Thiéfaine
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Thiéfaine
Bonjour,
je viens d'arriver sur Asperansa, après avoir un peu errer sur d'autres sites.
En faisant une recherche, j'ai constaté qu'il n'y a pas de sujet sur Thiéfaine (ou alors, j'ai mal cherché, c'est possible aussi).
Thiéfaine est un chanteur français, inclassable, quoi que souvent situé dans le rock.
Il est aussi un de mes intérêts particuliers.
Sa maîtrise des mots est fascinante, du moins pour moi qui suis toujours à la recherche de sens derrière les mots et les sons.
S'il y a parmi vous d'autres admirateurs de l'oeuvre...
je viens d'arriver sur Asperansa, après avoir un peu errer sur d'autres sites.
En faisant une recherche, j'ai constaté qu'il n'y a pas de sujet sur Thiéfaine (ou alors, j'ai mal cherché, c'est possible aussi).
Thiéfaine est un chanteur français, inclassable, quoi que souvent situé dans le rock.
Il est aussi un de mes intérêts particuliers.
Sa maîtrise des mots est fascinante, du moins pour moi qui suis toujours à la recherche de sens derrière les mots et les sons.
S'il y a parmi vous d'autres admirateurs de l'oeuvre...
Vous n’avez pas les permissions nécessaires pour voir les fichiers joints à ce message.
"Ils avaient créé leur propre soleil pour combattre la nuit ."
"Simplement, un jour, j'ai pris conscience que, en matière d'humanité, la laideur aussi pouvait être intérieure."
Ayerdhal
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Re: Thiéfaine
j'ai bcp écouté Thiéfaine , à l'adolescence en particulier. Ça correspondait à ce que je vivais, en marge, atypique, un peu dark..
ça m'est un peu passé (ben j'ai 41 ans) mais on le réécoute régulièrement avec mon homme.
ça m'est un peu passé (ben j'ai 41 ans) mais on le réécoute régulièrement avec mon homme.
1973 ( TSA, hpi, diag CRA 2012) de 4 enfants (tsa/ hpi, tdah, hpi et autres.)...)
https://cieharmonieautiste.jimdo.com/
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Re: Thiéfaine
C'est un ami qui me l'a fait découvrir il y a quelques années. J'aime beaucoup certaines chansons, d'autres moins, mais je suis totalement éblouie par son talent d'écriture, et j'aime aussi beaucoup son univers.
Je ne connais malheureusement pas assez pour bien en parler, mais je serai ravie d'en apprendre plus
Je ne connais malheureusement pas assez pour bien en parler, mais je serai ravie d'en apprendre plus
Lilas - TSA (AHN - Centre Expert - 2015)
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- Galaxies parallèles
- Les enfants de la lune rouge
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Re: Thiéfaine
Je connais bien Thiefaine. J'aime également Machin le premier groupe auquel il a participé...
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Re: Thiéfaine
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Re: Thiéfaine
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Re: Thiéfaine
Oublie pas aussi que se qui fait d'HF Thiefaine un chanteur atypique, se sont ses addictions, ça a formé son univers ... Cocaïne sur vierge au dodge 51, mescaline/LSD sur pulqe mescal y tequila, plongée psycho dans j'ai trop fumé, sexe et pratiques louches avec lorelei sebasto cha, enfermé dans les cabinets avec, expérience des champis sweet amanite phaloid queen. Critique du systeme en place a la limite de la misanthropie bipède a station verticale, alligator 427, premiere descente aux enfers par la face nord, une certaine misogynie et sexisme (dans certaines chansons, les femmes sont clairement considérées comme des objets)
Thiefaine, c'est Leo Ferré sous acide et whisky en fait.
Thiefaine, c'est Leo Ferré sous acide et whisky en fait.
Aspie "cru 2014".
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Re: Thiéfaine
J'aime chez Thiéfaine sa manière de mettre en beauté des mots si fade en réalité (enfin, dans ma réalité).
Je ne crois pas cependant qu'on puisse le taxer de misogynie, je crois que c'est assez mal connaître son oeuvre.
Je crois aussi qu'on ne peut pas toujours tirer de l'oeuvre des jugements définitifs sur la personne, et je m'attache à l'oeuvre, aux mots et à leur utilisation.
Les mots de Thiéfaine résonnent, surtout dans mes périodes de voyages intérieurs, et j'y trouve un apaisement, parce qu'il exprime parfois - souvent - ce que je ne parviens pas à dire.
Par exemple avec la chanson qui me sert de signature.
De plus, il y a chez Thiéfaine, une exploration de la mélancolie, (de la limite si tu veux), de l'humanité qui me fascine.
Je ne crois pas cependant qu'on puisse le taxer de misogynie, je crois que c'est assez mal connaître son oeuvre.
Je crois aussi qu'on ne peut pas toujours tirer de l'oeuvre des jugements définitifs sur la personne, et je m'attache à l'oeuvre, aux mots et à leur utilisation.
Les mots de Thiéfaine résonnent, surtout dans mes périodes de voyages intérieurs, et j'y trouve un apaisement, parce qu'il exprime parfois - souvent - ce que je ne parviens pas à dire.
Par exemple avec la chanson qui me sert de signature.
De plus, il y a chez Thiéfaine, une exploration de la mélancolie, (de la limite si tu veux), de l'humanité qui me fascine.
"Ils avaient créé leur propre soleil pour combattre la nuit ."
"Simplement, un jour, j'ai pris conscience que, en matière d'humanité, la laideur aussi pouvait être intérieure."
Ayerdhal
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Re: Thiéfaine
C'est la grande force des artistes de réussir
à faire entrer leur univers poétique en
résonance avec notre propre monde intérieur.
Mais l'expérience de chacun face à un artiste
reste unique, et souvent, délicate à partager ...
à faire entrer leur univers poétique en
résonance avec notre propre monde intérieur.
Mais l'expérience de chacun face à un artiste
reste unique, et souvent, délicate à partager ...
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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Re: Thiéfaine
J'avais commencé une série d'études de textes. Je ne sais pas ce que ça vaut (même si c'est mon métier, en quelques sortes, étudier des textes).
Introduction : Le titre réfère au moment de l’écriture de la chanson (date exacte donnée dans le livret : 28/08/2008). Dans le livret, le texte est accompagné de la citation : « vivre signifie seulement repousser son suicide de jour en jour. », extraite de L’enfant brûlé, de Stig Dagerman.
Peut-on dire de ce texte qu’il évoque la fin de la vie ? Pour répondre à cette question, nous verrons en premier temps les regrets romantiques, en deuxième temps la sérénité que ce poème dégage, en troisième temps l’héritage laissé par le poète.
I. Regrets romantiques
1. Je en anaphore
Le pronom « je » est situé en début de phrase dans 19 vers (parfois précédé d’une esperluette(&) ou d’un pronom relatif). Par ailleurs, on compte 15 évocations de la première personne (pronoms personnels et/ou possessifs). Le Romantisme est un courant littéraire qui permet aux auteurs de se recentrer sur eux-mêmes dans une période trouble. Cette surreprésentation de la première personne indique que l’on va suivre cette introspection.
Transition : Le « je » du texte évoque ses souvenirs, qui paraissent douloureux.
2. Souvenirs amers
Evocation des dandys = évocation de la vie parfois dissolue des poètes, et de celle de Thiéfaine en particulier ? Antithèse sur la folie : rappel de la folie créatrice, et cette folie créatrice lui a permis de survivre aux contraintes de la vie (+ notion de folie qui revient très souvent chez Thiéfaine, cf. Le chant du fou).
Toujours dans l’optique de définir un portrait du poète, le poète décrit ses yeux.
« j’ai broyé mon propre horizon » : amertumes, regrets de ce qu’il a fait ou n’a pas fait. Notion d’horizon = notion d’avenir, avenir impossible puisque « broyé ».
« Miroir des souvenirs » : le poète est face à lui-même, et ne peut se fuir.
Transition : Les souvenirs amers ont laissé place à une certaine désillusion.
3. Perte des illusions
Le poème est construit sur le modèle d’une balade médiévale (10 vers dont deux de refrain qui reviennent à chaque strophe). Le refrain de cette balade évoque la perte des illusions, par l’infinitif passé, l’emploi du verbe « rêver » et l’opposition avec la réalité « tomber ».
« L’heure avant l’aube du jour suivant
Est toujours si cruellement noire »
Evoque la phrase d’accroche du livret + on s’avance vers le néant, sans possibilité d’en revenir.
+ « océan pervers » : peut-être interprété comme un regard en arrière, sur les épreuves traversées, métaphorisées ici par des animaux dangereux.
Relever l’isotopie de la perte (flétrie, désert, …).
« Plus rien à exposer » : fin de vie = perte de sentiment, perte d’un espoir.
TRANSITION : Face à cette mort qui approche, le poète semble pourtant faire preuve d’une grande sérénité.
II. Sérénité
1. Texte sans révolte
La résignation est évoquée dès le vers un « le temps passe si lentement », notion de temps immobile contre lequel on ne peut pas lutter + temps lié à une notion de fatigue modalisée par l’intensif « si ». Notion d’immobilité encore avec « paralyse ».
Fin du poème : le poète « hésite » entre trois méthodes de mort, mais n’en choisit aucune, et continue de vivre (cf : Emil Cioran, « ne se suicident que les optimistes qui ont cessé de l’être, les pessimistes, n’ayant pas de raison de vivre, n’en ont pas plus de mourir »)
Transition : L’auteur est comme en dehors de sa propre vie et se voit depuis un ailleurs plus reposant que l’ici.
2. Texte « doux »
Notion de « vague », « brouillard », « vapeur » : donne au texte un aspect délicat et cotonneux, dénué de violence. Paradoxe avec le fond du texte, lui très violent. Contraste textuel avec « gris », « glaciaire ».
Topos des « étoiles » détourné par la fin de la phrase « n’ont plus de discours » : détournement de la notion positive d’étoile, de la notion d’étoile bienveillante, ou étoile directrice.
Transition : A travers cette douceur étonnante, on devine une attente patiente et presque fataliste.
3. Attente patiente
« je rêve de ces ténèbres froides » : attente de la mort dans son sens strict (perte de sentiment, perte de ressenti) + « si partir c’est mourir un peu, j’ai passé ma vie à partir » = il a passé sa vie à mourir. Reprend au sens strict la pensée de Cioran et/ou des Romantiques en décrivant l’idée que l’on meurt dès sa naissance et que finalement, tout n’est qu’un cheminement vers elle (et c’est en ça qu’elle n’est pas effrayante). Perte du « vaisseau » : perte du chemin et donc du sens que l’on peut trouver.
Cependant (comme chez Cioran) : aucune réelle volonté de mourir, on n’accélère pas le temps, on attend qu’il passe.
TRANSITION : Pendant que l’on attend que la mort arrive, on prépare l’héritage que l’on va laisser.
III. Héritage
1. Laisser quelque chose
« je laisse ma place aux nouveau-nés » : recherche d’une forme d’héritage. Il est difficile de trouver sa place si celle-ci n’a pas été libérée. Cependant, note d’espoir immédiatement détruite par l’endroit où il laisse la place : « sur le marché des morts-vivants ». Idée qu’il est impossible de survivre.
« inutile de graver mon nom » : perte de nom, donc perte d’identité. Renforcé par la notion de disparu. L’auteur veut donc laisser une place, mais pas un souvenir précis de lui-même. Forme d’abnégation : accepter de disparaître.
Transition : S’il ne veut pas qu’on se souvienne de son nom, il souhaite malgré tout faire perdurer la transmission par la poésie.
2. Poésie témoignage
On a déjà vu avec d’autres textes que la poésie était une manière de s’évader, de grandir et de prétendre au voyage (cf. Le Jeu de la folie). Ici, HFT transmet son propre témoignage de l’existence. La date de l’écriture de ce poème n’est pas anodine, puisque c’est quelques temps avant son « burn-out » (moment où le corps cède, ne peut plus résister à la pression psychologique que l’inconscient exerce sur lui).
Paradoxe fond/forme : « je n’ai plus rien à exposer », or il est justement en train d’exposer sa vision de l’existence et de l’attente sereine de la mort.
Transition : Par cette transmission, Thiéfaine cherche à démontrer que finalement, la littérature et la vie ne sont que des éternels recommencements (catachrèse).
3. Eternel recommencement
« Silence des morts est violent / quand il m’arrache à mes pensées » : antithèse + montre la présence des morts dans l’existence, forme de « témoin » ou « d’accompagnateur ».
Présence des « nouveau-nés » auxquels on laisse « une place ».
Présent de vérité générale : « dans cette foire aux âmes brisées / où le vieux drame humain se joue » : référence à Moby Dick, Melville : « Ici-bas, on trinque qu’avec des cœurs brisés ». Notion de répétition permanente du « drame humain »
Hypothèse (non vérifiable) : référence à Saint-François des Rues « La vie est une comédie, peu importe le temps qu’elle dure, pourvu qu’elle soit bien jouée. »
Conclusion : On peut dire de ce texte qu’il évoque la fin de vie de manière tout à fait explicite, mais que, contrairement au traitement réservé à cette étape de la vie dans les textes romantiques, on trouve ici une forme de sérénité étonnante, sans doute liée à la recherche d’une transmission permanente. Il serait intéressant ici d’étudier les textes que Thiéfaine a écrit pour ses enfants, héritiers directs du poète.
Introduction : Le titre réfère au moment de l’écriture de la chanson (date exacte donnée dans le livret : 28/08/2008). Dans le livret, le texte est accompagné de la citation : « vivre signifie seulement repousser son suicide de jour en jour. », extraite de L’enfant brûlé, de Stig Dagerman.
Peut-on dire de ce texte qu’il évoque la fin de la vie ? Pour répondre à cette question, nous verrons en premier temps les regrets romantiques, en deuxième temps la sérénité que ce poème dégage, en troisième temps l’héritage laissé par le poète.
I. Regrets romantiques
1. Je en anaphore
Le pronom « je » est situé en début de phrase dans 19 vers (parfois précédé d’une esperluette(&) ou d’un pronom relatif). Par ailleurs, on compte 15 évocations de la première personne (pronoms personnels et/ou possessifs). Le Romantisme est un courant littéraire qui permet aux auteurs de se recentrer sur eux-mêmes dans une période trouble. Cette surreprésentation de la première personne indique que l’on va suivre cette introspection.
Transition : Le « je » du texte évoque ses souvenirs, qui paraissent douloureux.
2. Souvenirs amers
Evocation des dandys = évocation de la vie parfois dissolue des poètes, et de celle de Thiéfaine en particulier ? Antithèse sur la folie : rappel de la folie créatrice, et cette folie créatrice lui a permis de survivre aux contraintes de la vie (+ notion de folie qui revient très souvent chez Thiéfaine, cf. Le chant du fou).
Toujours dans l’optique de définir un portrait du poète, le poète décrit ses yeux.
« j’ai broyé mon propre horizon » : amertumes, regrets de ce qu’il a fait ou n’a pas fait. Notion d’horizon = notion d’avenir, avenir impossible puisque « broyé ».
« Miroir des souvenirs » : le poète est face à lui-même, et ne peut se fuir.
Transition : Les souvenirs amers ont laissé place à une certaine désillusion.
3. Perte des illusions
Le poème est construit sur le modèle d’une balade médiévale (10 vers dont deux de refrain qui reviennent à chaque strophe). Le refrain de cette balade évoque la perte des illusions, par l’infinitif passé, l’emploi du verbe « rêver » et l’opposition avec la réalité « tomber ».
« L’heure avant l’aube du jour suivant
Est toujours si cruellement noire »
Evoque la phrase d’accroche du livret + on s’avance vers le néant, sans possibilité d’en revenir.
+ « océan pervers » : peut-être interprété comme un regard en arrière, sur les épreuves traversées, métaphorisées ici par des animaux dangereux.
Relever l’isotopie de la perte (flétrie, désert, …).
« Plus rien à exposer » : fin de vie = perte de sentiment, perte d’un espoir.
TRANSITION : Face à cette mort qui approche, le poète semble pourtant faire preuve d’une grande sérénité.
II. Sérénité
1. Texte sans révolte
La résignation est évoquée dès le vers un « le temps passe si lentement », notion de temps immobile contre lequel on ne peut pas lutter + temps lié à une notion de fatigue modalisée par l’intensif « si ». Notion d’immobilité encore avec « paralyse ».
Fin du poème : le poète « hésite » entre trois méthodes de mort, mais n’en choisit aucune, et continue de vivre (cf : Emil Cioran, « ne se suicident que les optimistes qui ont cessé de l’être, les pessimistes, n’ayant pas de raison de vivre, n’en ont pas plus de mourir »)
Transition : L’auteur est comme en dehors de sa propre vie et se voit depuis un ailleurs plus reposant que l’ici.
2. Texte « doux »
Notion de « vague », « brouillard », « vapeur » : donne au texte un aspect délicat et cotonneux, dénué de violence. Paradoxe avec le fond du texte, lui très violent. Contraste textuel avec « gris », « glaciaire ».
Topos des « étoiles » détourné par la fin de la phrase « n’ont plus de discours » : détournement de la notion positive d’étoile, de la notion d’étoile bienveillante, ou étoile directrice.
Transition : A travers cette douceur étonnante, on devine une attente patiente et presque fataliste.
3. Attente patiente
« je rêve de ces ténèbres froides » : attente de la mort dans son sens strict (perte de sentiment, perte de ressenti) + « si partir c’est mourir un peu, j’ai passé ma vie à partir » = il a passé sa vie à mourir. Reprend au sens strict la pensée de Cioran et/ou des Romantiques en décrivant l’idée que l’on meurt dès sa naissance et que finalement, tout n’est qu’un cheminement vers elle (et c’est en ça qu’elle n’est pas effrayante). Perte du « vaisseau » : perte du chemin et donc du sens que l’on peut trouver.
Cependant (comme chez Cioran) : aucune réelle volonté de mourir, on n’accélère pas le temps, on attend qu’il passe.
TRANSITION : Pendant que l’on attend que la mort arrive, on prépare l’héritage que l’on va laisser.
III. Héritage
1. Laisser quelque chose
« je laisse ma place aux nouveau-nés » : recherche d’une forme d’héritage. Il est difficile de trouver sa place si celle-ci n’a pas été libérée. Cependant, note d’espoir immédiatement détruite par l’endroit où il laisse la place : « sur le marché des morts-vivants ». Idée qu’il est impossible de survivre.
« inutile de graver mon nom » : perte de nom, donc perte d’identité. Renforcé par la notion de disparu. L’auteur veut donc laisser une place, mais pas un souvenir précis de lui-même. Forme d’abnégation : accepter de disparaître.
Transition : S’il ne veut pas qu’on se souvienne de son nom, il souhaite malgré tout faire perdurer la transmission par la poésie.
2. Poésie témoignage
On a déjà vu avec d’autres textes que la poésie était une manière de s’évader, de grandir et de prétendre au voyage (cf. Le Jeu de la folie). Ici, HFT transmet son propre témoignage de l’existence. La date de l’écriture de ce poème n’est pas anodine, puisque c’est quelques temps avant son « burn-out » (moment où le corps cède, ne peut plus résister à la pression psychologique que l’inconscient exerce sur lui).
Paradoxe fond/forme : « je n’ai plus rien à exposer », or il est justement en train d’exposer sa vision de l’existence et de l’attente sereine de la mort.
Transition : Par cette transmission, Thiéfaine cherche à démontrer que finalement, la littérature et la vie ne sont que des éternels recommencements (catachrèse).
3. Eternel recommencement
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Hypothèse (non vérifiable) : référence à Saint-François des Rues « La vie est une comédie, peu importe le temps qu’elle dure, pourvu qu’elle soit bien jouée. »
Conclusion : On peut dire de ce texte qu’il évoque la fin de vie de manière tout à fait explicite, mais que, contrairement au traitement réservé à cette étape de la vie dans les textes romantiques, on trouve ici une forme de sérénité étonnante, sans doute liée à la recherche d’une transmission permanente. Il serait intéressant ici d’étudier les textes que Thiéfaine a écrit pour ses enfants, héritiers directs du poète.
"Ils avaient créé leur propre soleil pour combattre la nuit ."
"Simplement, un jour, j'ai pris conscience que, en matière d'humanité, la laideur aussi pouvait être intérieure."
Ayerdhal
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Re: Thiéfaine
Pour ceux qui comme moi se poseraient la question : petit matin 4.10 heure d été
Est-ce que tu fais aussi étudier à tes élèves des textes de Thiéfaine ?
Est-ce que tu fais aussi étudier à tes élèves des textes de Thiéfaine ?
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Re: Thiéfaine
J'ai oublié de mettre le titre, honte à moi... Merci.Lilas a écrit :Pour ceux qui comme moi se poseraient la question : petit matin 4.10 heure d été
Est-ce que tu fais aussi étudier à tes élèves des textes de Thiéfaine ?
Oui quand, j'avais des 1e, je leur avais fait étudier trois chansons de Thiéfaine :
Petit matin 4h10, heure d'été
Le Jeu de la folie
Animal en quarantaine
Une des séquences dans laquelle je me suis sentie le mieux .
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Re: Thiéfaine
Je voudrais juste me permettre de préciser que les plans détaillés (ce sont les brouillons de commentaires en fait) sont très subjectifs.
On se projette dans un texte, et on l'étudie avec son propre regard. J'ai écris plus haut, sur Petit Matin, ce que je ressens en l'écoutant, et j'étaye cela en analysant le texte. Mais il y a sans doute des gens qui y verront tout à fait autre chose.
On se projette dans un texte, et on l'étudie avec son propre regard. J'ai écris plus haut, sur Petit Matin, ce que je ressens en l'écoutant, et j'étaye cela en analysant le texte. Mais il y a sans doute des gens qui y verront tout à fait autre chose.
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Re: Thiéfaine
Moi aussi, ça m’apaise Thiéfaine. J'aime beaucoup septembre rose, j'aime aussi sa description des rapports amoureux et sexuels, osés sans être obscène et toujours poétique.Mariemento a écrit :J'aime chez Thiéfaine sa manière de mettre en beauté des mots si fade en réalité (enfin, dans ma réalité).
Je ne crois pas cependant qu'on puisse le taxer de misogynie, je crois que c'est assez mal connaître son oeuvre.
Je crois aussi qu'on ne peut pas toujours tirer de l'oeuvre des jugements définitifs sur la personne, et je m'attache à l'oeuvre, aux mots et à leur utilisation.
Les mots de Thiéfaine résonnent, surtout dans mes périodes de voyages intérieurs, et j'y trouve un apaisement, parce qu'il exprime parfois - souvent - ce que je ne parviens pas à dire.
Par exemple avec la chanson qui me sert de signature.
De plus, il y a chez Thiéfaine, une exploration de la mélancolie, (de la limite si tu veux), de l'humanité qui me fascine.
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Re: Thiéfaine
Si des rennais souhaitent rencontrer
Thiéfaine, c'est par ici que ça se passe :
-> Rencontrez Hubert-Félix Thiéfaine
Thiéfaine, c'est par ici que ça se passe :
-> Rencontrez Hubert-Félix Thiéfaine
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