Allez, je commence.
Le film sortant au cinéma, mon oncle m'y amena avec sa future épouse. Je dois dire que je ne suis pas vraiment restée sur mon siège, j'ai plutôt gambadé entre les rangs, me cachant derrière l'un deux quand Scar apparaissait, à quatre pattes, mon oncle trouva bien de m'offrir des figurines du film. Ce fut le début d'une collection importante d'effigies de lions.
J'ai collectionné divers peluches, dont deux, Simba et Nala avaient la truffe en aimant, et s'attiraient donc, pour le coup. Un Mufasa géant me servait d'oreiller et de réconfort. Et je possédais quelques déclinaisons, dont des lions playmobils, ou ceux réalistes.
J'ai du regarder le dessin-animé quelques centaines de fois, je le connaissais par coeur, et connaissais chaque réplique, c'était donc rassurant de voir que le dessin-animé se déroulait de manière égale à chaque fois. Je rugissais devant la télévision, me roulait en boule sur le canapé, montait sur le dossier avec mes griffes imaginaires. En somme, j'étais bien.
Dans la rue, quelques dizaines de lions cheminaient à mes côtés. Ma mère me racontait que je m'arrêtais sur le trottoir, et elle me demandait ce que je faisais. Je répondais alors avec le sourire que j'attendais mes lions, la pauvre devait les attendre avec moi. Ils me suivaient partout, et les personnes les plus chères à mes yeux, se voyaient octroyer le droit d'en avoir un, même si les conditions pour s'en occuper étaient rudes, en effet, un bain par an, le jour de mon anniversaire (le 5 mai).
À côté, je dessinais sans arrêt des lions, assidue, et ne lâchant pas l'affaire.
Ça s'est développé plus tard, aux félins en général, et je connaissais par coeur les caractéristiques de chacun d'entre eux, des particularités des tâches du Jaguar, à la vitesse de pointe du guépard.
Un peu plus tard, ce fut Harry Potter. Je lisais depuis bien longtemps, mais je n'avais jamais autant plongé dans un univers. Je suivis ardemment l'affaire (je ne suis pas allée à jusqu'à faire la queue à minuit pour l'avoir quand même, déjà, c'était la nuit, et en plus, il y avait trop de monde).
Chaque nuit, les scénarios se reproduisaient dans ma tête, et je cherchais les alternatives. J'y suis allée jusqu'aux fanfictions.
Je lisais, et relisais les livres, mon père a fini par les confisquer, ça m'a quelque peu arraché le coeur, je m'en souviens encore.
Aujourd'hui, c'est le loup, et la forêt.
J'ai un loup qui me suit, un loup gris nuancé, selon les jours, et les humeurs. Il se complète avec moi, et jusqu'ici représentait ma part autiste, finalement. Que j'avais attribué à ce loup, cet animal, du fait de l'hypersensibilité. Je me sens à ce que j'apparente, le sens animal. L'ouïe, et la vue en alerte, chaque chose retient mon attention. Je sais donc où il est, et c'est quelque chose de très rassurant pour moi. Je peux imaginer le caresser, passer ma main entre ses poils argentés. Il peut avoir un côté affectif très développé, presque paternel, un peu ce qui me manque chez le mien. Je le vois allongé près de moi. Il peut être celui qui me secoue, me gronde dessus, celui qui m'entraîne dans la tristesse, et me console. Il change parfois de taille. Et j'imagine parfois pouvoir le chevaucher. Je lui cherche encore un nom.
Ma tête est une forêt très vivante, les choses y poussent, et meurent. Certaines parties, sont juste des troncs noirs, et secs, et une herbe haute qui envahit le sol. Parfois ce sont des troncs couverts de mousse, aux pieds faits d'herbes et de broussailles, des rochers noirs, l'herbe ocre, ou bien une sorte de sable gris. La lumière transperce les environs. Parfois, elle se fait dorée, et éclabousse les sous-bois qui deviennent verts.
Quand je m'évade, je m'y balade, avec mon loup, je flâne dans l'eau fraîche de la rivière.
Il y a aussi les paysages des Monts d'Arrées, pour les bretons, hier encore, je les traversais.
J'ai un double qui est un loup, quand je me dessine.
Je rejoue les films dans ma tête.
Si vous connaissez la série Scrubs, je fais un peu comme le personnage principal des fois, je me fais des scènes dans ma tête, complètement délirantes.
Mon monde se transpose à la réalité, espace commun, j'y crée des récits, des histoires. J'ai mon propre langage non verbal, en cours de développement.
Je développerais un peu plus tard, certains points, ou avec vous, si vous le souhaitez.
Et le vôtre, il est comment?