Loup a écrit :Je ne crois pas que j'étais extravertie, j'étais surtout dans mon monde, sans vraiment la conscience de l'autre... Je ne cherchais pas vraiment sa présence, mais s'il venait, ça ne me posait pas de souci. Un peu moins apeurée, je pense.
Plus vivante... Certainement. Mais vu que je suis en dépression, je suppose que ça interfère beaucoup là-dedans.
J'étais plus renfermée à l'adolescence en tout cas.
Jusqu'à mes 13 ans à peu près, j'ai été dans mon monde, mes souvenirs d'enfance sont assez embrouillés dans l'ensemble, à part certains, plus précis. Mon enfance est fragmentaire dans ma tête.
Puis après, j'ai été dans le monde, de manière accrue, souvent douloureuse. Et de là, a commencé la lente descente...
Ça me parle bien ce que tu écris.
J'ai commencé à réaliser que j'avais une dépression de fond il y a quelques années. Avant je ne mettais pas de mots dessus.
J'ai eu des passages dépressifs flagrants où j'étais vraiment au fond du trou, ça ressurgit encore de temps en temps même si ma vie s'est améliorée sur des points importants mais c'est toujours là, en arrière-plan.
Petite j'étais dans mon monde aussi, je façonnais "le monde" en fonction du mien, du coup tout se passait bien.
Et puis à un moment ça a basculé, j'ai vu le monde tel qu'il était je crois.
Rose a écrit :Les quelques copines que j'ai eu au début du collège disaient m'apprécier parce que je ne parlais pas pour ne rien dire, que j'étais "réservée".
On me disait la même chose

, j'étais réservée et je ne parlais pas pour ne rien dire.
A tel point que j'ai vécu une chose complètement surprenante pour moi : quand j'ai passé mon BAFA, les formateurs ont demandé à une autre personne et à moi de venir dans leur bureau. En fait ils nous ont proposé de devenir formateurs, comme eux.
Je leur ai demandé pourquoi moi, alors que je suis réservée, que j'interviens peu, que je participe différemment aux activités, etc. Ils m'ont dit qu'effectivement j'intervenais peu mais toujours bien, au bon moment, de façon réfléchie et mesurée. Et c'est vrai que les autres personnes qui passaient le BAFA avec moi me demandaient d'intervenir quand il fallait juger un autre groupe (on se jugeait entre groupes), parce que savais dire les choses de manière neutre et que l'autre pouvait donc entendre ma critique comme constructive, sans se sentir jugé. On me disait que j'avais du tact.
Ça a été un très bon moment pour moi, je réalisais qu'on pouvait être différent et que cette différence pouvait être appréciée, voire jugée meilleure que la norme.
Rose a écrit :Perso, mon enfance-adolescence, je la revois comme un épisode que je ne voudrais revivre pour rien au monde
Pareil pour l'adolescence.
Rose a écrit :J'étais dans mon monde et j'avais l'impression que les gens "jouaient" autour de moi, comme au théatre, un rôle, et quand j'ai vu un film (j'ai oublié le titre) avec un type sur une île avec tout le monde autour qui étaient des acteurs pour une télé-réalité, cela m'a fait bizarre, parce que pour moi c'était exactement l'inverse; je voyais les gens, tous les gens, comme des acteurs. Je précise que je n'avais pas la télé et que je crois qu'à cette époque je ne l'avais encore jamais regardée de ma vie...
Ça me fait plaisir de lire ça!
J'ai eu la même sensation pendant longtemps, j'avais vraiment l'impression que tout le monde jouait une pièce de théâtre autours de moi et que j'étais la seule sur cette Terre à ne pas être au courant, donc à ne pas jouer.
Je ne sais pas de quel film tu parles mais moi c'est "The Truman Show" qui m'a parlé, ce qu'il vivait dans ce film était
exactement ce que j'avais ressenti pendant des années.
Rose a écrit :Tour petit, mon fils aspi voulait avoir des amis, mais n'était pas extraverti pour autant. Quand il avait une amie à la maison (la seule qui le jugeait fréquentable), il lisait dans son coin. En fait c'est surtout quand il était chez elle qu'il prenait un livre pour lire. La maman lui a fait la réflexion un jour que c'était dommage de venir pour voir sa copine et de bouquiner, alors il s'est levé et a été jouer. Je n'ai jamais eu le sentiment qu'il avait peur, non, juste dans son monde, dans lequel il était difficile d'entrer.
Oui je vois, j'étais comme lui. Ma sœur me dit que quand on était petites et que je venais chez elle (on ne vivait pas ensemble), je passais des heures le nez dans les livres et les BDs, du coup elle se sentait mise de côté. Elle le vivait mal.
J'étais aussi dans ma bulle tout simplement, mais ça s'est renforcé plus tard quand j'ai commencé à avoir "peur" du monde et là ça devenait encore plus difficile de m'en sortir. Tant mieux si ton fils en sort facilement.
