Derrière une vitre

[Bel Gazou]

Bonjour,

Il y a un phénomène qui me dérange : lorsque j'intéragis avec des gens, j'ai l'impression de me trouver derrière une épaisse vitre de verre qui m'empêche d'avoir un réel accès aux gens et au monde. Lorsque je parle, réponds, souris, c'est comme si ce n'était pas vraiment moi, comme si j'agissais automatiquement sans être réellement présente. Et j'ai du mal à suivre les discussions.
Quand je marche en ville, qu'il y a beaucoup de bruits et de monde, c'est pareil. J'ai l'impression d'être entourée de brume; les sons, mouvements et lumières m'envahissent, et c'est épuisant; je n'ai pas de vision globale, je me focalise sur les petits détails, les mouvements et sons imperceptibles, et je suis saturée de stimulations, alors je ne parviens plus à reconstruire une image globale à partir des petites pièces. C'est comme de regarder à travers un tube étroit.
C'est angoissant, j'ai l'impression d'être 'aspirée'. Je me demande si ce n'est pas une technique qui se déclenche sans que j'en ai conscience pour me protéger d'une surstimulation sensorielle.
Connaissez-vous la cause de ce phénomène ?

[Loup]

J'ai à peu près le même souci de que toi.

Cela peut se passer en pleine foule, comme chez moi, dans ma famille, ça fait plus d'une dizaine d'années que j'ai ça, je ne me souviens pas étant plus jeune.

Une piste:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Déréalisation
http://www.culturepsy.org/derealisation ... nalisation

Les psys et médecin ont associé ça à des crises d'angoisses aussi, et il est vrai que dans la foule, j'angoisse très vite, mais ça ne se rapporte pas pour autant à de l'agoraphobie comme j'ai longtemps cru. Aimant flâner dans les grands espaces et n'étant pas angoissée par eux, au contraire des agoraphobes. Il y a un lien avec l'Ochlophobie.
Derrière ce nom un peu étrange, se cache une piste assez intéressante.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ochlophobie

Ma réflexion personnelle, est que l'intérieur autant que l'intérieur, est saturé d'informations, le cerveau, pourtant brave et volontaire, n'en peut plus, et se met en off, laissant sa dernière option, le pilote automatique, se charger du reste. J'entends tout mais ne comprends rien à ce que l'on me dit, et aussi ce que je réponds aux autres. Assez handicapant, je dois dire.
La tête tourne, je regarde partout frénétiquement, mes mains deviennent moites, et la réalité se retrouve distordue.
Je me fraye un passage à travers les gens, et je sors respirer dehors un bon coup, reprenant mes esprits le plus possible.

Le pire, c'est que personne ne remarque autour (à part une amie, qui avec le temps, sait quand me tirer de là), c'est proprement invisible, comme cette vitre. Tu fais semblant d'être là.
Je pense que l'angoisse y est pour beaucoup, ainsi que l'hypersensibilité.
Il m'est arrivé, lors d'engueulades avec mes parents, d'en faire, parce qu'ils criaient vraiment trop fort.

J'espère t'avoir un peu éclairé.

[Mars]

Il y a un phénomène qui me dérange : lorsque j'intéragis avec des gens, j'ai l'impression de me trouver derrière une épaisse vitre de verre qui m'empêche d'avoir un réel accès aux gens et au monde.

Luna, notre amie artiste photographe a exactement le même ressenti, d'ailleurs, elle a intitulé son livre de photos : "Trough the glass-bowl/A travers l'aquarium" http://www.asperansa.org/lunamoon.html

[Bel Gazou]

Ils associent la déréalisation à une forme de dépression, d'extinction des affects. Dans ce cas, même si les symptômes de la déréalisation sont semblables à ce dont je parle, je ne crois pas qu'il s'agisse effectivement de déréalisation.
Ce n'est pas non-plus une phobie; je n'ai pas peur de la foule et des gens; je ne peux tout simplement pas m'y mêler.
Je préfère ta réflexion personnelle (même si je ne parlerais pas de distorsion de la réalité).

J'ai regardé sur la présentation de Luna, et c'est effectivement très semblable à ce qu'elle en dit. Et j'aime beaucoup ses photos; les reflets me passionnent, surtout ceux qui ondulent sur l'eau.

[Luna]

J'ai toujours vécu et je vivrai toujours derrière mon mur de verre, mon bocal, comme je l'appelle. Il y a des fois où c'est très douloureux, c'est comme un champ de force qui nous sépare des autres. Parfois la paroi de verre se fait plus mince, ça permet de mieux intéragir avec l'environnement extérieur.

[meï]

j'ai exactement ce genre de phénomène, depuis toujours je crois.
ca a été pris pour de l'agoraphobie, ou autre, mais, je sais que ca n'est pas ca non plus (aujourd'hui.)...d'ailleurs je ne savais pas l'exprimer non plus.

disons que par contre , je sens qu'il est plus ou moins amplifié selon les jours, ou les périodes.
il y a des jours ou rien a faire, je n'arrive aps a me connecter, je pense que ca se ressent. d'autres ou j'arrive a discuter, (pas non plus des heures!), mais malgré tout j'ai ce trop plein assez facilement.

[Bel Gazou]

Parfois la paroi de verre se fait plus mince, ça permet de mieux intéragir avec l'environnement extérieur.

je sens qu'il est plus ou moins amplifié selon les jours

C'est vrai, ça fluctue. L'expression de "champ de force" s'y applique bien. Mais je me demande comment on peut confondre ça avec de l'agoraphobie. Ce n'est vraiment pas semblable, si ce n'est peut-être vu de l'extérieur (même comportement qu'un agoraphobe ?).
Quand j'allais à l'école, surtout au lycée, et que je revenais le soir, j'étais dans cet état; la vitre était extrèmement épaisse, et je m'enfermais dans ma chambre dans le noir pendant des heures pour me guérir. Mais il m'arrivait aussi de répéter les mots que j'entendais, je n'arrivais pas à lutter contre. Je répétais ces quelques mots comme si j'avais besoin de faire croire que j'étais encore là.

[Betta splendens]

personnellement certain jours je n'ai pas vraiment la sensation d'être derrière une vitre mais plutôt d'être "enfermer dans moi même"