charles a écrit :"Que la mort soit la plus douce".
C'est le seul souhait que je pouvais faire à ma mère (87 ans). Elle est morte il y a un mois. Malgré ses 30 kilos, elle est restée lucide jusqu'au bout (deux heures avant, elle n'a pas voulu que je vienne la voir, parce qu'elle se sentait trop fatiguée).
Elle est morte dans les bras d'une employée (de la maison de retraite) qu'elle adorait.
Nous lui avions dit qu'on se retrouvait tous à la Toussaint. Ensuite, c'était pour Noël, bien que personne n'y croyait vraiment. Elle non plus. La semaine précédente, elle m'avait dit qu'elle se laisserait partir après Noël. Et la dernière semaine, il n'en était plus question, parce que c'était dur : ce n'était pas parce qu'elle avait trop mal, mais il n'y avait plus d'intérêt à faire les efforts à la survie.
Elle disait aussi : "mais je ne suis pas pressée de partir".
Moi non plus, je n'étais pas pressé qu'elle meure. Tous les jours, j'ai envie de lui téléphoner, de passer la voir, de discuter. J'ai protesté et pleuré quelques minutes.
Les 2 derniers jours ont été plus difficiles : elle était angoissée pendant la nuit. La directrice de la maison de retraite lui disait que c'était normal - la nuit ou en soirée -, qu'il y avait une personne de service à ce moment là, et je lui ai dit qu’elle pouvait essayer de m'appeler aussi
(si je dors, je n'entends rien : pas de risque d'être dérangé) : "en fin de compte, maman, tu as une réaction humaine, non ?".
Ma mère avait clairement refusé depuis longtemps tout "acharnement thérapeutique". Elle a refusé il y a quelques mois une intervention qui lui aurait sans doute permis de survivre encore un peu, dans des conditions dégradées.
En fin de compte, elle a maîtrisé sa vie - et sa mort - jusqu'au bout (en tout cas, après ses 15 ans). Elle a été exceptionnelle.