tulipetulipe a écrit :Mon frère ne veut pas comprendre ce que je ressens.
Désolée tulipe, je te cite toi, mais en fait, je veux rebondir sur cette notion, le but n'est pas de te viser personnellement.
J'ai essayé d'expliquer mon fonctionnement différent, quand j'ai pu enfin mettre des mots dessus (récemment), à quelqu'un qui m'apprécie.
Il ne comprend pas. Il aimerait bien pourtant. Mais tout ce que je lui raconte lui semble inconcevable. Il essaye mais il n'y arrive pas.
D'autant qu'il semblerait que dans mes tentatives d'explications, certaines choses lui paraissent contradictoires.
J'ai trouvé quelqu'un qui me comprend. Ca fait 4 ans qu'on discute occasionnellement par mail.
Et il s'est découvert lui même aspie il y a peu.
Bon et bien voilà pourquoi il me comprenait
.
Notre fonctionnement est si différent du leur que la compréhension n'est pas accessible à tout le monde.
Depuis que j'ai intégré ça, je souffre moins d'être incomprise.
Moi non plus, je ne les comprends pas les gens NT, leur fonctionnement me paraît inconcevable. Ca m'aide à essayer d'être plus tolérante envers eux quand ils ne me comprennent pas. C'est difficile de se raisonner, mais il le faut bien.
Faisceau Concentré a écrit :à savoir pourquoi ce désir de normalité ?
Pour ma part, j'ai été élevé comme une enfant normale. J'ai grandi avec un modèle imposé, à suivre et à appliquer.
Je n'ai jamais réussi à m'approprier ce modèle. Et il était très mal vu de ne pas coller dans le moule.
C'est allé loin, ma mère m'en voulait de ne pas VOULOIR (selon elle) coller dans le moule.
C'est quelqu'un qui s'acharne. Sans doute qu'elle s'acharnait pour mon bien... Mais elle s'est fait du mal autant qu'elle m'en a fait apparemment, à s'évertuer à essayer de me transformer sans rien m'expliquer.
Disons que j'étais la bouteille et la norme une pierre à faire entrer dans la bouteille.
La pierre ne correspondait pas, trop grosse... Elle y est allée au marteau, jusqu'à péter la bouteille. C'est pas évident de réparer une telle brisure toute seule. J'ai passé les premières années de ma vie d'adulte à me reconstruire.
Pourquoi a t-elle souffert ? Je ne comprends pas.
Je sais qu'elle culpabilise... Elle culpabilise de m'avoir brisée ?
Je ne comprends pas... Mais je comprendrais peut être bientôt, avec l'ADI.
J'en souffrais, on m'imposait une norme et je n'y comprenais pas grand chose. Je comprenais juste que si je ne collais pas dedans, on ne m'aimait pas et on avait honte de moi.
A 15 ans, j'ai compris que mes efforts avec ma famille étaient vains. On m'en demandait beaucoup trop.J'ai survécu comme j'ai pu jusqu'à 20ans, puis je me suis sauvée très loin.
Depuis, j'ai essayé d'approcher la norme pour avoir occasionnellement une place dans la société.
Mais je suis hors norme, disons que j'ai mes propres normes, et que ça m'exclus.
Pour moi je suis normale, et je déplore parfois que les autres ne le soient pas
.
Ne pas être dans la norme marginalise, non ?
Je le ressens ainsi personnellement.
Il n'est pas normal d'être différent, donc les gens différents sont bizarres... Tu n'as pas ressenti ça toi dans ta vie ?
On me l'a dit plusieurs fois à moi, tu es bizarre. J'étais toujours exclue.
Exclue de ma famille, exclue par mes camarades d'école, exclue par mes collègues de travail...
Alors c'est vrai que j'aurais bien aimé être normale de la manière dont il aurait fallu pour avoir une vie moins marquée par le rejet, pour avoir une vie moins éreintante (hypersensibilités sensorielles qui me bouffent toute énergie, etc) et moins vectrice de discriminations.
Mais ça, c'était avant de savoir pour le SA.
J'ai toujours été demandeuse de comprendre la différence entre les autres et moi.
Pourquoi je n'étais pas capable de fournir ce que les autres fournissaient sans mal ?
J'entends parfois parler d'imiter, et de le faire bien pour passer inaperçue... Moi je n'ai jamais réussi à imiter de manière à donner le change véritablement. Ce que je suis revient au galop à un moment et sabote tous mes efforts pour passer inaperçue. Oui les rôles, au bout d'un moment j'en ai ma claque.
Puis on m'y encourage "soit toi-même"... Mais alors quand je suis moi même, ça ne passe pas du tout... Je récolte des réactions parfois violentes
sans y comprendre grand chose.
J'aurais pu m'adapter à moi, aux autres, plus facilement si j'avais su.
Là je vais essayer de trouver mes limites et de me faire une place pas trop désagréable dans la société en étant comme je suis.
Ca risque d'être compliqué, parce que je commence à me comprendre, mais je ne comprends pas encore les NT pourtant largement majoritaires dans la société.
tulipetulipe a écrit:
J'ai été élevé avec l'idée que c'est une obligation, qu'on doit travailler,que sinon on est paresseux, qu'on profite de la société
C'est pareil pour moi.
Une obligation de fournir ce que les autres fournissent.
L'estime de soi vole en éclat assez vite dans ces conditions... L'isolement est la suite logique, torturé non seulement par les gens qui fustigent "la paresse", et par nos propres pensées "mais pourquoi je n'y arrive pas ? Qu'est ce qui se passe ? Allez je vais foncer dans le mur puisque c'est ce qu'on attend de moi"... s'en suit la chute qui fait mal, et les gens qui se regroupent autour pour fustiger la chute, t'obligent à te relever vite et te poussent contre le mur... Re-chute... Les gens préfèrent s'éloigner, ils n'y comprennent rien... et moi aussi...
Horrible...