Présentation :
"Cher Mathieu, cher Thomas,
Quand vous étiez petits, j'ai eu quelquefois la tentation, à Noël, de vous offrir un livre, un Tintin par exemple. On aurait pu en parler ensemble après. Je connais bien Tintin, je les ai lus tous plusieurs fois.
Je ne l'ai jamais fait. Ce n'était pas la peine, vous ne saviez pas lire. Vous ne saurez jamais lire. Jusqu'à la fin, vos cadeaux de Noël seront des cubes ou des petites voitures... "
Jusqu'à ce jour, je n'ai jamais parlé de mes deux garçons. Pourquoi? J'avais honte? Peur qu'on me plaigne?
Tout cela un peu mélangé. Je crois, surtout, que c'était pour échapper à la question terrible: "Qu'est-ce qu'ils font?"
Aujourd'hui que le temps presse, que la fin du monde est proche et que je suis de plus en plus biodégradable, j'ai décidé de leur écrire un livre.
Pour qu'on ne les oublie pas, qu'il ne reste pas d'eux seulement une photo sur une carte d'invalidité. Peut-être pour dire mes remords. Je n'ai pas été un très bon père. Souvent, je ne les supportais pas. Avec eux, il fallait une patience d'ange, et je ne suis pas un ange.
Quand on parle des enfants handicapés, on prend un air de circonstance, comme quand on parle d'une catastrophe. Pour une fois, je voudrais essayer de parler d'eux avec le sourire. Ils m'ont fait rire avec leurs bêtises, et pas toujours involontairement.
Grâce à eux, j'ai eu des avantages sur les parents d'enfants normaux. Je n'ai pas eu de soucis avec leurs études ni leur orientation professionnelle. Nous n'avons pas eu à hésiter entre filière scientifique et filière littéraire. Pas eu à nous inquiéter de savoir ce qu'ils feraient plus tard, on a su rapidement ce que ce serait: rien.
Et surtout, pendant de nombreuses années, j'ai bénéficié d'une vignette automobile gratuite. Grâce à eux, j'ai pu rouler dans des grosses voitures américaines.
D'un auteur très drôle, ce livre vient de sortir. Il y parle de ses deux garçons (lourdement) handicapés. C'est poignant et drôle (humour noir, il faut le dire).
Des critiques :
- Critique Télérama
- Critique du Monde
- Critique d'un lecteur avec un compte-rendu d'une rencontre
- Critique de TV5 Monde
- Interview "La Voix du Nord"
Pour vous donner une idée, je reproduis les pages 104-105 du livre (cela fait écho à des débats sur le forum)
Je n'aime pas le mot "handicapé". C'est un mot anglais, çà voudrait dire "la main dans le chapeau".
Je n'aime pas non plus le mot "anormal", surtout quand il est collé à "enfant".
Qu'est-ce que çà veut dire, normal ? Comme il faut être, comme on devrait être, c'est-à-dire dans la moyenne, moyen. Je n'aime pas trop ce qui est dans la moyenne, je préfère eux qui ne sont pas dans la moyenne, ceux au-dessus, et pourquoi pas ceux au-dessous, en tout cas pas comme tout le monde. Je préfère l'expression "pas comme les autres". Parce que je n'aime pas toujours les autres.
Ne pas être comme les autres, çà ne veut pas dire forcément être moins bien que les autres, çà veut dire être différent des autres.
Qu'est-ce que çà veut dire, un oiseau pas comme les autres ? Aussi bien un oiseau qui a le vertige qu'un oiseau capable de siffler sans partition toutes les sonates pour flûte de Mozart.
Une vache pas comme les autres, çà peut être une vache qui sait téléphoner.
Quand je parle de mes enfants, je dis qu'ils ne sont "pas comme les autres". 9à laisse planer un doute.
Einstein, Mozart, Michel-Ange n"étaient pas comme les autres.
Jean-Louis Fournier est l'auteur de "Antivol, l'oiseau qui a le vertige" et de "La noiraude" et suivantes.
A voir sur youtube la Noiraude qui téléphone signalé dans la critique sur http://enfantdifferent.blogs-handicap.c ... -papa.html
Pour Einstein et Mozart, voir les chapitres VII et XVIII du livre "ces autistes qui changent le monde", où l'auteur les décrit comme aspies.