re-mémorisation spontanée des souvenirs épisodiques ?

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temp-995
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re-mémorisation spontanée des souvenirs épisodiques ?

Message par temp-995 »

Bonjour,

Vous arrive t-il de vous remémorer de manière spontanée des souvenirs épisodiques plus ou moins anciens ? (veuillez indiquer sVP si vous êtes atteint du SA ou pas)
Le mot "spontanée" est important, et indique donc un processus non volontaire sans que personne autour de vous parle d'un sujet passé qui vous concerne personnellement.
Le processus de re-mémorisation est un processus qui fait à priori défaut chez les autistes et qui est automatique / spontanée chez les NT ou chez les individus sans déficit en théorie de l'esprit : c'est donc un processus non volontaire, qui ne nécessite pas un effort de réflexion. C'est comme un réflexe.
remémorisation qui peut aider à comprendre certaines choses implicite par exemple

Je vous pose cette question car je ne me rappelle pas qu'un processus de re-mémorisation spontanée de mes souvenirs se soit déroulé durant mon enfance-adolescence et après recherche, il semble que plusieurs articles pointent des liens entre fonctionnement mnésique et autisme : les souvenirs sont bien stockés et acquis mais non réutilisables spontanément pour interpréter et comprendre un fait, une intention etc.


Image

http://lecerveau.mcgill.ca/flash/a/a_07 ... p_tra.html
La mémoire épisodique, parfois appelée autobiographique, permet à un sujet de se rappeler des événements qu'il a personnellement vécus dans un lieu et à un instant donné. C'est le souvenir de ce qu'on a mangé la veille, le nom d'un ancien camarade de classe ou encore la date d'un événement public marquant.

La caractéristique la plus distinctive de la mémoire épisodique est que l'individu se voit en tant qu'acteur des événements mémorisés. Par conséquent, le sujet mémorise non seulement un événement qu'il a vécu, mais tout le contexte particulier de cet événement.

http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9moi ... 9pisodique

Construction des souvenirs et capacités de "recollection"
Perturbation de la mémoire épisodique
La mémoire épisodique est la mémoire propre à chaque
individu : elle comprend l’ensemble des souvenirs des
épisodes autobiographiques situés dans un contexte donné,
intimement liés à la représentation de soi et assurant un
sentiment d’identité et de continuité. Ce système renvoie à
la conscience autonoétique qui traduit cette capacité introspective,
de prendre conscience de nous-mêmes au travers
d’un temps subjectif s’étendant du passé au futur. Ainsi, la
mémoire épisodique implique des processus discutés dans
les trois théories cognitives majeures de l’autisme : la théorie
de défaut de théorie de l’esprit, l’hypothèse de dysfonctionnement
exécutif et les théories perceptives.
La mémoire épisodique, dans ses composantes rétrospective
et prospective, est affectée dans l’autisme.
Les premières
études de Boucher et Warrington en 1970(1), rapportant
un déficit de rappel chez les personnes autistes,
ont même conduit à faire un parallèle entre l’autisme et le
syndrome amnésique.

http://www.bium.univ-paris5.fr/chn/textes/let41.pdf
Modifié en dernier par temp-995 le samedi 25 août 2012 à 11:40, modifié 1 fois.
reflet
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Re: re-mémorisation spontanée des souvenirs autobiographique

Message par reflet »

Je suis aspie et non, je ne me rappelle pas de manière spontanée.

Je suis capable de me rappeler d'événements avec beaucoup de précision mais je dois toujours faire un effort.
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temp-995
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Re: re-mémorisation spontanée des souvenirs autobiographique

Message par temp-995 »

Ok. Merci Reflet pour ton retour. Cela concorde avec mon histoire personnelle.
Cela rejoint aussi l'article du CNRS suivant où l'autisme et la schizophrénie partageraient de nombreux points communs dans certains de leurs symptômes :

Schizophrénie : lorsque l'expérience acquise ne sert pas les interactions sociales


La schizophrénie est une maladie mentale qui affecte profondément les interactions sociales. Des études récentes ont montré que les personnes atteintes ont du mal à attribuer des intentions à autrui. L'une des causes de cette difficulté vient d'être révélée par des chercheurs du Centre de recherches cerveau et cognition (CNRS/Université Toulouse 3 Paul Sabatier) et du Centre de neuroscience cognitive de Lyon (CNRS/Université Claude Bernard Lyon 1)(1). Ils ont montré que les patients schizophrènes utilisent de façon inappropriée leur expérience passée pour comprendre les intentions des autres. Ces résultats sont publiés dans la version en ligne de la revue Brain.

Lorsque quelqu'un se lève de son siège dans le métro, il peut vouloir sortir au prochain arrêt ou bien vous céder sa place. Reconnaître les intentions d'autrui est une habileté fondamentale pour vivre en communauté. Dans un précédent papier, la même équipe proposait un nouveau paradigme expliquant comment nous y parvenons. Cette capacité proviendrait de deux types d'informations. L'information visuelle tout d'abord, qui provient de l'observation des mouvements d'autrui. Mais nous avons aussi besoin d'informations à priori issues de nos connaissances et expériences passées et emmagasinées par notre cerveau. Difficile sans cela d'interpréter l'information sensorielle qui souvent nous arrive de façon parcellaire.

Les chercheurs ont fait l'hypothèse que ces deux types d'informations sont mal utilisés chez les patients schizophrènes, ce qui expliquerait pourquoi ils ont du mal à reconnaître les intentions d'autrui. Pour cela, ils l'ont testée sur des patients présentant divers symptômes de la schizophrénie : négatifs (perte d'intérêt, retrait social), positifs (hallucinations, délires), ou de désorganisation (discours incohérent, phénomène du « coq à l'âne »). Les patients visionnaient d'abord plusieurs vidéos montrant des acteurs manipulant des objets avec différentes intentions. Certaines d'entre elles étaient présentées plus fréquemment afin de manipuler l'information à priori. Ensuite, les patients visionnaient à nouveau les séquences, mais cette fois-ci tronquées. Les chercheurs contrôlaient ainsi la quantité d'information visuelle mise à la disposition des patients. Ces derniers devaient alors deviner les intentions des acteurs.

Les chercheurs ont ainsi découvert que les patients schizophrènes présentent une mauvaise utilisation des informations à priori. Les patients aux symptômes négatifs sous-utilisent ces données issues de l'expérience, comme s'ils n'avaient aucune expectative sur les intentions d'autrui. À l'inverse, ceux présentant des symptômes positifs ou désorganisés sur-utilisent les informations à priori au détriment de l'information visuelle. Ce que perçoivent leurs sens ne semble pas remettre en cause leurs convictions ou croyances. Dans tous les cas, un déséquilibre dans l'interaction entre l'information visuelle et l'information à priori conduit à des erreurs d'interprétation sur les intentions d'autrui.

Ces résultats pourraient être à la base de nouvelles stratégies de thérapie cognitive permettant au patient d'améliorer son aptitude à utiliser son expérience et de diminuer ses difficultés à reconnaître les intentions d'autrui, symptôme sur lequel les traitements pharmacologiques n'agissent pas. De plus, ce paradigme pourrait aussi être valable pour l'autisme, maladie ayant de fortes similarités avec les symptômes négatifs de la schizophrénie.

Notes :
(1) En collaboration avec l'Institut Jean-Nicod (CNRS/EHESS/ENS, Paris), le Centre Hospitalier le Vinatier à Lyon et la Faculté de Médecine de Rangueil à Toulouse.
Références :
Chambon V, Pacherie E, Barbalat G, Jacquet P, Franck N, and Farrer C. Mentalizing Under Influence: Abnormal Dependence on Prior Expectations in Patients with Schizophrenia. Brain, en ligne le 28 novembre 2011.


http://www2.cnrs.fr/presse/communique/2381.htm
reflet
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Re: re-mémorisation spontanée des souvenirs épisodiques ?

Message par reflet »

Très intéressant ainsi que la discussion sur le même sujet sur AAF.

Le point de vue NT pourrait etre intéressant, j'aimerais bien qu'ils expliquent comment ils font :-)