L'empathie

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
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Astragale
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Re: Empathie

Message par Astragale »

Mars a écrit :La proximité ou les liens affectifs multiplient le "degré de contentement". C'est la même chose que pour les infos : on est plus touché par ce qui nous est proche (géographiquement ou affectivement) que par quelque chose de bien plus grave qui se passe très loin.
Au contraire, je suis beaucoup plus touchée par des choses lointaines comme les animaux ou le sort de certaines minorités.
Et je rejoins complètement Djems qui parle de "spectacle de mauvais gout" concernant les larmes de la voisine.
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meï
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Re: Empathie

Message par meï »

ben moi je suis empathe je crois mais à ma façon, je me retrouev dans bcp de vos témoignages, Luna moi ausi plus jeune je me pensais sans doute atteinte d'un truc pas normal ayant si eu de capacité a réagir en face de personnes qui sont tristes ou en deuil etc.(quand je en connais pas la personne decedée bien sur...et encore, après, c'est une question de degré)
au travail aussi ca arriviait souvent. dans ces cas là je reste simplement silencieuse. rien ne sort. (peur d faire une bourde aussi.)
aux enterrements (dont j'ai horreur) je reste figée, je "verrouille" tout. (je suis la seule souvent qui ne trahis rien...(et ne ressent pas grand chose d'ailleurs.plus en voyant les autres tristes peut être, sans pour autant pouvoir réagir.)je sais que c'est surement mal compris par certains.)
si quelqu'un pleure je ne sais pas quoi dire (souvent d'ailleurs.je dis "je ne sais pas quoi dire"... :mryellow: :roll: et j'ai l'air nouille.)

bref, je suis un modèle de non empathie en surface...mais.....
je pleure pour les animaux, pour les choses qui me mettent en colère (injustices souvent.depuis petite les injustices m'insupportent))...
je ne supporte pas l"'idée mêem de souffrance pour mes enfants ou d'injustices pour eux.

ado on etait allés voir des films sur des choses atroces par ex, je pleurais, alors que bcp d'ados ricanaient et ca m'avait profondément choqué.

et surtout, c'est comme si les choses qui arrivent aux autres ne me touchaient pas vraiment même si je les comprends très bien. je peux avoir des paroles justes, mais parce que j'ai bcp de recul sur la situation.

j'ai l'impression d'avoir une empathie peut être trop grande pour moi, trop douloureuse pour les choses graves et fortes, alors je verouille. pour les choses autres, je ne ressens pas grand chose.
si un médecin m'avait demandé si j'ai de l'empathie (ça a du être le cas au CRA, pas de souvenirs précis), je répondrais cela..compliqué.
(comme moi.. :roll: )
après faire un raccourci autistes egal pas d'empathieça me révolte.
1973 ( TSA, hpi, diag CRA 2012) de 4 enfants (tsa/ hpi, tdah, hpi et autres.)...)
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nathan
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Re: Empathie

Message par nathan »

Charles, ton exemple des enfants qui pleurent en chaine est instructif !
Mon premier souvenir est à la crèche : quelqu'un m'a poussé du toboggan et je me retrouve par terre désemparé. Je regarde alors les autres enfants qui s'agitent sur l'aire de jeu, j'ai la conscience douloureuse qu'il y a un écart entre ce que j'aimerai et ce qui se passe : je suis encore choqué, je constate l'indifférence des autres enfants qui continuent comme si de rien n'était. Dans mon enfance je n'étais pas entraîné par (de même que je n'entrainais pas) les autres enfants dans des réactions émotionnelles en chaine.

Meï, avant la mort des proches était une chose parfois très dure, mais je ne l'exprimais pas autant que la plupart. Aujourd'hui je ne vois plus la mort d'une manière négative mais comme un simple passage. Les E.M.I - expériences de mort imminente -, enlèvent à la mort beaucoup de son aspect douloureux... pour moi. J'ai donc pris confiance dans 'l'après-vie' et je suis d'autant plus étonné que les gens croyants, qui devraient être confiants dans l'après-vie, soient si affectés par la mort. Je pense qu'il y a chez eux une part de convention inconsciente en décalage avec ce que leur croyance devrait impliquer. Il y a aussi le deuil qui peut être légitime même si il y a une vie après la mort. Mais j'éprouve peu ce sentiment de deuil.

Nathan
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charles
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Re: Empathie

Message par charles »

C'est compliqué pour moi aussi. Je peux avoir de l'empathie par surprise ! C'est à dire que cela vient parfois mais pourquoi .... mystère.
Une connaissance m'annonce que son frère a un cancer, et cela ne me fait rien, à part me rappeler que je peux aussi l'avoir et je m'imagine dans quel état je serais.
Il m'arrive aussi d'être réellement peiné, et si j'essaye de me souvenir quand Est-ce que cela m'est arrivé, je ne trouve que des exemples sur les enfants. Voir un enfant pleurer peut me toucher, mais je pense que cela est lié à mon enfance.
Finalement je pose sans cesse cette question : suis-je un gros égoïste qui n'éprouve que si cela peut l'atteindre ?

Par contre, je ne mettrais pas le sentiment amoureux dans la catégorie de l'empathie. Et alors que je ne ressens pas grand chose, il m'est arrivé d'avoir des coups de foudre, les vrais, sur un regard, un geste .... Et là, j'ai l'impression qu'on me retire la peau et que tout devient tellement sensible que ça en devient douloureux.
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charles
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Re: Empathie

Message par charles »

nathan a écrit :Charles, ton exemple des enfants qui pleurent en chaine est instructif !
Mon premier souvenir est à la crèche : quelqu'un m'a poussé du toboggan et je me retrouve par terre désemparé. Je regarde alors les autres enfants qui s'agitent sur l'aire de jeu, j'ai la conscience douloureuse qu'il y a un écart entre ce que j'aimerai et ce qui se passe : je suis encore choqué, je constate l'indifférence des autres enfants qui continuent comme si de rien n'était. Dans mon enfance je n'étais pas entraîné par (de même que je n'entrainais pas) les autres enfants dans des réactions émotionnelles en chaine.

Meï, avant la mort des proches était une chose parfois très dure, mais je ne l'exprimais pas autant que la plupart. Aujourd'hui je ne vois plus la mort d'une manière négative mais comme un simple passage. Les E.M.I - expériences de mort imminente -, enlèvent à la mort beaucoup de son aspect douloureux... pour moi. J'ai donc pris confiance dans 'l'après-vie' et je suis d'autant plus étonné que les gens croyants, qui devraient être confiants dans l'après-vie, soient si affectés par la mort. Je pense qu'il y a chez eux une part de convention inconsciente en décalage avec ce que leur croyance devrait impliquer. Il y a aussi le deuil qui peut être légitime même si il y a une vie après la mort. Mais j'éprouve peu ce sentiment de deuil.

Nathan
Pour info, la gourou qui nous a pris notre fille a fait une EMI et a ensuite décidé d'en faire commerce. Elle est devenue psychotique et voit des "choses". Mais si cela te permet de limiter tes angoisses, pourquoi pas. Je pense que nous passons notre vie à tenter d'oublier notre condition de mortel. Et chacun son truc : religion, boulot, télé-réalité, procréation ... ou simplement oublier en faisant la fête, en buvant et laisser une trace ....
Je dirais que si la vie à un sens, il est un sens unique :)
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chawacee
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Re: Empathie

Message par chawacee »

Cette question de l'empathie nouvellement posée me heurte à nouveau.

Je ressens parfois une angoisse, une gêne, ou bien une tristesse "soi disant masquée" chez des gens. ça, ok. Surtout avec mes enfants, je suis particulièrement connectée, et eux le sont à moi (y compris mon non NT à moi :love: ).

D'ailleurs ce petit bonhomme, il ressent bel et bien l'émotion de l'autre, (donc l'empathie au sens pur ?), mais n'a effectivement que très rarement la compassion en retour (il faut le connaître parfaitement pour savoir qu'il essaie de réagir en fonction. Et à moi par exemple, ou son papa ou sa soeur, il fera l'effort du câlin en cas de tristesse).


Mais c'est surtout vos témoignages : les pleurs en chaîne à l'école.. jamais pleuré, beaucoup regardé en m'interrogeant à chaque fois sur "mais qu'est-ce-qu'ils ont ??? Leur maman/papa revient après non ??", pleurer "en compagnie" ? A part ressentir un mal-être parce que je suis gênée en fait, pleurer par compassion pour l'amie, je n'ai jamais fait. Par contre, j'ai appris oui, à dire un mot réconfortant (le contact physique, ça reste trop hard).

Et même pour ce qui est des décès de ma famille, j'ai jamais pleuré quasiment qu'en différé (seule après coup, en regardant des photos), ou bien quand c'était à priori incongru (à l'enterrement de la grand mère de mon homme, que je n'avais jamais rencontré, mais parce que sa peine à lui, et à sa maman était envahissante et vraiment douloureuse).


Ce qui me rassure c'est de lire que pour autant, ça n'empêche pas de pleurer sur un livre ou un film..


mais c'est vrai que ça interpelle sur la qualité de notre sens empathique et compassion...
Maman d'un enfant TED diagnostiqué au CRA de Reims.
Je ne suis pas très typique, sans avoir pourtant creusé la question d'une façon ou d'une autre.
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charles
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Re: Empathie

Message par charles »

chawacee a écrit :Cette question de l'empathie nouvellement posée me heurte à nouveau.

Je ressens parfois une angoisse, une gêne, ou bien une tristesse "soi disant masquée" chez des gens. ça, ok. Surtout avec mes enfants, je suis particulièrement connectée, et eux le sont à moi (y compris mon non NT à moi :love: ).

D'ailleurs ce petit bonhomme, il ressent bel et bien l'émotion de l'autre, (donc l'empathie au sens pur ?), mais n'a effectivement que très rarement la compassion en retour (il faut le connaître parfaitement pour savoir qu'il essaie de réagir en fonction. Et à moi par exemple, ou son papa ou sa soeur, il fera l'effort du câlin en cas de tristesse).


Mais c'est surtout vos témoignages : les pleurs en chaîne à l'école.. jamais pleuré, beaucoup regardé en m'interrogeant à chaque fois sur "mais qu'est-ce-qu'ils ont ??? Leur maman/papa revient après non ??", pleurer "en compagnie" ? A part ressentir un mal-être parce que je suis gênée en fait, pleurer par compassion pour l'amie, je n'ai jamais fait. Par contre, j'ai appris oui, à dire un mot réconfortant (le contact physique, ça reste trop hard).

Et même pour ce qui est des décès de ma famille, j'ai jamais pleuré quasiment qu'en différé (seule après coup, en regardant des photos), ou bien quand c'était à priori incongru (à l'enterrement de la grand mère de mon homme, que je n'avais jamais rencontré, mais parce que sa peine à lui, et à sa maman était envahissante et vraiment douloureuse).


Ce qui me rassure c'est de lire que pour autant, ça n'empêche pas de pleurer sur un livre ou un film..


mais c'est vrai que ça interpelle sur la qualité de notre sens empathique et compassion...
Quand je parlais de pleurs en chaine à l'école, moi je n'ai jamais eu se souvenir. Mais j'ai pu le constater avec mes enfants.

La mort d'un proche : idem, je pleure ensuite sur photo, c'est le sentiment de manque qui me génère cela, pas la tristesse des autres à l'enterrement. D'ailleurs, je suis celui qui doit chanter l'ave maria dans les églises et j'ai des commandes de la toute la famille :)
Et les pros m'ont tous dit que c'était un exercice très difficile car il faut gérer justement cette empathie pour ne pas l'entendre dans la voix. Moi, j'ai chanté pour mes grand-mères, sans problème, et avec le "plaisir" d'avoir fait pleurer les autres. Je me dis que c'est utile de le faire.

J'ai aussi appris à trouver les mots, parfois maladroitement. Cosima m'a dit sur un autre post que quand une femme pleure il faut la prendre dans ses bras. Et bien, même avec ma compagne c'est très difficile et impossible avec quiconque d'autre. Parfois j'aimerais le faire mais je reste paralysé.

J'ai assisté à un accident grave. On était trois sur les lieux. Je n'ai pas su quoi faire. Les autres ont été choqué et moi, rien. Et bien je me sens autant paralysé face à une personne qui souffre. Je peux appeler les secours mais pas plus.
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chawacee
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Re: Empathie

Message par chawacee »

charles a écrit :
J'ai assisté à un accident grave. On était trois sur les lieux. Je n'ai pas su quoi faire. Les autres ont été choqué et moi, rien. Et bien je me sens autant paralysé face à une personne qui souffre. Je peux appeler les secours mais pas plus.

ah tiens, j'ai fait aussi. Contexte : nous sommes arrivés après l'accident, Deux voitures visiblement s'étaient rentré dedans de plein fouet, de face. Une dans le champ, l'autre en travers de la route. Un bon gros incident.

Une femme arrivée 1 min avant nous, en panique au téléphone. J'apprends très étonnée qu'elle est infirmière, mais l'angoisse l'empêche d'aligner 3 mots aux pompiers pour indiquer le lieu de l'accident, je choppe le téléphone, le refile à mon homme (qui a un sens de l'orientation bien meilleur que le mien).
Tour d'horizon, la voiture sur la route : un homme en état de choc, mains vissées au volant. Un enfant qui hurle à l'arrière dans son siège auto. Une femme assommée et le visage plein de sang.
J'ai ressenti un stress à ce moment là, mais uniquement par la pensée que l'enfant derrière pouvait être gravement blessé ET risquait de perdre sa mère.

Mais sans montrer plus que ça, j'ai laissé le soin à mon homme de gérer les premiers "gestes" sur les blessés tandis que j'ai pris en charge le domaine "circulation" jusqu'à l'arrivée des secours.


Instinctivement, je ne suis pas allée à la voiture dans le champ. De toute façon, on a appris qu'ils étaient mort visiblement sur le coup, 2 jeunes pas attachés, qui roulaient (trop) vite sur la départementale, ont mordu dans le virage en plein milieu, et le père de famille qui n'a pas pu les éviter. Là par contre.. aucune émotion... Ils ont joué avec leurs vies, et ils ont perdu... Suis-je un monstre ? Honnêtement, je me pose encore la question (3 ans après).


(finalement, la petite famille allait mieux qu'à priori. La femme juste assommée et sous l'emprise d'une crise d'angoisse qui la faisait haleter, moi j'avais craint un choc interne, mais non, juste le pare-brise dans la tête, rien de plus. Le papa lui, poignet brisé par la violence, il n'a jamais lâché le volant et effectivement, était parvenu à maîtriser suffisamment le véhicule pour ne pas finir dans un arbre ou dans le fossé, et le boutchou lui, un bras cassé.)

Niveau "gestes" de secours, je n'ai rien fait au final.. de toute façon, partant du principe que les bouger de leur place pouvait faire pire que l'incident en lui même... et le sang de la maman me bloquait un peu..
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Re: Empathie

Message par Nova »

Moi aussi prendre ma copine dans mes bras est difficile et je n'aime pas trop, je me sens pas a ma place quand j'ai quelqu'un dans mes bras et suffit que la personne bouge sa main dans mon dos pour que je m'en aille
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chawacee
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Re: Empathie

Message par chawacee »

Nova a écrit :Moi aussi prendre ma copine dans mes bras est difficile et je n'aime pas trop, je me sens pas a ma place quand j'ai quelqu'un dans mes bras et suffit que la personne bouge sa main dans mon dos pour que je m'en aille
Quand j'essaie de poser un bras, un pied sur l'homme, dés qu'il fait le moindre geste, je me retire. ça a le don de l'agacer prodigieusement.. :|
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Re: Empathie

Message par nathan »

"J'ai assisté à un accident grave. On était trois sur les lieux. Je n'ai pas su quoi faire. Les autres ont été choqué et moi, rien. Et bien je me sens autant paralysé face à une personne qui souffre. Je peux appeler les secours mais pas plus."

Je comprend les réactions affolées face aux blessures car moi-même j'ai parfois du mal à voir du sang ou des blessures. Mais en général je me controle bien, et comme je l'ai dit dans le précédent message, la mort n'étant pour moi qu'un passage, je suis parfois dans un état de sérénité face à cela.
je sais que ça ne se dit pas. Je sais aussi que l'on dit qu'il faut rester calme en présence d'un blessé et lui parler.
Et je viens de mettre le doigt sur une contradiction de la vie humaine : il faut à la fois garder son calme et manifester de l'agitation.

Rester calme est plus utile pour aider les persionnes blessées que de paniquer.
Dans ces moments là (voyant par exemple une personne qui est tombée sur le trottoir) j'ai l'impression d'être utile par ma présence sereine. Je parle à la personne. Un sentiment d'amour nait en moi (la personne ayant en quelque sorte perdu son masque, je la vois dans sa pureté)... et cela jusqu'à ce que d'autres badauds arrivent et se mettent à s'agiter.
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Mars
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Re: Empathie

Message par Mars »

Au contraire, je suis beaucoup plus touchée par des choses lointaines comme les animaux ou le sort de certaines minorités.
Je pense que c'est une indication pour dire que tu n'es pas tout à fait NT :wink:
Atypique sans être aspie. Maman de 2 jeunes filles dont une aspie.
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Re: Empathie

Message par evolution650HBn°2 »

Je me retrouve dans ton questionnement, Charles, lorsque tu te demandes si tu n'es, au final, qu'un "gros égoïste", ainsi que dans votre "empathie en différé", il est beaucoup plus simple de la ressentir devant un film qu'en réel, je ne sais pourquoi.
Je me souviens d'une amie (en fait, la seule), qui s'était mise à pleurer devant moi.
Moment de solitude absolue, tant pour elle que pour moi. J'ai un peu honte de l'admettre mais dans ma tête se bousculaient plusieurs pensées : Mais, elle le fait exprès pour me mettre mal à l'aise ou quoi ? Qu'est-ce qu'il faut faire ? (j'ai finalement mis ma main sur son épaule en disant "allez"..) Dans combien de temps arrêtera-t-elle ? Vivement que je rentre !!
Je ne pensais qu'à moi tandis qu'elle était à nue devant moi, attendant surement quelque chose de ma part, mais impossible de savoir quoi, ou tout du moins de mettre en application ce que je connais en théorie. Difficile de ne pas se sentir minable et égoïste, car je crois qu'il s'agit bien là d'égoïsme, en fait.
Ceci dit, une fois chez moi je ne me suis pas torturée avec ce genre de pensées, trop contente de me retrouver enfin.
Mais parfois j'y pense, est-ce un abus de ce genre d'attitude qui a fait qu'elle a coupé les ponts avec moi ? Possible, bien que ce cas de figure - ses pleurs - ne se sont jamais reproduits devant moi.
Non-diag.
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Astragale
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Re: Empathie

Message par Astragale »

Je viens de discuter longuement avec ma psy. Son point de vue est (comme souvent), très intéressant.

Elle pense que les personnes autistes et Asperger ne sont en aucun cas des personnes non empathiques et que décider d'un diagnostic sur ce critère qui peut aussi avoir de nombreuses définitions, est un peu, je cite, "léger".

Tant que l'émotion est vraie et profonde, l'empathie et la compréhension sont directement ressenties. Une grande partie des émotions qui nous (je dis "nous" pour simplifier), laissent de marbre (voire nous agacent), sont celles qui font partie de la "Comédie sociale" à laquelle nous ne comprenons rien et ne voulons pas avoir à faire.

Il y a une sorte de goût de la vérité chez les Aspies qui ne supporte aucun détour, aucun mensonge, aucun faux-semblant.

Qu'en pensez-vous ?
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chawacee
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Re: Empathie

Message par chawacee »

Astragale a écrit :Je viens de discuter longuement avec ma psy. Son point de vue est (comme souvent), très intéressant.

Elle pense que les personnes autistes et Asperger ne sont en aucun cas des personnes non empathiques et que décider d'un diagnostic sur ce critère qui peut aussi avoir de nombreuses définitions, est un peu, je cite, "léger".

Tant que l'émotion est vraie et profonde, l'empathie et la compréhension sont directement ressenties. Une grande partie des émotions qui nous (je dis "nous" pour simplifier), laissent de marbre (voire nous agacent), sont celles qui font partie de la "Comédie sociale" à laquelle nous ne comprenons rien et ne voulons pas avoir à faire.

Il y a une sorte de goût de la vérité chez les Aspies qui ne supporte aucun détour, aucun mensonge, aucun faux-semblant.

Qu'en pensez-vous ?
Peut-être que dans la société dans laquelle on vit, qui cherche à nous imposer des émotions dans tous les sens, évidemment du genre qui ne font pas réfléchir, genre pulsions sexuelles, compassion façon "bête" juste "oh le pauvre enfant mort de faim !" et après "bon, on s'fait une raclette ce soir ?", qui nous abreuvent justement de films de situations ou les gens pleurent, parce qu'on DOIT être triste à un moment T, une convention éminament sociale qui, au bout du compte, me donne l'impression qu'on tente de nous manipuler (et ça fonctionne souvent)...


Résultat, les personnes autistes (je dis pas seulement aspie volontairement) qui ne suivent pas naturellement ces codes, voir même les fuient, sont "dérangeants" dans un sens, ils n'entrent pas dans un moule si pratique pour la manipulation des masses ? La "Comédie Sociale" vue par mon regard dépressif de la journée....

M'en voulez pas surtout.


ps : du coup, je pense qu'on peut dire qu'on a appris que "ne pas pleurer à un enterrement c'est mal", donc on nous a inculqué une forme de honte si on ne parvient PAS à ressentir ce qui semble être "normal", et donc, de fait, on se sent "anormal", "monstrueux". (mince, une relance de noirçeur.. pardon vraiment.. je ne sais pas ce que j'ai aujourd'hui encore...)
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