Je crée ce topic suite à ma participation récente à un groupe de parole pour proches d’alcooliques du mouvement des Alcooliques Anonymes.
J’ai trouvé peu de choses sur le forum à ce sujet, sinon ce qu’ont dit des AA dans la société en général. Comme je sais qu’il y a des personnes qui versent ici dans la zététique, je me suis dit que ce topic pourrait intéresser.
En y allant, je ne connaissais rien des AA, sauf des généralités vides qu’on entend partout : c’est un « groupe de parole pour personnes alcooliques ». La branche AL-ANON est consacrée aux proches de personnes alcooliques. Ils sont connus dans le monde entier. Ils sont acceptés dans les hôpitaux. On n’entend jamais que du bien des AA en France.« Alcooliques anonymes » est même devenu une expression courante en français. Dans l’imaginaire collectif, ils évoquent un groupe d’entraide entre concernés, gratuit et ouvert à tous, l’idée de la solidarité par excellence.
Je ne m’attendais absolument pas à ce à quoi j’ai assisté. Mon ignorance sur les AA m’a rendu sensible à tout ce qu’il y a d’incongru dans ce groupe censé traiter l’alcoolisme.
Je participe régulièrement à un groupe de parole sur un autre sujet. Cela me donne un élément solide de comparaison.
Selon moi, les Alcooliques Anonymes ne sont pas un groupe de parole et relèvent d’un fonctionnement sectaire. C’est l’affirmation que je voudrais mettre en débat sur ce topic.
On pourrait dire que ce n’est que mon expérience et que chaque groupe AA est différent car ils sont tous indépendants, mais la dérive sectaire des AA est un problème dénoncé dans de nombreux pays. J’aborde la question après mon témoignage.
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Localisation
Le premier signal a été la localisation du groupe de parole.
En recherchant un groupe dans ma ville, j’ai été surpris de voir que beaucoup de groupes se réunissent dans des églises, ce qui m’a paru étrange pour un groupe qui parle d’alcoolisme. Je me suis dit que les églises voulaient sûrement faire oeuvre de charité en les accueillant. Ça m’a interrogé, mais je ne me suis pas inquiété plus que ça.
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L’introduction et les règles du groupe
Au début, ils ont lu un texte qui précise les règles, comme dans tout groupe de parole. Dès les premières lignes, une affirmation m’a frappé : « les Alcooliques Anonymes ne sont liés à aucune secte, ni à aucune religion ». C’est typiquement une phrase de secte. Dans mon groupe de parole, on ne déclare pas que le groupe n’est pas lié à une secte, car ça n’a tout simplement aucun sens. Comment un groupe de parole pourrait-il être sectaire ? On y vient, on y parle si on veut, et on repart. Devoir apporter cette précision est déjà la preuve qu’il y a un problème quelque part, car la question pourrait se poser.
Toujours au début, j’ai été extrêmement surpris qu’ils affirment que, selon les AA, on ne peut sortir de l’alcoolisme que « grâce à Dieu » (le mot est prononcé).
A ce moment là, je me suis demandé si je ne m’étais pas trompé de groupe, ou si ce n’était pas une dérive religieuse de ce groupe AA local.
Ensuite, ils ont continué la lecture d’une texte qui liste les 12 étapes qui sont les seules capables de sortir quelqu’un de l’alcoolisme selon AA. La première est « Nous nous reconnaissons comme impuissants face à l’alcoolisme ». Je n’ai pas été capable d’entendre distinctement la suite, car j’étais sonné. Tout s’enchaînait rapidement et j’étais plus abasourdi par chaque affirmation l’une après l’autre.
Je vous liste ces affirmations reprises sur le site officiel :
https://alcooliques-anonymes.fr/nos-principes/
Sur le site des AA, ils résument eux-mêmes ces douze étapes en trois idées importantes :1. Nous avons admis que nous étions impuissants devant l’alcool et que nous avions perdu la maîtrise de notre vie.
2. Nous en sommes venus à croire qu’une Puissance supérieure à nous-mêmes pouvait nous rendre la raison.
3. Nous avons décidé de confier notre volonté et notre vie aux soins de Dieu tel que nous Le concevions.
4. Nous avons procédé sans crainte à un inventaire moral, approfondi de nous-mêmes.
5. Nous avons avoué à Dieu, à nous-mêmes et à un autre être humain la nature exacte de nos torts.
6. Nous étions tout à fait prêts à ce que Dieu élimine tous ces défauts.
7. Nous Lui avons humblement demandé de faire disparaître nos défauts.
8. Nous avons dressé une liste de toutes les personnes que nous avions lésées et nous avons consenti à réparer nos torts envers chacune d’elles.
9. Nous avons réparé nos torts directement envers ces personnes dans la mesure du possible, sauf lorsqu’en ce faisant, nous risquions de leur nuire ou de nuire à d’autres.
10. Nous avons poursuivi notre inventaire personnel et promptement admis nos torts dès que nous nous en sommes aperçus.
11. Nous avons cherché par la prière et la méditation à améliorer notre contact conscient avec Dieu, tel que nous Le concevions, Lui demandant seulement de connaître Sa volonté à notre égard et de nous donner la force de l’exécuter.
12. Ayant connu un réveil spirituel comme résultat de ces étapes, nous avons alors essayé de transmettre ce message à d’autres alcooliques et de mettre en pratique ces principes dans tous les domaines de notre vie.
Il paraît évident à toute personne saine d’esprit qu’il y a un problème. Mélanger des considérations spirituelles à un problème d’addiction est et sera toujours une mauvaise idée, quelle que soit notre opinion sur la spiritualité. Ce sont deux choses différentes. Les mélanger est le moyen idéal de soumettre des personnes vulnérables et les enrôler dans un mouvement où ils perdent leur autonomie.Notre description de l’alcoolique, le chapitre consacré aux agnostiques et nos aventures personnelles avant et après notre rétablissement font ressortir trois choses importantes:
a) Nous étions alcooliques et incapables de prendre notre vie en main. b) Probablement qu’aucune puissance humaine n’aurait pu nous délivrer de notre alcoolisme. c) Dieu pourrait le faire et le ferait si nous Le recherchions.
J’étais tellement choqué que je me suis vraiment demandé si je n’avais pas une hallucination auditive.
Il faut comprendre que cette référence religieuse est ce qui évoque d’emblée la dérive sectaire, mais que ce n’est pas le problème principal du mouvement. Les AA se défendent d’être une secte en expliquant que ce n’est pas le cas sur le plan religieux. La dérive sectaire doit plutôt se comprendre dans le fonctionnement du groupe, le rapport des individus entre eux, l’endoctrinement et l’embrigadement. La dérive sectaire est sociale avant d’être religieuse. La soumission sociale est obtenue par la conception de l’alcoolisme des AA, car, selon eux, il est impossible de cesser d’être alcoolique, il est seulement possible de devenir sobre, et pour être sobre, il faut venir au groupe et appliquer la méthode AA. Autrement dit, il ne faudra jamais quitter le groupe, car on replongera forcément dans l’alcoolisme. C’est pour cela qu’en appartenant aux groupes AA, il est obligatoire d’affirmer « Je suis alcoolique ». L’alcoolisme devient l’identité de la personne. Selon moi, AA est une dérive sectaire religieuse où le péché originel est remplacé par l’alcoolisme et où le pardon des péchés est remplacé par la participation au groupe. On ne guérit jamais du péché originel, il faut venir tous les dimanches se faire pardonner. C’est à vie. Le groupe soumet les individus en les redéfinissant par leur maladie (l’alcoolisme) et en prétendant être les seuls à disposer du remède - un remède qui n’est jamais définitif, qu’il faut toujours revenir prendre.
Tout cela, je ne le savais pas encore. C’est pourquoi tout ce que j’entendais m’était incompréhensible. Je doutais d’avoir bien entendu ce que j’avais entendu.
Pour comparer avec le groupe de parole auquel je me rends, l’introduction et les règles n’affirment absolument aucune vérité autre que la définition de l’objet du groupe. Il y est interdit de donner des conseils et de faire des affirmations générales. Le sens d’un groupe de parole, c’est que chacun puisse y venir dire sa vérité du moment. C’est pourquoi on ne parle qu’à la première personne du singulier. Aux AA, tout commence au contraire par des affirmations lourdes auxquelles il est obligatoire de souscrire. Toutes les phrases commencent par « nous ». Le groupe parle à ma place. « Je » n’existe déjà plus.
Une autre règle m’a perturbé : le groupe AA interdit tout financement extérieur des AA (tradition numéro 7). Tout l’argent doit provenir exclusivement des membres des AA. Cette règle est étrange, car on voit mal en quoi un financement par la mairie ou la région pourrait perturber le fonctionnement du groupe. On est censés y parler alcoolisme, pas politique. Avec le recul, je pense que cette règle favorise le fonctionnement sectaire, parce qu’elle crée un chantage : l’existence du groupe dépend entièrement des membres. Si vous ne donnez pas assez, le groupe pourrait disparaître. Par ailleurs, elle crée un engagement financier envers le groupe. Plus on a donné, plus on est resté, plus partir devient difficile.
Dès la lecture de ces textes, j’étais convaincu d’avoir en face de moi un mouvement malsain.
En y réfléchissant après coup, je crois que le fonctionnement sectaire des AA peut s’expliquer par l’alcoolisme : des personnes dépendantes à l’alcool viennent transformer leur dépendance à une molécule en une dépendance sociale à un groupe. La force de coercition du groupe, son fonctionnement sectaire, aide peut-être certaines personnes à arrêter de boire, car ils ont un cadre très strict qui leur sert d’appui. Ainsi, ils passent de l’addiction à la secte. C’est une hypothèse, mais selon moi, cela plaide en faveur du caractère sectaire du mouvement et pourrait expliquer son efficacité quand elle existe (l’efficacité des AA est contestée).
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Le contenu des témoignages.
La suite a été pire que ce à quoi je m’attendais.
Il me sera impossible de retranscrire ce que j’ai véritablement ressenti durant la réunion, car c’est mon instinct qui m’alertait sur le caractère sectaire de ce groupe à partir du comportement verbal et non-verbal des membres. Je n’ai pas conscience de tout ce qui m’a amené à cette conclusion. Ce que je vais dire pourra passer pour des jugements déplacés, mais ce n’est pas le cas et je vous jure que, même si je ne peux l’expliquer en mots, je n’ai jamais assisté à ce type de « totalitarisme » de toute ma vie. C’était à la fois dans les discours explicites, mais aussi dans un implicite permanent. Le seul fait que tout le monde disait la même chose était une injonction à dire nous-même cette chose. Les membres du groupe n’existaient plus en tant qu’individus. C’était glaçant. Pendant la réunion, j’ai vraiment eu PEUR. J’étais effrayé. Je ne désirais qu’une chose : partir.
Il faut vous imaginer un monde où plus personne ne dirait quelque chose de vrai et où chacun aurait abdiquer sa liberté de penser pour tout concéder au groupe.
Je donne donc des éléments, mais il y aurait beaucoup d’autres choses à dire.
Pour commencer, je venais à un groupe pour « les proches d’alcooliques », mais en réalité j’étais le seul à ne pas être alcoolique, donc je faisais un peu tâche. Je ne sais pas si j’ai eu un problème de compréhension (littérale) dans la description du groupe sur leur site internet.
Par hasard complet, car je n’étais pas au courant, c’était une réunion spéciale pour célébrer « la nouvelle année ». Quand j’ai entendu cette expression, je me suis demandé s’ils utilisaient un autre calendrier que le nôtre. Il s’agit en fait de l’anniversaire du groupe. C’est pourquoi ils étaient particulièrement nombreux, plus de trente.
Il y avait des « invités », c’est-à-dire des personnes AA qui viennent d’autres groupes AA de la même ville. Ils ont été accueilli sous les applaudissements comme s’il s’agissait d’une délégation étrangère, d’une visite diplomatique. C’est comme si la constellation des groupes AA était un pays à part entière, une sorte de territoire à l’intérieur du territoire français. C’est ce type de subtilité qui construit cette impression qu’il y a un problème dans ce groupe qui fonctionne en vase-clos, un problème que sur le moment on ne parvient pas à identifier et nommer.
Plusieurs personnes sont arrivées en retard au cours de la réunion. A chaque fois, elles s’excusaient, ce qui est normal, et donnaient des explications sur leur retard. Au bout de la quatrième, je me suis dit: « ils ne s’excusent pas de leur retard, mais ils se justifient devant un maître. Ils sont venus malgré le retard car leur absence lors de l’anniversaire du groupe aurait été mal perçue par les autres membres du groupe. Ils sont venus par obligation ». Là encore, c’est difficile d’expliquer pourquoi ça laisse une impression diffuse que ce groupe n’est pas un groupe normal. Chaque arrivée était accompagnée de réactions vives, exagérées : « Ah c’est XX ! je suis hyper content de te voir ! » alors qu’un témoignage était en cours. La familiarité entre les membres n’était pas celle d’un groupe de parole. Elle ne ressemblait pas non plus à une amitié. C’était comme si venir au groupe de parole avait créé une appartenance sociale nouvelle au sens d’une appartenance secrète, d’une affinité spéciale. Il s’appellent tous « Ami + prénom ».
Une des phrases qui a été prononcée dès les premiers témoignages et qui est revenue régulièrement est : « Nous sommes une famille ». Selon moi, c’est un signe d’alerte absolu : l’usage déplacé du vocabulaire de la famille alors que nous sommes des inconnus les uns pour les autres montre qu’on cherche à créer une intimité qui va artificiellement trop loin. C’est au nom du fait d’être une famille qu’on peut justifier beaucoup de choses, notamment l’abandon du libre arbitre, les abus, la pression, etc.
Toutes les interventions étaient extrêmement exagérées. Les gens parlaient extrêmement fort, disaient « Bonjour + Prénom » en choeur comme un seul homme (le groupe comme une entité séparée) et avec un aplomb hallucinant, réagissaient aux interventions des autres pendant qu’ils parlaient, puis « Merci + prénom ». Je me serais presque cru dans une séance de coaching de pensée positive ou dans un groupe de sport, alors qu’on était censés échanger sur des vécus difficiles et tabous. Nous aussi, nous disons « merci » dans mon groupe, mais c’est difficile d’expliquer en quoi la façon dont ils disaient « Merci + Prénom » en changeait le sens. C’était proche d’un « Amen » à la messe mais dit avec beaucoup plus de force. « Merci » devenait une formule obligatoire qu’on doit dire très fort pour que tout le monde sache bien qu’on l’a dit et qu’on a fait ce qu’on doit faire. Le « Merci » n’avait rien de sincère.
Les témoignages sonnaient totalement faux, sur le fond et sur la forme. C’était du théâtre.
Par exemple, la première intervention était celle d’une invitée, qui annonce fièrement être AA et sobre depuis plus de dix ans. Tout le monde la félicite bruyamment comme si c’était son cas prouvait l’efficacité des AA. Elle dit soudainement « Je suis une alcoolique » comme si elle venait d’énoncer une vérité absolue sur sa personne, son identité véritable. C’est la méthode AA. Puis, elle apostrophe la personne en face d’elle, « Ami + prénom », et lui re-dit à elle : « Ami + prénom, Je suis une alcoolique et je te le dis. Je l’assume. Voilà. Je suis une alcoolique. C’est une victoire de pouvoir le dire. Etc. ». C’était vraiment littéralement du théâtre, une mise en scène faussement spectaculaire. On aurait dit qu’elle lisait un texte qu’elle avait répété vingt fois, qu’elle reproduisait copié une scène à laquelle elle avait assisté, que c’était un exercice attendu. Je n’ai jamais vu ça dans un groupe de parole. On me dira que c’est subjectif, mais l’authenticité m’ait apparu simulée et surjouée. C’était comparable à un acte religieux d’auto-flagelation en publique. Plus on se frappe fort, plus on apparaît comme convaincu aux yeux des autres. On fait partie du groupe. Je ne le savais pas encore, mais comme la phrase « Je suis alcoolique » est une phrase obligatoire et définitoire des AA, la prononcer de manière théâtralisée, c’est en fait tenter d’être la plus AA des personnes présentes. D’autres interventions m’ont inspiré la même méfiance devant des déclarations censées être choquantes mais qui semblaient être attendues. Les témoignages avaient quelque chose de scolaire.
Je n’avais pas assisté à un tel niveau d’hypocrisie dans un événement social depuis des années. Mon malaise était immense, car chacun faisait semblant de ne pas jouer la comédie.
Je ne peux pas justifier cette impression, mais tout le monde semblait effrayer à l’idée de ne pas être parfaitement conforme aux attentes du groupe, de dire quelque chose qu’il ne faudrait pas dire.
Alors que la réunion avait pour objet l’alcoolisme, tout le monde avait un immense sourire colgate. Tout semblait merveilleux. J’avais l’impression d’être dans une entreprise le jour où le directeur général vient inspecter les lieux et où tout d’un coup, tout le monde est gentil, souriant, aide ses collègues, toutes les rancunes ont disparu pour laisser une bonne image au patron. Sauf qu’il n’y a pas de patron et que le but est que le groupe lui-même donne une bonne image de lui-même à lui-même. Autrement dit, tout le monde ment à tout le monde et tout le monde se ment à soi-même. C’est terrifiant à vivre.
Je me suis dit « j’ai l’impression d’être dans un mouvement évangélique ». Bingo ! Ce n’est qu’après la réunion que j’ai appris qu’il s’agit effectivement à l’origine d’un mouvement évangélique (AA est inspiré des principes du « Groupe d’Oxford », un mouvement religieux évangélique du début du XX). Et pourtant je ne connais rien aux mouvements évangéliques…
Dans un groupe de parole sain, chacun parle de sa vie s’il le souhaite, explique où il en est, etc. Chaque témoignage est très différent, car chacun est à une étape complètement différente. Des gens vont très mal et d’autres vont bien. La voix, le ton, le rythme, le vocabulaire, le champ lexical ne sont jamais les mêmes.
Dans le groupe AA, 80% des prises de parole n’ont jamais parlé de leur vie et parlaient uniquement du groupe lui-même pour en faire l’apologie. Ils utilisaient au mot près les mêmes phrases. Ils utilisaient des mots et des expressions dont je ne comprenais pas le sens car ils sont un langage propre aux AA. Même les livres dont ils parlaient sont en réalité les livres écrits par les AA, vendus par et pour les AA. Ils appellent ça « la littérature ».
Les prises de parole étaient tellement identiques que je peux vous en faire un idéal-type :
« Je suis vraiment très heureux d’être avec vous ce soir. Tous les témoignages que j’ai entendus m’inspirent et me réconfortent. J’aime que dans ce groupe, il n’y ait pas de jugement. Vous êtes tous formidables. Je n’oublierai jamais la réunion de ce soir. Je m’en souviendrai toute ma vie. Le programme fonctionne. Quand je suis arrivé il y a un an, rien n’allait dans ma vie et j’étais persuadé que je ne pourrais jamais être sobre. Grâce à mon parrain et aux lectures, j’ai pu comprendre que j’étais alcoolique et je suis sobre depuis X temps. Cela a mis du temps, il y a un long chemin, il faut suivre le programme, mais grâce à la méthode, grâce au groupe, je vais mieux. Je me répète les pensées du jour du groupe auquel je suis abonné: le jeun des 24 heures/Lâche prise et laisser faire Dieu/L’essentiel d’abord/Agir aisément/penser, méditer, penser/Savoir écouter, quelle force! Le thème du jour « le rétablissement et la gratitude », oui, c’est cela, j’ai beaucoup de gratitude pour le groupe. Le programme fonctionne. Je veux m’adresser aux nouveaux venus, j’ai une pensée spéciale pour eux, et leur dire à quel point le programme fonctionne. Revenez, vraiment. Il faut revenir, car ça fonctionne. Merci à tous. »
À multiplier par 25. Avec un immense sourire comme s’ils nageaient dans le bonheur.
Pas un seul élément de vie personnelle, mais un discours du groupe sur le groupe. Une prise de parole totalement impersonnelle. N’importe qui peut prononcer ces phrases.
Les phrases « le programme fonctionne » / « les nouveaux, il faut revenir » sont revenues dans presque toutes les prises de parole. On aurait pu croire qu’ils avaient répété avant de jouer cette pièce de théâtre. Je pense que c’est le caractère sectaire qui fait converger au fil du temps les témoignages vers un seul et unique témoignage, celui, élogieux, du groupe sur lui-même.
Les phrases « Vous êtes tous formidables. Je n’oublierai jamais la réunion de ce soir. Je m’en souviendrai toute ma vie » ont été répétées à de nombreuses reprises, alors qu’il n’y avait absolument aucune raison de se souvenir de cette réunion particulière tout le reste de notre vie. C’est l’exemple parfait de l’hypocrisie qui régnait dans le groupe : Tout est formidable. Tout est extraordinaire. Ce qu’on vit est inoubliable. Le groupe nous sauvera tous. Les nouveaux, revenez !
Paradoxalement, ils ne parlaient jamais concrètement de l’alcool. Il faut comprendre que l’essentiel du temps de la réunion, c’étaient des gens qui disaient que le groupe était formidable, sans parler ni d’alcool, ni de leur vie. Presque rien n’a été dit dans ce groupe. C’était totalement vide.
Selon moi, tous ces éloges étaient des injonctions adressées aux autres pour qu’ils fassent de même. C’est comme quelqu’un qui vous fait un compliment pour que vous lui en fassiez un. Ne pas lui rendre, ça ne se fait pas. Il n’y a pas de liberté de parole dans ce groupe.
J’avais l’impression d’avoir en face de moi des hommes politiques qui ont ce don de parler pour ne rien dire avec un grand sourire, tout cela pour vendre quelque chose. Non plus « votez pour moi », mais « revenez au groupe », comme si ce groupe, pourtant génial, était menacé perpétuellement dans son existence et que si nous ne revenions pas, nous serions coupables de sa mort. C’était subtilement culpabilisant.
Il se trouve que nous étions trois nouveaux, mais les autres connaissaient tout le vocabulaire. Je n’ai pas compris en quoi ils étaient nouveaux. A chaque phrase sur les nouveaux, je recevais des regards insistants de certains membres. Alors que lors de leur prise de parole, ils avaient un grand sourire, leur regard devenait glacial. J’ai eu vraiment peur. J’avais l’impression qu’ils allaient me manger, qu’ils avaient jeté un filet et qu’ils espéraient me pécher à la fin de la réunion grâce à tout le bien qu’ils avaient dit du groupe. J’étais terrorisé. Ce regard me disait « Il faut que tu restes avec nous maintenant que tu es entré dans le groupe ». Ce regard me disait aussi « J’espère avoir dit ce qu’il fallait pour que tu reviennes » / « J’espère que les autres sont contents de ce que j’ai dit sur les nouveaux pour te faire rester ».
L’affirmation est gratuite car uniquement fondée sur mon ressenti, mais j’ai eu l’intuition que certaines personnes qui se déclaraient sobres ne l’étaient absolument pas. Pourquoi ? Parce que, tout étant faux, le groupe impose la comédie de son succès, donc de la sobriété. Dire qu’on n’est pas sobre, ce serait démontré que le groupe est un échec, au moins pour soi-même. Sur les trente témoignages, AUCUN n’a déclaré être en rechute ! C’est vraiment la cour des miracles ce groupe. Ils devraient se renommer Lourdes. Le mensonge est tellement obligatoire que c’est un groupe de parole sur l’alcoolisme mais où tout le monde est sobre ! Personne ne boit ! Ça ne me paraît pas crédible, d’autant qu’ils affirmaient tous, en conformité avec les règles du groupe, qu’ils étaient alcooliques et le seraient jusqu’à la fin de leur vie (si tu ne dis pas ça, tu n’as pas le droit d’être dans le groupe). Le paradoxe, c’était que certains étaient là depuis plus de dix ans, annonçaient une sobriété depuis autant d’années, mais venaient encore au groupe. C’est possible à l’échelle de quelques cas isolés, mais pas d’un groupe entier. Je me suis même demandé si certains ne buvaient pas ensemble en dehors du groupe et le cachaient aux autres. Il y avait vraiment une ambiance tellement hypocrite qu’elle est naturellement propice aux mensonges et aux secrets « juste un verre entre nous, en famille ».
Parmi les prises de parole, il y a eu 20% de témoignages comparables à un vrai groupe de parole.
C’est difficile à expliquer, mais certains d’entre ont m’ont paru faux. J’avais l’impression qu’ils avaient déjà dit la même chose des dizaines de fois. C’était le concours à celui qui s’était sorti du vécu le plus difficile grâce au groupe (la partie la plus importante). Ils ajoutaient toujours qu’ils avaient tiré des leçons de ces histoires grâce au programme des AA. Ces leçons étaient toujours les mêmes. C’était un peu comme si je relisais le paragraphe d’un livre plusieurs fois d’affilée.
Il y a eu tout de même des témoignages qui paraissaient sincères. J’avais de la peine pour eux, car ils ne semblaient pas avoir compris que tout était faux et qu’on n’était pas censé réellement parler pour guérir.
D’ailleurs, pour ces personnes, c’était horrible, car le fonctionnement du groupe est particulièrement mécanique : le temps de parole de chacun est de trois minutes. Une personne chronomètrait chaque intervention. Quand je dis chronomètre, je dis : chronomètre. Au bout de trois minutes, l’alarme de son téléphone sonnait bruyamment et la personne devait s’arrêter immédiatement de parler, quel que soit l’endroit où elle se trouvait dans son témoignage. C’est d’une violence inouïe. Il y a un fossé incroyable entre les déclarations « le groupe est génial » et la violence réelle du fonctionnement du groupe qui est indifférent aux individus. Dans mon groupe de parole, il n’y a aucun temps de parole fixe. On parle de « temps décent » pour que chacun ait le temps de s’exprimer. Une personne peut parler dix, quinze minutes, ou simplement trois minutes. On ne coupe jamais un témoignage en cours. On n’intervient que si une personne parle pendant vraiment très longtemps. On respecte chaque témoignage et on attend que la personne rende la parole au groupe. Au groupe AA, j’ai eu l’impression d’être au fast food des groupes de parole. L’objet du groupe n’est donc absolument pas de parler, car on n’a pas le temps de parler en trois minutes. Tout est extrêmement superficiel - mais le témoignage suivant ne manquera pas d’expliquer combien le groupe est génial, tout en n’abordant jamais la question de l’alcoolisme.
Une personne qui devait s’arrêter parce que l’alarme venait de sonner a même dit « ah non j’ai pas fini », et tout le monde, unanimement, lui a dit que c’était fini. Trois secondes après, on a donné la parole à une personne qui levait la main et on était passé à autre chose comme si elle n’avait jamais existé. Tout cela avec un sourire sur tous les visages !
La personne interrompue faisait le parcours de l’alcoolisme de son mari et venait de dire que son mari la battait encore, même si moins qu’avant. Son traitement a été extrêmement choquant. C’est totalement inimaginable dans le groupe où je me rends.
Parmi toutes les interventions, il y a eu une seule personne qui a dit quelque chose contraire au groupe : un homme a dit qu’il ne croyait pas en Dieu. La tension était palpable. Il a même dit que pour lui, dans les groupes AA, « on prend ce qu’on veut et on laisse le reste ». Il était en total décalage avec le reste du groupe. Sa prise de parole était une exception. Je me suis demandé ce qu’il faisait là.
A la fin du groupe, tout le monde se lève, se prend par la main et on récite une prière qui s’appelle La Prière de Sérénité :
« Mon Dieu, donnez moi la sérénité d’accepter les choses que je ne peux changer, le courage de changer les choses que je peux, et la sagesse d’en connaître la différence. »
Ensuite, une cagnotte circule. La participation est obligatoire. On m’a dit que j’étais invité, car je suis nouveau, donc que je n’étais pas obligé. J’ai donné de l’argent quand même par respect pour le vécu réel et difficile caché derrière le phénomène sectaire. Il y a des livres écrits par les AA qui sont proposés à la vente à la fin du groupe.
(Dans mon groupe, une cagnotte est annoncée dans les règles mais elle ne circule plus depuis des années. Tout simplement, car le but du groupe n’est pas l’argent. Tout le monde s’en fout, y compris et surtout les membres de l’association. Evidemment le groupe ne vend absolument rien.)
Enfin, ma voisine m’a proposé de me donner l’enveloppe pour les nouveaux. J’ai accepté par curiosité de savoir ce qu’il y avait à l’intérieur pour nourrir ma conviction que c’est une secte, puis elle est partie chercher « la personne dont c’est le rôle d’accueillir les nouveaux ». Détestant être le centre de l’attention et ayant peur qu’on m’oblige à quelque chose, je suis parti en catimini. Une personne était devant la porte de sortie. En me voyant, elle me dit « Ah, tu pars déjà ? Il faut revenir ! »
Point final.
Pas « Au revoir ».
Mais « Il faut revenir ». C’est la dernière chose qu’on m’ait dit dans ce groupe.
Mon instinct a traduit : « Il faut fuir ».
* * *
Après le groupe, j’ai immédiatement taper « Alcooliques anonymes secte » sur Google. Je n’ai pas été étonné de découvrir que le caractère sectaire du groupe fait débat. Il n’existe aucune vidéo en français dénonçant la dérive sectaire des AA sur Youtube.
Google donne plusieurs dizaines de résultats à cette recherche, mais pas plus.
L’essentiel des liens sont des articles de journaux où la question du caractère sectaire n’est jamais évoquée. Il s’agit d’éloges des AA sans aucun recul puisqu’il n’y a que des témoignages de membres des AA.
Je n’ai trouvé qu’un article de Slate qui évoque ce débat : https://www.slate.fr/story/259332/alcoo ... addictions
L’article reprend les arguments de AA pour dire que ce n’est une secte, mais il a au moins le mérite de poser la question.
Tous les autres journalistes ne parlent jamais de cet aspect des AA. A chaque fois, on lit les mêmes choses pontifiantes sur « le groupe d’entraide des alcooliques ». Moi-même, je croyais à cette fable, car on n’entend jamais que du bien de ce groupe. Cette unanimité devrait pourtant interroger, car rien n’est jamais parfait. Le story telling autour d’un mouvement horizontal et autonome, qui s’est répandu depuis les US et grâce aux deux pères fondateurs, n’éveille jamais les soupçons.
Il y a pourtant de quoi : les deux pères fondateurs, Bill Wilson et Bob Smith, qui ont inventé « le programme » en douze étapes, prétendent que ce programme leur a été soufflé par une inspiration divine !!!!
La page Wikipedia des Alcooliques Anonymes en français est une apologie du mouvement et ne contient aucune sous-partie critique du groupe, y compris sur la possible dérive sectaire. Le débat a été ouvert dans les discussions sur la page : https://fr.wikipedia.org/wiki/Discussio ... s_anonymes. La première remarque est d’ailleurs : « L'introduction recopie exactement la page d'accueil des Alcooliques Anonymes en Français ». La deuxième : « Il me semble indispensable d'ajouter une section sur les controverses quant aux éventuels aspects religieux et sectaires avancés par certains critiques des Alcooliques Anonymes. Voir la page Wikipedia en anglais sur les AA. ». La troisième : Je propose également l'ajout d'une critique sur l'éfficacité : dans un épisode de l'émission [Penn & Teller: Bullshit!], la méthode des 12 étapes est critiquée comme étant de nature sectaire et surtout inefficace : les AA ne publient quasiment aucune statistique concernant leur efficacité, mais un rapport de 1989 (le plus proche qu'ils ont pu trouver) admettait que 50% abbandonnent avant 3 mois et que le nombre de personnes restantes au bout de 12 mois est de... 5%, ce qui s'avère précisement être le taux de réussite de ceux qui décident d'arréter par eux même ».
Un article de presse en français, mais du Canada (inimaginable en France), propose un témoignage d’un AA et le témoignage d’une ancienne AA devenue « militante anti-AA »: https://plus.lapresse.ca/screens/8fa5ad ... vUGY8.html Je note dans son témoignage cette phrase: « Les AA sont devenus ma famille et c’est ce qu’ils nous enseignent : “Vos proches ne peuvent pas vous aider, nous seuls le pouvons.” » Elle dénonce aujourd’hui la « 13 ème étape », à savoir le harcèlement sexuel pratiqué par les anciens sur les femmes nouvelles.
Il faut savoir que certains groupes AA ont voulu supprimé la référence à Dieu pour devenir athée ou agnostique, comme me l’a appris cet article en français du Canada : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/71 ... s-anonymes. Ces groupes ont été exclus de l’organisation au niveau mondial.
J’ai dû fouillé l’internet français pour trouver des critiques des AA ou des appels à l’aide de personnes proches de membres d’AA qui s’inquiètent de la dérive sectaire du mouvement:
https://www.atoute.org/dcforum/DCForumI ... ml?lang=bn
Un témoignage:
Ce ne sont évidemment que des témoignages sur internet, mais il est intéressant que la presse française n’aborde jamais ce sujet.Bonjour,
a lire ce message, les bras m'en tombe. Tu dis que AA et sa puissance supérieure n'a rien a voir avec la religion
vraiment se payer la tête des gens
La seule étape ou l'on ne parle pas de dieu, c'est la première.La deuxième étape de leur programme est là pour ne pas efffaroucher le nouveau.Dès la 3 éme étape, on demande a l'alcoolique de déposer sa volonté, d'oublier en somme sa personnalité en remettant sa volonté dans les maisns de dieu. Il est rajouté "tel que nous le conçevons" mais ce rajout ne veut absolument rien dire sinon que jeter le désarroi dans l'esprit du récalcitrant. A partir de cette 3ème étape tout est fait pour amener l'alcoolique a devenir un fervent croyant. Je parle pas des membres, je parle du programme et des textes. de ce que l'on imprime dans le cerveau d'une personne affaiblie et déséliquilibrée afin de le rendre croyant, pire soumis. Le déroulement des séances avec leur liturgies, leur prière, leur culpabilisation en s'avouant alcoolique, leur rabaissement par ce système d'anonymat car c'est comme dire je suis rein, a chaque prise de parole, leur pensée du jour pour la plupart a conotation religieuse. tout est fait pour faire d'un souffrant un croyant. je parle des textes et du programme toujours, pas des membres qui sont le plus souvent des gens qui subissent et qui ont peur de cette épéee de damoclès, que ce programme leur met sur la tête. Ce si tu vas pas en séance, si tu ne remet pas ta volonté, si tu pense par toi même, tu vas rechuter.
Pour moi, qui ai quand même pas mal fréquenté ce mouvement, j'affirme qu'il est le moyen le plus sournois, le plus hipocrite pour manipuler des esprits malades.
cello alias Marcel Portner
En revanche, quand on passe sur l’internet anglophone et qu’on tape « AA cult », on trouve des milliers de références. On trouve également des centaines vidéos sur Youtube d’anciens AA ou de personnes qui alertent sur AA. Le contraste avec la France est saisissant. Et on ne peut pas dire que les US ne soient pas un pays accueillant pour les sectes.
En parcourant des forums anglais comme reddit, la lecture des témoignages d’anciens AA ne m’ont pas étonné. Les anecdotes qu’ils rapportent, je les avais envisagées à titre d’hypothèse en extrapolant à partir de ce que j’ai entendu et vu lors d’une unique réunion.
Un témoignage résume :
Votre réflexion n'est pas digne de confiance.
Les anciens membres sont humiliés et rejetés.
Si vous devenez sobre, c'est grâce au programme. Si vous ne le faites pas, c'est à cause de vous.
Alcooliques contre Normies. Mentalité Nous contre Eux.
Toute critique des AA est une « pensée puante ».
Refus de mettre à jour les 164 premières pages du Gros Livre pour refléter les avancées médicales en matière de traitement des addictions.
On vous raconte que vous souffrez d'une maladie incurable qui doit être traitée par des réunions pour le reste de votre vie. Et cette maladie est évolutive. Et cela vous aura si vous ne travaillez pas sur votre programme.
Des témoignages rapportent que les membres AA leur interdisaient de prendre des médicaments contre l’alcoolisme ou pour tout autre problème de santé mentale, car seule leur foi devait les sauver et s’ils ne l’étaient pas, c’est qu’ils n’avaient pas assez la foi. Si tu arrêtes de boire à l’aide d’un médicament, tu n’es pas sobre pour AA.Your thinking is not trustworthy.
Former members are shamed and shunned.
If you get sober, it's because of the program. If you don't, it's because of you.
Alcoholics vs. Normies. Us vs Them mentality.
Any criticism of AA is 'stinkin thinkin'.
Refusal to update the first 164 pages of the Big Book to reflect medical advancements when it comes to treating addiction.
You're fed the narrative that you have an incurable disease that must be treated with meetings for the rest of your life. And this disease is progressive. And it will get you if you're not working your program.
Une personne rapporte son sentiment après avoir quitté les AA
https://www.reddit.com/r/cults/comments ... _the_fact/
C’était tout mon groupe d’amis et, avec le recul, j’aurais dû me faire des amis en dehors des AA, mais je ne peux pas remonter le temps. Pour moi, c’est incroyablement culte. Les gens disent toujours que chez les AA, on est libre de partir à tout moment. Ce qu’ils ne vous disent pas, c’est que vous êtes fortement encouragé à bâtir tout votre groupe social autour des AA. Ce départ est donc très peu attrayant. Ils ne vous disent pas non plus que la grande majorité des membres des AA ne voudront rien avoir à faire avec vous si vous arrêtez d’y aller.
A ceux qui veulent quitter les AA, il est dit la phrase suivante : « Without AA, the alcoholic is doomed to one of three fates: Incarceration, Insanity, or Death » (Sans AA, l'alcoolique est voué à l'un des trois destins suivants : l'incarcération, la folie ou la mort).Spoiler :
Il existe un site qui propose une critique intégrale des AA et explique pourquoi le mouvement répond aux critères d’une secte : https://orangepapers.eth.limo
Il faut comprendre que l’aspect de « groupe de parole pour alcooliques » est superficiel et cache un embrigadement religieux et un isolement social.
Si des gens ont pu trouver de l’aide dans l’aspect « groupe de parole » des AA, ils trouveraient la même aide dans un vrai groupe de parole.
Pour ceux qui en cherchent, d’après les témoignages, l’association « Vie Libre » semble être un vrai groupe de parole pour personnes alcooliques.
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Le groupe AA, qui bénéficie d’une réputation médiatique et populaire unanimement positive, sans débat contradictoire et sans confrontation à d’autres méthodes, a en France toutes ses entrées dans le système de soin et dans le système judiciaire.
L’Etat lui-même peut imposer à une personne alcoolique de rejoindre un groupe AA. L’Etat a une convention avec les AA pour organiser des groupes en prison. Autrement dit, on envoie des personnes dépendantes vers un groupe dont on peut au moins se poser la question de la nature sectaire. C’est gravissime !
Je ne m’explique pas l’aveuglement institutionnel devant ce mouvement.
On parle beaucoup de la psychanalyse, on devrait s’attaquer aux AA.
Les Alcooliques Anonymes ne sont ni un groupe de parole, ni un groupe d’entraide.
C’est un mouvement religieux évangélique qui prétend avoir découvert par inspiration divine une méthode en douze étapes pour devenir sobre alors qu’on souffre d’une maladie l’alcoolisme, qu’ils considèrent incurables. Il faut fréquenter à vie le groupe de parole, acheter ses livres, adopter son système de pensée et recruter de nouvelles personnes.
Comment a-t-on pu croire au mythe d’un groupe de parole qui aurait 2 millions de membres à l’échelle mondiale ?
Même le storytelling est louche quand on y réfléchit et devrait nous interroger.