Asperger et culpabilité ?
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Asperger et culpabilité ?
Ma réponse digressive sur le post de Steph (la peur du regard) me fait écrire ce post, ou plutôt cette question.
Depuis, je crois, toujours, je culpabilise de l'amour que mes parents, et plus largement la famille, me donne, et cela s'est empiré ces dernières années.
On en revient encore et toujours à ce sentiment d'imposture que j'ai. Je sais qu'ils ne me connaissent pas aussi bien qu'ils peuvent le croire, qu'à l'intérieur je suis tout autre que ce que je peux laisser (trans)paraître.
Alors je me dis qu'ils aiment une personne qui finalement n'existe pas, qui n'est qu'un leurre ; et de cela je m'en veux vraiment énormément.
J'ai peur que mon "vrai moi" les déçoive, alors surtout je le cache.
J'ai été jusqu'à faire des trucs absurdes pour masquer cette nature solitaire, car je voyais ça (et le vois toujours) comme finalement un échec, des mensonges etc.
Petit exemple, qui peut peut-être prêter à sourire si l'on n'est pas concerné, mais qui à vivre n'est absolument pas amusant ; durant ma période universitaire (qui fut pour moi très difficile), j'ai vu l'écart entre moi et les autres se creuser, je ne le tolérais absolument pas.
D'autant plus que ce fut la période où mon frère a développé son "moi social", je me suis sentie plus que jamais exclu de ce monde.
Mais je ne voulais pas le montrer, car connaissant la nature anxieuse de ma mère et sa propension à la culpabilité, je ne voulais pas en rajouter et voulais à tout prix "sauver les apparences", montrer que tout allait bien chez moi pour ne pas en rajouter, et pour ne pas qu'elle se fasse du souci.
Cet exemple, donc, c'est que par exemple le midi je lui disais "je ne mange pas à la maison, je mange avec des amis", amis que je n'avais pas, et je passais tout le temps du midi (donc deux heures), enfermée dans mon placard à attendre qu'elle retourne travailler.
C'est absurde, c'est ridicule, ça entraîne une culpabilité pas possible, un sentiment de honte etc. Sans compter que je passais les deux heures à me dire "et si elle rentre et qu'elle me voit là, comment l'expliquer ?" (ce n'est pas explicable, d'ailleurs).
Par la suite, j'ai opté pour des ballades dans des parcs.
C'est difficile pour moi d'écrire cela, j'ai réellement honte, mais je me dis que peut-être, l'écrire sera libérateur.
Peut-être aussi que d'autres ont vécu des choses similaires (même si j'en doute énormément) ?
J'ai de plus en plus de mal à accepter cet amour qu'ils peuvent me porter, car à tout instant j'ai l'impression de les trahir, c'est très lourd à supporter.
C'est aussi ce qui me fait peur en prenant mon indépendance ; que mon vrai moi prenne le dessus et que je n'arrive plus à faire semblant auprès d'eux.
Que je n'ai plus rien à leur dire ; jusqu'alors j'arrivais à meubler, parler de tout et de rien, de l'actu, de leur journée de travail, mais maintenant que l'on se verra moins, je sais par expérience que l'éloignement fait que les gens ne parle plus du superflu mais seulement de l'essentiel, j'ai peur de ne plus rien avoir à leur dire, de devenir à leurs yeux une étrangère qui a une vie misérable et qui les déçoit.
J'aurais voulu que mes parents soient fiers de moi, et je ne vois objectivement rien qui puisse créer ce sentiment de fierté. Et je dis ça sans une once de dépression, c'est simplement un constat.
On m'a rapporté qu'à l'âge de 5 ans je ne cessais de dire que je voulais quitter la maison (jusqu'au jour où n'en pouvant plus, mon père a fait mes bagages, m'a mise devant le pallier de la maison et m'a dit "voilà, tu peux partir" ; je suis allée au bout de ma rue, et finalement suis rentrée, on n'en a plus jamais entendu parler).
Je me souviens aussi de ces soirées d'hiver où à l'âge de 7/8 ans je jouais et me mettais subitement à pleurer disant que je voulais mourir, comme s'il y avait un trop plein en moi, je revois encore la scène, l'ambiance que je trouvais très nostalgique, un éclairage bizarre qui me rendait très triste, une sensation d'angoisse, et de culpabilité.
Ce qu'il y a de terrible avec cette culpabilité, c'est qu'elle est double ; je culpabilise de culpabiliser.
Ce qui me blesse, c'est que je sais qu'ils ont toujours été parfait dans leur rôle de parents, qu'ils ont toujours voulu le mieux pour moi, toujours tout fait au mieux ; tant par le confort matériel que par le confort psychologique.
Cela me blesse car il aurait été plus facile de leur rejeter la faute, de dire "c'est à cause d'eux", alors que là non, je sais que ce n'est qu'à cause de moi.
Les quelques années de "dépression" que j'ai eu (années universitaires et post universitaires) - je mets des guillemets car je ne sais pas si dépression est le mot adéquat dans le sens où je n'ai jamais pensé au suicide ni rien, simplement je me suis totalement refermée sur moi-même - n'ont fait qu'accentuer ce penchant d'angoisse et de culpabilité.
Je pense qu'à l'heure actuelle ça va tout de même un peu mieux, depuis que je travaille, que j'ai repris contact avec les autres, mais il reste des "séquelles".
En fait, je résume là ce qui me fait douter du SA, c'est à dire que c'est vraiment à la fac que "tout a basculé", que les choses ont empiré ; d'un autre côté je me dis aussi que peut-être est ressorti tout ce que j'avais pu enfouir en moi durant mon existence ; je ne sais pas trop, en fait (oui je sais, diagnostique, diagnostique.. ).
Je ne sais comment poser ma question de façon précise, mais si vous pouviez me faire part de vos expériences (similaires s'il y en a, ou au contraire totalement différente), de vos avis etc, surtout n'hésitez pas, c'est ce que j'attends.
Depuis, je crois, toujours, je culpabilise de l'amour que mes parents, et plus largement la famille, me donne, et cela s'est empiré ces dernières années.
On en revient encore et toujours à ce sentiment d'imposture que j'ai. Je sais qu'ils ne me connaissent pas aussi bien qu'ils peuvent le croire, qu'à l'intérieur je suis tout autre que ce que je peux laisser (trans)paraître.
Alors je me dis qu'ils aiment une personne qui finalement n'existe pas, qui n'est qu'un leurre ; et de cela je m'en veux vraiment énormément.
J'ai peur que mon "vrai moi" les déçoive, alors surtout je le cache.
J'ai été jusqu'à faire des trucs absurdes pour masquer cette nature solitaire, car je voyais ça (et le vois toujours) comme finalement un échec, des mensonges etc.
Petit exemple, qui peut peut-être prêter à sourire si l'on n'est pas concerné, mais qui à vivre n'est absolument pas amusant ; durant ma période universitaire (qui fut pour moi très difficile), j'ai vu l'écart entre moi et les autres se creuser, je ne le tolérais absolument pas.
D'autant plus que ce fut la période où mon frère a développé son "moi social", je me suis sentie plus que jamais exclu de ce monde.
Mais je ne voulais pas le montrer, car connaissant la nature anxieuse de ma mère et sa propension à la culpabilité, je ne voulais pas en rajouter et voulais à tout prix "sauver les apparences", montrer que tout allait bien chez moi pour ne pas en rajouter, et pour ne pas qu'elle se fasse du souci.
Cet exemple, donc, c'est que par exemple le midi je lui disais "je ne mange pas à la maison, je mange avec des amis", amis que je n'avais pas, et je passais tout le temps du midi (donc deux heures), enfermée dans mon placard à attendre qu'elle retourne travailler.
C'est absurde, c'est ridicule, ça entraîne une culpabilité pas possible, un sentiment de honte etc. Sans compter que je passais les deux heures à me dire "et si elle rentre et qu'elle me voit là, comment l'expliquer ?" (ce n'est pas explicable, d'ailleurs).
Par la suite, j'ai opté pour des ballades dans des parcs.
C'est difficile pour moi d'écrire cela, j'ai réellement honte, mais je me dis que peut-être, l'écrire sera libérateur.
Peut-être aussi que d'autres ont vécu des choses similaires (même si j'en doute énormément) ?
J'ai de plus en plus de mal à accepter cet amour qu'ils peuvent me porter, car à tout instant j'ai l'impression de les trahir, c'est très lourd à supporter.
C'est aussi ce qui me fait peur en prenant mon indépendance ; que mon vrai moi prenne le dessus et que je n'arrive plus à faire semblant auprès d'eux.
Que je n'ai plus rien à leur dire ; jusqu'alors j'arrivais à meubler, parler de tout et de rien, de l'actu, de leur journée de travail, mais maintenant que l'on se verra moins, je sais par expérience que l'éloignement fait que les gens ne parle plus du superflu mais seulement de l'essentiel, j'ai peur de ne plus rien avoir à leur dire, de devenir à leurs yeux une étrangère qui a une vie misérable et qui les déçoit.
J'aurais voulu que mes parents soient fiers de moi, et je ne vois objectivement rien qui puisse créer ce sentiment de fierté. Et je dis ça sans une once de dépression, c'est simplement un constat.
On m'a rapporté qu'à l'âge de 5 ans je ne cessais de dire que je voulais quitter la maison (jusqu'au jour où n'en pouvant plus, mon père a fait mes bagages, m'a mise devant le pallier de la maison et m'a dit "voilà, tu peux partir" ; je suis allée au bout de ma rue, et finalement suis rentrée, on n'en a plus jamais entendu parler).
Je me souviens aussi de ces soirées d'hiver où à l'âge de 7/8 ans je jouais et me mettais subitement à pleurer disant que je voulais mourir, comme s'il y avait un trop plein en moi, je revois encore la scène, l'ambiance que je trouvais très nostalgique, un éclairage bizarre qui me rendait très triste, une sensation d'angoisse, et de culpabilité.
Ce qu'il y a de terrible avec cette culpabilité, c'est qu'elle est double ; je culpabilise de culpabiliser.
Ce qui me blesse, c'est que je sais qu'ils ont toujours été parfait dans leur rôle de parents, qu'ils ont toujours voulu le mieux pour moi, toujours tout fait au mieux ; tant par le confort matériel que par le confort psychologique.
Cela me blesse car il aurait été plus facile de leur rejeter la faute, de dire "c'est à cause d'eux", alors que là non, je sais que ce n'est qu'à cause de moi.
Les quelques années de "dépression" que j'ai eu (années universitaires et post universitaires) - je mets des guillemets car je ne sais pas si dépression est le mot adéquat dans le sens où je n'ai jamais pensé au suicide ni rien, simplement je me suis totalement refermée sur moi-même - n'ont fait qu'accentuer ce penchant d'angoisse et de culpabilité.
Je pense qu'à l'heure actuelle ça va tout de même un peu mieux, depuis que je travaille, que j'ai repris contact avec les autres, mais il reste des "séquelles".
En fait, je résume là ce qui me fait douter du SA, c'est à dire que c'est vraiment à la fac que "tout a basculé", que les choses ont empiré ; d'un autre côté je me dis aussi que peut-être est ressorti tout ce que j'avais pu enfouir en moi durant mon existence ; je ne sais pas trop, en fait (oui je sais, diagnostique, diagnostique.. ).
Je ne sais comment poser ma question de façon précise, mais si vous pouviez me faire part de vos expériences (similaires s'il y en a, ou au contraire totalement différente), de vos avis etc, surtout n'hésitez pas, c'est ce que j'attends.
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Re: Asperger et culpabilité ?
J'ai aussi eu l'impression de mener une double vie en famille et à l'école. Mes parents ne s'inquiétaient de rien puisque je ramenais des bonnes notes, et je faisais tout pour, pour ne pas qu'ils s'inquiètent. Ton anecdote du placard ne m'étonne pas, j'en ai quelques unes des comme ça, et il y a l'effet boule de neige qui t'oblige à continuer à porter ce masque...
Cela a été encore plus compliqué après le BAC et le château de cartes s'est écroulé l'année de mes 21 ans suite à un événement particulier (il y a là un vrai sentiment de culpabilité chez moi même si je préfère rester vague) et j'ai du dire certaines choses, même si je me sens beaucoup plus transparent dans la relation avec mes parents depuis le diag. C'est un vrai soulagement et je t'encourage vraiment à évoquer le sujet avec ta mère, sur le long terme ça ne peut être que bénéfique, et ce sera peut être moins difficile en n'habitant pas sous le même toit.
Tu te rends bien compte que le paraitre est superflu, ce qui n'est à mon avis pas le cas chez un NT. Depuis quelques jours, en étant "forcé" à croiser des autistes IRL, j'ai été surpris d’éprouver des difficultés à communiquer avec certains d'entre eux, qui ne font pas du tout attention à ça. C'est vraiment le fait de vivre avec des NT pendant 20 ans qui t'oblige à y faire attention au delà de ta famille (en plus du sentiment de ne pas vouloir décevoir ses parents qui est tout à fait naturel)
Cela a été encore plus compliqué après le BAC et le château de cartes s'est écroulé l'année de mes 21 ans suite à un événement particulier (il y a là un vrai sentiment de culpabilité chez moi même si je préfère rester vague) et j'ai du dire certaines choses, même si je me sens beaucoup plus transparent dans la relation avec mes parents depuis le diag. C'est un vrai soulagement et je t'encourage vraiment à évoquer le sujet avec ta mère, sur le long terme ça ne peut être que bénéfique, et ce sera peut être moins difficile en n'habitant pas sous le même toit.
Tu te rends bien compte que le paraitre est superflu, ce qui n'est à mon avis pas le cas chez un NT. Depuis quelques jours, en étant "forcé" à croiser des autistes IRL, j'ai été surpris d’éprouver des difficultés à communiquer avec certains d'entre eux, qui ne font pas du tout attention à ça. C'est vraiment le fait de vivre avec des NT pendant 20 ans qui t'oblige à y faire attention au delà de ta famille (en plus du sentiment de ne pas vouloir décevoir ses parents qui est tout à fait naturel)
F84.5 | Things go wrong so that you appreciate them when they're right, you believe lies so you eventually learn to trust no one but yourself, and sometimes good things fall apart so better things can fall together.
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Re: Asperger et culpabilité ?
Je ne trouve rien à répondre d'autre pour l'instant que "merci".
Alors voilà, merci.
Ta réponse m'a fait du bien.
Alors voilà, merci.
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Re: Asperger et culpabilité ?
Je comprends ce que tu ressens, ce que tu dis me parle.
Mon histoire familiale n'est ni compliquée ni pesante. Mais les contacts ne sont pas ceux qu'ils devraient être, d'autant plus que la différence avec mon frère est à son paroxysme (j'espère). Il y a, immanquablement, culpabilité de ne pas être ce que je devrais être. J'ai parfois l'impression d'avoir passé un diplôme d'ingénieur juste pour remettre les niveaux à hauteur... et ça a été vain.
J'ai quitté le nid assez tôt, statistiquement parlant, si je compte bien un brin plus tôt que toi. Donc ça fait un bail. Je vois mes parents environ deux fois par mois, et, bonne nouvelle, on peut toujours parler d'anodin. C'est reposant, mais sur le long terme, ça inquiète. Je ne vois pas bien comment aborder le sujet de l'autisme, du coup.
D'abord parce qu'il faudrait mettre sur la table un sujet personnel, ce qui n'est pas arrivé depuis, pfiouuu... je sais plus. Et puis parce que, ma mère, ayant calmé sa faim de femme enceinte en dévorant du Dolto, fera le lien "autisme=faute impardonnable de la mère". Faudra gérer ça aussi. C'est un peu au-delà de mes capacités. D'un autre côté, je leur dois cette honnêteté, parce qu'ils se sont inquiétés pour moi, y'a un an, quand j'étais en plein doute, et que ça se voyait.
Tout ça pour dire... Que tu es sûrement à un moment de la vie où les choses changent, sans bien te demander ton avis. Que dans les doutes, la certitude, ça aide (je vais pas utiliser le mot "diagnostic" – hein ? Mais non, je l'ai pas dit !) Que le fait de prendre ton envol est sûrement une bonne chose à ce moment là – comme ça va changer la routine de vos relations, ça te laisse la possibilité d'orienter la naissance des nouvelles routines vers quelque chose qui te convient mieux (facile à dire, je sais).
Et qu'il te faut du soutien, un regard, une aide. On fera ce qu'on peut de là où on est, mais il y'a peut-être quelque chose à creuser par là. Comment y arriver ?
Mon histoire familiale n'est ni compliquée ni pesante. Mais les contacts ne sont pas ceux qu'ils devraient être, d'autant plus que la différence avec mon frère est à son paroxysme (j'espère). Il y a, immanquablement, culpabilité de ne pas être ce que je devrais être. J'ai parfois l'impression d'avoir passé un diplôme d'ingénieur juste pour remettre les niveaux à hauteur... et ça a été vain.
J'ai quitté le nid assez tôt, statistiquement parlant, si je compte bien un brin plus tôt que toi. Donc ça fait un bail. Je vois mes parents environ deux fois par mois, et, bonne nouvelle, on peut toujours parler d'anodin. C'est reposant, mais sur le long terme, ça inquiète. Je ne vois pas bien comment aborder le sujet de l'autisme, du coup.
D'abord parce qu'il faudrait mettre sur la table un sujet personnel, ce qui n'est pas arrivé depuis, pfiouuu... je sais plus. Et puis parce que, ma mère, ayant calmé sa faim de femme enceinte en dévorant du Dolto, fera le lien "autisme=faute impardonnable de la mère". Faudra gérer ça aussi. C'est un peu au-delà de mes capacités. D'un autre côté, je leur dois cette honnêteté, parce qu'ils se sont inquiétés pour moi, y'a un an, quand j'étais en plein doute, et que ça se voyait.
Tout ça pour dire... Que tu es sûrement à un moment de la vie où les choses changent, sans bien te demander ton avis. Que dans les doutes, la certitude, ça aide (je vais pas utiliser le mot "diagnostic" – hein ? Mais non, je l'ai pas dit !) Que le fait de prendre ton envol est sûrement une bonne chose à ce moment là – comme ça va changer la routine de vos relations, ça te laisse la possibilité d'orienter la naissance des nouvelles routines vers quelque chose qui te convient mieux (facile à dire, je sais).
Et qu'il te faut du soutien, un regard, une aide. On fera ce qu'on peut de là où on est, mais il y'a peut-être quelque chose à creuser par là. Comment y arriver ?
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Re: Asperger et culpabilité ?
Étant donné que nous* ne choisissons pas d'être autiste à la carte, je me dis que nous ne devrions pas culpabiliser. Tout au moins, notre culpabilisation ne devrait être que provisoire, suivie d'une déculpabilisation. "Ç'pâu ma faute, 'tant donné j'ai pâu choisi ! Mais c'est comme çâu, on fait avec, on fête avec !"
* Les spécialistes savent aujourd'hui que ce n'est la faute ni à l'enfant, ni à la mère, ni au père.
Écrire peut t'aider à libérer, il me semble, comme nous aimons écrire sur ce forum. En parler à tes parents, peut-être que tes parents seront "soulagés".
Si tu veux, tu peux continuer à en parler ici comme ailleurs. L'armée des Asperger est en marche.
* Les spécialistes savent aujourd'hui que ce n'est la faute ni à l'enfant, ni à la mère, ni au père.
Écrire peut t'aider à libérer, il me semble, comme nous aimons écrire sur ce forum. En parler à tes parents, peut-être que tes parents seront "soulagés".
Si tu veux, tu peux continuer à en parler ici comme ailleurs. L'armée des Asperger est en marche.
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.
Diagnostiqué autiste en l'été 2014
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Re: Asperger et culpabilité ?
Evolution650HBn°2, cela fait plusieurs fois
que ce que tu écris me parle énormément.
de chances (au minimum) pour que tes craintes
soient infondées. C'est une sorte d'abcès qu'il
faut percer, sinon cette situation va pourrir
durablement tes relations avec tes parents.
mais j'ai fortement cloisonné ma vie, j'ai également
soigneusement choisi ce que je racontais de
ma vie à mes parents, laissant parfois entendre
des choses (donc pas de vrai mensonge), avare de
détails, instaurant et maintenant de la distance ...
Envisage sérieusement, sans trop tarder,
une démarche de diagnostic. Ne gaspille pas
comme je l'ai fait des dizaines d'années ...
que ce que tu écris me parle énormément.
evolution650HBn°2 a écrit :On en revient encore et toujours à ce sentiment d'imposture que j'ai. Je sais qu'ils ne me connaissent pas aussi bien qu'ils peuvent le croire, qu'à l'intérieur je suis tout autre que ce que je peux laisser (trans)paraître.
Alors je me dis qu'ils aiment une personne qui finalement n'existe pas, qui n'est qu'un leurre ; et de cela je m'en veux vraiment énormément.
J'ai peur que mon "vrai moi" les déçoive, alors surtout je le cache.
Je te comprends parfaitement bien. Il y a 99%evolution650HBn°2 a écrit :J'ai de plus en plus de mal à accepter cet amour qu'ils peuvent me porter, car à tout instant j'ai l'impression de les trahir, c'est très lourd à supporter.
de chances (au minimum) pour que tes craintes
soient infondées. C'est une sorte d'abcès qu'il
faut percer, sinon cette situation va pourrir
durablement tes relations avec tes parents.
Je n'ai pas été jusqu'à me cacher dans un placard,evolution650HBn°2 a écrit :Peut-être aussi que d'autres ont vécu des choses similaires (même si j'en doute énormément) ?
mais j'ai fortement cloisonné ma vie, j'ai également
soigneusement choisi ce que je racontais de
ma vie à mes parents, laissant parfois entendre
des choses (donc pas de vrai mensonge), avare de
détails, instaurant et maintenant de la distance ...
Je vais enfoncer le clou !evolution650HBn°2 a écrit :En fait, je résume là ce qui me fait douter du SA, c'est à dire que c'est vraiment à la fac que "tout a basculé", que les choses ont empiré ; d'un autre côté je me dis aussi que peut-être est ressorti tout ce que j'avais pu enfouir en moi durant mon existence ; je ne sais pas trop, en fait (oui je sais, diagnostique, diagnostique.. ).
Envisage sérieusement, sans trop tarder,
une démarche de diagnostic. Ne gaspille pas
comme je l'ai fait des dizaines d'années ...
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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Re: Asperger et culpabilité ?
Merci pour vos réponses (GOB, Winston, Tugdual, sur beaucoup de points j'ai l'impression que nous sommes "les mêmes").
Tugdual, même si je ne suis pas prête à affronter cette démarche, ça reste dans un coin de ma tête.
Tugdual, même si je ne suis pas prête à affronter cette démarche, ça reste dans un coin de ma tête.
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Re: Asperger et culpabilité ?
LE placard me parle mais pas de la même manière.
Quand j'étais encore avec ma copine, je me mettais à angoisser très fort. Allez savoir pourquoi mais je me recroquevillais dans le placard. Je ne parlais plus, ne croisais plus de regards, me toucher et tenter avec insistance de rentrer en contact avec moi rallongeait mes crises. J'entendais sans entendre. Je n'avais pas l'impression d'être dans un monde intérieur, j'étais plutôt comme dans un espace de vide entre mon intérieur et l'extérieur.
Il y avait aussi m'allonger sous le lit. Me recroqueviller parmi des cartons. Pendant une bonne demie-heure, voir plus d'une heure.
Elle, ne s’inquiétait pas plus que ça, crise d'angoisse disait-elle...
Depuis je me suis renseigné sur les crises d'angoisses. Même les descriptions les plus vagues n'y correspondent pas. Je me disais en moi que ça me faisait penser à de l'autisme mais à l'époque je ne voulais pas y croire. "Nico, tu exagères."
L'internat au lycée ainsi que le BTS où chacun avait son studio. J'étais loin de tout le monde, jamais aux soirées. MAnque de bol la grosse colloc où se déroulaient les soirées étaient juste en face de ma fenêtre. Alors je m'assurais de ne pas être vu, lumière éteinte. Du coup je me couchais tôt, mais en entendant les autres faire la fête...
Quand j'étais encore avec ma copine, je me mettais à angoisser très fort. Allez savoir pourquoi mais je me recroquevillais dans le placard. Je ne parlais plus, ne croisais plus de regards, me toucher et tenter avec insistance de rentrer en contact avec moi rallongeait mes crises. J'entendais sans entendre. Je n'avais pas l'impression d'être dans un monde intérieur, j'étais plutôt comme dans un espace de vide entre mon intérieur et l'extérieur.
Il y avait aussi m'allonger sous le lit. Me recroqueviller parmi des cartons. Pendant une bonne demie-heure, voir plus d'une heure.
Elle, ne s’inquiétait pas plus que ça, crise d'angoisse disait-elle...
Depuis je me suis renseigné sur les crises d'angoisses. Même les descriptions les plus vagues n'y correspondent pas. Je me disais en moi que ça me faisait penser à de l'autisme mais à l'époque je ne voulais pas y croire. "Nico, tu exagères."
L'internat au lycée ainsi que le BTS où chacun avait son studio. J'étais loin de tout le monde, jamais aux soirées. MAnque de bol la grosse colloc où se déroulaient les soirées étaient juste en face de ma fenêtre. Alors je m'assurais de ne pas être vu, lumière éteinte. Du coup je me couchais tôt, mais en entendant les autres faire la fête...
« How small a thought it takes to fill a whole life »
Entretien pré-diagnostic le 15 Mai 2014.
Diagnostic les 8 et 9 Octobre 2014.
Bilan le 4 décembre 2014.
TSA / HQI confirmé.
Entretien pré-diagnostic le 15 Mai 2014.
Diagnostic les 8 et 9 Octobre 2014.
Bilan le 4 décembre 2014.
TSA / HQI confirmé.
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Re: Asperger et culpabilité ?
Ce que tu dis me parle aussi.
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Re: Asperger et culpabilité ?
Je me permet de remonter ce sujet qui est perdu dans les limbes du forum parce que je lis régulièrement des propos concernant la culpabilité qu'on peut ressentir à différent niveau :
Culpabilité vis-à-vis d'un modèle de comportement qu'on cherchait à atteindre sans y parvenir à cause du TSA
Culpabilité vis-à-vis des parents.
Culpabilité vis-à-vis du diagnostique.
Culpabilité vis-à-vis de soi même, ne pas être la personne qu'on aurait aimé.
Autre culpabilité qu'on peut ressentir selon les personnes concernées qui culpabiliseraient.
Et pour ma part, je pose aussi la question du rapport entre culpabilité et scrupule.
Donc je me dis que ca peut intéressé certains ici sur cette question.
Si personne ne réagit c'est pas grave, le sujet repartira dans les limbes du forum.
Culpabilité vis-à-vis d'un modèle de comportement qu'on cherchait à atteindre sans y parvenir à cause du TSA
Culpabilité vis-à-vis des parents.
Culpabilité vis-à-vis du diagnostique.
Culpabilité vis-à-vis de soi même, ne pas être la personne qu'on aurait aimé.
Autre culpabilité qu'on peut ressentir selon les personnes concernées qui culpabiliseraient.
Et pour ma part, je pose aussi la question du rapport entre culpabilité et scrupule.
Donc je me dis que ca peut intéressé certains ici sur cette question.
Si personne ne réagit c'est pas grave, le sujet repartira dans les limbes du forum.
IA helvétique téléchargée en 1982
HQI (que je préfère appeler HP), Diagnostiqué Asperger
viewtopic.php?f=5&t=13627
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viewtopic.php?f=5&t=13627
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Re: Asperger et culpabilité ?
Il y a des manipulateurs qui t'ont fait sentir coupable ?
Maudit potlatch !
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Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.
Diagnostiqué autiste en l'été 2014
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- Localisation : Sur Gaïa
Re: Asperger et culpabilité ?
Moi ??
Non, c'est juste pour rouvrir la thématique.
Par contre j'ai eu des scrupules a baisser les bras. Mais c'est pas tout à fait la même chose
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Re: Asperger et culpabilité ?
On dit souvent qu'il faut pas baisser les bras.
Mais les garder levés est fatigant.
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Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.
Diagnostiqué autiste en l'été 2014
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Re: Asperger et culpabilité ?
Oui surtout quant on les lèves pour répondre et que c'est un autre à qui on donne la parole
Ref. à l'école où j'étais souvent le premier à lever la main pour répondre ... mais que les profs donnaient la parole à un autre camarade. Gérer la frustration.
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Re: Asperger et culpabilité ?
Ah ! Oui, gérer la frustration, c'est un truc que tous devons apprendre (cf. Didier Pleux).
Mais qui semble moins appris dans la société de l'immédiat, du court-termisme, de la courte durée entre effort et récompense/validation. D'ailleurs, il y a une chaîne Dopamine sur YouYoute, il me semble.
Les enseignants essaient sûrement de faire participer les autres, pas seulement toi.
Mais qui semble moins appris dans la société de l'immédiat, du court-termisme, de la courte durée entre effort et récompense/validation. D'ailleurs, il y a une chaîne Dopamine sur YouYoute, il me semble.
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Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.
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