Autisme et travail indépendant

[FloretteRanou]

Bonjour,

j'aurais voulu savoir si certains d'entre vous ont le statut d'indépendant.

Pour les personnes concernées, comment arrivez-vous à gérer les aspects commerciaux, administratif et financier de votre emploi ?
Avez-vous réussi à mettre en place des stratégies efficaces pour démarcher les clients ?
Avez-vous la possibilité de travailler de chez vous ?
Dans quel secteur travaillez-vous ?

Voici quelques articles que j'ai trouvés sur ce sujet :

• https://conseilautismentreprises.com/20 ... une-piste/

• https://www.monemploi.com/magazines/le- ... s-autistes

Edit : je viens de trouvez ce sujet concernant les aides aux travailleurs autistes indépendants : viewtopic.php?p=442996

[Ancelin]

Bonjour,
Je suis micro-entrepreneur dans le domaine de l'informatique.
L'administratif est très léger par rapport à une entreprise classique et est gérable dans mon cas.
Il faut tout noter et faire les formalités des que vous prenez connaissance de celles-ci (ne surtout pas procrastiner).

Pour les clients, j'opte clairement pour la "différence assumée" : allez y habillé comme il vous plaît sans que cela soit trop extravagant ou nonchalant.
Je vais souvent avec mon grand manteau de sergent de l'armée de l'air(avec les galons et tout... ), chemise blanche, pantalon en velours côtelé, chaussure neutre (les gens vous jaugent, consciemment ou non à vos chaussures).
Le costume(surtout pas trop habillé) avec nœud papillon fait aussi très bonne impression.
Comprenez que :
style bizarre + incompétence = mec bizarre
style bizarre + compétence = perle rare

L'oral doit être impeccable et adapté à l'interlocuteur.
Commencez avec une intonation neutre très pro, puis basculez tout doucement vers le style du client.
N'allez surtout pas dans la caricature, et cela bien qu'il faille vite repérer la manière de communiquer de la personne afin de parler le même langage.
Parlez avec, intéressez-vous à elle.
Je profite souvent des temps de démarrages des machines, des chargements , etc pour échanger avec mes clients.

J'offre la possibilité à mes clients de déposer leur matériel dans mon local (bon, ok, c'est ma maison... ) .
Tout nettoyer avant leurs arrivé contribue à diminuer mon stresse.
Quand c'est possible, je les accueil dans mon bureau afin d'échanger sur ce qui les amène à faire appel à mes services et de signer le devis.
Mon devis comporte un contrat très bref dans lequel, entre autre, le client s'engage à fournir un espace de travail propre et dégager (je ne peux pas commencer à travailler si c'est le bor***).
Ce contrat est indispensable car il permet de glisser des clauses liées à mes difficultés et d'éviter les mauvais payeurs(problème de naïveté sociale).
L'avantage, c'est qu’après, je bosse tranquillement chez moi, dans mon environnement.

J’espère que cela te seras utile.

[Piquéchou]

Bonjour,

Je réponds tardivement à ce post que j’ai trouvé via Google à la faveur d’une recherche sur le freelancing pour les personnes autistes.

Je réfléchissais justement à la pertinence pour moi de proposer une offre spécifique pour les personnes autistes qui souhaiteraient se lancer comme freelance, comme porte d’entrée vers l’emploi.

Je précise que mon métier est l’accompagnement et la formation à la création d’entreprise et à la démarche commerciale des freelances.

Les formations sont prises en charge sur les fonds de la formation professionnelle.

Depuis mon diagnostic, je découvre petit à petit le spectre de l’autisme.
Je suis passionnée par mon métier.
Voilà, je cherche à faire un lien…

Mais c’est peut-être encore un peu tôt pour moi pour aller sur ce terrain.
Je ne me sens pas légitime.


Pour répondre plus spécifiquement à la question posée par Florette, je suis moi-même freelance, depuis 2009, mais non juridiquement indépendante.

J’ai opté pour le statut d’entrepreneure-salariée.
Je suis associée d’une coopérative d’activités et d’emploi.
J’aime me qualifier de salariée autonome.

Pour moi, l’avantage, c’est que je reste dans le cadre légal du salariat.
Je cotise aux mêmes caisses, bénéficient des mêmes droits.

Je me suis arrêtée en 2013, suite à un burn-out, et j’ai touché le chômage pendant 15 mois, avant de reprendre une activité. J’ai de nouveau bénéficié du chômage en 2019 (nouveau burn-out un peu plus grave cette fois qui m’a amenée être détectée par un psychologique dans le SA).

Aujourd’hui, j’exerce encore mon activité en coopérative.
Je suis libre de mes offres, je choisis mes horaires, ma clientèle, ma façon de travailler.
Je travaille 100% à distance depuis chez moi.

J’ai aussi exercé auparavant en EURL (2 fois) et en micro-entreprise, ponctuellement, en activité secondaire.
Mais ce serait trop long à raconter.

Je pense qu’exercer en tant que freelance peut être une bonne solution pour les personnes autistes.
Grâce à internet, il est possible de tirer parti de leurs intérêts spécifiques et de trouver le bon marché.


Après, je ne dis pas que c’est facile.
La partie administrative peut être relativement simple (micro-entreprise) et peut être contournée (portage salarial, couveuses d’entreprises, coopératives d’activités et d’emploi…)

NB : Attention avec la « micro » de ne pas perdre vos droits…


La difficulté reste de trouver un marché et des client.es.

Pour ma part, j’ai eu la chance de faire de la démarche commerciale un de mes centres d’intérêt (question de survie ?).
Donc, j’ai beaucoup appris, je me suis beaucoup formée et j’ai beaucoup capitalisé sur ce sujet…

Reste qu’il y a aussi des secteurs plus faciles que d’autres.

En tout cas, je suis ravie de pouvoir m’exprimer sur ce sujet qui – je note – n’a pas suscité beaucoup d’échanges

[Ivanovna]

Bonjour,

Merci déjà Florette d'avoir formulé la question, je n'y aurais même pas pensé alors que je commence à envisager une reconversion de la fonction publique à tout à fait autre chose en "indépendant".

Et merci pour les deux réponses, et j'espère les futures, je suis tout ouïe !

[Blackram]

Bonjour,
j'aurais voulu savoir si certains d'entre vous ont le statut d'indépendant.
Pour les personnes concernées, comment arrivez-vous à gérer les aspects commerciaux, administratif et financier de votre emploi ?
Avez-vous réussi à mettre en place des stratégies efficaces pour démarcher les clients ?
Avez-vous la possibilité de travailler de chez vous ?
Dans quel secteur travaillez-vous ?

Bonsoir Florette.
En ce qui me concerne j'ai le statut d'indépendant (EI et artiste-auteur) pour mon activité de graphiste/illustratrice.
Pour l'administratif, pas trop de soucis. Je déteste ça mais je suis obligée de m'y intéresser au moins le temps de déclarer mes revenus et régler mes cotisations.
Pour l'aspect commercial, c'est une catastrophe. Je suis stressée, j'ai toujours manqué de confiance en moi, et je ne sais pas "me vendre". Depuis 2014 que je travaille, j'ai cumulé moins de 10 clients et la moitié d'entre eux étaient des connaissances. Donc bâtir un réseau, autant dire que ce n'est pas fait pour moi car je n'y arrive pas. Je suis mal à l'aise en entretien et je ne me sens jamais légitime.
Pour l'aspect financier, et bien je suis dépendante des revenus de mon conjoint malheureusement. Je n'arrive pas à dégager suffisamment d'argent avec l'entreprise, faute d'être capable de me forger une clientèle.
La seule stratégie que j'ai mise en place pour démarcher, c'est tout ce qui ne nécessite pas du face à face donc je suis très active sur les réseaux, sur les sites spécialisés etc. J'ai également tenté le mailing (le téléphone c'est impossible) et le courrier postal dans un périmètre de 100 km autour de chez moi, peine perdue.
Honnêtement je me remets souvent en question en me disant que ce travail n'est pas fait pour moi, mais je suis incapable d'en faire un autre qui nécessite de bosser dans une entreprise (j'ai déjà essayé, je suis passée par une douzaine d'emplois différents avant ça). J'aime ce que je fais, et j'aime travailler en étant chez moi au calme, je m'y sens bien. Alors clients ou pas, je continue.

Je ne sais pas si ce témoignage t'aidera, mais en ce qui me concerne l'handicap du TSA est très lourd à porter dans mon activité.