Petite enfance Asperger

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
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Riwanon
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Petite enfance Asperger

Message par Riwanon »

Bonjour :)

J'ai une grande question qui me travaille pas mal depuis que j'ai entendu parler du syndrome d'Asperger.
J'en ai parlé dans un autre sujet ( http://forum.asperansa.org/viewtopic.ph ... 17#p117311 ) mais ça sera plus clair si j'en ouvre un nouveau. :)

Je reprends ce que je disais :
Je me demandais pourquoi est-ce que j'étais plus extravertie et plus vivante dans l'enfance. Ça ne colle pas vraiment avec l'idée que je me fais d'Asperger (et de l'autisme en général). Mais je me dis qu'en tant qu'enfant on nous accepte tel que l'on est, avec nos différences, notre monde un peu étrange. Et en grandissant on commence à attendre de nous tout autre chose : de comprendre les personnes qui nous entourent, d'y faire attention, d’interagir correctement avec eux, d'avoir des comportements "adaptés" à notre âge (ne plus jouer avec l'eau du caniveau, ne plus marcher dans les "formes" au sol, de ne plus rêvasser hors-contexte, etc.). Et c'est là que ça peut commencer à bloquer, à renfermer la personne.

Donc je me demandais : est-ce que d'autres parmi vous étaient "ouverts" étant enfants? Ou est-ce que vous étiez tous renfermés, peu bavards, apeurés par l'autre, etc.?
Même question aux parents, au sujet de leurs enfants asperger.

J'ai vraiment besoin de savoir parce que c'est LE point qui me fait douter en ce qui me concerne. :?
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Loup
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Re: Petite enfance Asperger

Message par Loup »

Je ne crois pas que j'étais extravertie, j'étais surtout dans mon monde, sans vraiment la conscience de l'autre... Je ne cherchais pas vraiment sa présence, mais s'il venait, ça ne me posait pas de souci. Un peu moins apeurée, je pense.
Plus vivante... Certainement. Mais vu que je suis en dépression, je suppose que ça interfère beaucoup là-dedans.

J'étais plus renfermée à l'adolescence en tout cas.
Jusqu'à mes 13 ans à peu près, j'ai été dans mon monde, mes souvenirs d'enfance sont assez embrouillés dans l'ensemble, à part certains, plus précis. Mon enfance est fragmentaire dans ma tête.
Puis après, j'ai été dans le monde, de manière accrue, souvent douloureuse. Et de là, a commencé la lente descente...
30 ans, autiste cru 2013, trans (il/lui), Brest. Ex AVS, artiste, diplômé en Art. Propriétaire d'un Loup intérieur et dérapeur de réalité. ⚥
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Rose
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Re: Petite enfance Asperger

Message par Rose »

Les quelques copines que j'ai eu au début du collège disaient m'apprécier parce que je ne parlais pas pour ne rien dire, que j'étais "réservée". Perso, mon enfance-adolescence, je la revois comme un épisode que je ne voudrais revivre pour rien au monde, et pourtant, mes parents étaient des gens "normaux", pas maltraitants ni rien de ce genre.
J'étais dans mon monde et j'avais l'impression que les gens "jouaient" autour de moi, comme au théatre, un rôle, et quand j'ai vu un film (j'ai oublié le titre) avec un type sur une île avec tout le monde autour qui étaient des acteurs pour une télé-réalité, cela m'a fait bizarre, parce que pour moi c'était exactement l'inverse; je voyais les gens, tous les gens, comme des acteurs. Je précise que je n'avais pas la télé et que je crois qu'à cette époque je ne l'avais encore jamais regardée de ma vie...
Je crois que le mot qui pourrait caractériser mon enfance est le mot peur.
Tour petit, mon fils aspi voulait avoir des amis, mais n'était pas extraverti pour autant. Quand il avait une amie à la maison (la seule qui le jugeait fréquentable), il lisait dans son coin. En fait c'est surtout quand il était chez elle qu'il prenait un livre pour lire. La maman lui a fait la réflexion un jour que c'était dommage de venir pour voir sa copine et de bouquiner, alors il s'est levé et a été jouer. Je n'ai jamais eu le sentiment qu'il avait peur, non, juste dans son monde, dans lequel il était difficile d'entrer.
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Re: Petite enfance Asperger

Message par WinstonWolfe »

Bonjour,

j'ai toujours eu mon monde, j'ai toujours trouvé désagréable de m'en faire sortir pour les activités des autres. J'ai toujours été dans la frange "réservée" de la population. J'ai toujours été et je suis toujours ouvert aux autres, j'ai la curiosité, le respect et une absence d'a priori qui veulent toujours me pousser à parler aux gens, à les découvrir.

J'étais plus aventureux (succédané pour "ouvert") étant jeune, et de moins en moins au fur et à mesure des échecs. Peut-être que c'est ça qui a changé, qui explique pourquoi les effets du syndrome donnent l'impression de s'être renforcés avec le temps passant. Trop mal aux papattes à force d'y prendre des tapes...
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Loup
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Re: Petite enfance Asperger

Message par Loup »

WinstonWolfe a écrit : J'étais plus aventureux (succédané pour "ouvert") étant jeune, et de moins en moins au fur et à mesure des échecs. Peut-être que c'est ça qui a changé, qui explique pourquoi les effets du syndrome donnent l'impression de s'être renforcés avec le temps passant. Trop mal aux papattes à force d'y prendre des tapes...
J'ai l'impression que c'est aussi mon cas...
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Riwanon
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Re: Petite enfance Asperger

Message par Riwanon »

Loup a écrit :Je ne crois pas que j'étais extravertie, j'étais surtout dans mon monde, sans vraiment la conscience de l'autre... Je ne cherchais pas vraiment sa présence, mais s'il venait, ça ne me posait pas de souci. Un peu moins apeurée, je pense.
Plus vivante... Certainement. Mais vu que je suis en dépression, je suppose que ça interfère beaucoup là-dedans.

J'étais plus renfermée à l'adolescence en tout cas.
Jusqu'à mes 13 ans à peu près, j'ai été dans mon monde, mes souvenirs d'enfance sont assez embrouillés dans l'ensemble, à part certains, plus précis. Mon enfance est fragmentaire dans ma tête.
Puis après, j'ai été dans le monde, de manière accrue, souvent douloureuse. Et de là, a commencé la lente descente...
Ça me parle bien ce que tu écris. :?

J'ai commencé à réaliser que j'avais une dépression de fond il y a quelques années. Avant je ne mettais pas de mots dessus.
J'ai eu des passages dépressifs flagrants où j'étais vraiment au fond du trou, ça ressurgit encore de temps en temps même si ma vie s'est améliorée sur des points importants mais c'est toujours là, en arrière-plan.

Petite j'étais dans mon monde aussi, je façonnais "le monde" en fonction du mien, du coup tout se passait bien.
Et puis à un moment ça a basculé, j'ai vu le monde tel qu'il était je crois.
Rose a écrit :Les quelques copines que j'ai eu au début du collège disaient m'apprécier parce que je ne parlais pas pour ne rien dire, que j'étais "réservée".
On me disait la même chose :) , j'étais réservée et je ne parlais pas pour ne rien dire.
A tel point que j'ai vécu une chose complètement surprenante pour moi : quand j'ai passé mon BAFA, les formateurs ont demandé à une autre personne et à moi de venir dans leur bureau. En fait ils nous ont proposé de devenir formateurs, comme eux. :shock:
Je leur ai demandé pourquoi moi, alors que je suis réservée, que j'interviens peu, que je participe différemment aux activités, etc. Ils m'ont dit qu'effectivement j'intervenais peu mais toujours bien, au bon moment, de façon réfléchie et mesurée. Et c'est vrai que les autres personnes qui passaient le BAFA avec moi me demandaient d'intervenir quand il fallait juger un autre groupe (on se jugeait entre groupes), parce que savais dire les choses de manière neutre et que l'autre pouvait donc entendre ma critique comme constructive, sans se sentir jugé. On me disait que j'avais du tact.
Ça a été un très bon moment pour moi, je réalisais qu'on pouvait être différent et que cette différence pouvait être appréciée, voire jugée meilleure que la norme. :)
Rose a écrit :Perso, mon enfance-adolescence, je la revois comme un épisode que je ne voudrais revivre pour rien au monde
Pareil pour l'adolescence.
Rose a écrit :J'étais dans mon monde et j'avais l'impression que les gens "jouaient" autour de moi, comme au théatre, un rôle, et quand j'ai vu un film (j'ai oublié le titre) avec un type sur une île avec tout le monde autour qui étaient des acteurs pour une télé-réalité, cela m'a fait bizarre, parce que pour moi c'était exactement l'inverse; je voyais les gens, tous les gens, comme des acteurs. Je précise que je n'avais pas la télé et que je crois qu'à cette époque je ne l'avais encore jamais regardée de ma vie...
Ça me fait plaisir de lire ça! :D
J'ai eu la même sensation pendant longtemps, j'avais vraiment l'impression que tout le monde jouait une pièce de théâtre autours de moi et que j'étais la seule sur cette Terre à ne pas être au courant, donc à ne pas jouer.
Je ne sais pas de quel film tu parles mais moi c'est "The Truman Show" qui m'a parlé, ce qu'il vivait dans ce film était exactement ce que j'avais ressenti pendant des années.
Rose a écrit :Tour petit, mon fils aspi voulait avoir des amis, mais n'était pas extraverti pour autant. Quand il avait une amie à la maison (la seule qui le jugeait fréquentable), il lisait dans son coin. En fait c'est surtout quand il était chez elle qu'il prenait un livre pour lire. La maman lui a fait la réflexion un jour que c'était dommage de venir pour voir sa copine et de bouquiner, alors il s'est levé et a été jouer. Je n'ai jamais eu le sentiment qu'il avait peur, non, juste dans son monde, dans lequel il était difficile d'entrer.
Oui je vois, j'étais comme lui. Ma sœur me dit que quand on était petites et que je venais chez elle (on ne vivait pas ensemble), je passais des heures le nez dans les livres et les BDs, du coup elle se sentait mise de côté. Elle le vivait mal.
J'étais aussi dans ma bulle tout simplement, mais ça s'est renforcé plus tard quand j'ai commencé à avoir "peur" du monde et là ça devenait encore plus difficile de m'en sortir. Tant mieux si ton fils en sort facilement. :)
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Astragale
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Re: Petite enfance Asperger

Message par Astragale »

Bonjour Riwanon,

C'est aussi un point qui me fait douter me concernant.
J'étais très réservée à l'école mais pas du tout à la maison et avec mes cousins qui me servaient de "personnages" pour mes jeux...
J'ai toujours pensé que j'étais une enfant vivante mais quand je vois les photos et les films de mon enfance j'ai de gros doutes. Il y a parfois un fossé très large entre nos impressions, ce que les gens disent et ... la réalité !
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Riwanon
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Re: Petite enfance Asperger

Message par Riwanon »

WinstonWolfe a écrit :j'ai toujours eu mon monde, j'ai toujours trouvé désagréable de m'en faire sortir pour les activités des autres. J'ai toujours été dans la frange "réservée" de la population. J'ai toujours été et je suis toujours ouvert aux autres, j'ai la curiosité, le respect et une absence d'a priori qui veulent toujours me pousser à parler aux gens, à les découvrir.
J'ai toujours eu mon monde aussi et trouvé difficile d'en sortir, mais je n'ai pas toujours été réservée, ça n'a commencé qu'à 6 ans, 6 ans et demi. C'est ça qui me pose question. :?
J'ai la même curiosité que toi envers les autres et, sauf dans des cas particuliers comme ceux que je raconte ailleurs, j'ai aussi une espèce d'hyper-tolérance (on me le fait parfois remarquer en me disant que je suis "trop" tolérante), tout ça fait que j'aime l'autre et que ça me pousse vers lui. Heureusement parce que tout le reste (besoins, peurs, ...) me pousse dans la direction inverse. :)
Loup a écrit :
WinstonWolfe a écrit : J'étais plus aventureux (succédané pour "ouvert") étant jeune, et de moins en moins au fur et à mesure des échecs. Peut-être que c'est ça qui a changé, qui explique pourquoi les effets du syndrome donnent l'impression de s'être renforcés avec le temps passant. Trop mal aux papattes à force d'y prendre des tapes...
J'ai l'impression que c'est aussi mon cas...
Idem.
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Loup
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Re: Petite enfance Asperger

Message par Loup »

Riwanon a écrit : Ça me parle bien ce que tu écris. :?

J'ai commencé à réaliser que j'avais une dépression de fond il y a quelques années. Avant je ne mettais pas de mots dessus.
J'ai eu des passages dépressifs flagrants où j'étais vraiment au fond du trou, ça ressurgit encore de temps en temps même si ma vie s'est améliorée sur des points importants mais c'est toujours là, en arrière-plan.

Petite j'étais dans mon monde aussi, je façonnais "le monde" en fonction du mien, du coup tout se passait bien.
Et puis à un moment ça a basculé, j'ai vu le monde tel qu'il était je crois.
Je pourrais dire les mêmes choses...
Je me suis rendue compte de ma dépression latente à 20/21 ans à peu près. Pour ma part, c'est de la dysthymie:
"La dysthymie se manifeste par une tristesse et une souffrance morale constantes, toute la journée, plus d'un jour sur deux pendant au moins deux ans (sans interruptions de plus de deux mois).

Elle est accompagnée d’au moins deux des symptômes suivants :
- manque d’énergie ou fatigue ;
- faible estime de soi ;
- sentiment de désespoir ;
- troubles du comportement alimentaire (anorexie ou boulimie) ;
- difficultés à prendre des décisions ou à se concentrer ;
- troubles du sommeil (insomnie ou hypersomnie) ;
- impossibilité à organiser ses idées.
"

J'ai régulièrement des gouffres, plus ou moins importants. Là, je suis en plein dedans depuis septembre/octobre. Plus costaud.
Bref.

Je crois que oui, j'arrangeais le monde avant de m'y retrouver brutalement, sans réelle possibilité de gestion de l'événement.
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Tempus Fugit
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Re: Petite enfance Asperger

Message par Tempus Fugit »

je suis retournée voir ma famille dernièrement. on a parlé de moi petite. apparemment, j'étais toute mignonne, hyper sociable et rigolote. j'ai parlé très tôt et je répétais tout ce que j'entendais en imitant les tonalités de la voix. Je posais de drôle de questions pour mon age aussi.
ça c'est ce que les autres voyaient de moi. en réalité j'étais dans la répétitions de ce que je voyais et je faisais ce qu'on me demandait. ma mère me posait quelque part et me disais de ne pas bouger. je ne bougeais pas. il y a des jours je restais très longtemps toute seule.
j'entendais un grand dire quelque chose dans une situation, alors je disais la même chose si la situation se reproduit.
je me rappelle aussi d'un épisode a l’école. je devais être en cp. on étudiait la lettre F et nous devions donner des mot qui commencent par F. le fils de la maîtresse était avec moi en classe et il a dit : "va te faire f*** et la, réactions bizarre de la maîtresse, elle c'est mise a rire et a fait mine de sortir de la classe en lui disant ah c'est ca, tu veux que je m'en aille? et tout le monde c'est mis a rire.
l'année suivante, on étudiait encore la lettre F (je me demande pourquoi vu qu'on avait fait tout l'alphabet l'année d'avant et pour moi ça voulait dire que j'étais resté dans la même classe alors que non, bref) il fallait encore donner des mot avec ce fameux F. je me suis rappelé l’Épisode de l'année dernière, et j'ai dis la même chose que le fils de la maîtresse. Sauf que ce n'était plus la même maîtresse, elle m'a regardé avec des yeux tout rond et est partie parler avec la directrice qui m'a convoqué dans son bureau pour me poser un tas de question : si j'avais un grand frère, ou j'avais entendu ca...
je lui ai raconté l’épisode de l'année d'avant. et je me suis pris une punition, elle pensait que je mentais..
c'est la ou j'ai compris qu'il ne fallait pas toujours tout répéter. et ma vie est devenue très compliquée.
j'ai alors commencé a lire des livres sur comment parler et comment dire quoi et quand. sauf que Freud et Nietzsche ne sont pas des lectures d'enfant. même si ainsi parlait Zarathoustra pouvait me faire croire que j'arriverais a parler moi aussi. j'ai appris donc que les titres des livres pouvaient être trompeurs.
Mais le mal était fait et le langage des livres avait déteint sur moi.
c'est a ce moment que le monde c'est cassé autour de moi. il y avait plein de petit bout de monde un peu partout et je ne comprenais plus la logique qui les maintenaient ensemble.
je me rappelle très bien m’être fait la promesse de me cacher dans ma tête jusqu’à ce que je comprenne. et de sortir de moi même après. sauf que je n'ai jamais compris et entre temps, je me suis perdue en chemin.
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Riwanon
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Re: Petite enfance Asperger

Message par Riwanon »

Astragale a écrit :Bonjour Riwanon,

C'est aussi un point qui me fait douter me concernant.
J'étais très réservée à l'école mais pas du tout à la maison et avec mes cousins qui me servaient de "personnages" pour mes jeux...
J'ai toujours pensé que j'étais une enfant vivante mais quand je vois les photos et les films de mon enfance j'ai de gros doutes. Il y a parfois un fossé très large entre nos impressions, ce que les gens disent et ... la réalité !
Oui, complètement!
Je sais que je ne me souviens pas avoir été si ouverte que ça étant enfant mais ma mère et ma sœur me disent l'inverse. Et la vérité se trouve entre les deux je crois : ok j'allais vers l'autre, je ne le fuyais pas... mais je me servais de lui (comme tu l'exprimes).
Toutes les anecdotes de ma mère en ce qui me concerne à cet âge-là montrent bien que je me servais de l'autre, et même un peu plus grande je continuais. Ensuite je me suis renfermée et ça m'est complètement passé.

Et je crois qu'en ce qui concerne la maison (le fait que tu n'étais pas réservée à la maison) c'est normal. C'est un milieu qu'on connaît, qu'on maîtrise. C'est complètement différent de l'extérieure qui est sans-cesse "nouveau".
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Re: Petite enfance Asperger

Message par Astragale »

Tempus Fugit a écrit :je suis retournée voir ma famille dernièrement. on a parlé de moi petite. apparemment, j'étais toute mignonne, hyper sociable et rigolote. j'ai parlé très tôt et je répétais tout ce que j'entendais en imitant les tonalités de la voix. Je posais de drôle de questions pour mon age aussi.
ça c'est ce que les autres voyaient de moi. en réalité j'étais dans la répétitions de ce que je voyais et je faisais ce qu'on me demandait. ma mère me posait quelque part et me disais de ne pas bouger. je ne bougeais pas. il y a des jours je restais très longtemps toute seule.
Pareil. Dans les films de mon enfance revus récemment, j'ai été frappée de voir à quel point je suis sans cesse en train de scruter pour savoir comment faire et d''essayer de reproduire. D'ailleurs (et c'est un peu étrange), mes parents me demandent de faire ci et ça devant la caméra comme si ils voulaient que je bouge. Quand on ne demande plus rien je reste figée devant l'objectif avec un regard fixe. Pourtant je suis dans l'ensemble plutôt souriante... C'est très bizarre.
Riwanon a écrit :Oui, complètement!
Je sais que je ne me souviens pas avoir été si ouverte que ça étant enfant mais ma mère et ma sœur me disent l'inverse. Et la vérité se trouve entre les deux je crois : ok j'allais vers l'autre, je ne le fuyais pas... mais je me servais de lui (comme tu l'exprimes).
Toutes les anecdotes de ma mère en ce qui me concerne à cet âge-là montrent bien que je me servais de l'autre, et même un peu plus grande je continuais. Ensuite je me suis renfermée et ça m'est complètement passé.
Moi aussi j'ai arrêté ça à l'adolescence où je suis devenue plutôt mutique en société.
Mais je en sais pas si c'est pareil chez toi, moi j'ai intérêt à prendre une sacré distance à propos de ce que ma mère et ma sœur disent de moi ! :wink:
Riwanon a écrit :Et je crois qu'en ce qui concerne la maison (le fait que tu n'étais pas réservée à la maison) c'est normal. C'est un milieu qu'on connaît, qu'on maîtrise. C'est complètement différent de l'extérieure qui est sans-cesse "nouveau".
Tu as sans doute raison.
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Re: Petite enfance Asperger

Message par Lita »

Etant enfant, j'étais dans mon monde. Gênée par les bruits et par les mouvements autour de moi. Je les fuyais autant que possible. Allant même jusqu'à fuguer de l'école pour échapper aux bruits.
Mais ce qui m'a fait drôle, c'est que pour la première fois, j'ai pu savoir ce que ma mère avait vu de moi, car elle avait toujours refusé d'en parler jusque là (trop douloureux de se souvenir).
Donc j'étais dans mon monde, j'en sortais peu. Je ne parlais qu'à ma mère, les autres je ne les voyais pas, s'ils me parlaient, je ne m'en rendais pas compte. Ca a été problématique à la maternelle mais l'instit sympa essayait de m'aider, cela dit la conclusion fut : "même pas sûr qu'elle perçoive la maîtresse" ^^.
Je regardais parfois les autres vivre en donnant l'impression aux gens que je ne comprenais pas ce que je voyais. Quand elle (ma mère) me demandait ce que je ne comprenais pas, je disais "rien" et je me refermais.
Je posais des questions auxquelles ma mère ne savait pas répondre.
Puis à 5 ans, mon frère est né. Mais je me rappelle m'être demandée où il le mettait car je ne le voyais jamais.
J'ai commencé à le voir à partir de ses 3 ans, j'en avais 8. Alors qu'il n'a jamais cessé d'être dans mon entourage ^^.

A 8 ans donc, j'ai commencé à être plus perméable au monde. Mais c'était trop tard, mes attitudes n'étaient déjà plus "permises", elles étaient réprimées plutôt que d'être enseignées... Alors je me réfugiais dans mon monde le plus possible car le monde des autres m'était hostile, tant à l'école qu'à la maison. A l'école, ils voulaient se débarrasser de moi, tandis que ma mère se battait pour que je reste scolarisée (c'est ce que les parents font, mais j'ai tellement souffert à l'école, et pour quels résultats ?).
Ma mère a eu gain de cause quand les résultats du QI passés avec une infirmière scolaire ont été connu. Mais aujourd'hui je pense que c'est probablement pour cette raison que les profs ne m'aimait pas. Enfin, il doit y avoir de multiples raisons... Je dis ça car il y a eu maltraitance.

A l'adolescence, j'ai commencé à vouloir être sociable. Mais j'étais si maladroite que les conséquences furent douloureuses et de mes yeux largement disproportionnées. J'ai fini par y renoncer.
Au cours des études supérieures, ce n'est pas avec les camarades que j'ai eu le plus de mal, mais avec les profs et les professionnels au cours des stages.
Diagnostiquée Aspie, hpi et tda au cra fin 2013 à 29 ans.
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Re: Petite enfance Asperger

Message par Riwanon »

Loup a écrit :Je me suis rendue compte de ma dépression latente à 20/21 ans à peu près. Pour ma part, c'est de la dysthymie:
"La dysthymie se manifeste par une tristesse et une souffrance morale constantes, toute la journée, plus d'un jour sur deux pendant au moins deux ans (sans interruptions de plus de deux mois).

Elle est accompagnée d’au moins deux des symptômes suivants :
- manque d’énergie ou fatigue ;
- faible estime de soi ;
- sentiment de désespoir ;
- troubles du comportement alimentaire (anorexie ou boulimie) ;
- difficultés à prendre des décisions ou à se concentrer ;
- troubles du sommeil (insomnie ou hypersomnie) ;
- impossibilité à organiser ses idées."
Moi vers 23 ans, pas très longtemps après toi donc.
C'est super intéressant ce que tu dis à propos de la dysthymie, je ne connaissais pas! Et je m'y retrouve bien, avec 4 symptômes tout le temps et 6 dans les moments les plus difficiles.
Merci pour ces informations, je vais creuser un peu plus de mon côté. :)
Loup a écrit :J'ai régulièrement des gouffres, plus ou moins importants. Là, je suis en plein dedans depuis septembre/octobre. Plus costaud.
Je suis désolée pour toi. :(
Est-ce que tu as des pistes pour en sortir? Est-ce que tu vois qui il faut? Est-ce que tu es entourée?
Bon courage en tous cas. :kiss:
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Re: Petite enfance Asperger

Message par Astragale »

Tiens c'est amusant, la dysthymie est un diagnostic que j'ai reçu vers 1993. A l'époque j'avais trouvé ça assez juste (pour le diagnostic d'un médecin qui n'en savait qu'environ 30% sur moi).
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