Pour les sorties entre personnes autistes suisses, nous en proposons de différentes sortes, selon les hypersensorialités (notamment au bruit), selon les budgets, selon les goûts et les intérêts.
Exemples :
- randonnées moyennes pour les personnes habituées (on regarde la météo la veille aussi) ;
- randonnées faciles et courtes pour les personnes qui ont moins l'habitude ;
- randonnées moyennes avec ponts (pour les personnes qui n'ont pas le vertige ni peur du vide) pour admirer la vue ;
- visites de musées tranquilles (pas de pression, peu de bruit) ;
- visites de communes (le tourisme urbain) ;
- restaurants (selon les goûts, selon les allergies, selon les budgets) ;
- conférences sur l'autisme (avec restaurant après pour qui veut) ;
- café/bar tranquille où on fait juste discuter (d'autisme ou d'autres choses), on déguste.
Pour les randonnées, je regarde des itinéraires avec le moins de route possible (histoire d'éviter le bruit des véhicules, les routes sans trottoirs et de toujours devoir faire gaffe quand une voiture arrive). Souvent, je propose ainsi : départ de randonnée matinal pour les personnes endurantes et très curieuses ; départ l'après-midi pour les personnes qui ne sont pas lève-tôt ; restaurant le soir pour se requinquer.
Pour les restaurants, j'essaie de choisir un restaurant adapté aux personnes qui viennent - je commence à connaître les niveaux de sensorialités sonores de diverses personnes autistes.

[Ah ! Ce restaurant, A, D, F et G peuvent le supporter. Pour B, C et H, c'est mort. Pour E, I et J, aucun problème !] J'observe les divers lieux au niveau de l'ergonomie autistique.

[Ce resto-bar, ça résonne trop. Seuls E, I, J et moi supporterons. Ce restaurant, le patron est trop tactile, il te tape sur l'épaule et serre la main à tous les clients. Ce restaurant est tranquille, sauf le vendredi soir et le samedi soir.]
Chaque personne est libre de faire tout ou partie du programme. Selon le nombre que nous sommes, nous pouvons modifier le programme (si toutes les personnes qui se sont annoncées sont présentes). J'ai plein de numéros de téléphone.
Ensuite, tu te doutes que beaucoup de personnes autistes auront besoin de repos les jours avant et les jours après ces journées fatigantes. Donc j'organise rarement deux sorties deux jours de suite. [Exception : les sorties sur plusieurs jours avec hôtel (souvent dans des contrées plus éloignées).] Car les trajets sont aussi coûteux en temps, argent et énergie. La fatigabilité des personnes autistes augmente souvent le débit d'énergie, par conséquent augmente le besoin d'heures de repos, donc réduit le budget temps. Les personnes autistes ont beaucoup moins accès à l'emploi et, du fait de leur fatigabilité, travaillent rarement quarante-deux heures par semaine, donc on souvent moins de budget argent. Parmi les facteurs de fatigabilité, en plus des interactions sociales, des hypersensorialités et du camouflage social, peuvent s'y ajouter tout plein d'autres : troubles du sommeil, anxiété, stress, traumatismes, consommation de drogues, etc. Pour ma part, je fais partie des personnes relativement chanceuses.
Mais une fois que le plaisir est là, la machine peut s'emballer (le cercle vertueux).
Mais la dépression est une maladie qui est un cercle vicieux. L'aide extérieure est nécessaire pour briser celui-ci. Et pour observer plus en détail cette dépression (pour une aide adaptée). Chaque histoire est unique.