Le métier d'informaticien ...

[Tugdual]

Le métier d'informaticien, ou plus exactement, de développeur,
semble revenir souvent dans le monde de l'autisme.

Encore que, entendons nous bien, il est fort heureux
que tous les autistes ne soient pas informaticiens,
ni que tous les informaticiens soient autistes ...

Ceci dit, un article, hier, sur Rue89, décrit le ressenti
d'un jeune ingénieur, et comme j'y retrouve certaines
de mes réflexions, je vous incite à y jeter un oeil :
-> Petit, je voulais être informaticien, ...

Moi aussi, j'ai d'abord vu ce métier comme :

On apprend à résoudre des problèmes. On apprend à imaginer des solutions. On apprend à concevoir, à fabriquer, à créer.

J'ajouterais, moi qui ai bossé dans des petites sociétés,
un côté artisanal, dans la mesure où :

• on était responsable, soit d'un logiciel tout entier,
  soit d'une grosse partie d'un logiciel ;
• on pouvait passer un peu de temps à peaufiner
  notre code, l'améliorer, le rendre plus beau.

Et quand notre logiciel fonctionnait correctement,
c'était valorisant, car on savait "qui" avait développé "quoi" ...

Et puis, le temps passant :

Et là, après plusieurs années d’expérience, après être fortement monté en compétences dans un domaine assez pointu, que me demande-t-on ? D’être un ouvrier :

• tu changeras la couleur du bouton ;
• tu écriras un formulaire de contact ;
• tu mettras à jour les images pour la nouvelle version ;
• un peu plus de marge à gauche s’il te plaît.

Et je m’ennuie. Tous les jours. Ce que je fais n’a pas de sens.
Et pourtant cela correspond à ce qu’on attend de l’informatique aujourd’hui : un développeur interchangeable, pas cher.

J'ai ressenti très fort cette industrialisation du métier.
Là où on nous demandait d'être responsable d'un gros morceau
de logiciel, on découpe aujourd'hui ce logiciel en une ribambelle
de tous petits morceaux que n'importe qui doit être capable
de développer. Dans l'opération, l'intérêt diminue beaucoup.
Et le travail terminé, c'est beaucoup moins valorisant,
car on n'est finalement plus responsable de grand chose ...

[zad]

j'aime bien faire des tout petits sites internet de a à z,
j'adore voir le code se transformer en qqchose de concret
(un truc d'autiste : parfois j'en fait juste pour le fun, et je ne les
publie même pas ! lol)

je vois ça comme de l'artisanat d'art.

je pense que si je devais bosser dans une structure où je perdrais cet aspect,
je ne serai pas intéressé (et un aspie pas intéressé, disons que ... c'est pas productif ;-)

[Tugdual]

je vois ça comme de l'artisanat d'art.

J'aime beaucoup cette image, que je trouve très juste ...

[Tugdual]

Pour qui veux faire son métier de la conception de site web,
une piste à creuser est l'accessibilité des sites aux mal-voyants.

Des normes et recommandations existent,
mais elles sont très peu appliquées.

Il y a peut-être là un marché de niche à exploiter ...

[stef_asper]

Bonsoir,

Le métier d'informaticien, ou plus exactement, de développeur,
semble revenir souvent dans le monde de l'autisme.

Oui en effet il y a pas mal d'informaticiens chez les aspies
(je suis informaticien moi meme)

C'est peut etre aussi les études d'informatique qui attirent les SA.

Est ce juste parce qu'on est pas à l'aise dans les contacts sociaux, ou y a t il une autre raison ?

Est ce que les aspies pensent comme des machines ?

[zad]

Est ce juste parce qu'on est pas à l'aise dans les contacts sociaux, ou y a t il une autre raison ?
Est ce que les aspies pensent comme des machines ?

plus probablement pcq l'informatique (la programmation) est un cadre précis, un langage sans synonymes ni second degré, ne supportant pas les erreurs, et répondant à un corpus de règles claires et logiques ; tout en permettant une grande créativité.

et les 'informaticiens' ne sont pas forcement des ermites ; le geek est meme devenu populaire de nos jours

[stef_asper]

Tout d'abord je suis d'accord qu'il ne faut pas tomber dans la caricature : tous les informaticiens ne sont pas aspies et tous les aspies ne sont pas informaticiens.

@ had :

plus probablement pcq l'informatique (la programmation) est un cadre précis, un langage sans synonymes ni second degré, ne supportant pas les erreurs, et répondant à un corpus de règles claires et logiques ;

Manifestement il existe bien une sorte d'affinité de langage entre le langage informatique (basé sur la logique, la rationalité) et le langage tel que les SA le pratiquent, car les syndromes d'asperger ne sont ils pas connus pour ne pas savoir mentir et ne pas supporter l'hypocrisie ?

Je cite Martin Heidegger :

L'enseignement traditionnel veut que l'homme soit, à la différence de la plante et de la bête, le vivant capable de parole.Cette affirmation ne signifie pas seulement qu'à coté d'autres facultés l'homme possède aussi celle de parler. Elle veut dire que c'est bien la parole qui rend l'homme capable d'etre le vivant qu'il est en tant qu'homme.

Alors ce n'est pas parce que nous sommes aspies que notre langage est différent, c'est au contraire car notre langage est différent que nous sommes aspies. Qu'en pensez vous ?

[zad]

Manifestement il existe bien une sorte d'affinité de langage entre le langage informatique (basé sur la logique, la rationalité) et le langage tel que les SA le pratiquent, car les syndromes d'asperger ne sont ils pas connus pour ne pas savoir mentir et ne pas supporter l'hypocrisie ?

difficile. c'est la compréhension de l'usage du langage (de l'hypocrisie, du second degré, du mensonge ...) qui me semble faire défaut chez les autistes (ie : la partie sociale de l'expression langagière, donc). et pas la comprehension du langage lui-même.

je sais mentir ou être hypocrite, si necessaire (mais c'est vrai que je suis pas fort à ce jeux). je deteste ça pour des raisons de principes : par expl, la vérité c'est le top, et ça me paraît naturel, constructif, et bénéfique de l'exprimer, puisque c'est ... vrai. (puis ... qd je ments, c'est comme si je faisais une blague, donc je suis mort de rire au bout de qqs minutes. pas super crédible )

cette meme recherche/principes de précision et de clarté se retrouve dans l'expression des aspies autant en langages humains qu'en langages informatiques ... et forcement, un langage informatique est plus adapté à ce mode (intrinsèquement).

On pourrait imaginer que c'est ce type de langages plus propre et "systemizable", plus facile d'accès aux autistes, que les langages humains, qui attirerai les aspies dans ces métiers ?

Je cite Martin Heidegger :
"L'enseignement traditionnel veut que l'homme soit, à la différence de la plante et de la bête, le vivant capable de parole.Cette affirmation ne signifie pas seulement qu'à coté d'autres facultés l'homme possède aussi celle de parler. Elle veut dire que c'est bien la parole qui rend l'homme capable d'etre le vivant qu'il est en tant qu'homme."

obsolète.

Alors ce n'est pas parce que nous sommes aspies que notre langage est différent, c'est au contraire car notre langage est différent que nous sommes aspies. Qu'en pensez vous ?

des images mentales (une langue visuelle, universelle et personnelle) à traduire en mots ?

je me demande d'ailleurs si ce n'est pas ce travail de traduction (visuel->verbe) qui fait aussi
que bcp d'aspies arrivent à maitriser plusieurs langues. perso, je vois pas de différence
entre langue maternelle et acquise(s).


bon, c'est un peu en vrac comme réponse -j'espere que je suis comprehensible -

[Bubu]

Pour le moment on ne peut pas parler de métier pour moi, mais la programmation est une passion. (J'ai 2 passions la musique (spécialement le clavecin) et la programmation)

Déjà petit je faisais du BASIC sur un Apple IIc, puis un peu d'assembleur dessus (6502) mais très peu.
J'avais fait du LOGO en CE2 (la souris sur l'écran : la tortue !). Évidemment je mettais des boucles de 1000 itérations donc le maître devait sans cesse manipuler mon ordi pour l'interrompre ...
C'est un langage marrant .... basé sur le français (REPETE, AVANCE, etc...)
J'ai pas mal bossé sur l'assembleur du Motorola 68000, j'avais fait notamment un mini jeu de plateforme 2d inspiré de Mario sur ma TI92
Sinon j'ai un projet de jeu de course avec un très bon ami, en 3D basé sur DirectX, et PhysX3 pour la physique. Déjà 4 ans qu'on est dessus .... C'est passionnant et j'apprends énormément notamment grâce à un forum dédié au développement de jeu qui est peuplé de pointures .... Le comble c'est que j'ai tout appris sur le tas, et que rien ne m'a jamais servi dans les cours de fac.

Je programme en C++, et mon ami modélise les objets sous Blender. On va attaquer les skinned meshes. Oulà

Je reprends un master à Rennes à la rentrée prochaine. Mais j'avoue avoir peur que cela devienne un métier où je ne suis pas à ma place et qui ruinerait cette passion. Mais bon faut bien avancer

Je n'ai jamais trop su pourquoi la programmation me passionnait tant, ce n'est pas le fait de créer (...) , mais plus une sensation de vitesse je crois. J'aime voir la vitesse avec laquelle l'ordinateur exécute les algorithmes.

[Lilas]

Bonjour à tous,

Je me décide enfin à me lancer dans mon premier post, sur un sujet qui me parle.
On peut dire que j'ai une assez longue histoire avec l'informatique.

Tout a commencé quand j'avais une dizaine d'années je pense, et que les premiers ordinateurs personnels sont apparus dans les rayons du supermarché où j'accompagnais ma mère faire les courses. Je restais scotchée devant, à taper des 'list' ou des 'echo' et à observer le résultat, frustrée de ne pouvoir en faire plus.

Un peu plus tard, au début du collège, je me revois brandir un magazine de programmation devant une camarade de classe qui avait une de ces merveilleuses machines chez elle pour lui demander de recopier l'exemple de programme proposé (de plusieurs pages) : mais, étrangement, je n'ai pas réussi à la convaincre

J'ai enfin eu ma propre bête vers la fin du collège, et ne compte pas le nombre d'heures passées dessus à développer jeux et autres animations qui me passaient par la tête. L'ordinateur était mon ami. J'avais même commencé à développer un programme pour discuter avec lui (très restreint malheureusement car j'avais renoncé assez vite devant l'ampleur de la tâche).

Je saute quelques années d'étude pour en venir à la question principale, le métier d'informaticien, qui est le mien (qui l'eut cru...).

J'ai eu à faire moi aussi, en montrant avec fierté un résultat qui m'avait demandé beaucoup de réflexion et de code pour résoudre un problème complexe, à des remarques du genre "ce n'est pas très joli, tu devrais changer la couleur de ce bouton". Ou pire : "ah oui, j'aime bien cette police, bravo", alors que l'on montre avec satisfaction le résultat de THE requête SQL de la mort qui tue...

Aujourd'hui, je ne fait pas du tout de site internet mais travaille en entreprise sur les outils de gestion interne, à l'ancienne, avec des projets que je gère de bout en bout, et un responsable qui a lui même fait du développement et sait donc reconnaître mon travail à sa juste valeur.

Je me sens vraiment à ma place là où je suis aujourd'hui, donc je voudrais encourager tout ceux qui ont une passion pour l'informatique à ne pas renoncer, mais à choisir le bon environnement, celui où l'on se sent bien et qui offre la liberté d'exprimer son talent.

PS : désolée si j'ai fait trop long

[Mars]

Bonjour Lilas et bienvenue
Peut-être pourrais-tu te présenter dans le salon d'accueil ?

[Lilas]

Oui, je sais que c'est la règle.
Désolée d'avoir débarqué comme ça sans présentation, mais ça me mettait bien plus à l'aise de parler d'informatique.

[Magus]

Bienvenue Lilas

Pour l'informatique, c'est un métier que j'aurais du faire finalement. J'ai opté pour des études de sciences et finalement je travaille désormais en gestion financière. lol

Je passe plus de temps à faire des extractions de bases de données et à monter mes petits programmes en VBA (oui à mon travail on utilise beaucoup excel mais peu connaissent le VBA ou les formules un peu compliquées).

Mais il faut que je fasse des progrès en SQL parce que plein d'outils fonctionnent avec lol

[stef_asper]

@lilas : bienvenue sur le forum

@bubu :

déjà petit je faisais du BASIC sur un Apple IIc

A l'epoque l'Apple IIc (avec l'apple IIe) etait ma machine de mes reves ... seulement elle etait chere, alors mes parents etaient pas trop d'accord en plus ils voulaient absolument une marque francaise (j'ai jamais compris pourquoi) alors j'ai du me contenter d'un thomson TO7/70. Puis à la fac j'ai completement zappé l'informatique j'etais en electronique / physique mais c'etait surtout la physique qui m'interessait car ca rejoignait des questionnement philosophique (comment la matiere surgit du rien ....).

Puis j'ai travaillé en société de service en informatique avec une spécialité reseaux et telecoms mais sans passion pour l'informatique. Il faut dire le monde de l'entreprise ou il faut des resultats pratiques et court terme ne m'a pas vraiment incité à aimer. Quand je suis passé freelance une ecole d'ingénieur m'a demandé de realiser des interventions sur differents sujets en rapport avec les reseaux et c'est en enseignant le domaine que je l'ai redecouvert et que je me suis mis à aimer.

Aujourd'hui je suis tres orienté monde du libre (linux)

En enseignement je me suis rendu compte que avec la quarantaine par rapport aux jeunes qui sont formés je suis d'une autre génération. Ils grandissent dans un univers technique different. A leur yeux j'ai toujours l'impression d'etre une sorte de "veteran de la ligne de commande".

Mais je me demande si c'est pas aussi lié à ma personnalité. Je deteste les environnements graphiques. Pour moi il aurait jamais fallu inventer la souris. Mon approche est en apparence hyper conservatrice mais j'ai vraiment un probleme avec les images.

C'est comme chez moi, c'est tout petit mais c'est en moitié vide. Mais c'est dejà trop pour moi. Je suis tout le temps en train de jeter des objets. J'aime vivre dans un environnement minimaliste.

Je me demande si pour moi les objets ne sont pas anxiogenes.

[Tugdual]

Aujourd'hui, je ne fait pas du tout de site internet mais travaille en entreprise sur les outils de gestion interne, à l'ancienne, avec des projets que je gère de bout en bout, et un responsable qui a lui même fait du développement et sait donc reconnaître mon travail à sa juste valeur.

Voilà très exactement le cas de figure qui me correspond !

Profites-en bien ...