une colère qui ne passe pas

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
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Magus
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Re: une colère qui ne passe pas

Message par Magus »

tulipetulipe a écrit :En fait, je disais : si j'avais été élevé autrement, est ce que j'aurais réussi, est ce que j'aurais su mieux vaincre les difficultés". Maintenant, j'ai plus de 45 ans, je n'aurais pas d'enfants, c'est fini. Pour le travail, j'ai eu des contrat de 6 mois à 1 an à mi temps entrecoupé de chômage pendant une dizaine d'années. Je finissais toujours épuisée d'avoir essayé de m'adapter, de faire comme tout le monde, de supporter tout les bruits, toutes les conversations.... J'ai fini par obtenir un CDD et comme à chaque fois, je n'ai pas réussi à tenir, je suis maintenant en arrêt depuis presque 3 ans. Je n'envisage absolument pas de retravailler actuellement.Ce que je me demande, c'est si j'aurais réussi à m'adapter, à ne pas être si fatiguée par tout les contacts sociaux si mes parents m'y avaient habitués étant enfant.
Mes parents n'ont jamais rien compris à ce que j'étais ni toute la souffrance que j 'ai pu ressentir.
Pour eux c'était "fictif". Quant aux contacts sociaux, ils passaient leur vie à la maison ou au travail sans avoir jamais eu le moindre ami, sans jamais faire la moindre sortie. J'étais rabaissé en permanence étant adolescent par mon père.
Je n'ai pas été habitué aux contacts sociaux.
A l 'école, au lycée, dans le travail j'ai subi encore et encore... moquerie, méchanceté, les gens qui te fuient.
Enfant je n'ai pas vécu, adolescent je n'ai pas vécu, jeune adulte je n'ai pas vécu, je n'ai jamais profité de la vie comme une personne """normale""" peut le faire.
Pas de copine, pas de sorties, peu ou pas d'amis...

Tous mes emplois ont fini par m'épuiser un jour ou l'autre, non parce que le travail était dur, mais à cause des gens/collègues.
Dépressions et TS, j'ai connu aussi.

Je dirai pourtant qu'il ne faut pas abandonner, il faut se battre.
Au final, ma vie n'aurait pas été bien différente avec d'autres parents. Je ne serai jamais "normal". Je l'ai enfin compris.

Pour le travail: nous avons des qualités qui peuvent intéresser les employeurs. Nous avons une grande capacité à apprendre à défaut de savoir communiquer.
Et nous pouvons créer, inventer.

Notre vie est différente des "norms". Nous n'aurons peut-être pas ce qu'ils peuvent avoir mais nous pouvons nous aussi avoir une vie, construire notre vie.

Courage
There must be some kind of way out of here,
Said the joker to the thief
tulipetulipe
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Re: une colère qui ne passe pas

Message par tulipetulipe »

Merci Magus de ton témoignage, je ne suis donc pas la seule à avoir grandi dans l'isolement.Mon frère ne veut pas comprendre ce que je ressens. Il pense que j'ai peur des gens, et me dis "Il ou elle ne va pas te manger". J'ai essayé de lui expliquer que ce n'est ni de la peur, ni de la timidité, que parler à un inconnu dans la rue ne me dérange pas quand je suis bien reposé mais il ne comprend pas. Je lui ai dit que cela me fatigue de devoir mener une conversation avec un groupe de gens lorsque cela dure trop longtemps pour moi. Il me dit que cela arrive à tout le monde et qu'il suffit de hocher la tête et de dire "oui, ha..." de temps en temps.Je lui ai dit que le simple fait d'avoir le bruit continu des conversations devient insupportable pour moi au bout d'un moment.Je n'insisterai pas mais j'ai l'impression que mon frère ne veut surtout pas voir mes différences. Quand à ma mère, elle ne comprend jamais que je suis fatiguée au bout d'un certain temps de discussion avec elle et elle en demande toujours plus. En ce moment, je suis très inquiète de devoir aller à l'anniversaire de mon frère dimanche prochain où il y aura 6 personnes et un bébé. J'espère arriver à gérer et pouvoir m'isoler si j'ai besoin sans contrarier personne.
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Bubu
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Re: une colère qui ne passe pas

Message par Bubu »

Bonjour

Moi aussi je suis en colère. Très en colère. En colère contre des gens que j'ai sans doute aimé et surtout contre moi-même. J'espère que cela passera avec ce changement tant redouté de ma nouvelle vie à Rennes
TSA, diagnostic établi à mes 33 ans par le CRA de ma région.
"Ce syndrome est caractérisé chez ce patient par l’absence de détérioration intellectuelle, un syndrome dysexécutif, un déficit d'attention"
Nath62
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Re: une colère qui ne passe pas

Message par Nath62 »

Je me souviens que ma mère disait de moi quand j'étais gamine (et ça lui arrive encore maintenant), qu eje faisais une "crise de nerfs" que c'était parce que j'étais fatiguée, que je devais me coucher tôt et récupérer (comme si le sommeil se commandait par un bouton On/Off). Jeudi en fin d'après midi, elle a vu un petit bout débordant d'énergie chez des amis et la question a été "il n'a pas assez dormi ?"

Juste pour te dire que même quand les parents se rendent compte de certaines choses, ils ne savent pas l'interprêter comme il le faut et en font des règles à la con qui expliquent ce qu'ils ne savent pas expliquer. Si ma fille ne suit pas en classe, c'est parce qu'elle ne dort pas assez (comme son grand frère à son âge, évidemment, parce que je suis une mère irresponsable qui ne met pas au lit des mômes à 20 h (ben vi, c'est pas leur heure d'endormissement)) et si elle ne sait pas se concentrer,c'est parce que je lui offre trop d'activités, qu'elle a trop de jouets et qu edonc, elle s'éparpille....

Quand on ne veut pas voir, on ne voit pas. J'ai hélas été comme ça avec ma fille avant qu'on m'ouvre les yeux. Mais moi, j'avais une excuse, je ne pouvais pas voir en elle des comportements illogiques, parce qu'ils font aussi partie de moi et ne me paraissent donc pas anormaux.

Que la colère te pousse à te surpasser, pour toi, à te battre contre ce qui t'empêche de bien vivre.

Bubu, idem, la colère peut déplacer des montagnes si elle te porte, mais peut aussi te détruire. Courage pour ta nouvelle vie, nouvelle peut vouloir dire différente en bien.
Mère absolument atypique (mais à quel niveau ?) d'une petite atypique de 5 ans dont le diagnostic est enfin en route..
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Faisceau Concentré
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Re: une colère qui ne passe pas

Message par Faisceau Concentré »

Tulipetulipe, j’aimerai profiter de ton message pour revenir sur une question que je voulais aborder depuis longtemps sur le forum, à savoir pourquoi ce désir de normalité ?

Plus je lis ce forum, plus je suis surprise de constater la récurrence de cette notion d’être/devenir normal. Et je vous avoue ne pas comprendre. A vous lire, j’ai parfois l’impression, peut être à tord, que dans vos représentations il existerait une sorte de relation de cause à effet entre normalité/anormalité et bien-être/mal-être.

Pour être honnête j’ai du mal avec la notion de normalité. Il m’est difficile de savoir avec certitude si telle ou telle personne peut être définie comme normale. Peut être parce que j’ai du mal avec le fait de classifier les gens, et qu’il y a tellement de critères à prendre en compte qu’il me semble bien complexe de savoir à quoi correspond une personne normale. De ce fait, pour simplifier mon propos, je parlerais des deux éléments que tu abordes dans tes messages, qui sont à l’origine de ta souffrance et de ton désir de normalité.

J’aimerais (et c’est sûrement utopique de ma part) que l’on arrête avec cette dictature de la normalité, et je dirais même de la norme, qui est martelée sans cesse dans nos sociétés dîtes « modernes ». C’est une véritable propagande, initiée tours à tours par les religions et les états et véhiculée par les médias, l’enseignement et bien souvent les parents, eux même victime de cette idéologie de la vie modèle. Et quelle est-elle cette vie modèle ? Une famille et un bon travail.

Mais combien sont-ils à avoir les deux et à être insatisfaits, à être dépressifs, à être suicidaires ? Et combien y en a-t-il, de ces personnes qui ont une vie chaotique, qui trouvent la force de se satisfaire de leur existence au point parfois de sincèrement l’apprécier?

Il n’y a pas de vie modèle qui garantisse le bien être, parce qu’il n’y a pas deux êtres identiques. Le bien-être n’est pas une chose que l’on se fabrique et il est impossible de le trouver dans ces aspirations sociales qui ne sont pas réellement les nôtres. Ce que tu es, tu l’es que tu travailles ou non. Un travail n’est qu’un moyen, souvent d’accéder à l’indépendance, et s’il peut parfois apporter à certains une satisfaction parce qu’il leur permette de se réaliser, il n’est bien souvent qu’une source de revenu. Il n’est rien, il ne te définis pas, alors comment pourrait-il t’apporter du bien-être ? Par la reconnaissance sociale ?

Le bien être n’est pas une chose que l’on offre ou que l’on reçoit. Le bien-être c’est une chose que toi seule peut te donner. Ce ne sont pas tes parents, pas tes amis, pas tes connaissances, pas des étrangers, qui vont te l’apporter. La seule personne que tu as besoin de convaincre de ta propre valeur, c’est toi. Alors, oui ça peut paraitre très cliché d’écrire de telles choses. Il n’est pas dans mon tempérament d’idéaliser le monde, et si je suis convaincue de ce que j’avance, c’est parce que vouloir être reconnue par l’autre, ce n’est jamais que vouloir être reconnue. Or, si l’on a besoin de reconnaissance, c’est que l’on doute de soi. Et ces doutes, ils vous assaillent. Peut importe la vie que l’on mène, à un moment ou un autre on se retrouve toujours confronté à ses doutes, à sa solitude, à sa souffrance. Etre « normal » ne te mettras jamais à l’abri de ça, parce que ces sentiments là, à la fois personne ne peux les vivre comme tu les vis et tout le monde les vit.

Être mère ne fait pas partie de mes aspirations. Toutefois, je comprends que ce désir puisse être puissant chez de nombreuses personnes. Mais je ne crois pas (parce qu’à mon sens c’est bien de croyance dont il question) que la maternité soit une condition sine qua non au bien-être, ni même un gage de celui ci. Si c’était le cas, on ne verrait jamais de mères dépressives ou suicidaires. Enfants et parents, peut importe la force du lien qui les relient, restent des personnalités distinctes, qui ne sont pas voués à partager les mêmes désirs et aspirations. Les enfants ne sont des objets voués à donner un sens à la vie de leur parent. De telles pensées ne peuvent, à mon sens, que les faire tout deux souffrir. Le parent devrait n’avoir d’autre but que de permettre à son enfant d’être un individu à part entière, capable d’apprécier son identité dans toutes ses spécificités.

C’est pourquoi je m’interroge, pourquoi vouloir un enfant tulipetulipe? Est-ce parce que tu penses que tu devrais fonder une famille pour donner un sens à ta vie ? Est-ce un désir de transmission ? Et dans ce dernier cas, la maternité est-elle une nécessité ?

La colère que tu ressens, je ne pourrais pas te dire si elle est justifiée ou non. De toute façon, puisque tu la ressens, la question de sa légitimité n’a pas à être posée. Tes parents auraient pu t’offrir des outils pour mieux vivre ta vie et ils ne l’ont pas fait. Peut être par négligence, peut être parce que ça leur était impossible, comme certaines choses te sont impossible. Mais tes parents ne sont pas responsables de la façon dont tu décideras de continuer ta vie. Désormais, tu connais tes faiblesses et peut être cherches tu encore tes forces. Quand on se connait soi même, alors seulement on peut commencer à chercher quelles sont nos aspirations. Elles n’ont pas besoin d’être les mêmes que celle des autres ou d’être grandiose. Prendre la décision de faire quelque chose, le mener à son terme, à son rythme, pour soi et personne d’autre, c’est là la clé pour se réaliser et c’est un premier pas vers le bien-être.

Alors qu’importe si tu n’as pas de travail, pas d’enfant et pas beaucoup d’amis (pour ma part je n’en ai pas beaucoup, mais ils sont de qualité et je ne voudrais pas l’inverse) et que tu ai plus d’une quarantaine d’années. Ta vie n’est pas finie, tu peux te réaliser un peu chaque jour, sans aucune de ces choses. Et je suis intimement convaincu que lorsque tu seras capable de faire les choses pour toi-même, tu n’auras plus besoin d’être en colère contre les autres, ou de vouloir changer ce que tu es.


PS : J’espère que mes propos n’aurons pas blessé certaines personnes et surtout toi tulipetulipe, si c’est le cas je m’en excuse.

Je tiens à préciser que je sais que beaucoup de parents donnent énormément d’eux pour leurs enfants sur ce forum, et j’ai un profond respect pour ça. Toutefois, je ne sais que trop bien comment certains parents peuvent enfermer leurs enfants dans des représentations qui sont insoutenables pour eux.
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Re: une colère qui ne passe pas

Message par tulipetulipe »

Non, faisceau concentré tu ne me blesse pas du tout, te lire et lire les avis de vous tous me permet de réfléchir et d'avancer. Etre "normale", pour moi cela veut dire avoir les caractéristiques physiques et mentales de la plus grande partie des gens et je pense qu'on est donc plus facilement compris et accepté par tous. Evidemment, si j'y réfléchi je n'ai pas vraiment envie d'être comme tout le monde, je tiens à certaines de mes particularités. J'ai du mal à ne pas culpabiliser de ne pas travailler alors que pour moi c'était l'enfer. J'ai été élevé avec l'idée que c'est une obligation, qu'on doit travailler,que sinon on est paresseux, qu'on profite de la société, ceci dit je le comprend très bien pour les autres personnes que moi qui ne peuvent travailler donc je devrais avoir la même pensée pour moi.Peut être que j'ai encore du mal à accepter mes limites. Vis à vis de moi, j'ai l'impression que c'est égoïste de ne pas avoir d'enfant, que je n'ai pensé qu'à moi mais déjà à la base l'idée d'avoir un autre être en permanence dans mon ventre pendant 9 mois me semblait impossible. En fait, je cherche un sens à ma vie, je ne travaille pas, je n'ai pas d'enfant. Malgré tout, mon compagnon me dit qu'il est heureux d'être avec moi, est ce que cela suffit à justifier que j'existe, que je sois vivante ? Est ce que je mérite de vivre vu le peu que je me sens capable d'apporter à ce monde qui m'entoure ?
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Re: une colère qui ne passe pas

Message par tulipetulipe »

BubuLeChercheur a écrit :Bonjour

Moi aussi je suis en colère. Très en colère. En colère contre des gens que j'ai sans doute aimé et surtout contre moi-même. J'espère que cela passera avec ce changement tant redouté de ma nouvelle vie à Rennes
Bonsoir BubuLeChercheur, est ce que tu veux bien me dire pourquoi tu es en colère contre des gens que tu as aimé et contre toi même ?
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Bubu
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Re: une colère qui ne passe pas

Message par Bubu »

Coucou
Tulipetulipe,
J'ai été terriblement déçu par des gens que j'appréciais, en qui j'avais confiance, mais je ne peux pas non plus faire porter le chapeau aux autres. D'où cette colère contre moi-même aussi.
Cela fait presque 2 ans maintenant que je la véhicule, mais je crois que je commence à accepter la situation et j'espère être prêt à temps pour recommencer.
Cela m'a fait beaucoup perdre, mais je crois que maintenant je peux espérer être en mesure de construire de nouveau. (J'ai toujours des moments avec le moral dans les chaussettes mais ça s'espace et c'est moins intense)
TSA, diagnostic établi à mes 33 ans par le CRA de ma région.
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malala
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Re: une colère qui ne passe pas

Message par malala »

tulipetulipe a écrit : J'ai été élevé avec l'idée que c'est une obligation, qu'on doit travailler,que sinon on est paresseux, qu'on profite de la société
Idem.
tulipetulipe a écrit :
Malgré tout, mon compagnon me dit qu'il est heureux d'être avec moi, est ce que cela suffit à justifier que j'existe, que je sois vivante ? Est ce que je mérite de vivre vu le peu que je me sens capable d'apporter à ce monde qui m'entoure ?
Une vie n'a pas besoin de justification; on nait, on vit, on meurt... et on ne choisit ni le moment de notre naissance ni celui de notre mort.
Et qui pourrait décider que untel mérite de vivre ou non ? ça n'a pas de sens ! :naugty:

Tu es vivante, tu fais partie de la société des Hommes comme tout un chacun et tu y participes à la mesure de tes moyens, un point c'est tout.
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Re: une colère qui ne passe pas

Message par tulipetulipe »

malala a écrit :
tulipetulipe a écrit : J'ai été élevé avec l'idée que c'est une obligation, qu'on doit travailler,que sinon on est paresseux, qu'on profite de la société
Idem.

En fait, il y a des choses qui peuvent me faire plaisir : aller dans des petites criques tranquilles au bord de la mer, aller dans les librairies feuilleter les livres, aller une heure à la piscine... mais à chaque fois mon plaisir est un peu gâché par des pensées telles que "Et si une de mes anciennes collègues de travail me voyait, je m'amuse alors que je suis en arrêt longue maladie, qu'est ce qu'elle penserait ?"
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Re: une colère qui ne passe pas

Message par Lita »

tulipetulipe a écrit :Mon frère ne veut pas comprendre ce que je ressens.
Désolée tulipe, je te cite toi, mais en fait, je veux rebondir sur cette notion, le but n'est pas de te viser personnellement.

J'ai essayé d'expliquer mon fonctionnement différent, quand j'ai pu enfin mettre des mots dessus (récemment), à quelqu'un qui m'apprécie.
Il ne comprend pas. Il aimerait bien pourtant. Mais tout ce que je lui raconte lui semble inconcevable. Il essaye mais il n'y arrive pas.
D'autant qu'il semblerait que dans mes tentatives d'explications, certaines choses lui paraissent contradictoires.

J'ai trouvé quelqu'un qui me comprend. Ca fait 4 ans qu'on discute occasionnellement par mail.
Et il s'est découvert lui même aspie il y a peu.
Bon et bien voilà pourquoi il me comprenait :lol: .

Notre fonctionnement est si différent du leur que la compréhension n'est pas accessible à tout le monde.
Depuis que j'ai intégré ça, je souffre moins d'être incomprise.
Moi non plus, je ne les comprends pas les gens NT, leur fonctionnement me paraît inconcevable. Ca m'aide à essayer d'être plus tolérante envers eux quand ils ne me comprennent pas. C'est difficile de se raisonner, mais il le faut bien.
Faisceau Concentré a écrit :à savoir pourquoi ce désir de normalité ?
Pour ma part, j'ai été élevé comme une enfant normale. J'ai grandi avec un modèle imposé, à suivre et à appliquer.
Je n'ai jamais réussi à m'approprier ce modèle. Et il était très mal vu de ne pas coller dans le moule.
C'est allé loin, ma mère m'en voulait de ne pas VOULOIR (selon elle) coller dans le moule.
C'est quelqu'un qui s'acharne. Sans doute qu'elle s'acharnait pour mon bien... Mais elle s'est fait du mal autant qu'elle m'en a fait apparemment, à s'évertuer à essayer de me transformer sans rien m'expliquer.
Disons que j'étais la bouteille et la norme une pierre à faire entrer dans la bouteille.
La pierre ne correspondait pas, trop grosse... Elle y est allée au marteau, jusqu'à péter la bouteille. C'est pas évident de réparer une telle brisure toute seule. J'ai passé les premières années de ma vie d'adulte à me reconstruire.
Pourquoi a t-elle souffert ? Je ne comprends pas.
Je sais qu'elle culpabilise... Elle culpabilise de m'avoir brisée ?
Je ne comprends pas... Mais je comprendrais peut être bientôt, avec l'ADI.

J'en souffrais, on m'imposait une norme et je n'y comprenais pas grand chose. Je comprenais juste que si je ne collais pas dedans, on ne m'aimait pas et on avait honte de moi.
A 15 ans, j'ai compris que mes efforts avec ma famille étaient vains. On m'en demandait beaucoup trop.J'ai survécu comme j'ai pu jusqu'à 20ans, puis je me suis sauvée très loin.
Depuis, j'ai essayé d'approcher la norme pour avoir occasionnellement une place dans la société.
Mais je suis hors norme, disons que j'ai mes propres normes, et que ça m'exclus.
Pour moi je suis normale, et je déplore parfois que les autres ne le soient pas :mryellow: .
Ne pas être dans la norme marginalise, non ?
Je le ressens ainsi personnellement.
Il n'est pas normal d'être différent, donc les gens différents sont bizarres... Tu n'as pas ressenti ça toi dans ta vie ?
On me l'a dit plusieurs fois à moi, tu es bizarre. J'étais toujours exclue.
Exclue de ma famille, exclue par mes camarades d'école, exclue par mes collègues de travail...
Alors c'est vrai que j'aurais bien aimé être normale de la manière dont il aurait fallu pour avoir une vie moins marquée par le rejet, pour avoir une vie moins éreintante (hypersensibilités sensorielles qui me bouffent toute énergie, etc) et moins vectrice de discriminations.

Mais ça, c'était avant de savoir pour le SA.
J'ai toujours été demandeuse de comprendre la différence entre les autres et moi.
Pourquoi je n'étais pas capable de fournir ce que les autres fournissaient sans mal ?
J'entends parfois parler d'imiter, et de le faire bien pour passer inaperçue... Moi je n'ai jamais réussi à imiter de manière à donner le change véritablement. Ce que je suis revient au galop à un moment et sabote tous mes efforts pour passer inaperçue. Oui les rôles, au bout d'un moment j'en ai ma claque.
Puis on m'y encourage "soit toi-même"... Mais alors quand je suis moi même, ça ne passe pas du tout... Je récolte des réactions parfois violentes :innocent: sans y comprendre grand chose.
J'aurais pu m'adapter à moi, aux autres, plus facilement si j'avais su.
Là je vais essayer de trouver mes limites et de me faire une place pas trop désagréable dans la société en étant comme je suis.
Ca risque d'être compliqué, parce que je commence à me comprendre, mais je ne comprends pas encore les NT pourtant largement majoritaires dans la société.
tulipetulipe a écrit:
J'ai été élevé avec l'idée que c'est une obligation, qu'on doit travailler,que sinon on est paresseux, qu'on profite de la société
C'est pareil pour moi.
Une obligation de fournir ce que les autres fournissent.
L'estime de soi vole en éclat assez vite dans ces conditions... L'isolement est la suite logique, torturé non seulement par les gens qui fustigent "la paresse", et par nos propres pensées "mais pourquoi je n'y arrive pas ? Qu'est ce qui se passe ? Allez je vais foncer dans le mur puisque c'est ce qu'on attend de moi"... s'en suit la chute qui fait mal, et les gens qui se regroupent autour pour fustiger la chute, t'obligent à te relever vite et te poussent contre le mur... Re-chute... Les gens préfèrent s'éloigner, ils n'y comprennent rien... et moi aussi...
Horrible...
Diagnostiquée Aspie, hpi et tda au cra fin 2013 à 29 ans.
1 enfant de 9 ans - Diag aspie au CRA en 2015
tulipetulipe
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Re: une colère qui ne passe pas

Message par tulipetulipe »

Lita a écrit :
tulipetulipe a écrit :Mon frère ne veut pas comprendre ce que je ressens.
Désolée tulipe, je te cite toi, mais en fait, je veux rebondir sur cette notion, le but n'est pas de te viser personnellement.
Ne sois pas désolé, au contraire je suis contente que ce que tu utilise ce que je dis pour discuter, ce que je n'arrive que rarement à faire oralement.
Lita a écrit :Notre fonctionnement est si différent du leur que la compréhension n'est pas accessible à tout le monde.
Depuis que j'ai intégré ça, je souffre moins d'être incomprise.
Moi non plus, je ne les comprends pas les gens NT, leur fonctionnement me paraît inconcevable. Ca m'aide à essayer d'être plus tolérante envers eux quand ils ne me comprennent pas. C'est difficile de se raisonner, mais il le faut bien.
Oui, je crois que c'est aussi ce qu'il faut que je me dise. Quand cela m’exaspère trop cet incompréhension, j'essaie de me dire :"Fais comme si c'étaient des étrangers d'un pays lointain avec une langue, des mœurs et des coutumes différentes..."
Lita a écrit : Il n'est pas normal d'être différent, donc les gens différents sont bizarres... Tu n'as pas ressenti ça toi dans ta vie ?
Oh, oui.
Lita a écrit :Une obligation de fournir ce que les autres fournissent.
L'estime de soi vole en éclat assez vite dans ces conditions... L'isolement est la suite logique, torturé non seulement par les gens qui fustigent "la paresse", et par nos propres pensées "mais pourquoi je n'y arrive pas ? Qu'est ce qui se passe ? Allez je vais foncer dans le mur puisque c'est ce qu'on attend de moi"... s'en suit la chute qui fait mal, et les gens qui se regroupent autour pour fustiger la chute, t'obligent à te relever vite et te poussent contre le mur... Re-chute... Les gens préfèrent s'éloigner, ils n'y comprennent rien... et moi aussi...
Horrible...
Oui, pendant des années je taisais les véritables raisons de mes échecs au travail, j'inventais d'autres raisons plus compréhensibles pour les autres. Pour expliquer mon besoin d'isolement à ma famille, j'avais toujours des grippes, des angines, etc...
tulipetulipe
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Re: une colère qui ne passe pas

Message par tulipetulipe »

Je m'excuse je n'ai apparament pas su bien utiliser la fonction "citer" pour répondre, il n'y a pas de différence entre mon texte et celui de Lita
stef_asper
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Re: une colère qui ne passe pas

Message par stef_asper »

Mes parents ne recevaient quasiment personne et je n'avais pas le droit de parler en présence d'autres adultes. Je devais la plupart du temps m’asseoir et me taire, ne jamais regarder mes parents dans les yeux, je n'avais pas le droit d'avoir des amis, ni de faire le moindre bruit
C'est comme moi, c'est un noyau familial refermé sur lui meme, "verrouillé". Et quand on grandit la dedans on passe son temps à se blinder pour resister à nos parents dans le but de limiter la casse.
J'ai réussi à le quitter au bout d'un an et j'ai tenté de devenir "normale""comme tout le monde" sans jamais y arriver.
C'est ce que j'avais essayé il y a environ 10 ans, quand j'avais eu mon premier travail. je m'etais mis à sortir, à avoir des plans le plus normaux possibles en esperant que ca me fasse devenir "normal" mais ca ne marche pas. La seule solution est de progresser dans la comprehension de toi meme.
En fait, il y a des choses qui peuvent me faire plaisir : aller dans des petites criques tranquilles au bord de la mer, aller dans les librairies feuilleter les livres, aller une heure à la piscine... mais à chaque fois mon plaisir est un peu gâché par des pensées telles que "Et si une de mes anciennes collègues de travail me voyait, je m'amuse alors que je suis en arrêt longue maladie, qu'est ce qu'elle penserait ?
Justement aller dans des criques ou feuilleter des livres ..... c'est ce qui correspond chez toi à une situation de "bien etre". Te permettre ca c'est non seulement autorisé mais meme necessaire, car fait partie de ta therapie.

Et c'est ca qui t'a manqué dans ton education, que tes parents te laissent avoir cette insouciance qui t'ouvre au bien etre. Parceque tes parents ont projeté leurs problemes sur toi. En gros pour eux tu etais un medicament, soi parce que ils voulaient prendre une revanche par rapport à la société, ou juste parcequ'ils comptaient sur toi pour s'epanouir. Tu a été les parents de tes parents, et si tu n'a pas eu d'enfants c'est bien car tes enfants ca a été tes parents.
Renseignes toi sur ce que c'est que les personnalités toxiques, les processus de manipulation, les familles à caractere incestuelle. Tu verra que ca te permettra de comprendre beaucoup de tes attitudes aujourd'hui.

Tu es en colere, ca veut dire que tu a pris conscience d'un truc, que tu es en revolte, que quelque chose en toi s'est libéré.

Surtout ne restes pas isolée, fais toi accompagnée car tu es dans une phase ou tu a besoin d'un cadrage par un professionnel.
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Jean
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Re: une colère qui ne passe pas

Message par Jean »

tulipetulipe a écrit :Je m'excuse je n'ai apparament pas su bien utiliser la fonction "citer" pour répondre, il n'y a pas de différence entre mon texte et celui de Lita
J'ai ajouté les

Code : Tout sélectionner

[quote="Lita"][/quote]
nécessaires pour clarifier le texte.
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans