L'autisme vu de l'intérieur...

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
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Tugdual
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L'autisme vu de l'intérieur...

Message par Tugdual »

Un blog récemment découvert : Jean Michel Devezeaud.
Je suis tombé dessus hier, et je n'ai pu
m'empêcher de le parcourir d'une traite.

Je trouve ce blog intéressant à plus d'un titre,
notamment parce que son auteur affiche
des points de vue originaux sur plusieurs
aspects de la vie d'un autiste Asperger.

Je comptais d'abord mettre ici même
quelques citations, mais il y en a trop !
Alors je vais distribuer ces citations
sur plusieurs réponses de la discussion,
ce sera plus lisible et plus pratique ...

Remarque : ci-dessous, cliquer sur les citations
pour aller sur l'article original de ce blog.

Modifications :
  • 12/11/2013 : Ajout de la remarque.
Modifié en dernier par Tugdual le mardi 12 novembre 2013 à 8:55, modifié 2 fois.
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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Re: L'autisme vu de l'intérieur...

Message par Tugdual »

Modifié en dernier par Tugdual le dimanche 1 septembre 2013 à 9:58, modifié 1 fois.
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Re: L'autisme vu de l'intérieur...

Message par Tugdual »

Modifié en dernier par Tugdual le dimanche 1 septembre 2013 à 10:36, modifié 4 fois.
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Re: L'autisme vu de l'intérieur...

Message par Tugdual »

De la nécessité du diagnostic :

À propos de la fameuse "étiquette" du diagnostic :
Jean Michel Devezeaud a écrit :On nous reproche souvent de vouloir ranger les gens dans des petites boîtes, avec des étiquettes. On nous dit que chaque individu est différent, qu'on ne peut pas faire ça, et on m'a refusé longtemps un diagnostic pour cette raison, ainsi qu'à mon fils : on ne voulait pas m'enfermer dans une étiquette.
[...]
Un autiste a une absence ou un déficit de théorie de l'esprit, c'est-à-dire qu'il n'a pas d'intuition sociale. Par conséquent, son rapport à l'autre est flou, incertain, angoissant, non spontané et doit être intellectualisé. Il y a donc un besoin impérieux de pouvoir catégoriser la personne afin d'adapter une procédure qui sera mise en place en fonction de la catégorie reconnue de la personne.

Refuser cet état de fait, c'est forcer les autistes qui utilisent cette technique pour avoir des relations sociales à rester isolés et tout ça pour des raisons de... pseudo-éthique ???

Des conséquences du diagnostic sur le RDOS:
Jean Michel Devezeaud a écrit :J'ai refais ce test le 30 mai 2013, et le diagramme a quelque peu changé.

Comment expliquer cela ? Pour moi, d'une part, il y a le fait que je n'ai plus la force de jouer au caméléon, et il y a beaucoup de choses qui me paraissaient acquises et que je suis en train de perdre, comme une partie de mon autonomie en matière de gestion de l'administration et des finances. Je suis en train de développer mon autisme par contrecoup de 30 ans de dissimulation de ma personnalité. Mais d'autre part, je pense qu'on ne se voit pas soi-même, ou avec beaucoup de difficultés, et que nos réponse sont des réponses types, en vue de plaire aux autres et de dissimuler notre vrai nature. Nous sommes par défaut incapable "d'oser penser" qu'on puisse vivre les choses différemment et indépendamment du modèle sociale courant.

Il faut donc du temps pour arriver à trouver nos propres repères, oser penser comme on veut, accepter le fait que nous soyons différent, pour nous présenter à nous-mêmes et aux autres tels que nous sommes vraiment, en tout simplicité.

Ceci me paraît d'une grande logique :
Jean Michel Devezeaud a écrit :Depuis le 5 septembre 2012 j'ai enfin obtenu un diagnostique sur mon état.
[...]
Au début c'était libérateur, je comprenais enfin pourquoi j'étais différent, mais je ne savais pas qu'il me restait encore à comprendre "comment" je suis différent, et là, ça secoue pas mal. La connaissance du syndrome mise en parallèle avec ma vie quotidienne, je découvre que presque chaque aspect de ma personnalité est profondément marqué par l'autisme. Certains disent qu'il faut un an pour se remettre d'un diagnostique, c'est-à-dire apprendre à fonctionner avec de nouveau repères. Etre diagnostiqué à 36 ans, c'est comprendre qu'il y a au moins 30 ans de vie qui n'était que du vent, ça donne l'impression de venir au monde mais sans avoir de parents pour nous guider, parce qu'une fois que le diagnostique est posé, il n'y a plus personne pour nous aider à survivre dans ce monde.
Il me faut maintenant, sans avoir suffisamment d'aide, déconstruire ce que j'ai été tant d'années et me reconstruire à la lumière de mon diagnostique...
Est-ce que cela parle aux adultes récemment diagnostiqués ?
Modifié en dernier par Tugdual le dimanche 1 septembre 2013 à 10:44, modifié 3 fois.
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Re: L'autisme vu de l'intérieur...

Message par Tugdual »

TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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Re: L'autisme vu de l'intérieur...

Message par Tugdual »

Voilà un avis de l'intérieur qui pose question, et mérite réflexion :
Jean Michel Devezeaud a écrit :J'entends souvent parler en ce moment de "ghettoïsation" des enfants autistes, et du risque que cela constitue pour leur intégration au sein de la société.
[...]
Mais rester présent au sein d'une société qui se moque, qui frappe et qui rejette, est-ce vraiment cela l'intégration ?
Je sais, par ma propre expérience, que le fait d'être seul incite à une réaction "caméléon", c'est-à-dire à se camoufler socialement, donc ne pas assumer sa nature autistique, et donc être faussement intégré.
[...]
Si j'avais eu la chance d'être diagnostiqué durant ma période scolaire, si j'avais eu la chance de connaître d'autres enfants comme moi, j'aurais pu m'accepter et m'assumer, j'aurais pu m'intégrer comme je suis à la société telle qu'elle est, et j'aurais certainement moins souffert.

Il faut faire attention, en voulant éviter d'isoler les autistes, de ne pas les isoler les uns des autres, car dans le monde des autistes aussi, contrairement aux apparences, l'union fait la force.

Un autre avis, étonnant, sur les groupes d'habiletés sociales :
Modifié en dernier par Tugdual le dimanche 1 septembre 2013 à 10:56, modifié 2 fois.
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Re: L'autisme vu de l'intérieur...

Message par Tugdual »

S'accepter :
Jean Michel Devezeaud a écrit :Et ça vaut pour la vie d'adulte aussi : ne pas sortir des rangs, sinon on se fait descendre.
Je suis sûr que c'est vrai pour beaucoup d'asperger, et qu'on doit tous réapprendre à oser donner le meilleur de nous-mêmes sans penser aux conséquences, même s'il y en a toujours, aussi vrai qu'il y a toujours des abrutis qui sont jaloux et qui nous le font payer.

Oser croire en ce qu'on croit, oser croire en nous, oser croire qu'on peut être utiles, oser croire qu'on peut vraiment avoir raison, et faire ce qu'on a à faire. Au pire, on se trompe, mais ce n'est pas grave, les interactions sociales réguleront les conséquences, mais si on a raison et qu'on ne le fait pas, il manque une pièce dans le rouage, et tout le monde est en attente que celui qui doit agir agisse.
Jean Michel Devezeaud a écrit :Je suis toujours triste quand je vois des autistes chercher toutes les solutions possibles pour vivre en milieu non-autiste comme s'ils étaient des NT. J'ai l'impression de regarder des gens faire de la plongée en apnée jusqu'à la limite du supportable et revenir suffoquant à la surface, tout épuisé. Non, vous n'êtes pas des poissons, vous ne pouvez pas respirer sous l'eau, vous pouvez retenir votre respiration et visiter temporairement les fonds sous-marins, mais vous n'êtes pas chez vous au royaume de Poséidon !
Pour pouvoir être à l'aise dans toutes les situations et ne jamais être pris de court, je trouve important de savoir gérer les situations désagréables, à savoir celles où les relations sociales ont une place importante. Mais j'ai bien conscience que cette capacité à vivre en milieu NT est juste une mesure d'urgence, pas un objectif de vie à long terme.
Les gens qui m'entourent, les proches, ou les travailleurs sociaux, ne m'ont jamais trouvé autant épanoui et heureux qu'en ce moment, où je développe et laisse libre cours au côté autistique de ma personnalité. Les autres autistes dont l'objectif de vie est de vivre comme des NT souffrent tous beaucoup et sont dépressifs. N'y a-t-il pas de quoi se poser des questions ?
Jean Michel Devezeaud a écrit :La vraie question c'est "est-ce que j'ai vraiment envie de participer à cette fête" car en vérité, ce n'est pas tant qu'on a envie de participer à quelque chose de commun avec les autres, c'est qu'on a plus envie d'être mis de côté et rejeté.

Alors la stratégie la plus employée, c'est celle du caméléon : on observe, on analyse, on reproduit ce qu'on voit autour de nous, on joue un jeu d'acteur, on s'y épuise, et les autres nous acceptent un peu mieux mais se méfient quand même, car quelque chose cloche !
[...]
Il existe quelques situations où faire le caméléon peut être utile, dans des situations de courtes durées, avec des gens qu'on ne reverra pas, oui, cela peut-être utile et il faut apprendre à le faire. Mais s'imaginer qu'on peut le faire sur le long terme, avec des gens qu'on côtoie tous les jours, c'est aller directement à notre perte.

Contrairement à ce que je disais il y a quelques temps, ce n'est plus que je ne veux pas m'intégrer, c'est que je veux m'intégrer en tant qu'autiste asperger.
Modifié en dernier par Tugdual le dimanche 1 septembre 2013 à 10:42, modifié 6 fois.
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Re: L'autisme vu de l'intérieur...

Message par Tugdual »

Des conseils :
Jean Michel Devezeaud a écrit :Pour commencer, un diagnostic est IMPÉRATIF pour qu'une personne autiste puisse se construire et aller mieux. Ceux qui disent le contraire sont des idiots, surtout s'ils sont psychiatres. Quand je dis diagnostic, je veux dire une reconnaissance extérieure à soi.
[...]
La deuxième étape pour aller mieux, c'est de s'assumer, en acceptant qu'on fonctionne à l'envers.
[...]
Prenez votre temps : arrêtez de suivre le rythme infernal qu'on vous impose (tant que c'est possible) et imposez votre rythme.
[...]
Ensuite, vous avez des trésors en vous que les gens du commun n'ont pas : développez-les, exploitez-les, et définissez vous-mêmes votre place dans la société en fonction de ça. Après toutes ces remises en ordre, il y a de fortes chances que vous commenciez à aller mieux.

Et de grâce, faites-vous plaisir !!! bon sang, les NT ne passent pas leur temps à essayer d'être autistes et à culpabiliser de ne pas y arriver !

Ne soyez pas tristes, vous êtes des gens extra-ordinaires, c'est pas donné à tout le monde !
Modifié en dernier par Tugdual le dimanche 1 septembre 2013 à 10:32, modifié 4 fois.
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Re: L'autisme vu de l'intérieur...

Message par Tugdual »

Voilà, je crois que j'ai fait le tour ...

:)
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malala
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Re: L'autisme vu de l'intérieur...

Message par malala »

Oui, ce blog est très intéressant; merci pour cette info, Tugdual. :D

Dans l'immédiat, la phrase qui me parle le plus est la suivante:
Jean Michel Devezeaud a écrit :Mon corps est en trop. Si je ne l'avais pas je serais pure pensée, pure être qui consacrerait son temps à l'Existence, à la découverte passionnante, à l'évolution. Mais ici, avec ce corps, je ne fait que survivre.
Lita
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Re: L'autisme vu de l'intérieur...

Message par Lita »

Cette phrase m'a interpelée également.
Ca fait écho à mes envies surtout en ce moment où je lutte pour ne pas rejeter trop l'aspect contrainte corporelle de mon existence, sans quoi c'est la porte ouverte au suicide, alors que ce n'est pas réellement ce que je recherche.

Comme celle-ci aussi :
Jean Michel Devezeaud a écrit :La nature est cruelle, elle m'a doté de la même envie que tout le monde d'avoir des liens sociaux, de partager ce que j'ai et ce que je suis, mais elle ne m'a pas donné les moyens d'y parvenir.
J'en ai fini par commencer un deuil des relations "IRL". Il est commencé depuis 1 an ce deuil.
Il me restait les relations flottantes (internet), j'étais inscrite sur un forum sur lequel j'aimais bien aller. Je me suis pris un revers de trop récemment. Je me suis désinscrite.
Les interactions et moi, ça le fait pas...

Et ça :
Jean Michel Devezeaud a écrit :En fait, mon plus gros handicap, c'est d'avoir l'air normal ! Ainsi, personne ne peut savoir ce que cela me coûte d'être au même niveau que tout le monde.
Ca me coûte beaucoup mais je n'atteins jamais le même niveau. Je trouve toujours injuste quand on m'en demande encore plus comme si c'était naturel à fournir... Même moi je me demande plus, je m'use moi-même. Et plus je vieillis, moins j'ai d'énergie à mettre là dedans. Le haut niveau à 20 ans, c'est dur mais ça le fait. A 30, c'est plus dur.
Jean Michel Devezeaud a écrit :Au début c'était libérateur, je comprenais enfin pourquoi j'étais différent, mais je ne savais pas qu'il me restait encore à comprendre "comment" je suis différent
Et ça, ça me travaille beaucoup en ce moment.
Le "comment". J'ai besoin de comprendre le comment dans les moindres détails. L'étiquette n'est pas un but, c'est juste un indice comme quoi je cherche dans la bonne direction.

Je suis convaincue, je vais aller lire ce blog. Merci pour le partage.
Diagnostiquée Aspie, hpi et tda au cra fin 2013 à 29 ans.
1 enfant de 9 ans - Diag aspie au CRA en 2015
Nath62
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Re: L'autisme vu de l'intérieur...

Message par Nath62 »

Ce qui me parle le plus, c'est ça :

Qui m'a vraiment demandé de l'aide ?
J'ai peur d'être rejeté alors je veux me rendre indispensable.
Je cherche beaucoup les confidences, mais moi-même je me confie peu, je parle peu de ce que j'endure au quotidien.. pourtant je souffre et je devrais avoir des choses à confier à mes rares amis.
Je veux toujours être fort pour aider les autres, sans considérer qu'il me faut aussi me montrer dans mes faiblesses, sans quoi je ne suis pas complètement vrai dans mon rapport à l'autre.

C'est à 200% moi.

Lita, je me rends compte aussi qu'avec l'âge, j'ai de plus en plus de mal à assumer ce que j'assumais auparavant, rangeant ma fatigue de cîté pour plus tard quand j'aurai le temps. C'est un sacré effet boomerang...
Je parle comme une vieille mais je ne suis pas "si vieille que ça", pourtant, j'ai pourtant l'impression d'avoir déjà donné tout ce que je pouvais donner et que la machine est cassée, que ça bug de plus en plus.
Mère absolument atypique (mais à quel niveau ?) d'une petite atypique de 5 ans dont le diagnostic est enfin en route..