Témoignages d’autistes ayant fait des études supérieures

[Soline34]

Bonjour,
Pour m’aider à avancer en tant que parent d’ado autiste, je voulais demander si des personnes autistes ayant fait des études supérieures « jusqu’au bout de ce qu’elles envisageaient » pouvaient témoigner sur ce fil.
Merci beaucoup
(Quand je dis « envisageaient » cela n’exclut pas les réorientations qui sont très fréquentes dans le supérieur.

[Christinette91]

Bonjour, moi j'ai fait des études supérieures j'ai une maîtrise de droit. Par contre ça remonte à longtemps, je n'ai pas fait de stage.
Pour moi ceci dit ça a été plus compliqué de trouver un emploi que de faire des études. L'université j'ai trouvé que c'était beaucoup de connaissances théoriques mais peu pratico pratique et par conséquent ce n'est pas ce que je recommanderais. J'ai passé les concours administratifs et j'en ai eu plusieurs. L'université est bien pour préparer aux concours mais je pense qu'il faut compléter par des stages en entreprise.

[Elemental]

Bonjour Soline34,

J'ai fini médecine sans savoir que j'étais autiste. Ça n'a pas été facile (dépression pendant des années) bien que mes notes aient été dans le haut de la promo. Mon TSA m'a causé un certain nombre de problèmes pendant mes études, particulièrement les stages et la pratique. Je pense que si j'avais su pour mon autisme, ça se serait mieux passé car je ne l'aurais pas vécu de la même façon. À l'arrivée en 7e année (l'internat), j'ai choisi psychiatrie mais j'y ai été très malheureux ; a posteriori je me dis que c'est probablement en partie à cause du TSA. J'ai donc décidé de changer de spécialité et j'ai choisi une spécialité médico-technique (ce sont les spés telles que radiologue, médecin biologiste, anatomo-pathologiste...). Aujourd'hui j'aime beaucoup mon boulot, qui est presque parfaitement adapté à mon cas particulier (peu de rapport direct avec les patients, assez peu d'imprévus/urgences que je n'aime pas, haute technologie sans cesse évolutive, beaucoup d'utilisation de l'informatique...). J'irai même jusqu'à dire qu'être autiste est presque un avantage dans ce travail (rigueur +++, intérêt spécifique pour l'outil informatique en ce qui me concerne).

Je pense que j'ai eu beaucoup de chance de trouver un job aussi adapté à ma condition, surtout en partant en médecine qui n'est pas le cursus idéal pour un autiste. Je pense que le HPI est une chance également (ta fille l'est il me semble). Si j'ai un conseil à donner à ta fille, c'est de choisir une orientation adaptée :
- à ses forces
- et à ses faiblesses
- et à ses intérêts

Si c'était à refaire, je ne m'infligerais pas une telle souffrance à nouveau et je partirais dans l'informatique ou les mathématiques.

[Soline34]

Merci à vous deux!

@Christinette : oui, l’université donne un niveau d’étude mais est rarement professionnalisante (du moins pas avant le master)

@Elemental: oui effectivement. Si ce n’est que je ne suis pas certaine qu’une filière du supérieur avec moins de 5 étudiants dans un amphi jusqu’au doctorat cela existe ))

[Flower]

J'imagine que ce serait plus intéressant pour toi d'avoir des témoignages de gens diagnostiqués autistes avant de commencer des études supérieures... Ce qui n'est pas mon cas, puisque je n'ai été diagnostiquée qu'à 32 ans.
J'ai donc suivi une scolarité et des études "normales" en l'absence totale d'information sur ce TSA - je passais essentiellement pour timide et parfois pour "un peu bizarre". Pour les études, comme j'avais de très bons résultats et que j'envisageais de devenir journaliste, j'ai fait Sciences-po (Paris). Le côté assez scolaire du cursus était clairement un avantage pour moi. En revanche j'ai eu du mal avec les travaux en groupe parce que je me suis généralement retrouvée dans des groupes faits au hasard, faute de liens avec mes camarades de promo. Quand on met dans un groupe "ceux qui restent" avec le sujet qui reste, la plupart du temps ça ne fonctionne pas vraiment ! Je n'avais pas de difficultés particulières avec les exposés oraux (merci les années de chorale et de théâtre).

Il y a sur le forum quelques étudiants et des parents d'étudiants, ils pourront peut-être t'apporter des réponses plus utiles sur tout ce qui concerne les aménagements par exemple.

[Lapintéressé]

J'ai reçu mon diagnostic en ayant déjà commence mes études (et je ne les ai pas terminées, même si normalement il n'y a plus vraiment de risque que j'en sorte). Mon choix d'études était la suite assez logique de ma scolarité, avec finalement très peu de changement entre la terminale et le supérieur (notamment parce que je n'ai pas changé d'établissement), pour autant si j'avais eu le diagnostic plus tôt j'aurais peut-être eu plus peur aux oraux (parce que quand je les ai passés, je ne me suis pas posé la question d'avoir un regard trop fixe, parce que je n'en avais pas du tout conscience ). Maintenant je suis dans un établissement un peu particulier, càd pas à la fac, et ça se passe très bien comme ça !
Cela tient aussi à peu de choses : j'ai traversé des moments très, très compliqués, avec du harcèlement, alors que j'étais avec des gens considérés comme très intelligents et cultivés, bien loin de ceux qui peuvent se prendre pour des caïds au collège du coin. Mais aujourd'hui je rencontre aussi des gens d'une immense bienveillance, qui par ex m'aident y compris sur des choses liées à la scolarité mais pas purement scolaire : par exemple, à qui je peux demander des consignes sur comment dire ou me comporter pour un entretien, ou qui m'aident lorsqu'il a de l'administratif à faire.

[Elemental]

je n'ai été diagnostiquée qu'à 32 ans.

Flower, tu me fais un peu penser à ma fille (non diagnostiquée) : comme toi, très bons résultats, très scolaire, aisance orale et chorale et théâtre comme loisirs et a le journalisme comme optique possible d'orientation (son plan A est comédienne de théâtre).
Pour l'instant ses difficultés sont principalement d'ordre social mais elle compense pas mal. Donc je ne sais pas s'il serait opportun d'entamer une démarche diagnostique pour elle. Aurais-tu souhaité être diagnostiquée plus tôt ?

[Fluxus]

Hello !

Alors pareil que la plupart des personnes ici : J'ai été diagnostiquée autiste bien après le début de mes études supérieures... Sauf que de mon côté, le diagnostic a influencé mon choix d'études et m'a conforté dans le fait de me réorienter vers un secteur où j'avais plus de facilités plutôt que de stagner dans le domaine dans lequel j'étais à l'époque et qui demandait une très grosse charge de travail personnel et un grand investissement que je ne pouvais plus assumer, que ce soit à cause du TSA, des troubles associés ou d'autres problématiques personnelles... Puis y a eu aussi le fait que mon domaine d'étude actuel (qui a donc fait l'objet de ma dernière réorientation), c'est un truc qui m'intéressait depuis super longtemps mais sur lequel j'avais beaucoup d'"apprioris" alors que je me suis monstrueusement épanouie depuis. Actuellement, cela fait environ 8 ans que je suis dans les études supérieures, j'arrive lentement au bout et ça se passe vraiment super bien.

[David68]

Bonjour

J'ai fini mes études y a bien trop longtemps...
À une époque où on ne parlait pas d'autisme sdi.

Pour diverses raisons, mes années collèges et lycées ont été très perturbées. Avec même des interruptions de scolarité complètes.
Mais j'ai pu continuer à apprendre au travers de stages en usines, cours par correspondance,...

Arrivé en 1er cycle universitaire scientifique... Cata et déception. Un peu bourrage de crâne.. Pour moi décrochage..échec

Malgré tout concours et entrée école d'ing.
Bon là l'inverse... Même les stats c'est avant tout des outils avec usage et ce ne sont plus des formules abstraites et des pb incompréhensibles.
Du coup... 1er les 3 années

Voilà ce que je peux dire...
Si on avait connu mon autisme peut être que les choses auraient été différentes.
Ce qui a beaucoup manqué c'est de l'orientation, de l'aide à trouver sa voie.
Mes parents ont du se débrouiller tous seuls, avec moi. Je leur dois beaucoup.
Bonne journée

[Lapintéressé]

Pour nuancer ce qu'ont dit David68 et Fluxus concernant la charge de travail ou le bourrage de crâne, je dirais que pour ma part j'ai fait une prépa, donc travail quasi non-stop pendant 2 ans, à ne faire qu'assimiler des connaissances, en dormant moins que ce qui est mon minimum syndical actuel, mais avec des cours qui portaient presque exclusivement sur mes IR. Je pense que c'est cela qui m'a portée pendant ces années.

[Flower]

je n'ai été diagnostiquée qu'à 32 ans.

Flower, tu me fais un peu penser à ma fille (non diagnostiquée) : comme toi, très bons résultats, très scolaire, aisance orale et chorale et théâtre comme loisirs et a le journalisme comme optique possible d'orientation (son plan A est comédienne de théâtre).
Pour l'instant ses difficultés sont principalement d'ordre social mais elle compense pas mal. Donc je ne sais pas s'il serait opportun d'entamer une démarche diagnostique pour elle. Aurais-tu souhaité être diagnostiquée plus tôt ?

La chorale, c'était au départ un peu par hasard, mais j'avais bien aimé. Le théâtre, j'ai voulu en faire au lycée. Je n'ai continué ni l'un ni l'autre depuis et je n'avais jamais de grandes ambitions dans ce domaine.

Aurais-je aimé être diagnostiquée plus tôt, je ne sais pas. Disons que si j'avais été diagnostiquée plus tôt, j'aurais peut-être choisi une autre voie professionnelle, qui aurait éventuellement impliqué un autre cursus. Je ne suis pas du tout devenue journaliste, mais j'ai travaillé dans un métier qui nécessite beaucoup d'interactions sociales. Métier passionnant et dont j'ai adoré certains aspects, mais trop épuisant et je n'aurais pas pu tenir dans la durée. Donc j'ai bifurqué un peu et j'ai maintenant un poste un peu plus adapté. L'avantage aussi de Sciences-po, ça ouvre beaucoup de voies parce que le cursus est très généraliste, et l'avantage de la fonction publique d'Etat parce qu'on peut passer d'un ministère à un autre.

[Elemental]

OK, merci pour ta réponse et ton partage d'expérience

[AAA]

Pour ma part je suis devenue avocat et n'ai été diagnostiquée qu'après avoir commencé à exercer. Je ne m'étendrai pas davantage sur ce fil car j'en parle déjà dans mon post de présentation.

[Soline34]

Vous savez, vos témoignages sont capitaux. Ils permettent vraiment de se dire qu’il y a pleins de possibilités et qu’il y a un avenir professionnel, « même » avec l’étiquette TSA.
Ça change de beaucoup de « professionnels » qui n’envisagent même pas qu’une personne TSA a sa place dans un lycee en classe ordinaire, alors des études supérieures voire un métier…

[Hydrean]

Vous savez, vos témoignages sont capitaux. Ils permettent vraiment de se dire qu’il y a pleins de possibilités et qu’il y a un avenir professionnel, « même » avec l’étiquette TSA.
Ça change de beaucoup de « professionnels » qui n’envisagent même pas qu’une personne TSA a sa place dans un lycee en classe ordinaire, alors des études supérieures voire un métier…

Qui ça ? Ça m'étonne toujours que des professionnels peuvent dire ça....