@Astragale
Astragale a écrit :Puis-je être aspie pour une partie des symptômes et TDA/h, même si c'est exactement à l'opposé, pour d'autres...?
Par exemple, suis-je quand même apsie si je suis capable de faire plusieurs choses en même temps, que je suis à l'aise face aux groupes, que je n'ai pas de rituels, n'aime pas la routine et ai une grosse tendance chronique à tout envoyer balader sur un coup de tête ?
Que reste t-il de mes symptômes typiquement Asperger (synesthésie, mutisme sélectif, problèmes d'envahissement émotionnels, incompréhension sociale) ? Ne sont-ils pas justement dans le côté "symptômes communs" ? Ou peut-être font-ils uniquement partie des symptômes de la douance ?
Je crois que la difficulté essentielle pour la pose de diagnostics en matière de "trouble" au sens clinique du terme est que par définition, au départ, un trouble est ce qui TE trouble , TE pose problème, TE fait souffrir, un état interne dit autrement. Et suivant l' inconfort provoqué, on peut passer du "trouble" (gêne) à la pathologie (souffrance).
Mais des ressentis (par essence subjectifs) sont extrêmement difficiles à appréhender pour un tiers, pour en tirer un diagnostic. La psychiatrie moderne tend donc de plus en plus, et l'évolution est très visible avec les critères avec lesquels le DSM-V identifie les pathologies/troubles psychiques, à utiliser comme critères de diagnostic non pas tant des états internes que des comportements objectivables, observables. Et qui dit observable et objectivable dit susceptible de correction, voire d'élimination. Cette évolution que je qualifierais de sournoise (mais ce n'est que mon opinion) présente aux yeux de certains l'énorme avantage de pouvoir proposer des moyens pour modifier, corriger, atténuer, ou éliminer un comportement dont ON a décidé qu'il n'était PAS NORMAL.
Ces moyens peuvent être l'éducation (pour apprendre des comportements qui ne sont pas là; en supprimer d'autres), les TCC (pour corriger des comportements), les médications (c'est le plus intéressant pour les labos pharmaceutiques).
En ce qui concerne des "troubles" tels que le TSA ou le TDA/H, il me semble que la difficulté du diagnostic, notamment différentiel, est encore plus grande, parce qu'il y a maintenant un consensus sur le fait que au moins en ce qui concerne le TSA et aussi probablement pour le TDA/H, il ne s'agirait pas d'un trouble acquis au cours du développement, mais bien d'une différence neurologique fondamentale présente à la naissance, les comportements observables n'étant que des conséquences (effets secondaires) de cette différence fondamentale.
Et des comportements peuvent être au fil du temps compensés par la personne, éliminés (modifiés pour être davantage accepté), de nouveaux comportements peuvent être adoptés (par observation/imitation).
Tout ce préambule pour dire que selon moi la confusion que tu exprimes quant à la pertinence de la présence de tel ou tel symptôme pour caractériser ta différence est tout à fait fondée.
Si je prends par exemple la "tendance à tout envoyer balader sur un coup de tête" (tendance que je partage

), je peux l'expliquer avec la grille de lecture TSA: comme mes sens sont submergés beaucoup plus rapidement, j'atteins plus vite un seuil de saturation aux stimuli négatifs et ce ressenti prend le pas sur tout le reste, même si le comportement qui en résulte est considéré comme "suicidaire "par la société.
Je peux aussi l'expliquer avec la grille de lecture TDA/H: j'ai besoin d'être passionnée pour garder mon attention, alors dès que mon intérêt se relâche, je perds le fil et je n'ai pas la patience de persévérer. Je peux aussi l'expliquer avec la grille de lecture HPI: tout cela n'a aucun sens pour moi et je suis incapable de rester dans une telle situation.
J'ai fait l'analyse à la première personne parce que je ne voulais pas te donner l'impression que je m'autorisais à faire une analyse de tes comportements, je ne te connais pas assez et n'ai pas de légitimation professionnelle.
Je comprends tellement ton souci de clarté, pour identifier l'ennemi contre lequel se battre comme tu dis. Et je suis aussi perdue que toi dans ces nébuleuses de critères, listes toujours plus longues, chaque pseudo-spécialiste parlant du petit bout de sa lorgnette sans vision transversale, sans vision des incohérences, sans poser au préalables les incertitudes et les difficultés, et surtout, sans tenir compte des ressentis qu'on tente de crier dans l'oreille de sourds.