Dépistage tardif et burn out professionnel

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
AspiNono
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Dépistage tardif et burn out professionnel

Message par AspiNono »

J'ai achevé ma carrière professionnelle sur un violent burn out. Je n'avais pas été dépistée S.A (cela ne se pratiquait probablement pas à l'époque) et me soignais, depuis l'âge de 18 ans (donc un demi-siècle 🙃), pour un TAG et un trouble panique avec agoraphobie.
J'ai épuisé sans répit, pendant des décennies, toutes les ressources à disposition : psychothérapie, psychanalyse, TCC, EMDR et consorts.
Au bout de 30 années d'errance, toujours en proie à l'anxiété, j'ai accepté de prendre un antidépresseur (j'aurais pu me proposer comme cobaye tant j'ai testé de molécules ! 😁).
En dehors de mes difficultés à me déplacer en voiture, j'ai fait silence sur tout ce qui me minait et faisait de ma vie un véritable chemin de croix.
Mon activité professionnelle fut longue et diverse (prof dans le privé pour classes BTS, formatrice et pour finir, assistante de formation dans la fonction publique). Exemplaire et compétente durant tout mon parcours professionnel, j'ai explosé en plein vol, 5 ans avant mon départ en retraite.
Après mon divorce, j'avais dû renoncer à l'autonomie dont je bénéficiais durant ma période d'activité dans le secteur privé (succession de CDD, ce qui me convenait parfaitement) pour devenir fonctionnaire (sécurité de l'emploi indispensable quand on a la responsabilité d'un enfant).
Trop perfectionniste, j'ai systématiquement préféré rajouter à mes tâches celles de collègues moins impliqués, un peu lents ou absents.
Je ne parvenais pas, personnellement, à accepter de prendre du retard sur celles qui m'incombaient et qui devaient répondre à un calendrier précis.
Trop confiante (naïve, diront les neurotypiques), je croyais aux promesses de renfort faites par ma direction et j'avançais, la tête dans le guidon, en pensant que ce "surbookage" prendrait bientôt fin.
Je me suis bercée d'illusions jusqu'à mon burn out...

Je raconte tout cela pour montrer à quel point un dépistage trop tardif est délétère.
Si j'avais connu la réalité de ma pathologie, j'aurais fait valoir, devant mes employeurs, une reconnaissance de travailleur handicapé qui m'aurait permis de bénéficier de conditions de travail plus en accord avec mon état.
J'aurais également connu mes "faiblesses", spécificités et limites, au lieu de vouloir être parfaite en tout car c'est ce qu'on attendait de moi depuis toujours.
Je me serais intéressée immédiatement à l'autisme et aurais pu ainsi me protéger et m'épargner bien des souffrances, incompréhensions, désagréments en tout genre, attentes, et me serais protégée.

J'avais besoin de poster ce pavé pour mettre en garde celles et ceux qui fonctionnent comme moi et leur éviter de s'échouer sur le même écueil 😊
Mamie du forum, diagnostiquée TSA à 63 ans, friande de tout ce qui me rappelle que je ne suis pas seule à tenter de gérer au mieux mon syndrome d'Asperger et son cortège de "tic tag toc" 🥳
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Lilas
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Re: Dépistage tardif et burn out professionnel

Message par Lilas »

Merci pour ce témoignage.
En ce qui me concerne, j'ai fait mon burn out plusieurs années après avoir été diagnostiquée. Et mon autisme a été la cause toute trouvée du problème, plutôt que l'ambiance délétère et les dysfonctionnements au sein de l'entreprise. Étonnamment, 5 ans plus tard, les choses vont beaucoup mieux. Pourtant, je suis toujours autiste. Mais mon N+1 et mon N+2 ont été remplacés.
Lilas - TSA (AHN - Centre Expert - 2015)

Mes romans (sur l'autisme, mais pas que) : Et mon blog d'auteure : https://lilasnoir.over-blog.com/
AspiNono
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Re: Dépistage tardif et burn out professionnel

Message par AspiNono »

Je faisais, en plus de mes tâches, le boulot du N+1 en attente de son recrutement (qui prit beaucoup de temps). J'ai continué à occuper ses fonctions durant sa longue formation... Elle eut rapidement des problèmes de santé et fut mis au ban par de nombreux autres cadres qui ne lui ont pas facilité la vie (elle a d'ailleurs fait une dépression...). La direction nous avait promis un renfort et un poste supplémentaire que nous ne vîmes jamais. Personne n'a repris mes fonctions après mon arrêt de travail. Elles ont au final été dispatchées entre plusieurs services.
Je n'ai eu de problème avec aucun membre du personnel (en dehors des RH 😉). Mon hypersensibilité, mon besoin d'être appréciée, ma volonté de tout faire le mieux possible m'ont empêchée de gérer cette surcharge ; je voulais rester sympa envers tous car j'ai toujours mal vécu le rejet sous quelque forme que ce soit. Par chance mon long travail psychanalytique m'a apporté beaucoup de réponses "intellectuelles" (c'est déjà ça !)... mais pas la guérison.
Mamie du forum, diagnostiquée TSA à 63 ans, friande de tout ce qui me rappelle que je ne suis pas seule à tenter de gérer au mieux mon syndrome d'Asperger et son cortège de "tic tag toc" 🥳