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Autisme : l’enjeu crucial du dépistage précoce
Les autistes ne traiteraient pas les informations qu'ils reçoivent de la même façon que les non-autistes. On découvre que le cerveau présente une organisation et une structure neuronale différentes, qui pourraient expliquer un fonctionnement spécifique. Certains parlent tard, mais apprennent parfois à lire seuls, bien avant les autres, même s'ils ne comprennent pas ce qu'ils lisent. D'autres ont des capacités visuelles ou mnésiques exceptionnelles.
Leur traitement perceptif serait exacerbé, et leur univers mental différent. À nous de le comprendre pour les aider à trouver leur place dans une société qui cesserait de vouloir adapter à une minorité un modèle d'apprentissage unique, même s'il est pertinent pour la majorité. Pour ce faire, il faut déceler, dès le plus jeune âge, les ébauches de leurs spécificités.
Du dépistage à la prise en charge
Amaria Baghdadli
Les troubles autistiques sont caractérisés par des déficits des interactions sociales et du langage. Un dépistage précoce et une prise en charge adaptée sont indispensables.
Amaria Baghdadli est professeur de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent à la Faculté de médecine de Montpellier, ea 4525, et coordonnateur du Centre de ressources autisme du Languedoc-Roussillon, chu de Montpellier• Les professionnels de santé et de la petite enfance doivent surveiller divers signes d’alerte pour dépister dès que possible un syndrome autistique, qu’il convient ensuite de confirmer par divers examens.
• Les thérapies cognitives et comportementales sont efficaces si parents et éducateurs dialoguent régulièrement. Les enfants mettent souvent en place des stratégies de compensation de leurs déficits.
• Toutefois, les prises en charge ne sont pas évaluées de façon assez précise pour adapter au mieux les méthodes disponibles aux spécificités de chacun, lesquelles évoluent avec l’âge.
L'autisme : une différence plus qu'une maladie
Laurent Mottron - Laurent Mottron est professeur au Département de psychiatrie et titulaire de la chaire de neurosciences cognitives de l'autisme au Centre d'excellence en autisme de l'Université de Montréal, cetedum, au Canada.• Chez les autistes, l’organisation cérébrale, de la cellule jusqu’à la communication des régions entre elles, et surtout l’activité des aires de la perception diffèrent.
• Il conviendrait de respecter leurs modes d’apprentissage particuliers.
• L’intégration des autistes dans la société soulève la question de l’acceptation de la différence.
L'intelligence des autistes
Isabelle Soulières
Les capacités cognitives des autistes sont sous-estimées par les tests de QI, ce qui peut être un handicap pour leur insertion à l'école ou dans le monde du travail.
Isabelle Soulières est professeure, au Département de psychologie, Université du Québec à Montréal, et chercheure au Centre d'excellence en autisme, Université de Montréal, au Canada.• Les tests de qi évaluent surtout les capacités de langage et les connaissances acquises à l’école, ce qui défavorise les autistes.
• Contrairement aux autres enfants, les autistes enregistrent souvent des connaissances sans que l’on s’en rende compte tout de suite.
• Il faut faire le pari de l’intelligence, c’est-à-dire multiplier les méthodes d’enseignement, afin que le jeune autiste trouve une approche qui lui permette de valoriser son potentiel intellectuel.
La génétique de l'autisme
Richard Delorme, Marion Leboyer et Thomas Bourgeron
Les causes de l'autisme, souvent très différentes d'une famille à l'autre, sont le plus souvent génétiques, mais parfois aussi environnementales.
Richard Delorme est praticien hospitaliser, responsable du Centre expert autisme de haut niveau, de l'Hôpital Robert Debré, à Paris. - Marion Leboyer est professeur de psychiatrie et chef du Pôle de psychiatrie adulte des Hôpitaux Mondor et Chenevier à Créteil. - Thomas Bourgeron est professeur de biologie à l'Université Paris Diderot et dirige le Laboratoire de génétique humaine et fonctions cognitives de l'Institut Pasteur, à Paris.• On a découvert plusieurs anomalies génétiques impliquées dans le développement de l’autisme.
• Les anomalies les plus fréquentes sont des mutations impliquant des gènes participant au fonctionnement de la synapse et à son organisation.
• La multitude des anomalies observées traduit la pluralité des formes cliniques des troubles du spectre autistique.
Les bases neurobiologiques de l'autisme
Tiziana Zalla
L'imagerie cérébrale révèle diverses anomalies neuroanatomiques et fonctionnelles qui expliquent les déficits cognitifs et comportementaux des autistes.
Tiziana Zalla est chercheur cnrs au Département d'études cognitives, à l'École normale supérieure, à Paris.• Diverses anomalies anatomiques ont été mises en évidence chez les autistes. Elles touchent notamment le cortex frontal.
• Le cortex frontal est peu connecté aux aires sensorielles, alors qu’il existe une hyperconnectivité locale.
• Ces anomalies du câblage neuronal expliqueraient la plupart des comportements associés à l’autisme.
Les interactions sociales dans l'autisme
Baudouin Forgeot
Les autistes ont un comportement social atypique : peu de relations avec autrui et, notamment, un manque de communication non verbale.
Baudouin Forgeot d'Arc est psychiatre au Centre d'excellence des troubles envahissants de l'Université de Montréal, cetedum, à l'Hôpital Rivière-des-Prairies et chercheur au Centre Fernand-Séguin, à Montréal, Canada.• Beaucoup d’interactions sociales passent par le regard, mais les autistes regardent peu dans les yeux et utilisent moins le regard pour moduler les interactions avec autrui et voir ce que les autres observent.
• Dans les situations sociales complexes de la vie quotidienne, même des autistes avec un haut niveau intellectuel sont en difficulté pour comprendre ou réagir.
• Ils ne cherchent pas à enjoliver leur image et ne savent pas ou ne veulent pas flatter les autres.