer ce qu'il en est puisque je suppose que c'est déjà arrivé à tout le monde à une fréquence plus ou moins élevée
Spoiler : Sauf peut-être une petite anecdote aussi rigolote que désespérante :lol: : 
Quand j'étais en première année de lycée, je passais souvent du temps avec deux filles qui n'étaient pas vraiment mes amies mais avec qui je "traînais" comme on disait. Elles avaient la caractéristique d'être toutes les deux bien plus extraverties et charismatiques que moi, et elles finissaient souvent par entamer des conversations endiablées en ma présence. Je me rappelle d'une fois où je les écoutais d'une oreille et un écouteur dans l'autre. Je m'intéressais au sujet et j'avais en tête quelque chose que je voulais leur dire, ou du moins ajouter à la conversation. J'avais essayé de leur couper la parole auparavant, ce qui était pratiquement impossible et résultait souvent par une sensation d'indifférence et de malaise (en général elles s'en rendaient compte, et j'avais l'impression que ça leur était égal, voire, pour l'une d'entre elles, que cela lui procurait un certain plaisir), par conséquent, j'attendais patiemment mon tour, ou du moins un bref moment de silence lors duquel j'aurais pu commencer à parler en étant sûre d'être écoutée. Donc j'ai attendu, attendu et attendu... Puis soudain ce moment est arrivé, parfait, silencieux, et il se prolongeait ! Donc pas question que l'une des deux commence à parler en même temps que moi ! C'était ma chance et... je me suis fait une énième fois couper la parole. Pas par l'une des deux filles avec qui j'espérait converser, non. Mais par le chanteur de la chanson qui venait de démarrer dans mon écouteur droit :mryellow:. Pendant tout ce temps j'avais eu l'ambiance musicale de l'introduction de la chanson, et quand est venu mon "tour" de parler, le chanteur avait commencé son couplet et, par réflexe, je me suis écrasée et j'ai attendu qu'il finisse.

Je me suis rendue compte de cette bêtise un peu stupide quelques secondes plus tard, et, puisque c'était toujours silencieux j'ai raconté l'anecdote aux deux filles à mes côtés qui ont bien rigolé elles aussi sur le moment, du coup j'ai pu prendre la parole par la même occasion :lol:
J'ai crée ce topic parce que la situation a empiré. A présent ce n'est plus seulement avec mes amis ou en groupe que ce phénomène se produit mais en famille. C'est simple, quand mon frère et ma mère conversent tous les deux j'ai l'impression d'être invisible. Peu importe la nature de mon intervention (qu'elle soit inutile - "J'ai faim" :mryellow: - ou parfaitement en rapport avec le sujet) souvent je suis ignorée, rayée de la carte. On ne m'adresse pas un regard, pas une parole. J'ai beau crier, dire "Personne ne m'écoute !" rien ne change. Mon frère, ma mère, en plein dans leurs speeches respectifs, ne m'accordent aucune attention. Même quand l'un parle et l'autre écoute, celui qui ne parle pas n'aura jamais l'idée de me faire un signe, ou de prouver d'une façon ou d'une autre qu'il a conscience de ma présence. Et c'est lourd ! Quoique je fasse rien ne change. Plus je crie et plus je suis ignorée (ou bien à un certain point je me fais chasser de la pièce et traiter de gamine), de même quand je pars précipitamment, en claquant la porte parfois, ils continuent comme si je n'étais qu'un fantôme. Parfois, à table, il m'est arrivé d'écouter d'une oreille et de penser à autre chose, quand soudain me venait une idée qui n'avait rien à voir de pertinent avec le sujet mais qui était quand même étroitement lié à la conversation. Et ça me rappelait quelqu'un, bizarrement. Naturellement mon intervention n'était jamais prise en compte à ce moment. Je me sentais soit comme un fantôme, soit comme un petit enfant de trois ans sur sa chaise haute à table auquel personne n'accorde un regard ni une parole parce qu'après tout il est trop stupide pour comprendre ce qui se passe.

Je ne sais pas quand tout ceci à commencé. Probablement après la mort de mon père, mon frère est devenu plus proche de ma mère et moi, je n'ai pas l'impression d'avoir changé quoi que ce soit à mon attitude. Avant, tout comme moi, mon frère avait l'habitude de passer ses journées devant son ordinateur à vaquer à ses occupations, mais à présent il est plus présent, il fait des choses qu'avant il ne faisait pas. D'un côté je sais que je serais incapable de l'imiter, car pour moi ça reviendrait à faire semblant. De quoi ? Je ne sais pas trop. A faire des choses que je ne penserais pas à faire d'habitude et dont je n'ai pas envie. Mais d'un autre côté je me dis que j'ai peut-être tort de penser ça. Avant, nous étions deux à côté de la plaque. Mon père à râler parfois et à essayer vainement de s'intégrer, et moi à simplement écouter, voire à ne pas m'intéresser du tout aux débats en cours. Mais au moins je n'étais pas invisible (du moins je ne me sentais pas comme tel) ni toute seule.

Ils me reprochent sans cesse de ne pas être assez là (je suis souvent dans une autre pièce, sur l'ordinateur ou en train de lire) mais quand je suis là j'ai l'impression de ne pas être à ma place, ils me font me sentir seule et invisible. Je ne dirais pas que c'est là la cause de ce qu'ils aiment appeler mon "isolement". C'est simplement que lorsque je vois que je suis ignorée, je retourne faire ce que j'ai envie de faire un point c'est tout ! Qu'ils viennent me voir ensuite pour solliciter ma présence c'est comme venir me dire "Viens servir de décor, histoire qu'on ait quelqu'un à ignorer pendant nos conversations animées !". Je précise que je suis en bons termes avec ma famille. Certains trouvent même ça étonnant puisqu'en général pas mal de tensions se créent après le décès d'un membre de la famille.

Je précise que ça n'arrive pas réellement tout le temps, mais bien trop souvent à mon goût. Je précise aussi que certaines de leurs conversations ne m'intéressent absolument pas, et c'est donc volontairement que je choisis de m'en exclure et à ce moment là, ne pas en faire partie me convient. Mais lorsque j'ai envie d'intervenir, qu'on me mette des bâtons dans les roues à ce point me met hors de moi. Le pire c'est que je doute que ce soit réellement volontaire, même si j'en ai l'impression et qu'un sentiment de profonde injustice en découle.

Vous arrive-t-il ce genre de mésaventures régulièrement ? En famille comme entre amis ou dans un groupe quelconque ?
Et si vous savez naturellement bien parler, avez-vous déjà été dans cette situation ? Si oui, savez vous comment s'imposer ? Ou au moins cesser d'être l'ectoplasme de service ?
كن ثريا في البية ان لم تستطيع ان تكون نجمة في السماء
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Niejcas
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Re: Impossible de prendre la parole

Message par Niejcas »

PAs encore de solution pour moi.

Je me mets carrément à en paniquer et sortir comme ton père une remarque finalement à côté de la plaque qui me fait honte par elle-même, mais aussi parce que je sais que ce que je voulais initialement dire n'est toujours pas sorti...
D'une frustration initiale en découle une seconde, sans soulagement de la première.

Mes parents, en gros ils ont tendance à s'engueuler mutuellement à base de "Tu m'écoutes jamais quand j'te parle". Et l'autre de rétorquer "Mais si roh tu éxagères !".
En fait ça me rend triste parce que dans leur comportement il m’apparait assez probable qu'ils puissent avoir tout deux des traits autistiques. Et que finalement en s'engueulant, ils se reprochent mutuellement leurs traits sans se donner les moyens de s'en sortir dans leur relation de couple. Et de me dire que je suis né et ait grandi dans ce genre d'ambiance m'expliquerait bien des choses...
:(
« How small a thought it takes to fill a whole life »

Entretien pré-diagnostic le 15 Mai 2014.
Diagnostic les 8 et 9 Octobre 2014.
Bilan le 4 décembre 2014.
TSA / HQI confirmé.
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WinstonWolfe
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Re: Impossible de prendre la parole

Message par WinstonWolfe »

Oui, ça m'arrive assez – trop – souvent. En famille, régulièrement, quand on est au complet. Du coup, je participe peu, ça évite les frustrations. Ces situations-là m'énervent au plus haut point, quand quelqu'un démarre sa phrase sans même faire attention.

Professionnellement, ça arrive aussi. Là, j'ai traité différemment. J'ai fait des exemples. Ça m'est arrivé une fois, en me faisant couper la parole de façon abrupte et impolie, de me lever et de partir en disant "si on peut pas en placer une, ici, ça sert à rien que je reste". Depuis, je passe pour un grincheux, mais j'arrive plus facilement à parler. Bon, la situation était vraiment extrême et caricaturale, je ne ferais pas ça systématiquement...

Si je devais noter le sentiment de frustration de 0 à 10, je mettrais bien 8 à 9 à ce que ces situations peuvent générer. Même les situations sur ce forum, et ça m'arrive souvent, où un message passe complètement inaperçu, fait remonter ce genre de sentiment de frustration. Et comme c'est par écrit, on peut revoir le fil des événements, ça ne m'a pourtant jamais permis de comprendre pourquoi tel message est "entendu" et pas tel autre. Du coup, pour comprendre le phénomène à l'oral, ça semble impossible.

J'ai cru comprendre toutefois qu'il faut, d'une certaine façon, acheter son ticket dans une conversation pour pouvoir prétendre à y participer quand on souhaite. Ça veut dire, rapidement dans le cours de l'échange, dire quelque chose, un acquiescement, une banalité, une blague... Et répéter l'opération souvent – mais pas trop – pour garder son rang. Ainsi, quand vient le moment où il y a une chose importante à dire, les esgourdes sont grandes ouvertes.

Mais bon, c'est juste une hypothèse, et je n'arrive pas vraiment à le faire fonctionner correctement. Ça marche un peu, mais ça demande sûrement beaucoup de savoir faire.

Peut-être pour mieux comprendre pourrais-tu observer. N'y a-t-il pas des situations où toi tu parles avec quelqu'un et où tu es amenée à ignorer une personne qui voudrait intervenir ? Voir la situation d'un autre point de vue permet de mieux comprendre. Moi, ça m'a aidé en tous cas. Et je sais que j'ai ignoré des gens, et que je le fais moins maintenant.

Enfin, as-tu eu l'occasion de parler de ce ressenti à ta famille ?
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Tugdual
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Re: Impossible de prendre la parole

Message par Tugdual »

Une situation connue, également ...
WinstonWolfe a écrit :J'ai cru comprendre toutefois qu'il faut, d'une certaine façon, acheter son ticket dans une conversation pour pouvoir prétendre à y participer quand on souhaite. Ça veut dire, rapidement dans le cours de l'échange, dire quelque chose, un acquiescement, une banalité, une blague... Et répéter l'opération souvent – mais pas trop – pour garder son rang. Ainsi, quand vient le moment où il y a une chose importante à dire, les esgourdes sont grandes ouvertes.
Je pense que c'est bien vu, Winston ... :)

Je remarque aussi une chose amusante lors
de réunions, soirées ou autres festivités.

Quand des groupes se forment, par exemple
quatre ou cinq personnes qui se regroupent,
debout, pour discuter un verre à la main,
il m'arrive de m'incruster dans ce cercle,
pour écouter les conversations.

Il se passe alors un phénomène subtil et
déroutant : le cercle vit sa vie, d'une certaine
façon, selon les personnes qui le quittent ou
celles qui le rejoignent, et peu à peu, très
subtilement, je me fait exclure du cercle :
je me retrouve à son extrême périphérie.

Parfois, une des personnes du cercle s'en
aperçoit, et va même jusqu'à s'excuser :
"pardon, je me suis placé devant toi" !

De quoi expérimenter ce que peut ressentir
un homme invisible perdu dans la foule ...
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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freeshost
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Re: Impossible de prendre la parole

Message par freeshost »

Oui, j'ai plusieurs hypothèses aussi à ce sujet :

- les personnes ont l'habitude de te voir inactif/inactive dans la conversation, si bien qu'elles te considèrent comme une "plante" ("d'toute façon, il/elle dit jamais rien") ; dans ce cas, il faut peu à peu "s'imposer", prendre cette habitude de participer aux diverses conversations, ce qui n'est guère aisé si on a des intérêts restreints ("à quoi ça leur sert de parler d'ça ?") ; peut-être donc qu'il faut aussi commencer à oser interrompre une discussion (marquer son "territoire" :mrgreen: ),
- il m'arrive régulièrement de me dire "Qui ne dit mot consent." donc : si je suis d'accord, je n'ai rien à ajouter, et donc ne parle pas. Or, la personne neurotypique veut souvent des signes d'approbations (ou de désaccord), qu'ils soient verbaux ou non verbaux,
- et puis si tu ne parles pas jamais, tu ne vas pas paraître intéressant, c'est peut-être aussi pour ça qu'on ne va pas te parler ; la personne qui veut des "sensations" cherche des personnes "intéressantes" (même qui "font leur intéressant", qui essaient de se faire remarquer) ; il y en a pas mal pour qui se faire remarquer est plus important que tout le reste (que l'écoute de l'autre ; que la justesse du contenu ; que des considérations éthiques),
- lors de grandes rencontres, j'ai l'impression que les groupes qui se forment sont des groupes qui s'étaient déjà formés : des personnes ont tissé des liens entre elles donc elles auront plus tendance à rester entre elles ; comme je ne suis pas ce schéma (entre l'inconnu et le connu, je choisis l'inconnu, qu'il s'agisse de discipline artistique, scientifique, sportive ou d’œuvres gustatives, musicales, etc.), j'ai tendance à observer plus les personnes que je ne connais pas (même si j'observe tout le monde*) ; cela est sûrement lié au fait que j'aime voyager seul : des personnes [surtout des personnes neurotypiques ?] de nationalité N1 qui voyagent dans un pays N2 auront tendance à rester entre elles donc à moins découvrir la nation N2,
- * Il n'y a pas beaucoup de personnes qui aiment se faire observer sans qu'on ne converse avec elles. Ajoutons à cela le fait qu'une personne (surtout neurotypique) n'aiment pas trop qu'on leur parle sans leur regarder dans les yeux.

Donc, le "ticket", il faut l'acheter dès le début, pas en court de "concert". Disons que c'est plus difficile d'arriver dans un échange déjà entamé. Les premières personnes qui ont pris part à la conversation sont souvent les plus regardées, surtout si elles ne se gênent pas. Ou un autre truc qui me semble utile, et qu'on voit souvent en début de dissertation ou de n'importe quel texte : une accroche/amorce tape-à-l'œil (parfois quitte à être ridicule, mais faut pas le faire trop souvent, même si le ridicule ne tue pas) jouée un peu de manière théâtrale, et avec des mots simples, courants. C'est un peu comme quand tu expliques quelque chose de scientifique (en mathématique, physique, psychologie, etc.). Donne d'abord des exemples illustratifs, parlants, avant d'énoncer le théorème ou la notion avec des termes rébarbatifs, inconnu du Tout-Paris comme du commun des mortels en général. Ou, parlant des cercles, un truc qui arrive souvent, c'est : quand on s'immisce dans un cercle, on ne s'y immisce pas sans parler (té, kossé k'y fout là, lui, à se mett' dans nos pattes sans jaser un brin ?!). C'est moins aisé si "on n'a rien à se dire" ("on s'connaît ?").

Il arrive parfois qu'on se fasse remarquer parce qu'on a des qualités particulières. Au gymnase, on venait souvent vers moi pour me poser des questions en mathématique. :lol:

Jouer le jeu ou non, that is the question. :mrgreen: Se faire visible ou invisible, ou comment trouver un juste milieu (entre surexhibition et effacement total) ?
Modifié en dernier par freeshost le dimanche 13 juillet 2014 à 12:47, modifié 1 fois.
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)
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Liesl
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Re: Impossible de prendre la parole

Message par Liesl »

Niejcas a écrit :Mes parents, en gros ils ont tendance à s'engueuler mutuellement à base de "Tu m'écoutes jamais quand j'te parle". Et l'autre de rétorquer "Mais si roh tu éxagères !".
En fait ça me rend triste parce que dans leur comportement il m’apparait assez probable qu'ils puissent avoir tout deux des traits autistiques. Et que finalement en s'engueulant, ils se reprochent mutuellement leurs traits sans se donner les moyens de s'en sortir dans leur relation de couple. Et de me dire que je suis né et ait grandi dans ce genre d'ambiance m'expliquerait bien des choses...
:(
C'est drôle parce que chez moi c'est exactement l'inverse, ce ne sont presque jamais des engueulades (quand ça en est je vais me cacher :mryellow: en plus généralement c'est aussi violent que leurs débats) mais souvent des conversations animées sur un sujet particulier, souvent je n'y vois aucun intérêt d'ailleurs. Et puis je les vois être super proches (et ça ne me dérange absolument pas, au contraire) et faire ça dès qu'ils sont ensemble donc c'est assez difficile de s'imposer puisque j'imagine être "la petite qui vit sa vie dans sa chambre et qui ne s'intéresse pas aux conversations de groupe". Mais je me demande vraiment ce qui leur passe par la tête lorsqu'ils m'ignorent... Ils ont parfois l'air de tellement vouloir de ma présence que je me dis qu'à leur place je serais sûrement attentive un minimum, et surtout encourageante. Mais bon, je ne les comprend pas, et ils ne me comprennent pas j'imagine, tout comme personne ne comprenait le caractère grincheux et renfermé, voire à l'Ouest, de mon père. Après peut-être que ça n'a rien à voir, mais je ne peux pas m'empêcher d'y voir un certain rapprochement.
WinstonWolfe a écrit :Oui, ça m'arrive assez – trop – souvent. En famille, régulièrement, quand on est au complet. Du coup, je participe peu, ça évite les frustrations.
J'aimerais faire ça aussi, d'ailleurs c'est ce que je fais la plupart du temps, sauf que j'ai tendance à être irrémédiablement attirée par la pièce la moins bruyante ou la plus "sécurisée" - de mon point de vue - de la maison quand je n'ai rien à faire à un endroit. (Exemple : à table, s'ils parlent et débattent et que j'ai fini de manger je ne vais pas rester là, je vais retourner vaquer à mes occupations. Et on peut être sûrs que j'aurais ensuite droit à des "pourquoi tu t'isoles ?" ou "pourquoi tu restes pas avec nous ?" voire des "espèce d'antisociale" de la part de Frère :mrgreen:)

Ça me fait rire parce qu'au moment où j'écris ce message ils sont en plein débat argumenté encore une fois, à croire qu'ils ne font que ça :lol:
WinstonWolfe a écrit :Professionnellement, ça arrive aussi. Là, j'ai traité différemment. J'ai fait des exemples. Ça m'est arrivé une fois, en me faisant couper la parole de façon abrupte et impolie, de me lever et de partir en disant "si on peut pas en placer une, ici, ça sert à rien que je reste". Depuis, je passe pour un grincheux, mais j'arrive plus facilement à parler. Bon, la situation était vraiment extrême et caricaturale, je ne ferais pas ça systématiquement...
J'avoue que ça m'angoisse un petit peu :?... dans le domaine professionnel on a pas les moyens de s'imposer "de force" comme j'ai pu le faire une fois ou deux entre amis... Enfin de force et "gentiment" quand même. Pour donner un exemple, quand je me faisais couper la parole par quelqu'un dont j'étais assez proche, ou avec qui il y avait une forte réciprocité amicale, je n'hésitais pas à lui donner une petite tape sur la tête avec un petit "Hé ! Je parlais avant !" et ça, ça fonctionnait ! Je ne le faisais qu'exceptionnellement, mais ça fonctionnait vraiment bien. Je me vois mal faire la même chose dans le domaine professionnel, étrangement :lol:
WinstonWolfe a écrit :Si je devais noter le sentiment de frustration de 0 à 10, je mettrais bien 8 à 9 à ce que ces situations peuvent générer. Même les situations sur ce forum, et ça m'arrive souvent, où un message passe complètement inaperçu, fait remonter ce genre de sentiment de frustration. Et comme c'est par écrit, on peut revoir le fil des événements, ça ne m'a pourtant jamais permis de comprendre pourquoi tel message est "entendu" et pas tel autre. Du coup, pour comprendre le phénomène à l'oral, ça semble impossible.
Et dire que moi je me suis toujours sentie un peu stupide de vouloir répondre à chaque message individuellement :lol: je trouve toujours quelque chose à dire, aucun message n'est le même, et les gens font ça pour m'aider donc je ne les ignore pas généralement. A l'inverse je ne m'angoisse pas quand l'un de mes messages passe inaperçue. Je me dis que la personne à l'origine du post l'a prise en compte et c'est le principal, que peut-être ça a été utile mais qu'il n'y a rien de particulier à répondre, voilà.
WinstonWolfe a écrit :J'ai cru comprendre toutefois qu'il faut, d'une certaine façon, acheter son ticket dans une conversation pour pouvoir prétendre à y participer quand on souhaite. Ça veut dire, rapidement dans le cours de l'échange, dire quelque chose, un acquiescement, une banalité, une blague... Et répéter l'opération souvent – mais pas trop – pour garder son rang. Ainsi, quand vient le moment où il y a une chose importante à dire, les esgourdes sont grandes ouvertes.

Mais bon, c'est juste une hypothèse, et je n'arrive pas vraiment à le faire fonctionner correctement. Ça marche un peu, mais ça demande sûrement beaucoup de savoir faire.
Un jour mon frère m'a dit quelque chose de similaire ! Il m'a dit qu'on était pas obligé d'être "productif" il fallait juste donner l'illusion d'être très attentif et donc d'être partie intégrante de la conversation comme receveur (alors que nous, quand on écoute sagement dans notre coin, on pourrait très bien penser à tout autre chose sans que ça se remarque). Pour montrer qu'on est un receveur "actif" (et c'est là que ça devient comique) il faut répéter les fins de phrases de la personne qui parle :mryellow:.
- Ah oui la personne qui parle, oui.
- C'est une manière d'acquiescer dans un sens et notre intervention est toujours prise en compte du coup on peut enchaîner pour en placer une de manière quasi naturelle
- Enchaîner oui, de manière naturelle !
- Et comme ça on ne se retrouve pratiquement jamais exclu de la conversation, on a toujours une place, même si elle est toute petite, mais c'est beaucoup plus actif que d'être complètement exclu puisqu'on prouve qu'on existe dans un sens.
- Dans un sens oui on prouve qu'on existe.

Ça fait vraiment très lourd présenté comme ça :mrgreen: mais c'est comme ça qu'il me l'a expliqué et il l'a même mis en œuvre devant moi c'était assez impressionnant, mais je n'ai jamais été capable de le reproduire, je me sens idiote et j'ai l'impression que ça ne change rien... mais peut-être que je le fais mal, c'est tout
WinstonWolfe a écrit :Peut-être pour mieux comprendre pourrais-tu observer. N'y a-t-il pas des situations où toi tu parles avec quelqu'un et où tu es amenée à ignorer une personne qui voudrait intervenir ? Voir la situation d'un autre point de vue permet de mieux comprendre. Moi, ça m'a aidé en tous cas. Et je sais que j'ai ignoré des gens, et que je le fais moins maintenant.

Enfin, as-tu eu l'occasion de parler de ce ressenti à ta famille ?
Je n'en ai pas le souvenir justement, je me dis que peut-être j'ai été trop prise dans la conversation et je n'ai pas vu une éventuelle personne qui essayait de participer ? Pourtant généralement je suis attentive. Non, je pense que je suis trop souvent celle qui est exclue dans les groupes. En revanche j'ai le souvenir d'avoir échangé un regard compatissant avec une personne qui venait de se faire couper la parole ou qui n'arrivait pas à la prendre, du coup souvent cette même personne se retourne vers moi et me dit à moi ce qu'elle aurait voulu dire aux autres. C'est rigolo. Enfin, je trouve.

Oui je leur en ai parlé. Mon frère m'a alors fait son speech comme quoi c'est une question de charisme écrasant (oui il est très modeste :mryellow:) et il m'a donné ces quelques tactiques que je n'arrive pas à mettre en place. Quant à ma mère je n'ai pas le souvenir qu'elle m'ait dit quoique ce soit, ou alors pour nier "Mais non, on t'ignore pas !"
Tugdual a écrit :Il se passe alors un phénomène subtil et
déroutant : le cercle vit sa vie, d'une certaine
façon, selon les personnes qui le quittent ou
celles qui le rejoignent, et peu à peu, très
subtilement, je me fait exclure du cercle :
je me retrouve à son extrême périphérie.
Ça je sais ce que ça fait. Ça ne m'est pas arrivé depuis des années, mais ça remonte à l'époque du collège, dans la cour de récréation où on se rassemblait en cercle pour discuter. A chaque fois, le cercle prenait une forme qui ne m'avantageait absolument pas. Je forçais un peu pour m'inclure et je luttais pour rester, mais je voyais qu'autour de moi, les plus charismatiques d'entre tous avaient leur place de gagnée.
freeshost a écrit :- les personnes ont l'habitude de te voir inactif/inactive dans la conversation, si bien qu'elles te considèrent comme une "plante" ("d'toute façon, il/elle dit jamais rien") ; dans ce cas, il faut peu à peu "s'imposer", prendre cette habitude de participer aux diverses conversations, ce qui n'est guère aisé si on a des intérêts restreints ("à quoi ça leur sert de parler d'ça ?") ; peut-être donc qu'il faut aussi commencer à oser interrompre une discussion (marquer son "territoire" :mrgreen: ),
Une grande partie de mon problème est due à ça je pense :), généralement les conversations entre ma mère et mon frère ne m'intéressent absolument pas. Ils parlent de tout et de n'importe quoi : de politique, d'un fait d'actualité, ce sont généralement des centres d'intérêts "d'adultes" et je sens d'un côté que je passe pour la petite cadette qui ne s'intéresse pas (encore ?) a ces choses, et d'un côté c'est comme si je n'avais pas de place d'office. J'ai pu constater que lorsque je suis seule avec ma mère les choses se passaient autrement. Elle adore quand je lui parle (c'est clair que ça change de d'habitude :mryellow:) mais la plupart du temps, je parle de choses que je suis la seule à connaître, et elle n'a rien de particulier à répondre, donc je monopolise littéralement la conversation. Parfois elle arrive quand même à en placer quelques unes, mais il suffit qu'elle dérape ou qu'elle essaie de me contredire et je peux me montrer plutôt désagréable... Entre amis ça n'arrive jamais. Je me force à adhérer au sujet et dans le pire des cas il va lentement me glisser entre les doigts, et en deux temps trois mouvements je vais me retrouver sur le carreau à écouter ou à penser à autre chose. Et voici qu'arrivent les qualificatifs de "rêveuse" ou "dans la lune". Youpi !
freeshost a écrit :- il m'arrive régulièrement de me dire "Qui ne dit mot consent." donc : si je suis d'accord, je n'ai rien à ajouter, et donc ne parle pas. Or, la personne neurotypique veut souvent des signes d'approbations (ou de désaccord), qu'ils soient verbaux ou non verbaux,
C'est vrai que les membres les plus attentionnés des groupes dans lesquels je me suis retrouvée ont eu souvent l'occasion de stopper le cours de la conversation pour m'interroger, ou me demander si j'étais d'accord. La dernière situation en date remonte mais je me souviens avoir dit une espèce de phrase maladroite du type "C'est pas parce que je ne dis rien que je ne suis pas d'accord". Ça l'avait fait rire. Je n'ai jamais trop compris pourquoi, mais c'était tant mieux, d'un côté :)
freeshost a écrit :- lors de grandes rencontres, j'ai l'impression que les groupes qui se forment sont des groupes qui s'étaient déjà formés : des personnes ont tissé des liens entre elles donc elles auront plus tendance à rester entre elles ; comme je ne suis pas ce schéma (entre l'inconnu et le connu, je choisis l'inconnu, qu'il s'agisse de discipline artistique, scientifique, sportive ou d’œuvres gustatives, musicales, etc.), j'ai tendance à observer plus les personnes que je ne connais pas (même si j'observe tout le monde*) ; cela est sûrement lié au fait que j'aime voyager seul : des personnes [surtout des personnes neurotypiques ?] de nationalité N1 qui voyagent dans un pays N2 auront tendance à rester entre elles donc à moins découvrir la nation N2,
Oh oui, j'ai constaté ça aussi... d'un côté c'est plutôt handicapant quand on a un peu de mal à aller vers les autres. Sinon il y a aussi la "concurrence déloyale" :mryellow: comment expliquer ça... Le semestre dernier, en cours d'anglais, j'ai rencontré une fille qui m'a spontanément adressé la parole sur quelque chose que disait l'enseignante. C'était une remarque comme ça lancée de but en blanc et j'ai mis pas mal de temps (c'était très court je pense mais dans ma tête ça a mis longtemps) à comprendre qu'elle me parlait probablement. Donc j'ai répondu. Et vu que c'est un cours de langues, est arrivé ce que tout le monde craint qu'il arrive : les exercices de présentation de ses camarades. On était trois à la table, la fille, moi et une autre fille. A partir de ce moment j'ai fait mon possible pour être ouverte et intéressante, avec la première fille on discutait beaucoup et on est même rentrées ensemble une fois, je pensais avoir trouvé une amie, mais ce qui devait arriver arriva. A un cour, je n'ai pas réussi à reprendre ma place entre elles deux et je me suis retrouvée en bout de ligne, il ne m'en a pas fallu plus. Et au fil du cours je les ai vues se rapprocher bien plus que tout ce temps que j'avais passé avec la première fille. A la troisième séance (on ne se voit qu'une fois par semaine), l'une proposait un concert à l'autre et j'étais comme à des kilomètres de là, et je me demandais ce que j'avais raté. Il y a eu quelques autres facteurs décourageants, et je n'y suis plus retournée ensuite. Ma journée était déjà chargée et je sentais que je n'avais pas besoin du support de cours, je n'y suis retournée que pour l'examen. Je précise que mon année n'a pas été un échec pour autant ^^, ce genre de choses m'arrive une quinzaine de fois chaque année avant que je ne trouve de vraies fréquentations. J'ai tout de même rencontré de chouettes personnes :)
freeshost a écrit :Il n'y a pas beaucoup de personnes qui aiment se faire observer sans qu'on ne converse avec elles
J'ai l'impression d'être souvent observée, même lorsque je ne participe pas aux conversations. Et j'ai aussi l'impression que dans mon environnement, tout le monde observe tout le monde, gentiment :mrgreen:
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WinstonWolfe
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Re: Impossible de prendre la parole

Message par WinstonWolfe »

La communication dans le domaine professionnel a tendance à être un peu plus simple, je trouve, si ce n'est au début, pendant la phase d'observation. Mais les codes sont plus faciles à saisir, les rôles de chacun sont plus évidents à discerner. Et tant qu'on se bat pour l'objectif commun, on est sûr de ne pas trop s'écarter du bon chemin.

Il y a beaucoup de techniques de communication qui s'apprennent, surtout dans le milieu professionnel où ce genre de formations en a enrichi plus d'un. De bonnes choses sont à retirer de cela, des techniques comme celle que ton frère t'a expliqué, et bien d'autres. Ce sont des techniques qui marchent, et qui valent le coup de s'y intéresser. Mais, mais... Ce ne sont que des techniques. S'appuyer uniquement sur elles rendrait la communication totalement mécanique, froide, dénuée de saveur. J'en ai vues, des personnes qui pensaient être de parfaits communicants parce qu'ils connaissaient une ou deux techniques.

La réalité, c'est que rien ne remplace la sincérité. Donc, tu peux obtenir de bons résultats à apprendre "la" communication, ce qui compte à la fin, c'est que ta personnalité soit ce que les gens voient chez toi. Il faut apprendre, s'améliorer, surtout pour limiter la peine et les frustrations, mais ne pas perdre tout à fait ces petits défauts qui, aussi, sont toi.
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Re: Impossible de prendre la parole

Message par newvie492 »

Pour moi, en groupe (dès qu'il y a 2 personnes avec moi au minimum)...je ne parle presque plus.
Il faut juste que les gens me connaissent un peu pour que je puisse parler un minimum.
Mais comme je sors avec des gens nouveaux à chaque fois, ou bien quand je revois les gens, ce n'est que du superficiel la relation avec eux...bah ils ne me connaissent pas du tout.
Je dis cela, car par exemple, ma chef d'équipe au travail, de temps en temps vient parler avec mon collègue dans mon bureau...et là je parle un minimum.
Voilà voilou.