Céleste Java, graffeuse de Londres à Paris

Céleste Java, devant une de ses toiles en cours de finition, toujours discrète, se dissimule derrière ses cheveux.
On peut la croiser dans une tour de la Capitale ou devant un mur, à Landerneau, avec ses bombes de couleur. Rencontre avec l'artiste, chez elle.
Portrait
« Céleste », pour avoir étudié l'astronomie avec un de ses fils passionné par le sujet, et « java » comme La java des bombes atomiques, de Boris Vian. Même si la jeune femme pétillante assure changer régulièrement l'origine de son nom de graffeuse, il n'en reste pas moins qu'il illustre à la fois le côté joyeux et sombre de l'artiste.
Cette double personnalité, Céleste tient à la conserver, tout comme elle préserve sa famille et son intimité. C'est donc loin des flashs des photographes qu'elle trace son chemin.
Céleste a perfectionné son talent à l'école des arts appliqués Duperré à Paris. Finalement, c'est à Brest que la Dinannaise s'installe avec sa famille. « Je cherchais un centre ressource autisme, car mon second enfant est autiste. » Comme ses fils grandissent, elle se tourne de plus en plus vers la peinture.
Suivre la mode ? Pas son truc
La graffeuse se met en quête de la « meilleure école généraliste pour mon fils autiste, raconte-t-elle avec un sourire tendre. Je l'ai trouvée à Sainte-Anne, à Landerneau. » Elle pose alors ses pinceaux dans la cité de la Lune.
Son jeune fils lui confiait, il y a peu : « J'aime beaucoup ce que tu fais maman car c'est surréel. Au-delà de la réalité. C'est dans le rêve, et mon activité préférée, c'est la rêverie. » Le souvenir de cette remarque la touche encore beaucoup. Elle qui aime tant partager sa passion, ses rêves, son monde imaginaire.
Cela fait treize ans que Céleste peint. L'artiste reconnaît avoir eu « beaucoup de chance car j'ai rencontré des gens qui travaillaient dans le milieu de l'art et qui ont cru en mon travail ».
L'un de ses amis, Julien Feraille (responsable de l'Espace création E. Leclerc et adepte du street art) souligne une personnalité « créatrice, généreuse, passionnée - la lumière de la lune - et un côté torturé - la profondeur de la nuit ».
Exposer dans sa ville
Après avoir exposé dans des endroits emblématiques comme Paris, Londres ou, plus près de nous, aux Capucins à Brest pour Crimes of Minds, après des articles élogieux, la Bretonne garde les pieds sur terre. « Ce que j'aime, c'est créer. Un jour, à Londres, un galeriste m'a demandé d'être plus graff pour être plus vendeur, comme c'est à la mode. J'ai refusé. » Le mercantilisme ne fait pas partie de son univers.
Arrivée à Landerneau en 2006, Céleste a créé, cette année-là, pour la première fois, sur un mur de la ville, avec Benjamin Duquenne, une fresque de vingt-deux mètres de long et de cinq mètres de haut. On y voit de grands tentacules prenant naissance sur le crâne d'un visage de femme qui vous fixe, des formes ovoïdes et de longues ellipses. Une initiative de Julien Feraille, largement appréciée par les visiteurs. « Les gens sont très ouverts. Au départ, le street art était associé au vandalisme. Maintenant, plus du tout. »
Toujours dans un esprit de partage, Céleste goûte au plaisir de peindre dans la rue car « c'est visible de tous, et gratuit. C'est mettre de l'onirisme dans un monde difficile, mercantile. Les gens décrochent une fraction de seconde de leur quotidien, et s'échappent un peu. »
Prochaine étape du rêve de Céleste, faire venir à Landerneau, des artistes de rue contemporains et exposer dans sa ville !
Contact. http://www.celeste-java.com