Niejcas a écrit :Mes parents, en gros ils ont tendance à s'engueuler mutuellement à base de "Tu m'écoutes jamais quand j'te parle". Et l'autre de rétorquer "Mais si roh tu éxagères !".
En fait ça me rend triste parce que dans leur comportement il m’apparait assez probable qu'ils puissent avoir tout deux des traits autistiques. Et que finalement en s'engueulant, ils se reprochent mutuellement leurs traits sans se donner les moyens de s'en sortir dans leur relation de couple. Et de me dire que je suis né et ait grandi dans ce genre d'ambiance m'expliquerait bien des choses...
C'est drôle parce que chez moi c'est exactement l'inverse, ce ne sont presque jamais des engueulades (quand ça en est je vais me cacher
en plus généralement c'est aussi violent que leurs débats) mais souvent des conversations animées sur un sujet particulier, souvent je n'y vois aucun intérêt d'ailleurs. Et puis je les vois être super proches (et ça ne me dérange absolument pas, au contraire) et faire ça dès qu'ils sont ensemble donc c'est assez difficile de s'imposer puisque j'imagine être "la petite qui vit sa vie dans sa chambre et qui ne s'intéresse pas aux conversations de groupe". Mais je me demande vraiment ce qui leur passe par la tête lorsqu'ils m'ignorent... Ils ont parfois l'air de tellement vouloir de ma présence que je me dis qu'à leur place je serais sûrement attentive un minimum, et surtout encourageante. Mais bon, je ne les comprend pas, et ils ne me comprennent pas j'imagine, tout comme personne ne comprenait le caractère grincheux et renfermé, voire à l'Ouest, de mon père. Après peut-être que ça n'a rien à voir, mais je ne peux pas m'empêcher d'y voir un certain rapprochement.
WinstonWolfe a écrit :Oui, ça m'arrive assez – trop – souvent. En famille, régulièrement, quand on est au complet. Du coup, je participe peu, ça évite les frustrations.
J'aimerais faire ça aussi, d'ailleurs c'est ce que je fais la plupart du temps, sauf que j'ai tendance à être irrémédiablement attirée par la pièce la moins bruyante ou la plus "sécurisée" - de mon point de vue - de la maison quand je n'ai rien à faire à un endroit. (Exemple : à table, s'ils parlent et débattent et que j'ai fini de manger je ne vais pas rester là, je vais retourner vaquer à mes occupations. Et on peut être sûrs que j'aurais ensuite droit à des "pourquoi tu t'isoles ?" ou "pourquoi tu restes pas avec nous ?" voire des "espèce d'antisociale" de la part de Frère
)
Ça me fait rire parce qu'au moment où j'écris ce message ils sont en plein débat argumenté encore une fois, à croire qu'ils ne font que ça
WinstonWolfe a écrit :Professionnellement, ça arrive aussi. Là, j'ai traité différemment. J'ai fait des exemples. Ça m'est arrivé une fois, en me faisant couper la parole de façon abrupte et impolie, de me lever et de partir en disant "si on peut pas en placer une, ici, ça sert à rien que je reste". Depuis, je passe pour un grincheux, mais j'arrive plus facilement à parler. Bon, la situation était vraiment extrême et caricaturale, je ne ferais pas ça systématiquement...
J'avoue que ça m'angoisse un petit peu
... dans le domaine professionnel on a pas les moyens de s'imposer "de force" comme j'ai pu le faire une fois ou deux entre amis... Enfin de force et "gentiment" quand même. Pour donner un exemple, quand je me faisais couper la parole par quelqu'un dont j'étais assez proche, ou avec qui il y avait une forte réciprocité amicale, je n'hésitais pas à lui donner une petite tape sur la tête avec un petit "Hé ! Je parlais avant !" et ça, ça fonctionnait ! Je ne le faisais qu'exceptionnellement, mais ça fonctionnait vraiment bien. Je me vois mal faire la même chose dans le domaine professionnel, étrangement
WinstonWolfe a écrit :Si je devais noter le sentiment de frustration de 0 à 10, je mettrais bien 8 à 9 à ce que ces situations peuvent générer. Même les situations sur ce forum, et ça m'arrive souvent, où un message passe complètement inaperçu, fait remonter ce genre de sentiment de frustration. Et comme c'est par écrit, on peut revoir le fil des événements, ça ne m'a pourtant jamais permis de comprendre pourquoi tel message est "entendu" et pas tel autre. Du coup, pour comprendre le phénomène à l'oral, ça semble impossible.
Et dire que moi je me suis toujours sentie un peu stupide de vouloir répondre à chaque message individuellement
je trouve toujours quelque chose à dire, aucun message n'est le même, et les gens font ça pour m'aider donc je ne les ignore pas généralement. A l'inverse je ne m'angoisse pas quand l'un de mes messages passe inaperçue. Je me dis que la personne à l'origine du post l'a prise en compte et c'est le principal, que peut-être ça a été utile mais qu'il n'y a rien de particulier à répondre, voilà.
WinstonWolfe a écrit :J'ai cru comprendre toutefois qu'il faut, d'une certaine façon, acheter son ticket dans une conversation pour pouvoir prétendre à y participer quand on souhaite. Ça veut dire, rapidement dans le cours de l'échange, dire quelque chose, un acquiescement, une banalité, une blague... Et répéter l'opération souvent – mais pas trop – pour garder son rang. Ainsi, quand vient le moment où il y a une chose importante à dire, les esgourdes sont grandes ouvertes.
Mais bon, c'est juste une hypothèse, et je n'arrive pas vraiment à le faire fonctionner correctement. Ça marche un peu, mais ça demande sûrement beaucoup de savoir faire.
Un jour mon frère m'a dit quelque chose de similaire ! Il m'a dit qu'on était pas obligé d'être "productif" il fallait juste donner l'illusion d'être très attentif et donc d'être partie intégrante de la conversation comme receveur (alors que nous, quand on écoute sagement dans notre coin, on pourrait très bien penser à tout autre chose sans que ça se remarque). Pour montrer qu'on est un receveur "actif" (et c'est là que ça devient comique) il faut répéter les fins de phrases de la personne qui parle
.
- Ah oui la personne qui parle, oui.
- C'est une manière d'acquiescer dans un sens et notre intervention est toujours prise en compte du coup on peut enchaîner pour en placer une de manière quasi naturelle
- Enchaîner oui, de manière naturelle !
- Et comme ça on ne se retrouve pratiquement jamais exclu de la conversation, on a toujours une place, même si elle est toute petite, mais c'est beaucoup plus actif que d'être complètement exclu puisqu'on prouve qu'on existe dans un sens.
- Dans un sens oui on prouve qu'on existe.
Ça fait vraiment très lourd présenté comme ça
mais c'est comme ça qu'il me l'a expliqué et il l'a même mis en œuvre devant moi c'était assez impressionnant, mais je n'ai jamais été capable de le reproduire, je me sens idiote et j'ai l'impression que ça ne change rien... mais peut-être que je le fais mal, c'est tout
WinstonWolfe a écrit :Peut-être pour mieux comprendre pourrais-tu observer. N'y a-t-il pas des situations où toi tu parles avec quelqu'un et où tu es amenée à ignorer une personne qui voudrait intervenir ? Voir la situation d'un autre point de vue permet de mieux comprendre. Moi, ça m'a aidé en tous cas. Et je sais que j'ai ignoré des gens, et que je le fais moins maintenant.
Enfin, as-tu eu l'occasion de parler de ce ressenti à ta famille ?
Je n'en ai pas le souvenir justement, je me dis que peut-être j'ai été trop prise dans la conversation et je n'ai pas vu une éventuelle personne qui essayait de participer ? Pourtant généralement je suis attentive. Non, je pense que je suis trop souvent celle qui est exclue dans les groupes. En revanche j'ai le souvenir d'avoir échangé un regard compatissant avec une personne qui venait de se faire couper la parole ou qui n'arrivait pas à la prendre, du coup souvent cette même personne se retourne vers moi et me dit à moi ce qu'elle aurait voulu dire aux autres. C'est rigolo. Enfin, je trouve.
Oui je leur en ai parlé. Mon frère m'a alors fait son speech comme quoi c'est une question de charisme écrasant (oui il est très modeste
) et il m'a donné ces quelques tactiques que je n'arrive pas à mettre en place. Quant à ma mère je n'ai pas le souvenir qu'elle m'ait dit quoique ce soit, ou alors pour nier "Mais non, on t'ignore pas !"
Tugdual a écrit :Il se passe alors un phénomène subtil et
déroutant : le cercle vit sa vie, d'une certaine
façon, selon les personnes qui le quittent ou
celles qui le rejoignent, et peu à peu, très
subtilement, je me fait exclure du cercle :
je me retrouve à son extrême périphérie.
Ça je sais ce que ça fait. Ça ne m'est pas arrivé depuis des années, mais ça remonte à l'époque du collège, dans la cour de récréation où on se rassemblait en cercle pour discuter. A chaque fois, le cercle prenait une forme qui ne m'avantageait absolument pas. Je forçais un peu pour m'inclure et je luttais pour rester, mais je voyais qu'autour de moi, les plus charismatiques d'entre tous avaient leur place de gagnée.
freeshost a écrit :- les personnes ont l'habitude de te voir inactif/inactive dans la conversation, si bien qu'elles te considèrent comme une "plante" ("d'toute façon, il/elle dit jamais rien") ; dans ce cas, il faut peu à peu "s'imposer", prendre cette habitude de participer aux diverses conversations, ce qui n'est guère aisé si on a des intérêts restreints ("à quoi ça leur sert de parler d'ça ?") ; peut-être donc qu'il faut aussi commencer à oser interrompre une discussion (marquer son "territoire"
),
Une grande partie de mon problème est due à ça je pense
, généralement les conversations entre ma mère et mon frère ne m'intéressent absolument pas. Ils parlent de tout et de n'importe quoi : de politique, d'un fait d'actualité, ce sont généralement des centres d'intérêts "d'adultes" et je sens d'un côté que je passe pour la petite cadette qui ne s'intéresse pas (encore ?) a ces choses, et d'un côté c'est comme si je n'avais pas de place d'office. J'ai pu constater que lorsque je suis seule avec ma mère les choses se passaient autrement. Elle adore quand je lui parle (c'est clair que ça change de d'habitude
) mais la plupart du temps, je parle de choses que je suis la seule à connaître, et elle n'a rien de particulier à répondre, donc je monopolise littéralement la conversation. Parfois elle arrive quand même à en placer quelques unes, mais il suffit qu'elle dérape ou qu'elle essaie de me contredire et je peux me montrer plutôt désagréable... Entre amis ça n'arrive jamais. Je me force à adhérer au sujet et dans le pire des cas il va lentement me glisser entre les doigts, et en deux temps trois mouvements je vais me retrouver sur le carreau à écouter ou à penser à autre chose. Et voici qu'arrivent les qualificatifs de "rêveuse" ou "dans la lune". Youpi !
freeshost a écrit :- il m'arrive régulièrement de me dire "Qui ne dit mot consent." donc : si je suis d'accord, je n'ai rien à ajouter, et donc ne parle pas. Or, la personne neurotypique veut souvent des signes d'approbations (ou de désaccord), qu'ils soient verbaux ou non verbaux,
C'est vrai que les membres les plus attentionnés des groupes dans lesquels je me suis retrouvée ont eu souvent l'occasion de stopper le cours de la conversation pour m'interroger, ou me demander si j'étais d'accord. La dernière situation en date remonte mais je me souviens avoir dit une espèce de phrase maladroite du type "C'est pas parce que je ne dis rien que je ne suis pas d'accord". Ça l'avait fait rire. Je n'ai jamais trop compris pourquoi, mais c'était tant mieux, d'un côté
freeshost a écrit :- lors de grandes rencontres, j'ai l'impression que les groupes qui se forment sont des groupes qui s'étaient déjà formés : des personnes ont tissé des liens entre elles donc elles auront plus tendance à rester entre elles ; comme je ne suis pas ce schéma (entre l'inconnu et le connu, je choisis l'inconnu, qu'il s'agisse de discipline artistique, scientifique, sportive ou d’œuvres gustatives, musicales, etc.), j'ai tendance à observer plus les personnes que je ne connais pas (même si j'observe tout le monde*) ; cela est sûrement lié au fait que j'aime voyager seul : des personnes [surtout des personnes neurotypiques ?] de nationalité N1 qui voyagent dans un pays N2 auront tendance à rester entre elles donc à moins découvrir la nation N2,
Oh oui, j'ai constaté ça aussi... d'un côté c'est plutôt handicapant quand on a un peu de mal à aller vers les autres. Sinon il y a aussi la "concurrence déloyale"
comment expliquer ça... Le semestre dernier, en cours d'anglais, j'ai rencontré une fille qui m'a spontanément adressé la parole sur quelque chose que disait l'enseignante. C'était une remarque comme ça lancée de but en blanc et j'ai mis pas mal de temps (c'était très court je pense mais dans ma tête ça a mis longtemps) à comprendre qu'elle me parlait probablement. Donc j'ai répondu. Et vu que c'est un cours de langues, est arrivé ce que tout le monde craint qu'il arrive : les exercices de présentation de ses camarades. On était trois à la table, la fille, moi et une autre fille. A partir de ce moment j'ai fait mon possible pour être ouverte et intéressante, avec la première fille on discutait beaucoup et on est même rentrées ensemble une fois, je pensais avoir trouvé une amie, mais ce qui devait arriver arriva. A un cour, je n'ai pas réussi à reprendre ma place entre elles deux et je me suis retrouvée en bout de ligne, il ne m'en a pas fallu plus. Et au fil du cours je les ai vues se rapprocher bien plus que tout ce temps que j'avais passé avec la première fille. A la troisième séance (on ne se voit qu'une fois par semaine), l'une proposait un concert à l'autre et j'étais comme à des kilomètres de là, et je me demandais ce que j'avais raté. Il y a eu quelques autres facteurs décourageants, et je n'y suis plus retournée ensuite. Ma journée était déjà chargée et je sentais que je n'avais pas besoin du support de cours, je n'y suis retournée que pour l'examen. Je précise que mon année n'a pas été un échec pour autant ^^, ce genre de choses m'arrive une quinzaine de fois chaque année avant que je ne trouve de vraies fréquentations. J'ai tout de même rencontré de chouettes personnes
freeshost a écrit :Il n'y a pas beaucoup de personnes qui aiment se faire observer sans qu'on ne converse avec elles
J'ai l'impression d'être souvent observée, même lorsque je ne participe pas aux conversations. Et j'ai aussi l'impression que dans mon environnement, tout le monde observe tout le monde, gentiment