Sur le risque d'aggraver (ou de maintenir) la phobie sociale en proposant le télétravail à des TED (projet que nous avons avec plusieurs assos et organismes d'Auvergne), voilà ce que j'ai répondu à un professionnel :
- 1 - J'ai expliqué aux employeurs et à nos collègues auvergnats que, selon moi, le télétravail pouvait être choisi pour de "mauvaises" raisons, parce que l'employeur n'a pas adapté l’environnement aux travailleurs autistes (par exemple environnement visuel, auditif ou social).
Dans ce cas, le télétravail peut être un palliatif provisoire (le temps d'assurer l'aménagement) ou à temps partiel (limitation de la pression sur l'individu).
2 - D'autre part, je constate chez des jeunes TED plutôt sociables une crainte devant des environnements style Open Space et un intérêt pour le télétravail. D'autres manifestent un besoin de structuration nécessitant des horaires et un lieu de travail précis ( mais sans aucun effet socialisant apparemment, compte tenu de la pauvreté des échanges sociaux dans un contexte où leurs intérêts spécifiques ne peuvent s'exprimer : exemple caricatural, celui de "Luna TMG", de Dijon).
Il me semble qu'il faut admettre que la socialisation pourra se faire plutôt dans la vie privée, et qu'elle ne sera pas toujours indispensable dans le travail. De la même façon qu'on accepte de ne plus imposer la cour de récréation à un élève TED en collège.
3 - Les expériences de Specialisterne, Passwerk etc . (j'ai la liste mondiale complète ) ont démontré l'intérêt de détecter des niches correspondant à des capacités cognitives particulières des TED - dans ce cas, ce qu'on appelle la "recette" informatique surtout (et la numérisation de documents).
D'autres expériences ("Astragale" comme auto-entrepreneur, maintenance informatique aux USA, communauté de communes du pays de Murat) montrent que l'identification des niches doit s'appuyer à la fois sur les capacités cognitives ou intérêts spécifiques et la structuration du marché. Le télétravail permet cette jonction dans les zones rurales ou moins peuplées - ou du fait du caractère très spécialisé de l'intérêt.
L’essentiel - un peu comme pour la scolarisation - reste de permettre l'accès à un travail rémunéré, avec une utilité sociale. Quelles que soient les conditions de ce travail rémunéré, elles ne peuvent qu'avoir un effet positif de valorisation de la personne concernée : cf. l'anecdote du Dr Constant sur le 1
er bulletin de paye en ESAT.
Cela permettra de lutter contre la dépression et la phobie sociale, qui me semblent deux aspects de la dévalorisation de soi-même.
D'autre part, une personne TED en télétravail doit pouvoir s'appuyer sur
des services comme un SAVS (service d'aide à la vie sociale) - pour l'aspect hors travail -, et/ou un SAMSAH (service d'accompagnement médico-social pour les adultes handicapés). Dans l'entreprise, ce devrait être le médecin du travail qui joue un rôle d'accompagnement ou de "supervision" des managers (ou tuteurs).