Réussissez-vous à changer facilement d'endroits?

[Pupuce]

La question est un peu maladroite. En fait, cela me vient de souvenir que j'ai de moi enfant. Par exemple, après un trajet en voiture, avoir du mal à vouloir sortir de la voiture quand on est arrivé. J'avais beaucoup de mal à sortir de la voiture, ça me coutait beaucoup, pas parce que je ne voulais pas être chez moi, puisque j'aimais être chez moi. D'où cela peut-il provenir?

Est-ce le même processus qui fait qu'adulte, j'ai du mal quand je suis dans une activité à en changer?

[Tugdual]

Je ne saurais dire ...

Mais j'ai aussi une grande inertie au changement de tâche ...

[Nova]

peut être qu'enfant tu mettais plus de temps a apprécié une nouvelle situation donc plus temps à sortir de la situation dans laquelle tu étais

[la Bête]

Ah ben ça c'est curieux... moi je suis a priori pas Aspie, mais j'avais aussi un gros problème avec tout changement d'environnement, enfant et jusqu'à environ 23-24 ans en fait (quand je suis partie au Canada), je n'ai jamais su me l'expliquer vraiment.

Quand on partait en vacances ou qu'on allait rendre visite à quelqu'un, je ne supportais pas de quitter la maison, puis je ne supportais pas de quitter le lieu de vacances ou la maison qu'on visitait. Je supportais aussi très mal les changements de classe, les changements d'établissement - je sais, c'est toujours un chamboulement et la plupart des enfants appréhendent la rentrée scolaire, mais moi c'était carrément un autre niveau, des crises impressionnantes et ingérables, je me rendais littéralement malade d'angoisse, et pourtant je n'avais pas de phobie scolaire. J'ai grandi de 3 à 17 ans dans la même maison, lorsqu'il a fallu en déménager j'ai carrément fait une dépression, perdu 10 kilos, eu des idées très sombres... À partir de là, à cause de mes études j'ai été amenée à déménager pratiquement une fois par an, souvent je n'aimais pas du tout le logement que je quittais et ne m'y sentais pas chez moi, mais j'avais quand même de grosses grosses angoisses au moment de le quitter quand même.

Même si je quittais un lieu que je n'aimais pas, ou que je me rendais quelque part que j'aimais, même si une fois rendue sur place ça se passait bien et je reprenais mes repères, la transition entre les deux était comme un arrachement. Dans ma tête, j'avais "fixé" l'environnement comme étant mon cadre, ma structure, mon "exosquelette", et si on me l'enlevait, j'avais l'impression de ne plus pouvoir exister, c'était comme si on allait me jeter dans le vide intersidéral, qu'il n'y allait plus y avoir de sol ni de plafond ni de sens à quoi que ce soit.

Ça a cessé l'année où je suis partie au Canada. J'appréhendais, mais ce n'était pas l'angoisse ingérable, pas la crise. J'avais fait 2 ans de thérapie qui m'avaient entre autres permis de trouver des "trucs" qui me rassuraient (notamment j'ai élu sciemment des objets de transition, discrets et faciles à transporter, sur lesquels je fixe mon attention et ai déterminé que c'étaient eux qui constituaient mon "chez-moi", des repères indépendants des murs et du paysage... j'ai adopté 2 chats aussi, qui sont ma petite famille depuis 5 ans et qui me font aussi automatiquement me sentir "chez-moi" quand je déménage).

Je sais pas trop d'où ça me vient.

[dpld]

Perso, j'ai toujours voulu partir... sauf une fois ou je n'avais pas envie de quitter l'endroit où je vivais. Pour la première fois je me sentais chez moi, à ma place

[Liya]

Comme Tugdual et Pupuce, c'est le mot inertie qui semble le mieux convenir pour décrire ce que je ressens.

J'abhorre les déménagements qui me plongent dans l'angoisse et me paralysent.

Mais effectivement cette inertie concerne tous les aspects de la vie, que ça soit pour passer d'un lieu ou d'une tâche à l'autre, cela me demande un effort conscient.
Je suis également coutumière du fait de ne pas descendre de voiture de suite, parfois je lis mon courrier dedans ou je discute avec mon copain: sinon il faut s'interrompre, descendre de la voiture, reprendre à la maison: trop compliqué!

[la Bête]

Tiens, un truc un peu particulier aussi, c'est que quand je rentre dans un bâtiment en hiver, je garde souvent assez longtemps mon manteau et mes vêtements d'hiver sur moi (et j'ai passé mes 3 derniers hivers au Québec, donc vous imaginez lol).

Il y a une période de transition, j'ai besoin de garder mon manteau jusqu'à ce que je me sente prête à réellement "accepter" le changement de contexte, tant que j'ai mon manteau, c'est un peu comme si j'étais encore un peu dehors, en plus ça fait un peu comme un scaphandre isolant, un manteau... bref comme je vous ai dit, je transporte mes repères avec moi pour moins me bloquer sur l'environnement en lui-même.

[Liya]

Je garde souvent mon bonnet/chapeau sur la tête c'est d'ailleurs le cas actuellement.

(J'aime bien les couvre-chefs en tous genre!)

[freeshost]

Étant donné ma curiosité insatiable, je n'ai aucune peine à prendre le train, le bus, le bateau, le métro. Si les transports publics de toute la planète étaient gratuits et aussi denses qu'en Suisse, je me serais déjà promené dans beaucoup de pays.

Du moment que je décide par moi-même où je vais et que je sais pourquoi j'ai décidé de le faire, pas de problème.

[Mariemento]

Je viens de tomber sur ce topic.
Là, ça fait dix minutes que je dois descendre dans ma cuisine, mais que je n'arrive pas à quitter mon bureau (c'est l'endroit où je me sens vraiment bien).

Et c'est très très souvent comme ça : changer d'endroit, c'est dur!

[Aneliz]

Je vois mon fils quand je lis les témoignages précédents !
- il demande systématiquement à attendre un peu avant de sortir de la voiture (en général il demande à écouter la fin de la chanson qui passe à la radio)
- difficultés ++++++++++ à quitter tout lieu où il se trouve depuis toujours, sauf si prêt d'un objet de transition au moment de partir (ça ne fait que quelques fois qu'on expérimente ça). Aujourd'hui, pour la première fois, il m'a dit que partir lui fait peur. Je suis très contente qu'il ait réussit à l'exprimer !
- difficultés à stopper une activité, même prévenu à l'avance

[ClaraO]

J'ai beaucoup de mal à quitter ma grotte ! (mon appartement, quoi !) Je rentre manger chez moi le midi et je suis toujours à la traîne pour repartir à cause de ça ! Mon mal des transports est revenu il y a quatre ou cinq ans, et parfois je me demande si ça ne viendrait pas un peu de ce blocage que j'ai pour quitter mon chez-moi ! Sachant que gamine j'en souffrais, que ça s'était atténué un peu (et que j'étais moins réticente à partir de chez moi à l'époque) et que c'est revenu sur le tard...

['Οδυς]

Personnellement, très dure et cela peut confiner au ridicule. Avoir ses coins pour se garer, choisir un appartement pour les carreaux qui sont les même que chez mes parents. Changer de chambre ado était pénible parceque je me visualisait mon ancienne chambre et de ce fait, au réveil s'était bizarre. D'ailleurs à ce sujet, dans mon première appart, j'avais au départ l'impression d'être dans toute mes anciennes chambres (le bug de la mort qui tue).
Je ne parle pas du temps que j'ai pris pour sortir en dehors du lien visuel que peux fournir la ligne de tram.
Bien entendu, j'ai "mon "café" et "mes" bouquineries.

Cependant, j'ai toujours tenté d'essayer de me forcé la main. Créer des bon souvenirs dans un endroit, c'est un peu comme marquer son territoire (RAS) ^^ Bon. C'est encore le micro-Etat. Parfois, je me sens coupable de ne pas avoir envie de vouloir partir ailleurs.
J'avais pas fait le parallèle avec la voiture. Quand je rendre chez moi, je peut attendre une dizaine de minutes avant de sortir. Après, conduire... c'est fatiguant.